JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
7PB.3S, 7 Novembre.
BH&ILBtraS! PCDlLII'ïlKQIltBo
Cédant aux désirs de nos abonnés, nous
reprendrons dans notre prochain numéro la
suite des extraits des annales de la ville
«T Ypres.
Les grosses colères de quelques mata
mores de la presse sont si bouffonnes, et
leurs prétentions parler de grands écri
vains qu'ils n'ont pas lus, ont un côté si
peu sérieux, que nous croyons ne pouvoir
donner qu'en feuilleton l'extrait suivant
d'un piquant article du Bien public, de
Gand
No 3,976.
39me aonée.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonne Yprés chez D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
cle Lilhy io, près la Grand'-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
Insertions des annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
LE PROPAGATEUR
CHEMINS DE FER
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Ypres Courlrai, 55o, 10, i10,
5—20, de Poperingbe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperioghe,
6, 105o, 3—25, 8—î5.
De Courtrai Mouscrou, Tournai et
Lille, 7—35, 10—5o, 3—25, 8—20.
De Courtrai pour Gand7123o
4,0-,5.
De Courtrai pour Brugesr74°i >23o
235, 620.
L'esprit public ne se laisse pas tout fait
distrairedans notre paysdu soin des véri
tables intérêts des populations par les décla
mations passionnées, ou se donnant fair de
Têlre, des hommes qui se croient la tête de la
société parce que, commet écume, ils bouillon
nent la surface. Une perspective menaçante
a contraint enfin les administrations munici
pales de nos villes d'accuser le déficit qui
existe dans leurs caisses. On reconnaît que
cédant h un laisser - aller qu'il serait dur
d'apprécier comme il devrait têtre, les villes
ont excédé leurs ressources pour des dépenses
en pure perte, ou qui, comme les subsides aux
théâtres, n ont profité qu aux plaisirs et un tout
petit nombre de riches oisifs. En présence de
ce déficit qu'on ne peut plus déguiseron
s'évertue trouver des voies et moyens pour
ramener la balance au pair. Bruxelles, Gand,
Bruges, ne craignent pas et augmenter les
droits d octroi; Liège veut essayer de la
capilation sans se souvenir, dans son libéra
lisme, que le principe politique dominant le
droit moderne, c'est la solidarité de tous les
membres de la comthunauléCourtrai met en
avant la proposition, il est vrai réjetée par la
majorité du conseil, mais qui n'en est pas
moins un curieux indice de déraison et d'in
justice, la proposition modelée sur la fameuse
demande d'Hubert en 1848, de frapper de
l'impôt exclusivement les riches. C'est l'ache
minement la confiscation des propriétés et la
route directe au communisme. Le remède au
désordre financier de nos municipes serait
tout entier, mais n'est aussi qu en ce seul mot
Economie. Le dilleltanlisme de quelques ama
teurs (f opéra et les glorioles de quelques
édiles ne doivent pas entrer en ligue de compte
avec les sacrifices onéreux imposés h l'univer
salité des citoyens. Un journal de la capitale
le disait avec raison, il y a peu de jours
Lorsqu'un prodigue prépare ta ruine de sa
famille, quel est le motif que l'on invoque pour
le faire mettre en interdiction C'est précisé-
FEUILLETON.
BOSSUET, LE MESSAGER DE GAND ET M. L. VEUILLOT.
Le correspondant du Messager est rue'conteot du
Bien Public; tuais eu revanche il est très-satisfait
de Bossuct. Bossuet, h la bonne heure.' voilà un
ment cette manie de dépenser au-delà de ses
revenus; et si la loi arme la famille contre
celui qui est affligé de celle manie, quoiqu'en
définitive c'est bien un peu son bien qu'il
gaspille, que devrait-elle donc faire en faveur
de la société contre les mandataires qui agis
sent de même pour les iiftérêls qui leur sont
confiés
L'auteur d'un pamphlet dont on parle beaucoup
dans le demi-monde de la presse, se demande
compte de l'instabilité des lois belges mise en
regard de la stabilité des lois anglaises, et voici la
réponse qu'il se fait donner par son anglais
En Belgique, l'élémeu t politique est en progrès
et l'élément religieux est resté statiounaire.
Le progrès de l'élément politique est, on s'en
doute bien, celui du principe révolutionnaire le
plus avancé.
L'état stationnaire de l'élément religieux est le
maintien du catholicisme. C'est de celte dernière
partie de la réponse que nous avons h nous occuper.
Pour le pamphlétaire, le catholicisme est une
cause nécessaire d'infériorité politique. Si l'on vous
demande pourquoi la Hollande est devenue forte
et puissante, tandis que la Belgique a constamment
déchu de son ancienne prospérité, vous serez peut-
être tenté d'en rechercher la cause dans la valeur
des gouvernements et dans les péripéties politiques.
