JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ?ïo 3,948. Mercredi, 1er Août, 1855. 39me année. AFFAIRES D'ORIENT. LE PROPAGATEUR VÉRITÉ ET JCSTICE. 7PB.ES, 1" Août. On lit dans une correspondance particulière de la Presse a Constantinople, ig juillet. Le Télégraphe dous apporte des nouvelles de Crimée du 17. C'est toujours la répétition des dernières lettres. On boyaule, on chemine sur Malakoff len tement, mais aussi rapidement que le permettent la défense vigoureuse de l'eonemi et la nature rocheuse du terraio. Le 17, le génie était b 24o mètres des ouvrages et h 4o mètres peu près des embuscades. Malgré cette courte distance, les Russes nous envoient encore des bombes, et elles sont peut-être plus dangereuses. Voici pourquoi. Ils envoient des bombes, comme je vous l'ai dit mais la distance les force de les tirer sous un angle de 64 70 degrés, avec une faible charge il en résulte fort peu de bruit, et la bombe, arrivée h une certaine hauteur, tombe perpendiculairement en zig-zag comme les pièces d'artifices appelées artichauts. On n'est pas averti, et bien souvent on n'a pas le temps de se garer au cri de Gare la bombe Ajoutez cela une pluie de grenades, un ouragan de balles ou de mitraille dès qu'on montre le bout du nez ou même d'un képi, et vous comprendrez cjue la tranchée est un endroit fort malsain. La miit, on dormirait sous la tente-abri, n'étaient les bombes et grenades; le jour, n'étaient le soleil et les mouches, qui fatiguent les hommes plus qu'on ne saurait l'imaginer. Le feu est violent de part et d'autre; il n'y a place que pour les combats d'artillerie, h moins J d'une attaque de vive force. Cependant, dans la I nuit du 16 au 17, les Russes ont tenté une sortie I qui a été éoergiquemeut repoussée. Ils ont essayé de déployer deux bataillons pour résister; mais I l'espace est si resserré qu'il leur a été impossible d'exécuter leurs manœuvres sous le feu et les baïonnettes qui les pressaient, et ils ont été con- I traiots de se retirer dans la place. Nos pertes sont notables en ce moment; on I compte une moyenne de quarante hommes par I nuit. Parmi les derniers blessés, on cite un des plus I Utiles officiers de l'armée, le commandaot du génie E Boissonet, aide-de-camp du général Bizot, atteint j d une balle au genou; on craint que la blessure ne I nécessite une amputation. Le choléra avait enlevé deux autres officiers du génie le capitaine Renucci, qui avait été blessé le 18 juin, et le capitaine Jacobi. Le lieute nant-colonel Vico, dont je vous avais annoncé l'état désespéré, a succombé sous les étreintes du fléau. A l'extrême droite, sur la Tchernaïa, l'état j sanitaire est bon. La S"" division se refait; sa j cavalerie est allée vers Baïdar. Les Piémonlais sont débarrasses du choléra; mais on signale encore un certain nombre de cas isolés la gauche et au centre. De plus, le typhus règoe dans le ir corps. On écrit de Vienne, le 28 juillet, a la Gazette de Cologne Le baron de Bourqueney a eu avant-hier, avec le comte Buol, uoe conférence dans laquelle il lui a donné lecture d'une note du comte Walewsky, arrivée le jour même. Le chargé d'affaires russe, M. d'Oulief, a eu aussi le même jour un entretien avec M. le Ministre des affaires étrangères, l'occasion d'une dépêche du prince Paskiewilch arrivée de Varsovie et rela tive aux troupes qui occupent le royaume de Pologne. Il est dit dans cette dépêche que doréna vant on ne dirigera plus en Pologne de troupes ni du Nord, ni de la Lithuanie, le Czar ayant décidé, par suite de la réduction de l'armée autrichienne, de ne laisser en Pologne que les garnisons ordi naires. On annonce, en effet, de Vienne que la plupart des régiments qui avaient été tirés de l'intérieur de la Russie pour renforcer l'armée de Pologne, ont reçu l'ordre de se mettre en marche pour le théâtre de la guerre dans le sud. Le nouveau camp de Varna recevra cinq divi sions françaises et 11 régiments anglais. Cinq de ces derniers sont tirés de l'armée des Indes. Le vice-Roi d'Egypte a offert dernièrement au Sultan un nouveau renfort de 10,000 hommes. Ils sont également destinés au camp de Varna et arriveront Constantinople au commencement d'août. Des lettres de la Crimée, en date