32LV JtRlXlia» France. L'Empereur est parti de S' Cloud, avec S. A. R. le duc de Brabarit, mercredi dernier, h une heure, pour aller h Viucennes. Après avoir visité la chapelle et la salle d'armes, S. M. et S. A. R. se sont rendues au polygone, où l'on a exécuté devant elles divers exercices de tir, tant avec les armes portatives qu'avec les mortiers et canons. Les augustes visiteurs sont allés ensuite au fort de la Faisanderie, et ont assisté aux travaux des élèves de l'école de gymnastique. Ils étaient de retour S' -Cloud h 6 heures et demie. Une fête a été donnée par un grand nombre d'exposants au prince Napoléonl'hôtel du Louvre. S. A. R. est arrivée h to heures, escortée de M. le ministre d'Etat et de plusieurs hauts dignitaires. Reçu par la commission, le prince s'est avancé dans la salle principale, où il s'est tenu. Dès son arrivée, une cantate h grand orches tre a été chantée avec beaucoup de goût par Roger, et la musique, qui était de M. Auber, a été fort applaudie. Lundi a eu lien l'ouverture de la section du chemin de fer du Nord de Saint-Quentin h Erque- liones. Il n'a été procédé aucnne cérémonie, et le premier train, qui est parti a sept heures du matin de Saint-Quentin, ne portait qu'un repré sentant de la Compagnie, M. Charles Thouin, chef du mouvement. Paris possède en ce moment les trois compo siteurs étrangers dont les noms sont les plus popu laires dans le monde entier: Rossini, Meyerbeer et Verdi. Suisse. Les hautes montagnes des quatre cantons, en Suisse, viennent d'être le théâtre d'un drame des plus émouvants. Uu touriste anglais s'était, malgré les conseils des habitants, aventuré seul avec sa fille, jeune personne de dix-huit ans, dans les vastes forêts qui couvrent les crêtes des rochers, allant l'un et l'antre a la recherche de plantes rares. Ils étaient partis depuis le matin, et malgré la promesse qu'ils avaient faite d'être de retour h leur auberge avant cinq heures pour le dîner, on ne les vit pas revenir. Ou attendit jusqu'au leodemain matin midi. Fort inquiet lui-même, l'aubergiste, suivi d'un voisin, se met en route h la recherche de ses voya geurs. Il soit presque pas h pas leur trace. Pendant' une course de cinq heures, appelant partout, sondant les précipices, n'entendant ni ne voyant rien, une pensée sinistre passe h travers son esprit. Il tire quelques conps de fusil et l'écho seul lui répond. Cependant il poursuit ses recherches, il grimpe sur l'arête de la montagne moitié de'nndée qui est h quelques centaines de mètres au-dessus de sa têteet un spectacle horrible frappe ses regards. Le touriste, tout couvert de sang, les vêtemeots en lambeaux, était étendu sur le gazon, la tète dans ses deux mains, la figure inondée de larmes et paraissant plongé dans une profonde rêverie. Le bruit des cris que pousse l'aubergiste le réveille, et se levant d'un seul bond, les yeux égarés, fixés sur le vide de l'air, il s'écrie: Voilà la place, regardez, la voilà couchée là, ensanglantée, expirante. Ces paroles firent frémir l'honnête et courageux Suisse, qui vit en effet quelques pas derrière sir W. T..., le cadavre déchiré de sa malheureuse enfant. Nous étions, dit ce dernier, en train de déjeû ner; ma pauvre fille courait quelques pas de moi, lorsqu'un ours, enragé par la faim, se jeta sur elle au moment où elle caeillail quelques plantes au pied de ce rocher que vous voyez. Elle se défendit avec courage; ses cris me firent voler soo secours; mais mon enfant avait péri. a Animé de désespoir, je saisis cette hachette que j'avais emportée avec moi, et, la fureur redou blant mes forces et mon courage, le monstre expire mes pieds; mais je n'ai plus d'enfant! Et en prononçant ces paroles, il fondit en larmes. L'ours, la tête littéralement broyée et hachée, gisait quelques pas de la jeune fille, qui, elle-même, avait la figure dans un état mécon naissable. Comme l'aubergiste voulait faire un brancard pour la ramener au village, le père se leva précipitamment, s'y opposa, prit son enfant dans ses bras et suivit ses deux compagnons sans vouloir qu'aucun d'eux touchât son précieux fardeau. C'est ainsi qu'ils rentrèrent le soir, la tombée de la nuit, dans l'auberge, où la famille de sir W. T... connut le double malheur qui la frappait; sir W. T...était fou. (Siècle.) dSUiiiDFLljpj! IL Le Conseil de Fabrique de l'église Saint Martin vient de nommer marguillier M. Pierre Vander- marliere, en remplacement de M. Lagrange décédé. Nous empruntons purement et simplement au Moniteur l'article qui suit Un arrêté ministériel du 17 octobre accepte la démission offerte par le sieur L. Verhille, de ses fonctions de maître de musique l'école moyenne d'Ypres. Nous apprenons avec plaisir, que la société du Cercle Philanthropiqueétablie au Café du Saumon en cette Ville, ouvrira sa première soirée musicale le Mercredi 7 Novembre prochain 7 heures du soir. Inutile de faire connaître le but de ces réunions musicales; tout le monde sait que le produit des quêtes recueillies dans ces soirées est destiné au soulagement des nécessiteux de la ville. Nous engageons les amateurs de chant assister ces réunions, qui auroot lieu chaque mercredi; outre l'amusement qu'ilsse procureront, ils auroot l'avantage d'aider par leurs dons soulager leurs malheureux frères, les pauvres. Les lecteurs du Propagateur entendent toujours l'appel fait leurs seotiments de Flamands et de Chrétiens. 