JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 3,973.
39me année.
PRIX D'ABONNEMENT.
Y près, 3 mois fr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonne Ypres che® D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur Propriétaire, rue
de Lille, 10, près la Grande-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
Insertions des annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
LE PR0PA6ATEUR
CHEMINS DE FER
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Yprei Courtrai, 55o, 10, i20,
520, de Foperinghe 20 miaules plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperioghe,
6, io5o, 3a5, 8a5.
De Courtrai Mouscron, Tournai et
Lille, 735, io—,5o, 3a5, 8ao.
De Courtrai pour Gand, 7, la3o
4. 6—15.
De Courtrai pour Bruges, 74U>133o
a35, 6ao-
IP^SS, 27 Octobre.
œ«a,iLiRînin
L'ensemble des renseignements malgré
quelques dénégations intéresséesfait pres
sentir F évacuation de la Crimée par les
Russes. Les opérations des alliés continuent de
manière presser ce dénouement partiel de
la lutte.
La situation de la Banque de France préoc
cupe les esprits. Les mesures quavait du
prendre celte institutionvu la rareté du
numéraire, sont, dit-on, en voie d'être adou
cies on parle surtout de l'extension de
l'échéance 90 jours.
Le peuple le plus phlegmatique du monde
est celui, qui dans son langage abuse le plus
des superlatifs. La presse anglaise est bien
sous ce rapport la langue imprimée de nos
voisins se grisant eux-mêmes par Cexagéra
tion de leurs propres paroles. Il y a quelques
foursUs colonnes des journaux anglais
n'étaient pas assez longues pour suffire tous
les griefs contre le gouvernement des États-
Romains c'était une croisade protestante
pour débarrasser tllalie de cet bomme..... le
PapeHuit jours auparavant les foudres
tombaient sur le Roi de Naptes, ce Néron, ce
Domitien des temps modernes.... Aujourdthui
le cri de guerre est poussé contre les Étals-
Unis d'Amérique tantôt il s'agit de flibustiers
américains qui feraient une descente en Irlande,
tantôt les plus menaçantes complications entre
Jonh Bull et Benjamin résulteraient de ce que
le Ministre britannique aurait enrôlé des
sujets de l'Union pour la guerre de Crimée
Toutes ces fureurs et ces frayeurs d'après-
dîner ne sont prises au sérieux par personne
c'est capital, et voilà tout.
A lire certains journaux Belges, parcourir
certaines publications récentes, on se demande
avec peine si notre pays est condamné la
flétrissure de donner aujourd'hui un dernier
refuge aux absurdités panthéistiques dont la
rêverie allemande ne veut plus, un voltairia-
nisme impie qui provoquerait des nausées en
France. Que deux ou trois professeurs d'Uni
versité, plus ou moins décorés, qu'une petite
poignée d'étrangers déguisés en journalistes
LES FLAMANDS EN BRETAGNE. - 1832.
(SUITE.)
A peine le Marquis de Montaigu fut-il entré,
Avec son jeune compagnon dans la chambre
"nique qui compose, avec les bâtiments de service,
toute une métairie bretonne, que, s'approcbant de
">a tante: Mademoiselle Jacoba, lui dit-il, ces
P'ysans ont fait du bruit votre porte; ce sont
pourtant de braves gens, mais un peu sau
vages
Dites, un peu jaloux, Monsieur le Marquis,
do vos bontés pour une pauvre famille exilée
La bonne grand'tante, heureusement, n'avait
Pas vu la scène de violence qui avait précédé
''arrivée du Marquis.
nationaux, que des écoliers leur suite, ne
fassent point passer la Belgique, par leurs
extravagantes vieilleries,pour le pays le plus
arriéré de l'Europe.
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
III.
Résumant, avant de passer outre, nos précédents
articles, nous rappelons que l'ensemble des moyens
par lesquels la société lire l'enfant du mal pour le
conduire un état moral meilleur, s'appelle éduca
tion [educeretirer hors de...); l'ensemble des
procédés par lesquels la société communique ài
l'enfant les connaissances qui lui sont nécessaires
comme instruments de son activité pour qu'il exerce
une industrie ou occupe une positioo quelconque
en ce monde, s'appelle instruction instruere
dresser pour...).
De cette définition nous avons tiré les premières
conséquences il s'en suit qne, la natnre humaine
étant la même chez tous, malgré les différences
individuelles de races et de tempéraments, l'éduca
tion doit être, dans sa substance, identique pour
tous les hommes. Elle doit tous les hommes, saos
exception, inculquer l'horreur du mal et l'amour
du bienet, conséquemœent, déterminer d'une
manière irréfragable en qooi consistent le bien et
le malquelles sont les actions bonnes et les
actions mauvaises. Mais cette détermination de la
moralité des actes ne peut-être uniquement déduite
des vérités qui sont purement de l'ordre de la
raison; car, isolées, ces vérités sont contestables.
