JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3,944.
39me année.
7FS.ES, 18 Juillet.
La situation de plus en plus triste des
classes pauvres doit attirer l'attention
bienveillante de tous les esprits compatis
sants et éclairés. Le paupérisme, c'est là
une plaie devenue si grave, un fléau si
terrible qu'il est du devoir essentiel de
tous les amis de l'humanité souffrante de
réunir leurs efforts, pour nous en délivrer.
Insister pour établir les effets ravageurs
produits parle paupérisme, en Belgique, et
notamment dans nos malheureuses con
trées ce serait là une tâche aussi fasti
dieuse qu'inutile. Eneffet,il n'est personne
qui ne sache, que dans nos provinces jadis
si florissantes, si prospères, de milliers de
nos compatriotes se débattent tristement
contre les cruelles étreintes de la faim et
des maladies que comporte avec elle la
famine; il n'est personne, disons nous, qui
ne convienne que dans nos Flandres, dans
notre ville, le sort d'une foule de familles
est devenu tel qu'il leur manque d'ordi
naire et le pain quotidien pour se nourrir,
et les vêtements indispensables pour se
défendre contre les rigueurs de la froide
saison. En présence d'Une détresse si
grande, il est sans contredit du devoir
impérieux du gouvernement et des parti
culiers de prêter tout leur concours possi
ble pour adoucir les malheurs qui nous
frappent. Et pour atteindre ce but si
désirable, quels sont les moyens qui pa
raissent s'offrir? En vain consultera-t-on
cet effet les théories politiques. Les
gouvernements ni les lois ne sauraient
parvenir soulager toutes les infortunes,
ni faire régner l'ordre et l'aisance, là où
régnent la maladie et la disette. L'unique
ressource, le seul moyen de combattre
efficacement les progrès du paupérisme,
c'est la charité. En usant des moyens que
présente la science politique pour rendre
meilleur le sort des classes pauvres, le
gouvernement, sans contredit peut espé-
Nous reproduisons d'après le Moniteur
français, le discours de M. De Mon talembert,
prononcé dans la séance du Corps législa
tif de France, du 6 juillet
rer d'obtenir des résultats plus ou moins
considérables. Qui nieraqu'en supprimant
une foule de dépenses, et en les appliquant
des services en souffrance, il n'en résul
terait un avantage incontestable pour une
foule de familles? Mais nous maintenons
que c'est la charité'qu'il faut confier
surtout le soin de combattre efficacement
le paupérisme. Eu favorisant l'élan de la
charité, publique et privée, en protégeant
sou libre exercice, en sauvegardant ses
droits, en l'encourageant dans ses inspira
tions de générosité et de dévouement, on
exercera sur la situation une influence
plus salutaire que par la pratique des
réformes politiques et administratives les
plus vautées de nos jours.
LE PROPAGATEUR
VÉtltÉ ET JEMIT1CE.
M. LE COMTE DR MONTALEMBERT a la parole. Il
dit qu'en s'associanl au vote d'hier, il n'a pas voulu
troubler l'unanimité avec laquelle le Corps légis
latifs autorisé l'emprunt de 750 millions. Mais il
a écouté et le rapport de M. le président de la
Chambre, et il a remarqué ces passages Votre
commission a pensé qu'une adhésion réfléchie et
sérieusement motivée serait encore plus honorable
et plus flatteuse pour le gouvernement qu'au sen
timent aveugle et enthousiaste, et elle a cru devoir
procéder uo examen consciencieux de la sitaation
politique et financière actuelle.
Sans sortir de la limite de ses attributions,
la commission a cru pouvoir examiner par elle—
meiue quelques-uns des faits, et demander, au
sujet de quelques autres, des explications aux
organes du gouvernement.
Les journaux de la capitale annoncent que c'est
définitivement le i*r et le 2* bataillon avec l'état—
major du 2* rég"1 de ligne, qui viennent tenir
garnison Ypres, après la levée du camp. C'est Ib
une juste compensation des pertes que Dotre ville
a essuyées depuis plusieurs années. Outre que cet
acte de haute équité du ministère De Decker-
Greindl est de nature a lui concilier les sympathies
et la reconnaissance des habitants d'Ypres, il doit
éveiller au seio de notre administration communale
les réflexions les plus sérieuses au sujet du système
politique qu'elle n'a cessé de suivre et de défendre.
En effet, ce fut en vain qviè^sbtis le règne tant
prôné du ministère libéral, nos édiles sollicitèrent
auprès de leurs amis au pouvoir, une faible part
dans les faveurs militaires. Leurs demandes,comme
celles de toute la bourgeoisie, restèrent sans accueil.
Il y a peine quelques mois qu'un cabinet catho
lique occupe le pouvoir, et la ville d'Ypres se voit
mise eu possession de la faveur qu'elle réclama
inutilement pendant si longtemps. Que faut-il de
plus pour démoDtrer au public Yprois, lequel des
deux partis, ou des catholiques ou des libéraux
prend sérieusement ses intérêts cœur.
