JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 3,931. 38me année. 7PB.BS, 2 Juin. L'arrêlé du 18 avril dernier, qui déter mine l'âge auquel les officiers des diffé rents grades ont droit la pension continue d'être critiqué par différents organes de la presse. D'après les adversaires de celte mesure, l'arrêté dont il s'agit serait entaché d'illé galité en ce qu'il renverse l'économie de la loi de 1838, et qu'il substitue aux pres criptions de la loi, des prescriptions nouvelles qui y sont contraires. II suffit de lire les observations présentées la Chambre et au Sénat par différents ora teurs l'encontre de ces arguments, pour voir tomber les critiques qui ont été produites ce sujet. En effet, la loi de 1838 donne des droits au gouvernement; elle en donneégalement aux officiers. Toute la question se réduit donc examiner si l'arrêté du 18 avril investit le gouvernement de droits qu'il n'avait pas en vertu de la loi de 1838, et s'il enlève aux officiers des droits que cette loi leur donnait. Comme l'a très-bien observé M. D'Anethan, il est impossible de résoudre cette question dans le sens indiqué par ceux qui blâment la mesure prise par le Ministre de la guerre. Le gouvernement peut mettre la retraite les officiers ayant atteint l'âge de 55 ans. Que dit M. le général Greindl dans l'arrêté du 18 avril? 11 dit qu'à l'âge de 55 ans les officiers seront mis la pension, si cet âge ils sont encore dans des grades infé rieurs. Quant aux officiers supérieurs, le gouvernement les maintiendra plus long temps dans les cadres d'activité; il leur donne donc un encouragement en leur faisant entrevoir la possibilité d'être main tenus en activité plus longtemps que sous l'empire de la loi de 1838 exécutée la rigeur. On ne peut donc considérer comme ©OIK]@(yj|lÈiDg LETTCII DU R. P. DE DAMAS, illégal l'arrêté du 18 avril, qui n'est que l'indication franche et loyale de la manière dont la loi sera désormais-exécutée. Nous savons que l'on objecte, que l'arrêté du 18 avril, au doute exprimé par la loi, sub stitue la certitude de l'incapacité. Mais, que suppose la loi? Elle suppose qu'à 55 ans un officier n'est plus propre aux rudes fatigues du service actif, puisque cette époque le gouvernement est' autorisé mettre l'officier la pension de retraite. Partant de cette supposition, que fait M. le Ministre de la guerre? il apprécie qu'en règle générale, 55 ans, un officier d'un grade inférieur est au-dessous du service exigé de lui; que dans les grades supé rieurs on peut aller jusqu'à 58, 60 ans pour un colonel, et jusqu'à 65 ans pour un général. L'arrêté royal fait une appré ciation que la loi confie au gouvernement, il la fait d'une manière générale. M. le Ministre de la guerre a donc res pecté les intentions du législateur de 1838; il ne dit pas qu'indistinctement l'officier sera mis la retraite 55 ans; il se réserve le droit de conserver dans les cadres d'activité l'officier qui tout en ayant atteint celte limite d'âge, se trouvera exceptionnellement encore en état de servir. En mettant donc l'arrêté du 18 avril en rapport avec la loi de" 1838, on ne peut méconnaître que la légalité n'en saurait être contestée. Quant au mérite de celte mesure, c'est-à-dire, quant au point de savoir ce qui convient ou ce qui ne lui convient pas l'armée, nous ne pouvons entrer dans cette question, qui est entière ment en dehors de notre compétence. Toutefois, la sagesse et l'expérience re connues de M. le général Greindl doivent être une sûre garantie des bons résultats que la disposition prise par lui est appelée produire. LE PROPAGATEUR vérité et jcstice. AUMONIER DE L'ARMÉE D'ORIENT, au directeur des Précis historiques (suite et fin.) Sur la terre de Crimée, les Turcs seraient bien malheureux sans nous. Leurs troupes sont indi gnement organisées au point de vue matériel. Tout leur manque. La nourriture grossière distri buée aux hommes bien portants suffit k peine pour les préserver de la mort, et leurs ambulances sont plutôt des cimetières qu'un lieu de soulagement pour les malades. J'ai vu plusieurs fois, cet hiver, transporter des soldats turcs