JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,928.
38me année.
.-V-
7FRES, 23 Mai.
On sait que la loi du 24 mai 1838 permet
d'admettre la retraite tous les officiers de
l'armée ayant atteint l'âge de 55 ans.
Mais jusqu'à ce jour, aucune disposition
n'avait fixé les limites d âge auxquelles les
officiers des différents grades seraient cen
sés avoir atteint le terme de leur service.
Celte lacune avait donné ouverture
des illusions de toute espèce, des espé
rances fréquemment déçues, un état d'in
certitude, enfin, auquel il devenait urgent
de mettre un terme.
C'est pour obvier aux inconvénients ré
sultant d'un pareil état de choses, que le
18 avril dernier, sur la proposition de M.
le Ministre de la guerre, un arrêté royal a
paru dans le Moniteur, lequel fixe d'une
manière déffnilive la limite d'âge que les
officiersde l'armée pourrontatteindre dans
leur grade respectif. Aux termes de cet ar
rêté, ils sont admis faire valoir leurs
droits la pension de retraite, savoir
Les lieutenants-généraux, lorsqu'ils ont
atteint l'âge de 65 ans;
Les généraux-majors, 63 ans;
Les colonels, 60 ans;
Les lieutenants-colonels et majors, 58
ans;
Les capitaines, lieutenants et sous-lieu
tenants, 55 ans.
Voilà la règle générale. L'arrêté porte
qu'il peut y avoir des exceptions; nous
n'avons pas nous en occuper.
C'est l'occasion de celte mesure prise
par le département de la guerre, que M.
Yerbaeghen et consorts ont voulu entre
prendre une petite campagne contre le
nouveau cabinet. Donc, d'après l'honorable
député de Bruxelles, l'arrêté royal du 18
février a tous les défauts imaginables sans
avoir le moindre mérite. Il est contraire
la loi, contraire aux intérêts du trésor,
aux intérêts du pays; outre qu'il confère
M. Greindl un pouvoir absolu et tend
mettre sa disposition les finances de
l'État. Tout ceci est fort sérieux, on le voit,
et il n'est pas étonnantque M. Verhaeghen,
dans son zèle pour la chose publique, ait
proposé de renvoyer la section centrale
'examen des graves questions qui, suivant
ui, se rattachent cet arrêté.
Malheureusement pour le patriarche de
la franc-maçonnerie belge, la chambre est
restée insensible aux attraits de son élo
quence, et ellearepoussé la proposition de
renvoi. Nous croyons qu'elle a bien fait.
Et d'abord, quant la question de léga
lité, nous ne voyons pas comment il pour
rait y avoir des difficultés là dessus. La
loi de 1838 donne au gouvernement la
faculté de mettre la pension de retraite
tous les officiers de l'armée qui ont atteint
l'âge de 55 ans; or, dit le général Greindl,
une faculté implique un droit, et c'est de
ce droit que le gouvernement a usé en
portant l'arrêté du 18 avril.
Reste donc le point de savoir si cette
mesure est justifiable au point de vue de
l'intérêt général du pays. Eh! bien, ici
encore, en présence des explications four
nies la Chambre par les hommes les
plus compétents, il nous semble qu'on ne
peut qu'approuver la conduite du Cabinet.
Personne apparemment ne contestera que
la situation n'ait beaucoup changé surtout
dans ces derniers temps, ni que la Bel
gique aussi bien que le reste de l'Europe,
ne soit présentement sous le coup d'éven
tualités menaçantes. Ainsi que le remarque
fort propos 1 e Journal de Bruxelles, l'ère
de la paix peut être close du jour au len
demain, et il est essentiel que nous ne
soyons pas pris au dépourvu. Aujour
d'hui donc plus que jamais, il est néces
saire que la Belgique possède une armée
vigoureusement constituée, où l'officier et
le soldat soient également propres aux fa
tigues et aux rudes services exigés en
temps de guerre.
Il nous serait facile d'entrer ici dans
une foule de considérations, mais nous ne
voulons déplaire personne: Qu'il nous
suffise de citer ce seul fait: en France, où
certes on s'pntend en fait d'organisation
militaire, on met la retraite, selon une
ordonnance royale de 1830, les officiers
des compagnies dès qu'ils ont atteint l'âge
de 50 ans, et une loi ne permet de main
tenir dans les cadres d'activité au-delà de
65 ans, que les généraux ayant commandé
en chef un corps d'armée. Le gouverne
ment n'a pas même le droit de prolonger
le service des autres. Et ces prescriptions,
ajoute M. De Mérode qui nous emprun
tons ces détails, ne sont point regardées
comme des injustices, et ne jettent nulle
ment le découragement parmi les officiers.