On écrit de Rome en date du 7 juillet
Le duc et la duchesse de Brabant devaient encore
Et après avoir indiqué plusieurs questions, M.
le président a ajouté Voilb, certes, des questions
qu'il était de notre droit et de Dotre devoir de
poser.
L'orateur demande si ce qui est permis b nne des
commissions du Corps législatif, et ce qui a été si
bien défini par M. le président, ne sera pas égale
ment permis a un membre de celte Chambre. Il
aime h n'en pas douter. Il compte voler le projet de
loi; il ne veut refuser ni no homme oi un écu de
ce qui est demandé pour mener a bonne fin
l'entreprise où la France est engagée; mais il croit
remplir un devoir en mêlant a son adhésion et h son
vole l'expression d'un regret et d'une appréhension.
Si, en s'exprimant comme il va le faire, il paraissait
ne pas se conformer strictement a l'esprit de la
Constitution, il accepterait volontiers M. le prési
dent pour arbitre et s'empresserait de déférer h ses
avertissements.
En ce qui concerne la conduite d'une guerre, il
y a, avant tout, une question d'opportunité.
Lorsque des opérations sont en cours d'exécution,
il y aurait témérité et mauvaise grâce a venir, h
l'abri «le toute responsabilité et de tout danger,
prolonger leur séjour jusqu'au 9 ou 10 juillet. On
est très-édifié de leur piété. Leur empressement
visiter tous les sanctuaires et h vénérer toutes les
reliques insignes que renferme la ville sainte ne
saurait être assez loué. C'est ainsi que des princes
catholiques doivent envisager Rome ses ruines,
assurément, sont digues d'intérêt, mais le tombeau
des saints apôtres et des martyrsla présence du
Vicaire de Jésus-Christ, la sainte crèche du Sau
veur, les instruments de sa passion, voilb aux yeux
d'un chrétien les vrais titres de la grandeur de
Rome. Le jeune prince chrétien belge parait avoir
compris ce caractère de la villa éternelle. Ou
annonçait que le dimanche malin, 8 juillet, il
devait, avec Mme la duchesse, se reodre au Vatican
pour y entendre la messe duSaint-Pèré et recevoir
la communion de sa main.
Pendant que Rome était dans les fêtes, les
nouvelles les plus désolantes arrivaient des pro
vinces du nord. Le choléra y exerce les plus
grands ravages. Bologne a eu un grand nombre de
victimes, mais Ancône a souffert bien davantage.
Sous le coup de ce fléau, le sentiment religieux
s'est réveillé avec une puissance merveilleuse.
Toute la population s'est tournée vers Dieu et
la Vierge, qui console les affligés. Une procession
de pénitence a été célébrée vers la fin du mois de
juin. Un grand nombre de fidèles la suivaieut un
cierge h la mainet beaucoup marchaient pieds
nus et la corde aux reins. On s'est rendu au sanc
tuaire de Notre-Danie-de-Tous-les-Saints, que
toute la ville vénère comme son palladium et sa
défense. Dieu entendra certainement les supplica
tions de ce peuple infortuné. Déjà les nouvelles
sont meilleures.
L'épidémie a de nouveau fourni an clergé
l'occasion de faire briller son dévoueipent et sa
charité. On écrit de Forli que le saint Évêque de
cette ville, Mgr. Falcinelli, de l'ordre de Saint-
Benoit, précédemment abbé de Saint-Paul-hors-
des-Murs, a vendu jusqu'aux insignes de sa dignité
pontificale pour venir au soulagement des victimes
du fle'au. S. Em. le cardinal Ferretti, grand péni-
discuter pendant que d'autres meurent. D'ailleurs,
lorsque l'honorable membre songe b la cooduite de
la guerre actuelle, il ne voit qu'une chose notre
armée; il n'éprouve qu'une émotion la fierté, la
fierté profonde d'appartenir b la race et au pays qui
ont produit une telle armée. Si parmi tous les noms
dont le souvenir sera glorieux b jamais il fallait
désigner spécialement un nom comme digne, entre
tous, d'admiralioo et de reconnaissance, l'orateur
dit qu'il se permettrait de nommer un homme qu'il
ne connaît pas, et qu'il n'a jamais vu, M. le général
Canrobert cet homme qui était placé ac faite de la
grandeur, qui avait été investi par la confiance
impériale de la plus belle mission, celle de com
mander b 15o,ooo Français en face de Feonemi;
cet boinme, par uo sentiment de modestie et de
désintéressement, descend de ce fàîte pour repren
dre le commandement d'une division. Cela est
tout simplement sublime. C'est au niveau de ce
qu'on lit dans les plus belles pages de I antiquité et
de la chevalerie.
L'orateur sait bien que dans l'interet de l'hu
manité, de la politique et des finances, on eut été
heureux que le siège de Sébastopol n'efrt pas