JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
EXPOSITION DE TABLEAUX,
No 3,960.
Mercredi, 12 Septembre, 1855.
39me
annee.
7PF.ES, 12 Septembre.
o>lamina»
PRIX D'ABONNEMENT.
Y près, 3 moisfr.
Pur I. poste.
3 5o
On s'abonne Ypres chez D. LAMBIN
MOIITIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, to, près la Gr»ud'-PI«c*.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
Insertions drs annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
CHEMINS DE FER
d'Ypres i Courtrai, 5—5o, 11— 20, 3
5îo, de Poperinghe 30 minutes plus tôt.
De Courtrai i Y près et Poperinghe,
7—4«, l°«-55, 3—3o, 8»5.
De Conrlrai il MouscroDTournai ef
Lille, 63o, 7 35,105o, 3a5, Sao.
De Courtrai pour Gand, 7, 12—3o, 4,
6~i5.
De Courtrai pour Bruges, 7—4», 1335
4—10,620
Toute attention se porte aujourd'hui sur les
succès des armées alliées en Crimée la partie
sud de Sébastopol est en leur pouvoir. On sait,
du reste, que pour cela le siège n'est pas fini.
Quelques hommes politiques augurent bien de
ce succès partiel: il donnerait voie, selon eux,
un arrangement honorableune transac
tion désirée par les amis de la paix. Les
événements maîtrisent les hommes qui ne sont
souvent que des instruments individuellement
libres, mais régis dans l'ensemble de leurs
démarches par une force supérieure.
La destruction par les Anglais cf une colonie
russe, Pélropaùlowshisur les confina de la
Chine et de la Sibérie ne présente guère qu'un
de ces actes de dévastation qu'autorise le droit
de la guerre et dont les Anglais usent large
ment. (Testa Vembouchure de tAmour si bien
fortifié par les Russes qu'est la clef des posses
sions orientales de F empire moscovite comme
Ctonstadt est le Sébastopol de t Occident. La
destruction de Pélropaùlowshi n'est qu'un
pendant du bombardement de Sweaborg.
L'attentat contre la vie de (Empereur des
Français émeut et inquiète (opinion publique.
Le misérable auteur de ce crime n'est peut être,
comme le dit le Mon i leur, qu'un maniaque.
Mais quoi qu il en soit, la balle qui part du
pistolet d'un fou est aussi meurtrière que
l'engin diabolique c(un farouche sectaire.
Dans un monde sans principes et sans jài où
est d'ailleurs la limite entre la folie et le
fanatisme politique?
On s'occupe beaucoup depuis quelques jours
de (acrimonie des organes les plus accrédités
des meneurs politiques en Angleterre (égard
du gouvernement Napolitain. L'important
journal le Times, et le Morning-Post, confident
de la pensée de lord Pal/nerslon, semblent
vouloir faire d'une prétendue insulte qu'eut
subie un attaché consulairebien compromis
par ses alliances avec les révolutionnaires de
Sicile, M. Fagan, un casus belli comme le fut,
pour la France, le coup d'éventail du Dey
d'Alger,
A L'HOTEL DE VILLE D'YPRES.
Nous fsisons tirer un nombre de feuilles excédant
le service des abonnements, pour qu'on puisse se
procurer a notre bureau, rue de Lille, to, les articles
consacrés la Revue de l'£xpositinu.
II.
Il Dons souvient qu'un jour, nous étions jeune
alots, nous dînions en étudiant fraîchement éman
cipé dans un des salons fasbionables, que le Palais-
Royal ouvrait encore, dans ces temps fabuleux, h
l'appéfit et b la vanité. Il y avait faule. Notre
embarras juvénile, dont fit immédiatement justice
le coup d'œil exercé du garçon de service, nous
avait valu d'être placé h la table où un vieillard h
perruque blonde était assis déjà. De mon commen
sal l'œil était vif et la capacité gastrique recom-
mandable. Mod inexperiencelui inspirace sentiment
de pitié protectrice dont l'extrême jeunesse sait bon
Nous publions l'article extérieur une lettre
du prince Murât grand Orient de France, qui
doit donner penser toute personne un peu
au fait des prétentions anglaises et des arrière-
pensées maçonniques. Pauvre Italie, où ne
conspirent plus des aspirations politiques
imprudentes mais nobles^ comme celles des
Silvio Peltico, mais où le parlementarisme le
plus étroit règne en Piémont, où le maztinisme
creuse ses galeries souterraines, miles résis
tances sont peut-être maladroitesoù dans
chaque camp politique dominent les préjugés.
Espartero maladeO'Donnel toujours en
lutte contre le débordement des passions déma
gogiques, des bruits d'abdication de la Reine,
faux sans doute mais circulant dans les masses
en état de perturbation, les chefs carlistes ma
nifestant (espérance dey réunir sous leurs
drapeaux les ennemis d'un libéralisme qui va
(encontre de toutes les franchises et libertés
provinciales. Voilà, avec le désordre dans les
finances, la spoliation et la violence irrépri
mées, et (abaissement général des esprits,
(état de l'Espagne.
