JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
îta TUIb&IB ffi'ÏJPSISi,
Nos 3,950 et 3,951. Samedi, 11 Août, 1S55. 39me année.
7PB.3S, 11 Août.
La pitoyable conduite de tons ces fonc
tionnaires, créatures de la défunte politi
que nouvelle, pèse au Progrès comme un
cauchemar.
Appelés au partage du pouvoir,,lors des
destitutions en masse qui, en 1847 et 1848,
frappèrent tant de fonctionnaires intègres
et capables, ils se trouvaient être de ce
chef les hommes-liges du système politi
que qui repousse toute transaction et sou
tient que le pouvoir tous les degrés de
son hiérarchie doit être homogène. Même
ce fut par pur dévouement ce principe,
s'il en faut croire nos modernes Arislides,
qu'ils condescendaient accepter le far
deau de la chose publique, avec les gros
émoluments qui lui sont connexes.
Cependant le pays condamne le principe
anti-Belge de la politique exclusive, et le
ministère De Decker que le vœu national
fait surgir, proclame l'inauguration d'un
système diamétralement contraire. Il brise
avec la politique nouvelle et renoue les
traditions unionistes de 1830. Joignant
l'éloquence de ses actes celle des paroles,
il fait appel tous et convie les fonction
naires quelqu'ils soient le seconder dans
l'œuvre réparatrice et salutaire qu'il vient
entreprendre.
Aux hommes inféodés jusqu'alors au
libéralisme exclusif deux voies honorables
se trouvaient ouvertes. Rester fidèles au
drapeau du 12 Août et se retirer avec lui;
ou, s'élevanl au-dessus d'une mesquine
question d'amour-propre, désavouer les
illusions d'une époque néfaste et corres
pondre sans arrière pensée l'appel patrio
tique qui leur était adressé.
Les affidés de la politique nouvelle ne
l'ont point ainsi compris. Imbus d'idées
exclusives, entièrement livrés encore
leurs rancunes inassouvies, ils n'ont pas
eu assez de cœur pour serrer la main qui
leur était loyalement tendue; ils n'ont pas
eu assez de désintéressement non plus pour
la repousser, car cette main leur offrait
FAITS REMARQUABLES
des places garder, des traitements
recueillir. Aucun n'a prolesté contre un
programme politique, où leurs propres
principes trouvaient leur condamnation la
plus formelle. Tacitement tous ont ainsi
adhéré au régime nouveau. Mais s'ils ont
caché leur dépit au fond du cœur; leur
mauvais vouloir n'en a pas moins éclaté
en plus d'une circonstance. Conduite
pitoyable qui embarasse le Progrès lui-
même, malgré le cynisme de son outre
cuidance habituelle.
En vain, pour pallier l'inconséquence et
le défaut de franchise des créatures du 12
août, la feuille maçonnique s'égosille t elle
crier la théocratie et au despotisme; en
vain, accumule t elle l'adresse du clergé
et du ministère du 30 mars les déclama
tions les plus absurdes et les plus usées,
ignoble et grossier fatras d'iuveclives que
nous couvrons de notre mépris, l'honnête
folliculaire ne parviendra pas donner le
change l'opinion publique. L'opinion
dira avec nous que, s'il est vrai, comme le
Progrès l'assure, qu'en conséquence de
de l'appel du cabinet unioniste, l'esprit de
conciliation faisait un devoir aux fonc
tionnaires prétendus-libéraux de ne point
se dessaisir de leurs brillantes positions et
de leurs sinécures dorées; l'honneur, par
contre, leur interdit plus impérieusement
encore de se prévaloir de leur position
même pour tracasser sourdement le pou
voir, au nom d'un parti intolérant et de
ses intérêts exclusifs.
LE PROPAGATEUR
▼ÉHlTfc ET JUSTICE.
A cause de la fête du 15 de ce mois, le Propa
gateur ne paraîtra que Jeudi.
EXTRAITS DES ANNALES DE
rédigés sovs forme de chromqve.
(sbitk Voir le n° de samedi dernier
Le 29 novembre i3o5, les bourgeois d'Ypres
se révolièrenl parceque leurs magistrats étaient
partisans du lis. Ils se portèrent en masse aux Halles
où ils étaient réunis en assemblée et leur repro
chèrent d avoir donné connaissance aux Français
de leurs ressources et de leurs projets et d'avoir été
ainsi cause de leur défaite près d'Arqués. Eu
La partie religieuse des fêtes de la Thuyndag ne
forme pas beaucoup-près la moins intéressante
partie de la kertnesse d'Ypres. Eu ces jours de
réjouissance publique dos pieuses populations ont
coutume de célébrer avant tout le triomphe de
leur glorieuse patronne, de la Vierge dout la solli
citude s'éteud d'âge eu âge sur la Cité. A sou culte
sodI consacrées les prémices de ces temps de fête,
et les Yprois rie manquent jamais d'inaugurer
l'antique Thuyndag par un témoignage éclatant de
vénération et d'amour h l'auguste protectrice de
nos ancêtres.
