fendirent ensemble la demeure des époux Cloots,
niais comme la porte d'entrée restait fermée, l'au
torité fut avertie et elle s'y transporta, accompagnée
d'an serrurier.
La porte d'entrée de la maison vers la rue était
fermée a double tour, et il fallut entrer par une
fenêtre b l'aide d'une échelle. On trouva la clef
suspendue au mur dans l'intérieur. Tous les meu
bles furent trouvés intacts, rien n'était dérangé; car,
d'abord, on avait craint que l'on n'eût un horrible
et double attentat h constater, comme ceux qui
malheureusement sont devenus assez fréquents.
Eu entrant dans la chambre a coucher, un affreux
spectacle s'offrit aux regards. Trois cadavres gisaient
sur le litLa présence du charbon expliqua bien
tôt le genre de mort auquel les victimes avaieot
succombé, et l'autopsie cadavérique démontra qu'il
y avait eu asphyxie par le gaz carbonique.
Sur uoe table, on trouva un billet qui contenait
ces quelques mots
On trouvera dans la garde-robe en haut, cent
a et onze francs g5 centimes, que je prie de payer
deux semaines de journées b mon ouvrier Antoine
Maihys, dont je lui suis redevable; le reste doit
a servir pour nos cercueils et notre enterrement.
Epouse Cloots.
Vilvorde, 1" novembre i855.
Puis, en forme de post-scriptum
Quant nos dettes, je trouve plus de bon que
je dois; b payer par ceux qui sont sur nos livres; ils
auront du reste.
La funeste résolution de la femme Cloots n'était
que trop annoocée; mais qu'en pouvait donc ce
jeune neveu, le malheureux enfant trouvé asphyxié
entre les bras de sa tante?
Le tanneur Cloots avait signé un billet de 4oo
fr. comme caution, qu'il n'avait pu payer. On ne
connaît pas d'autre motif de cet acte de désespoir.
France, Paris, 7 novembre. Hier, vers
cinq heures, près de la gare de Lyon, un pistolet
chargé est tombé de la poche d'une personne qui
accompagnait une voiture vide de la maison de
l'Empereur. Le coup est parti; la détobation a
ému les passants et a donné lieu b des bruits que
nous sommes autorisés b démentir. Estafette
Vers la fin de la semaine dernière, nn jeune
mécanicien a pu obtenir l'autorisation d'essayer,
sur le chemin de fer du Nord, un frein de son
invention qu'il présentait comme ayant la puissance
d'arrêter un convoi dans le cas où une rencontre
paraîtrait même inévitable. L'épreuve a été faite et
a eu, dit-on, le résultat le plus décisif et le plus
satisfaisant. Le convoi lancé b une vitesse de dix
lieues b l'heure s'est arrêté b un signal convenu
sans secousse aucune, par la seule pression du
nouveau frein qui est, paraît-il, d'une énergie
irrésistible. Le mécanisme en est simple et ne
complique en rien les fonctions du mécanicien.
Espagne. De nouvelles représentations des
évêques d'Espagne arrivent en grand nombre au
Gouvernement. Elles sont relatives b la défense
faite aux évêques de publier leurs réclamations
contre les mesures prises par l'autorité civile en
matière ecclésiastique. Les évêques d'Avila, de
Carthagèue, d'Astorga, de Zamora, l'archevêque
de Santiago et beaucoup d'autres ont protesté
contre la défense du Gouvernement. Nous avons
eu raison de proclamer collectivement et de publier
nos Expositions sur les mesures que le ministère de
grâce et justice a prises en matières ecclésiastiques.
La conduite que nous avons tenue, nous ne pour
rions renoncer b la tenir encore sans abandonner la
cause de l'Église.
Turquie.Une question d'une haute gravité
préoccupe b juste titre le gouvernement ottoman.
Nous voulons parler du renchérissement excessif
qu'ont éprouvé peodant les deux dernières années
les choses nécessaires b la vie. Le prix des denrées
indispensables b la subsistance des armées a triplé;
celui des autres objets a doublé.