malades de leur camp au rivage de la mer. Rien de plus hideux que ce spectacle. Au milieu de la neige, par le vent et par le froid, de pauvres poitrinaires ou d'autres hom mes épuisés par la dyssenterie ou par la fièvre étaient hissés sur des chevaux et placés k cali fourchon sur un mauvais bât. On s'inquiétait peu de savoir s'ils éiaient suffisamment forts pour faire deux lieues en cet état. C'était la consigne; il fallait partir. Aussi, dès les premiers pas du cheval, ces malheureux tombaient sur le cou de l'animal, et leur tête pendait incertaine comme celle des animaux que les bouchers conduisent 'a l'abattoir. Une fois, allant de Kamiesh au quartier général, je rencontrai un de ces tristes convois de soldats turcs qu'on traînait leur ambulance. Un des infirmes laissait balioter sa tête sur sa poitrine, et devant le bât sur lequel il était assis s'élevaient deux morceaux de bois aigus. Or, la tête du malheureux, agitée h droite et k gauche selon le pas du cheval, rencontrait k chaque côté un de ces morceaux de bois, contre lesquels elle se heurtait son visage était tout en sang et son nez était brisé. Je fis signe k l'officier ottoman qui conduisait la triste caravane; il haussa les épaules comme pour dire Je n'y puis rien et les chevaux continuèrent h marcher, et les hommes ne cessèrent pas de souffrir. Or, est-il possible que la dignité Daturelle de ces hommes ne se réveille pas en voyant les soins que l'armée française prodigue h acte officiel. Le Moniteur a publié jeudi un arrêté reyal approuvant le règlement pour l'instruction reli gieuse h donner dans l'école d'agriculture de Thourout. Le chef diocésain dirigera l'enseigne ment religieux dans ledit établissement. Un arrêté royal du 28 mai admet h donner l'en seignement religieux h l'école d'agriculture de Thourout M. Van Nieuvvenhuyse, curé-doyen de Thouront, Dominé h cet effet par Mgr. l'évêque de Bruges. PiÉCROLOGIE. M. Duthoit, curé de Warnêton dont nous avons annoncé le décès, était né 'a Mouscron en 1786, a été successivement professeur de rhétori que au Petit Séminaire de Ruulers, professeur de philosophie et eosuite de théologie au Sémioaire de Gaod, curé Houthem; paroisse qu'il desservit pendant 24 ans, enfin curé k Warnêton. Une foule considérable assistait aux funérailles du pasteur vénéré. Mgr. l'Évêque de Gand, vivement ému de la perte qu'il veuail de faire en la personne de celui qu'il appelait son plus intime ami, n'a pas man qué de témoigner tout le regret qu'il en éprouvait. Un discours qui a laissé une vive impression dans le cœur de tous les auditeurs, a été prononcé sur la tombe du défunt par M. le Bourgmestre de Warnêton. C'est une perte bien sensible pour Warnêton et surtout pour les pauvres dont il était au des plus fermes soutiens. dépêches télégraphiques. ra ri ri Vienue, mercredi, 5o mai. Le bruit court ici que le grand-duc Constantin a résigné ses fonctions de grand-amiral de la marine russe. Le parti de la paix aurait repris de l'ascendant k de simples soldats comme eux? Bien plus, le général en chef n'a pas voulu tolérer d'aussi étran ges misères. Il a ordonné que les Turcs fussent s lignés par nos médecins; il a mis nos cacolets et nos litières au service des plus malades; et cet apprentissage du bien-être, que l'humanité chré tienne procure aux plus ignorés de ses membres, ne peut manquer de faire impression sur le Turc. Difficilement, saris doute, il se résignera k revenir k son état de dégradation et de souffrance; et devaot ces deux maximes du Coran qui consacrent son esclavage abrutissant IL faut obéir au destin! Celui qui est dans le feu doit se rési~ gneril s'indignera, il brisera son joug, et tournera ses yeux vers la religion de la France, qui respecte le petit comme le graudle pauvre comme le riche, et répand sur tous les doux rayons de sa chaleur vivifiante. Oui, au point de vue de la société et de la reli gion, le contact avec la France aura sur la 1 urquie une influence immense. Pourquoi la nation turque se trouve-t-elle aujourd'hui impuissante k se mesurer avec les

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 1