Le sens commun lui-même n'est qu'une opinion
universellement reçue, mais qu'une opinion indi
viduelle peut contredire, et qui d'ailleurs a besoin,
pour parvenir h la connaissance de l'enfaDt et de
l'ignorant, d'être affirmée comme étaDt la vérité
par un individu qui s'en déclare l'interprète. Or,
qu'est-ce qui portera cet enfant, cet ignorant h
croire en l'affirmationen l'interprétation d'un
docteur quelconque, d'un moraliste quel qu'il soit?
Il lui suffirait de répoudre je ne pense pas, je ne
vois pas comme vous; j'ignore si ce que vous me
présentez comme une donnée du sens commun
n'est pas simplement une conception de votre
esprit que n'accepte pas mon jugement, pour que
le docteur fut réduit au silence. La morale, si elle
n'était qu'une déduction des vérités de l'ordre de
la raisoD pare, ne pourrait donc présider l'édu
cation; elle n'aurait ni base ni sanction; elle
manquerait d'autorité. Aussi daus aucun temps,
Le Marquis parut légèrement embarrassé
Mademoiselle Vandeohove, croyez bien que je
n'excuse pas la grossièreté de nos gars du pays de
Retz; mais voici votre neveu et ses deux fils qui
ont le droit d'être blessés de cette aversion pour les
étrangers qui pousse des hommes loyaux comme
nos Vendéens aux actes les plus condamnables
C'est moi qui leur demande pardon pour mes
compatriotes
Mou père regarda ma grand'tante qui se levant
de sa chaise patins avec une émotion où se
trahissait l'inquiétude, mais où le sentiment de la
dignité personnelle l'emportait sur toute autre
affection du moment Vandeohove offrez donc
de la bierre ces Messieurs.... Puis, se reprenant,
autre chose da moins, puis que le houblon ne
fleurit point dans ces bruyères.... et ma pauvre
dans aucuD pays, l'éducation n'a eu pour point de
départ un théorème philosophique; toujours et
partout, elle a été dominée par un dogme religieux,
et dirigée dans le sens prescrit par un principe
appartenant l'ordre de foi. Homme né d'hier
tu es immortel; tn mériteras on tu démériteras en
accomplissant telle action on telle autre; le prix
de ton obéissance ce que je te prescris comme
ton devoir, ce sera la paix intérieure en ce monde
et une éternité de bonheur après cette vie; la
peine de ta désobéissance, ce sera ici bas, les
fatigues d'une lutte incessante contre les institu
tions sociales, l'amertume da cœur et le trouble de
l'esprit; en attendant le jour des châtiments
éternels. Voilà comment la religion, partout et
toujours, pose la loi morale et la sanctionne. La
raison vient la suite pour vérifier par l'histoire
les faits qni obligent croire au dogme religieux;
et pour déduire de ce dogme par la philosophie,
toutes ses conséquences logiques, morales, sociales,
politiques, esthétiques. La raison n'invente point
les principes du raisonnement, le fondement des
mœurs, la loi première de l'organisation sociale
et politique, l'élémeot essentiel du beau dans les
arts. Tout cela prééxiste la raison humaine;
avertie par la foi, la raison reconnaît ces principes
essentiels de tontes choses comme conformes au
dogme religieux; et elle eu tire toutes les résultantes
et toutes applications imaginables. Ces résultantes,
ces applications, forment dans leur ensemble le
fonds et le trésor de la doctrine humaine, émanant
da dogme divin, et participant de son autorité,
comme la conséquence logiquement déduite du
principe participe de la vérité db principe lui-
même.
C'est cette doctrine, la fois divine et humaine,
cette doctrine immuable, partout identique elle-
même, imprescriptible, indéfectible, commandant
une acceptation sans réserve et sans discussion,
qui passe de la société daDS l'individu par l'édu
cation. L'éducation frappe l'enfant au coiu de
celte doctrine, et en fait un membre de la société.
Elle en fait un homme. Pâtre ou Roi, peu importe
par l'éducation, le voilà en communication, que
dis-je? en communauté d'idées, de sentiments et
de croyance, avec tous les hommes qui l'éduca
tion a imprimé le caractère d'être raisonnable et
croyant. Il sait d'où il vient, où il va, et ce qu'il a
faire durant son passage sur la terre. Il marche
avec assurance vers un but connu. Le jeune soldat,
qui ne sait ui lire ni écrire, s'en va dans la trauchée
tante se laissa retomber sur sa chaise, comme
faiblissant sous l'atteinte du mal du pays.
De la galette et du cidre, bonne maman
Vanden quelconque, dit, en riant, le jeune com
pagnon du Marquis; des galettes, despanecoucke,
comme j'ai appris les estimer dans les romans
de S. Henri Berthould; du cidre, du vrai jus de
pommes, comme je l'adore eu spéculation, dans
les derniers bretons d'Era. Souvestre.
Ma grand'tante et moi, nous regardâmes alors
l'hôte inattendu qne nous amenait M. de Montaigu
c'était un composé assez singulier d indolence et
de vivacité. Assis très-nonchalamment sur le
banc de bois qni accolle la table de chêne au-
dessous du râtelier supportant les pains de la
dernière fournée; appuyant sa tête blonde, et
plus que blonde, sur la couverture du lit de ma