Dans sa séance du 3o août, l'Académie française
a, sur le rapport de M. le Doc de Noailies, décerné
les prix Moutbyon. On sait que ce financier
philanthrope confia h l'illustre assemblée le soin
d'arracher chaque année h leur saiole obscurité
des actes de dévouement et de vertu pour les
couronner au grand jour. Il n'avait pas vu dans
l'Académie une simple réunion d'hommes de goût,
mais il considérait celle représentation suprême
du génie littéraire comme une sorte de magistra
ture intellectuelle qui est dévolue une grande
part dans le gouvernement des esprits, et qui doit
exercer sur les mœurs une iufiaeuce salutaire en
sanctionnant par des récompenses éclatantes la
valeur des bons livres et le mérite des belles
actions. C'est de ce point de vue que le noble et
pieux auteur de la Vie de Mm* de Maiotenou nous
a fait envisager la fondation Monihyon, pour nous
réconcilier un peu avec la philanthropie donnant
b la vertu des prix académiques..
Seize prix ont été décernés; quatre-vingt
quatorze sujets avaient les plus nobles titres cette
distinction. Forcé de choisir entre tous ces beaux
gré et qui quelques anuées plus tard serait consi
déré comme uue insulte. Vous êtes jeune, me dit
mon commensal qui, je le sus après, n'était rien
autre que le dernier survivant de ces frères Lamelb,
brillants ingrats, qui récompensèrent de tous ses
bienfaits la noble Marie-Antoinette, en se faisant,
par de spirituelles et cruelles médisances les pour
voyeurs du bois dont fut construit l'échafaud
régicide; vous êtes jeune; permettez-moi de vous
apprendre manger une sole frite: ouvrez moi cela
longitudinalement, écartez les deux filets, seupou-
drez d'un peu de ce poivre blanc, versez quelques
gouttes d'huile vierge, aromatisez le tout d'un
zeste de oitron, rabaissez vos filets, laissez «lacérer
pendant quelques minutes, puis mangez alors, mon
jeune ami, et vous m'en donnerez de bonnes nou
velles...» Croyez-en ma vieille expérience: il faut
toujours en revenir aux règles de l'art. Mais
hazardé-je timidementtout oela n'est-il donc
point .affaire de goût.,.. A cette hérésie çoostiiu-
traits, nous citerons la vie d'une pauvre ouvrière,
de La Rochelle, Geneviève Guillebaud. Orpheline
dans un âge encore tendre, mais puisant sa force
dans une piété déjà fervente, peine commençâ
t-elle b recueillir quelque salaire de ses journées
comme lingère, qu'elle eut la pensée de le partager
avec d'autres orphelines- Elle partagea dès-lors,
sa demeure et son pain avec de jeunes compagnes,
qui sont depuis longtemps au nombre d'une
vingtaine, et qui la quittent poor faire place h
d'antres, dès que Geneviève les a mises b même
de gagner leur vie. Voilb trente ans que Geneviève
poursuit son œuvre, arrachant ainsi de nombreuses
jeunes filles b la misère et aux tentations perni
cieuses.
Voilb ce qu'une paovre ouvrière, sans antres
ressources que soo travail et les efforts de sa
charité a pu effecloer et faire subsister pendant
trente ans uq ouvroir ponr vingt jeunes filles.
C'est ainsi qu'une servante bretonne a fondé
l'admirable institut des Petites Sœurs des pau
vres servantes aussi et de toutes les misères, qui
vivent au jour le jour, ne sachant pas si elles
auront du pain pour le déjeuner du lendemain,
mais en ayant procuré abondamment pour le
souper du soir b leurs hôtes les infirmes, aux
vieillards leurs amis et leurs commensaux. De
même s'établirent autrefois les institutions chari
tables qui couvrirent l'Europe de ces asiles pour
toutes les infortunes que la piété de nos pères
appelait du nota si touchant d'Hôtel - Dieu, de
Maison-Dieu. Au début de ces œuvres fécondes,
ou ne pensait certainement pas b ériger des palais
a la plus grande gfofrèT des administrateurs d'hos
pices. Des âmes aimantes et puisant tonte leur
force daDS la foi s'ingéniaient b abriter n'importe
où le plus grand nombre de malheureux possible;
elles condamnaient leur corps b toutes les priva
tions pour donner, au prix de leurs austérités, un
régime plus doux b leurs pauvres bieo-ajmés.
Dans le système d'administration en vigueur pour
la direction de la plupart des établissements de bien
faisance sous le régime des conseils administratifs,
des directeurs, sous-directeurs, inspecteurs, rece
veurs, contrôleurs, économes, etc. y a-t-il la même
simplicité de moyens et par suite la même grandeur
dans les résultats
11 y a peu de mois, dit M. Ch. de Brouckère,
tionnelle eu fait de gastrooomie, l'aucieu gentil
homme de la constituante, répondit par un Peuh si
significatif, que j'eD ai toujours gardé le souvenir.
Depuis j'ai entendu répéter sur tous les tons, eu
matière bien plus grave, mou échappée d'écolier
irréfléchi; cultes religieux, théories politiques,
doctrines littéraires et artistiques: affaires de goût,
a-t-on dit; et cela a abouti a l'aphorisme des
romantiques barbus et échevelés: le beau c'est le
laid; a au blasphème de PrudhoD que nous nous
garderons bien de reproduire ici, et b son fameux
axiome: la propriété e'est le vol.
Non, pas plus que la religion, la justice, l'hon
nêteté, le Beau dans les arts n'est uoe affaire de
goût. Dieu merci, il y s des principes esthétiques
préexistants b toute œuvre d'art et au critérium
desquels toute œuvre d'art peut et doit etre appré
ciée.
Quand il y avait moins d'anarchie dans le do
maine des idpes, ces principes existant, b l'état