Grèce. Un fait très-grave avait été consigné
dans uoe correspondance d'Athènes adressée au
Moniteur, et par le caractère du journal qui l'avait
accueilli, avait causé, b juste titre, une vive émo
tion. D'après le Moniteur, le Roi Othon aurait
oublié les devoirs que lui impose la neutralité de la
Grèce jusqu'à assister b un Te Deum chanté pour
le succès des armes de la Russie dans une chapelle
appartenant b la légation de cette puissance.
D'après de nouvelles informations, la cour de Grèce
aurait, en effet, visité cette chapelle, mais unique
ment pour juger du mérite de sa reconstruction
confiée aux soins d'un architecte français et d'un
peintre allemand. Aucun Te Deumaucune céré
monie religieuse ne serait venue compromettre
cette excursion et transformer en une démonstra
tion politique un simple acte de bienveillance
envers deux artistes.
AngleterreLondres 5 novembre. Le 5
novembre de chaque année, les gamins de Londres
ont l'habitude de célébrer la découverte de la
conspiration des poudres en promenant dans toute
la ville des mannequins qui représentaient dans
l'origine, Guy Faux, le chef de cette conspiration,
mais qui ont successivement représenté les différents
personnages antipathiques ou populaires. Ainsi, il
y a cinq ans, b l'occasion de la nomination du
docteur Wiseraan au Cardinalat et b l'archevêché
de Westminster, c'est le grand dignitaire catholi
que anglais qui avait eu l'honnenr d'être promené
dans les rues. Depuis lors, c'était toujours quelque
chose comme on cardinal que la populace vouait au
bûcher, car c'est par un feu de joie que la cérémonie
se termine toujours. Cette année, le gouvernement
n'a pas voulu que celte mascarade fût une hostilité
contre les catholiques, car le 5 novembre est éga
lement l'anniversaire de la bataille d'Inkermann,
oû Irlandais catholiques, français catholiques, ont
versé leur sang b côté des anglais protestants. Une
ordonnance de police avait donc défendu les feux
de joie et les pétards de la soirée.
La ligue formée dans le but de faire diminuer
le prix du pain avait publiquement annoncé que
ses membres n'avaient pas l'intention de tenir di
manche un meeting dans Hyde-Park. Cependant un
grand nombre de personnes sont venues, comme
les dimanches précédents, et se sont réunies par
groupes autour d'une demi-douzaine d'orateurs,
qui sur divers points do parc, s'étendaient sur
l'excessive cherté du pain et l'urgence d'une
réforme politique. Le riche seul, disaient-ils,
possède la terre, qui devrait être la propriété du
grand nombre. Le capitaliste, qui a de l'argent,
accapare tout le blé et le vend ensuite aux prix
qu'il veut. Il fut cependant mis rudement fin b
ces déclamations par quelques centaines de jennes
garçons et autres, qui lancèrent de grosses mottes
de terre aux péroreurs et b leurs auditeurs. Quel
ques moments après, un autre orateur commença
une violente sortie contre le Gouvernement, qui,
affirmait-il, prétendait pousser la guerre avec la
Russie et maintenir ainsi le prix du blé. Le
Gouvernement trompe le peuple, disait l'orateur,
et je recommande qu'il soit signé sur place des
pétitions tendant b supplier la Reine de le ren
voyer. Alors il y aurait une grande baisse dans le
prix du pain, car on sait fort bien que les ministres
ne le maintiennent au taux actuel que pour
obliger les artisans et les ouvriers, b demi-morts
de faim, b s'enrôler dans la milice. (Honte!)
L'orateur continuait sur ce ton, quand on vit
passer le long du parc nn gentleman qui était
allé voir son frère chez le duc de Sommerset; il
fut accablé de plusieurs centaines de mottes de
gazon. Il s'enfuit aussi vite qu'il put, poursuivi
par des centaines de garnements, et, avant de pou
voir sortir du parc, il fut horriblement terrassé.