La procession annuelle de Notre-Dame de
Thuyne a parcouru; dimanche dernier, sou itiné
raire au milieu d'un nombreux concours de fidèles.
Sortie vers g h. du malin de l'église de S'-lVlartin,
elle n'est rentrée qu'à environ 11 b. et 1/2.
flammés de colère, ils se mireut crier Tuez les,
tuez les! La foule se rua sur les échevius et massa
cra l'aide d'une grande pincetle ceux d'entr'eux
dont les noms suivent André Van Acker, Michel
Paeldiuck, François De Beir, Michel De Velle-
niaecker, Jean Copseu, Gérard Coux, Jacques
Verdouck, Jean Peper, Barlholomée Meurin et
Nicolas de Loo.
Ces magistrats, victimes de la fureur du peuple,
furent jetés hors des fenêtres de l'Hôtel-de-ville.
Ils fureDt enterrés le même jour les uns côté des
autres, devant le choeur de l'église de S1 Martin.
Leurs pierres sépulcrales ont disparu et l'anni
versaire ne se célèbre plus. Seulement la veille de
la S' André, une tombe recouverte d'un poêle
rouge aux armes des susdits échevios est placée
Nous le constatons avec plaisir, la composition
du cortège religieux répondait la piété des
habitants et au zèle du clergé de S'-Martin. Trois
groupes nommément ont enlevé tous les sufirages.
Le groupe de la Propagation de la Foi, entourant
la statue de S'-François Xavier; le groupe sym
bolique dêS"-Barbe; et surtout le nombreux et
splendide cortège de jeunes vierges qui accompa
gnait le troue de Notre-Dame de Thuyne. La
gendarmerie et un peloton du 2e lanciers ouvraient
la marche; un détachement d'artilleurs de la garde
civique escortait le groupe de S*"-Bai be les sapeurs-
pompiers, dout l'excellente musique ainsi que celle
de l'école des orphelins se faisaient tour tour
entendre, formatent la haie autour du Très-Saint-
Sacrement, que portail un vicaire de S'-Marlin, M.
l'abbé Hocke. Dans le cortège sacré les fidèles de la
paroisse et de la ville entière ont donc encore une
fois cherché vainement leur vénéré pasteur, le
digne doyen d'Ypres. Depuis le mois de mai line
indisposition prolongée le sépare de ses ouailles.
Espérons que le temps n'est pas éloigné nù le Ciel
accueillera les vœux qui montent vers lui, où le
Pasteur sera rendu sou troupeau.
La Régence Communale suivait le SaiDt-Sacre-
ment.
Des fêtes bien belles et bien consolantes sont
Téservées la piété catholique durant l'octave qui
commence le i5 de ce mois. Alors sera célébré en
l'église de S' Jacques le jubilé semi-séculaire de
Notre-Dame du Rosaire. Le programme affiché
aux portes de nos églises, nous apprend que trois
instructions religieuses auront lien par jour. I.e 1 5,
fêle de l'Assomption, le R. P. Rossier, ancien
recteur du collège de Fribortrg, doit prêcher en
français, durant la grand'messe qui aura lieu 10
b.. Ce même jour la procession sortira 5 h. de
relevée. Les préparatifs extraordinaires, qui depuis
quelque temps se font de toute part, garantissent
qu'eu celte circonstance solennelle la ferveur reli
gieuse des hahitauts brillera de tout son éclat.
Vingt-et-un groupes divers feront partie du cor
tège, et se rangeront dans l'ordre suivant: i° le
groupe de S'- Jacques, 20 celui de S'- Roch, 3° des
Vierges sages, 4° de S'"-Philomène, 5" de S'-
Hubert, 6° de S'"-Apollonie, 70 de S'-A lois, 8' de
la Sainte-Eufauce et de la Propagation de la Foi,
90 de S'*-Barbe, 10° de S'"-Aooe, il" de S'-
Adrien 120 le groupe symbolique de N. D. Etoile
de la Mer, 13® la Rose mystique; i4° la Tour d'Ivoi
re; t5® N.-D. des Sept Douleurs; i6°N.-D. de la
Saletle; 17® N.-D. Reine des Anges; 18° N.-D.
Reine des Martyrs; 19" N.-D. Reine des Vierges;
dans le chœur de S' Martin en Commémoration de
cet événement.
Le 22 janvier i3o4, 72 personnes compromises
dans le meurtre des échevins furent condamnées
la peine capitale par ordre du comte Gui.
En 1307. Les Templiers établis en cette ville,
furent arrêtés et massacrés. Leurs biens passèrent
aux mains descbevaliersde Malle, alors hospitaliers
de S' Jean de Jérusalem.
i510, Le comte Robert de Béibune fit commen
cer la construction des Halles et du beffroi. Le
bois dont on s'est servi tant pour la construction de
cet édifice que pour celle de la résidence du comte
est d'une qualité excellente et incorruptible. Et
chose remarquable c'est qu'il ne s'y trouve point
de toiles d'araignée. Il paraît que ce bois provient