Pourquoi en Belgique ne se trouverait-
on pas bien d'une mesure qu'on trouve
excellente en France?
REVUE POLITIQUE.
iTBOQQri--»
LE PROPAGATEUR
iii'.i :i. viiivi ET jcbiice.
Il y a quelques jours, tout était fioi; les négo
ciations de paix éiaient terminées, rompues; la
France et l'Angleterre avaient dit leur dernier
mot... Elles allaient pousser désormais la guerre
outrance, et ne feraient plus quartier sur Rien.
C'est la du moins ce qu'affirmaient les journaux.
Mais il parait qu'il y a plus de sagesse dans les
conseils des gouvernements alliés que dans les
bureaux des gazettes de Paris et de Londres. Car
maintenant on ne parle que de nouvelles proposi
tions de paix qui seront soumises a l'acceptation
du cabinet de S' Pétersbourg. L'existence de ces
propositions ne semble pas douteuse. Quant au
point de savoir de qui elles émanent, les corres
pondances ne sont pas d'accord là-dessus. Toute
fois, il est plus que probable qu'elles sont dues h
l'initiative de l'Autriche.
Pour ce qui est du caractère de ces propositions,
et des conséquences d'un refus, il est impossible
d'exprimer nne opinion quelconque cet égard.
Quoi qu'il en soit, on ne doit pas trop espérer de
cette nouvelle tentative pour le rétablissement de
la paix On les propositions émanent de l'Au
triche; dans ce cas, il est craindre que les
puissances occidentales ne les trouvent pas suffi-
sautes ou elles émanent de la France et de
l'Angleterre; dans ce cas, on peut redouter juste
titre que la Russie ne les trouve pas acceptables.
De la Crimée, il y a peu de nouvelles. Feu mo
déré, petites sorties, et remplacement du général
Canrobert par le géoéral Pélissier dans le com
mandement en chef, voilà tout le bilan des opéra
tions devan t Sébastopol. Toutes les correspondances
s'accordent dire que la nomination du général
Pélissier est synonyme de nouveaux et suprêmes
efforts. On attend beaucoup en France du nou
veau commandant en chef, dont l'audace a été
remarquée en Afrique. Toutefois, le Journal des
Débats et d'autres feuilles de France et d'An
gleterre, insinuent clairement que bien du temps
encore pourra s'écouler avant la prise de Sébas
topol, si jamais prise il y a.
Ajoutons que le géne'ral Canrobert, sur sa propre
demande, est devenu simple chef d'une division.
Le Journal de Constanlinople, organe serai-
officiel, annonce que les troupes réunies au camp
de Maslak ont reçu l'ordre de se transporter sur
le Bas-Danube ou du côté d'Odessa. Veut-on en
treprendre uue campagne en Bessarabie? Nous
n'en croyons rien. Car si ce que nous avons lu
dans les correspondances et voyages est exact,
une pareille entreprise serait autrement dange
reuse qu'une expédition en Crimée. D'ailleurs,
comment voulez-vous qu'on aille faire quelque
chose de sérieux avec4o ou 5o,ooo hommes seu
lement? Nous pensons donc tout simplement que
les troupes stationnant Maslak vont s'embarquer,
non pour la Bessarabie, mais pour se rendre en
Crimée.
Les Cortès espagnoles ont voté une dotation de
un million et demi l'infant Don François, la
charge par ce prince de doDuer 6,ooo piastres
chacun des enfants issus de son premier mariage.
M. Madoz a exposé un plan d'emprunt de 200
millions de réaux. Cet emprunt se composera de
i4o millions de réaux exigibles des contribuables
payant 5oo réaux et au-dessus, et de 60,000 rail-
1 ion s 'a couvrir pardes souscriptions volontaires. Ses
titres porteront un intérêt de 8 p. c., sauf au trésor
ne jamais payer. Cette dernière condition doit
toujours être sous-entendue quand il s'agit d'em
prunt en Espagne.
On lit dans le Bien public, sous la date du
20 mai
Un soleil magnifique éclaire la belle fête que
la ville de Gaud organise en ce moment en l'hon
neur de l'Iramaculée-Conception de la T. S.
Vierge Marie.
Une animation extraordinaire règne dans tou
tes les rues; la joie est peinte sur tous les visages;
chacun sent que c'est une grande pensée religieuse
qui remue en ce jour toute notre population.
Nous n'essaierons pas de décrire la décoration
de nos rues; elle est réellement éblouissante et dé-