Vous direz que, d'une part, la Hollande, protégée
par ses eaux contre l'invasion, faisant la guerre hors
de chez elle, aidée par la France et l'Angleterre,
demeurée victorieuse dans la lotte, nautie de belles
colonies arrachées un eonemi épuisé, et fermant
l'Escaut h nos provinces, avait des conditions de
prospérité que nulle autre nation n'a trouvées; que,
d'autre part, la Belgique, théâtre constant de la
guerre contre la Hollande et la France, enchaînée
h une monarchie en dissolution, assujettie un
gouvernement incapable de la protéger, constam
ment ravagée par l'ennemi, démembrée h chaque
guerre, privée de sa voie commerciale, a dû subir
une période deux fois séculaire de malheurs que peu
d'autres peuples ont essuyés. Vous croirez votre
opinion d'autant plus fondée que, pendant le siècle
dernier, il a suffi la Belgique d'une période de paix
pour se retever et pour arriver un degré de pros
périté dont nos pères nous ont transmis la mémoire.
galant homme! Voilà un modèle de polémique
douce et oDCtueusel Quelle grâce dans son lan
gage! avecquelle finesse décente il trace les portraits
de ses adversaires Voyez ce qu'il écrit au miuistre
Jurieul» Mais aussi Bossuet était uo grand artiste,
condition nécessaire pour être un grand écrivain.
Nous ne nous serions jamais doutés qu'il existât
tant d'affinités entre le génie de Bossuet et celui du
Messager. Peu s'en faut, ou celui ci va réclamer le
grand évêque de Meaux comme un de ces apôtres du
libre examen doot nos modernes voltairieus se font
gloire de descendre.
Messieurs du Messager, nous nous permettrons
de croire que vous n'avez pas lu Bossuet, sinon vous
le citeriez avec moins d'éloges. Il n'y a rien a glaner
pour vous et vos pareils dans les écrits de ce grand
défenseur du dogme catholique: s'il eût vécu de
nos jours, il eût combattu votre école avec la même
énergie qu'il mit h foudroyer les hérétiques de son
temps. Vous vantez sa tolérance; fort bien; mais
Vous eu prendrez peut-être même lieu d'honorer la
fermeté, la constaoce et l'esprit national du Belge,
toujours plus attaché sa patrie malgré ses mal
heurs. Eh! bien, vous vous trompez! La cause,
selon Boniface, consiste en ce que la Belgique est
restée catholique. Si elle s'était faite protestante,
tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des
mondes. C'est au protestantisme que la Hollande
doit une prospérité qu'elle n'eut sans doute pas
atteinte, dans les mêmes conditions, si elle fût
demeurée catholique.
L'auteur est tellement préoccupé de cette idée,
qu'il oublie de nous dire ce que la différence du
dogme catholique au dogme protestant peut re
trancher ou ajouter au mérité du général, au talent
de l'homme d'état ou l'habileté du négociant. Le
Propagateur traitera un jour cette question.
La république démocratique et sociale est
proclamée; dous pouvons notre aise voler et
piller.
Voilà la harangue qu'a prononcé le chef des
insurgés Angers. Qu'en dites-vous, messieurs les
bourgeois? Pour moi, je vous dis: Voil'a la morale
que prêchent 'a leurs domestiques 'a leurs
ouvriers, leurs fermiers tous ceux d'eotre vous
qui leur enseigoent l'impiété, soit par leurs
discours, soit par leurs exemples. Si Dieu et la
conscience ne sont que des mots, l'ordre moral
n'est qu'une chimère. Si vous détruisez le fonde
ment de l'édifice, l'édifice vous écrasera dans sa
chute. Echo du Mont-Blanc.)
Le théâtre, comme chacuD sait, est une école de
mœurs. Si quelqu'un se permettait d'en douter, il
suffirait de lui mettre sous les yeux les lignes
suivantes par lesquelles l'Observateur rend compte
d'une représentation que la célèbre tragédienne
Ristori vient de donner Bruxelles
Mm° Ristori dous a quittés aujourd'hui après
avoir joué ce rôle de Myrrha où se trouvent
réunis tous les éléments de la grande tragédie
classique avec ses passions échevelées, ses fureurs
et ses désespoirs. Autant Mm° Ristori, dans le
rôle de Marie Stuart, s'était élevée au-dessus des
tragédiennes, ses rivales; autant daDS ce gigan-
lesque rôle de Myrrha, elle s'est élevée au-dessus
d'elle-même. Myrrha n'est pas de ces pièces qui
n'oubliez pas que celte tolérance ne l'empêcha pas
d'approuver la révocation de l'édit de Nantes. Vous
célébrez la forme gracieuse et sévère de sa
polémique avec Jurieu, protestant instruit, avec
lequel une controverse sérieuse était possible mais
le jugement qu'il porta sur Molière est-il aussi de
votre goût? et ne trouvez-vous pas que Bossuet
devient un clérical violent et exagéré, lorsqu'il dit
que le théâtre de Molière étale au grand jour les
avantages d'une infâme tolérance dans les maris
et sollicite les femmes h de honteuses vengecm-
ces contre leurs jaloux.
Bossuet, dites-vous, était un grand artiste s'io
spirant d'Athènes et de Rome. Ne trouvez-vous
pas qu'il s'inspirait aussi de l'Évangile, lorsqu'il
disait des impies de son temps:
Les entendrai je toujours et les trouverai-je
toujours dans le monde, ces libertins déclarés,
esclaves de leurs passions, et téméraires censeurs des
conseils de Dieu; qui tout plonge's qu'ils sont dans