9IISCELLA11ÉES. J'ai, dans le quartier le plus Espagnol de notre vieille cité Flamande, un mien cousin dont l'âge ne jure pas trop avec l'antiquité de la maison. Le bonhomme unit pas mal de science ce petit grain d'originalité qui n'ôte rien au vrai savoir et qui donne un peu de montant et de bouqael la con versation. Je le trouvai hier au soir, dans une pièce ambtgiie, moitié laboratoire, moitié cuisine, au milieu de ballons et de marabouts, de matras et de casseroles, de réactifs chimiques et d'honnêtes substances parfaitement innocentes de ce qu'il y avait de suspect dans leur scientifique entourage. Le cousin Egidius triturait, macérait, décantait, pesait et mesurait les objets de soo attention du quart d'heure. Cela me faisait singulièrement l'effet de ressembler des poisdes fèves, du riz, des pommes de terre; l'oserais-je dire? Je crus reconnaître dans la panse d'une cornue les reliefs d'un gigot de mouton dont j'avais pris conscien cieusement ma part l'avant-veille. Cousin, lui dis-je, what is the raatler? Parbleu, me répondit-il par une interjection latine dont je donne ici, faute de mieux, une traduction fort libre, ces imbécilles de savants n'ont-ils pas nommés Azote, c'est-à-dire, privant de la vie, tout justement l'élé ment qui fournit la vie conservation, entretien, renouvellement A bien manger l'âme se renouvelle... C'est le vers du poète, mille fois plus chimique ment vrai que la nomenclature de Lavoisier. Les poètes, les poètes, voilà, mou cher cousin remué de germain, voilà les seuls véritables savants, les seuls vrais philosophes, les seuls cuisiniers estimables, j'en atteste le laurier d'Apollon qui, comme chacun sait, est aussi le laurier-Sauce.... Quel est le plus grand poète de l'antiquité; allons, répondez-donc Mais, cousin Egidius, le vieil Homère Homère, pas mal dit; Homère est en effet un charcutier sublime. L'eau ne vous vient-elle pas la bouche quand il grille les entrailles des vic times Que cet homme entendait bien la partie des gras-doubles! Mais c'est dans le boudin qu'il excelle; il en a farci tous les livres de i'Illiade, sans compter ceux de l'Odyssée que certaines gens lui attribuent... Oui Homère est un poète; mais, cousin fils de défunte ma cousine Barbara, vous venez de parler un collégien imberbe qui jure sur le magister dixit de son régent. Tous ces cuistres lisent par métier la guerre de Troie, et en raffollent faute de mieux; ça se lit des yeux; mais, pour sentir Platon, il faut plus que des yeux, et de la sensibilité, et de l'âme animale; il faut la seconde âme, l'âme intellectuelle, l'intuition de l'esprit pur; il faut être poète soi-même pour deviner Platon C'est vrai, cousin Egidius; Platon.... N'allez pas dire de bannalités. Platon, Monsieur mon petit cousin, serait le plus grand des poètes, s'il était autre chose que l'éditeur respon sable de Pythagore; et Pylhagore serait le plus perspicace des génies inventifs, s'il n'avait pas le mérite, le plus grand de tous mon avis, d'être un simple miroir réflecteur des lueurs éparses de la tra dition primitive, disséminées dans le temps: il lésa réuni en un faisceau lumineux; et voilà pourquoi sa figure est la plus resplendissante entre toutes celles des sages. Ah Pythagore! Pythagore! Aussi voyez son respect pour les fèves J'avoue, que tout habitué que je suis aux excen tricités du cousin Egidius, je ne pus m'empêcher de sourire cette chute inattendue. Ouais! reprit-il, vous croyiez donc que j'allais m'enthousiasmer, comme un écolier ou un écolâtre, pour ce qui fait le renom classique du philosophe delà Grande-Grèce; la Métempsycose, par exemple? Je laisse cela aux faiseurs de livres qui se disent palingénésiaques pour se donner un air de nouveauté; ces vieilleries-là sont bonnes pour les hommes du progrès le plus avancé; cela les défraie dans leur pénurie d'idées. Pour moi qui ai la prétention d'eutrer dans la substance des choses, et qui ne recule point devant l'analyse des objets de mes plus chères jouissances, les poèmes épiques et les pâtés de foie gras, je n'admire les poètes qu'en raison de leur philosophie, et la philosophie qu'eo égard ce qu'elle a de conforme avec la vérité. Or la vérité la plus vraie, c'est que la fève pythagoricienne est la reine des substances alimentaires; tout ami de l'humanité doit donc l'honorer comme uu réceptacle de vie, et consé- quemment un foyer de génie, de force, d'activité. Uu homme bien nourri en vaut deux or qu'est-ce qui est le principe nutritif par excellence l'azote; quel est de toutes les substances alimentaires la plus riche en azote? la fève donc la fève, etc tirez la conclusion; donc Pylhagore, etc.... déduisez les conséquences; donc, si vous voulez donner au peuple un aliment, éminemment poétique et phi losophique, ayant pour lui la noblesse des tradi tions et l'utilité dans l'application actuelle, faites- moi une bonne soupe économique aux fèves; ou vous n'êtes qu'un crétin bon vous bourrer de pommes de terre. Le cousin Egidius jeta en ce moment un regard de si profond dédain sur le tubercule adulé par les philantrophes et qui sert affamer l'Irlande sous prétexte de la nourrir, que je sentis s'eglacer dans mon cœur cette tendresse de prédilection qu'en ma qualité de Flamand j'avais eu le malheur de professer pour cette maladive solanée.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 2