La canaille se rua ensuite sur ceux qui étaient
rassemblés autour du meeting, et les mottes de
gazon, les pierres et les autres projectiles, conti
nuèrent b pleuvoir jusqu'à ce que la foole fût
contrainte de se sauver en masses. Des dames et
des gentlemen, qui traversaient tranquillement le
parc, forent traités aussi brutalement. Deux dames,
élégamment mises, furent poursuivies b coups de
pierres et terrassées près de Grosvenor-Gate.
Deux gentlemen furent assaillis b coups de pierres
au point de pouvoir b peine se tenir debout; on
leur vola leurs chapeaux de dessus la tête, et l'on
tenta de prendre une montre que l'un d'eux
portait dans sa poche de côté. Vers six heures du
soir, une scène qu'il est presque impossible de
décrire eut lieu dans le parc. Quinze cents individus,
tant hommes que jeunes garçons, armés de gazon
chargé de terre humide b sa racine, lançaient
leurs mottes contre tous ceux qui étaient près de
lb, sans en excepter même les enfants qui retour
naient chez eux. Eu présence de la dangereuse
tournure que prenaient les choses, un certain
nombre d'agents de police, dont quelques-uns b
cheval, furent envoyés dans Park-Lane, dans la
crainte qu'une attaque ne fût dirigée contre les
hôtels de quelques hauts personnages. La pins
grande partie de la populace se hâta de sortir par
Grosvenor-Gate, ayant b ses trousses la police b
cheval, dont la présence l'empêcha de briser les
fenêtres, ainsi qu'elle l'avait fait le dimanche
précédent.
Affaires d'Orient. De la seule dépêche par
venue d'Orient, il est permis de conclure, que la
campagne est décidément terminée en Grimée. La
garde impériale revient en France. Kamiesch se
prépare b recevoir le général Bazaioe qui comman
dait l'expédition de Kinbourn. Nous disions la
campagne terminée, quoiqu'il circule de vagues
rumeurs sur l'éventualité d'une attaque effectuée
par les troupes russes contre les lignes françaises.
Au sujet de ce projet, nous ferons remarquer qu'il
en est déjb question depuis quelques jours, et que
plus la saison avance, pins il devient impraticable.
Le Constitutionnel publie l'ordre du jour dans
lequel le prince Gortschakoff annonce son intention
de défendre la Crimée aussi longtemps que les
circonstances le lui permettront.
Nous lisons dans le Journal des Débats
Favorisé par le mauvais temps qui règne depuis
tantôt un mois en Crimée, le prince Gortschakoff a
pu jusqu'ici éviter la bataille que le maréchal Pé-
lissier lui offrait avec le général de Salles sur le haut
Belbek,et avec le général d'Allonville sur la route
d'Eupatoria b Simphéropol c'est un jeu que peut-
être il pourra soutenir jusqu'au retour de la belle
saison, mais il n'est pas probable qu'il puisse le
prolonger plus longtemps. Lorsque après avoir mis
Sébastopol et Kamiesch en état de soutenir un
siège, qui ne serait d'ailleurs jamais inquiétant
pour des belligérants maîtres de la mer, les alliés
transporteront le siège de leurs opérations sur les
rives du Bug et du Dniéper, le prince Gortschakoff
sera bien obligé, bon gré malgré, de venir avec son
armée au secours de Kherson et de Nicolaïeff, si
même il attend jusque-là pour évacuer la Crimée,
qu'il n'occupe plus maintenant, selon toute vrai
semblance, qu'en vue des négociations de paix qui
pourraient s'ouvrir et afin de pouvoir prétendre,
dans la discussion des arrangements b intervenir,
que la péninsule appartient encore presque tout
entière b la Russie. Qu'est-ce cependant que la
Crimée moins Sébastopol, moins Balaclava, moins
Kamiesch, moins Kertch, moins Enpatoria, moins
la faculté de naviguer dans la mer Noire et dans la
mer d'Azoff?
La presque totalité des flottes alliées a quitté
le golfe de Finlande pour revenir dans les ports de