du 16, rapportent que les alliés ont saisi l'occasion de répondre la courtoisie dont les Russes avaient fait preuve pendant l'enterrement de lord Raglan. Pendant toute la durée de cette cérémonie, le prince Gortschakoff n'avait fait tirer ni un coup de canon ni un coup de fusil. Lorsque lç bruit des cloches de Sébastopol annonça l'enterrement de l'amiral Nachimoff, les alliés firent également taire leurs canons, témoi gnant ainsi leur respect pour le cercueil d'un homme qui était un des plus braves et des plus capables officiers de la Russie. On lit dans la Presse d'Orient du 19 juillet Les dernières nouvelles arrivées de Kars sont du 29 juin, celles d'Erzeroum sont du 5. Les correspondances que nous avons sous les yeux entrent dans de longs détails, que nous résumons. Le 26, une forte reconnaissance a été faite par les Russes; leurs troupes, forméesen trois colonnes, semblent vouloir attaquer la place, qui était sur ses gardes. Après deux heures de canonnade et de manœuvre, l'eonemi, se voyant prévenu, se retira une de ses colonnes s'est dirigée vers le sud. Les Russes ont intercepté momentanément les communications entre Erzeroom et Kars; le 22, leur cavalerie avait brûlé un petit dépôt de vivres. Le 27, ils ont arrêté la poste turque; le général Mourawieff a pris connaissance des lettres du gou vernement et les a faitparvenir ensuite Williams- Pacha, en lui rappelant les bons rapports d'amitié qui ont existé entre eux l'époque du travail de la limitation des frontières. Les lettres des particuliers ont été remises sans avoir été ouvertes. Le gros de la cavalerie descosaqnes qui compte 5,ooo hommes environ est Yeni-Kieuï et bat la campagne. L'armée ennemie s'élève^ 33,000 hom mes. Aox dernières nouvelles, Kars avait 17,000 hommes. Hafiz-Pacha, gouverneur de Trébizonde était parti pour conduire Erzeroum 5,000 hommes de cavalerie irrégulière. Les nouvelles de Crimée sont do 21. Un ordre du jour du général Pélissier constate que les Russes ont été repoussés, le i5, par les troupes sous le commandement des généraux de Lamotterouge et Ulrich, et le 17 par le général Vinois. Il dit que la nuit du 17 a été très-honorable pour la division Canrobert et que nulles sorties n'arrêteront la marche irrésistible des travaux du siège. Un courrier est arrivé de l'armée d'Asie; il apporte des nouvelles d'Erzeroum jusqu'à la date du 10 juillet. Le bruit que Schamyl était descendu des mon tagnes et marchait sur Tiflis, n'est pas confirmé; les Circassiens sont toujours attendus. De Smyrne on apprend que les Arabes inquiè tent toujours les environs d'Alep. Moro, le chef des brigands qui ont désolé Smyrne, a été arrêté. Autre dépêche.) Marseille, lundi, afi juillet. Les nouvelles apportées par le Gange annon cent que le télégraphe de Constantinople 'a Andri- nople, en communication avec celui de Varna, est termioé. La ligne doit être ouverte dans une vingtaine de jours. La Porte a ratifié le traité d'amitié et de com merce avec la Grèce. L'envoyé tunisien a notifié a la Porte l'avène ment du nouveau bey Mohammed. Les zouaves et la garde impériale se sont parti culièrement distingués pendant la nuit du 17. L'armée alliée a réussi établir dans le ravin de la Karabeloaïa les batteries d'obusiers et la batterie destinée a agir contre les navires russes dans la baie do Carénage. L'arrivée de la garde impériale rosse Sébasto pol est confirmée. On a trouvé des cadavres revêtus de l'uniforme de ce corps d'élite. A Kertch l'ordre reparaissait depuis l'arrivée du détachement sous les ordres du colonel Osmond. Les habitants reviennent. Les Tartares organisés en milice rendent de grands services. Les Russes campés Saltanavka battent la cam pagne aux environs. L'église catholique a été rouverte. L'aumônier de la Pomone y a célébré uoe messe en musique. Des canonnières surveillent la flèche d'Arabat dont elles empêchent le passage. Une dépêche télégraphique de Vienne, vendredi 27 juillet, porte Les nouvelles de Constantinople reçues ici portent qu'il est fortement question de donner Orner-Pacha le commandement en chef de l'armée turque de l'Asie-Mineure. Le Times émet aujourd'hui 1 idée que les

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 1