prise de Sébastopol, on a posé la question de savoir si les puissances occidentales ne pourraient récla mer de plein droit k la Russie le dédommagement des frais de la guerre. Le cabinet britannique eut volontiers ajouté cet article additionnel aux préli minaires de la paix. L'Empereur Napoléon s'y est opposé par trois motifs: i# Afin que l'Europe acquière la convictioo que les puissances occiden tales ont travaillé dans l'intérêt de l'équilibre gé néral, sans prétendrek aucune inderaoité pourleurs frais; 2" Parce que la situation financière de la Russie n'est pas de nature k lui permettre le rem boursement, même partiel des frais de la guerre, et que l'Empereur des Français ne veut pas voir imposer k cet Empire d'autres conditions qui ne soient acceptables. Mais, en revanche, les puissan ces occidentales s'en tiendront d'autant plus rigou reusement aux quatre points de garantie et occupe ront la Crimée jusqu'k ce que ces conditions aient été complètement réalisées Dans une lettre écrite de Sébastopol par un jeune marin k son frère, on lit le passage suivant Je veux te raconter une pêche miraculeuse faite ces jours derniers dans le port de Sébastopol. Des marins français étaient occupés k sauver du désastre tout le matériel pouvant encore servir; L'un d'eux aperçut une espèce de caisse qui se trouvait au fond de l'eau: croyant déjk avoir trouvé le coffre-fort de Gorischakoff, il entre dans la iner et cherche k Je ramener au rivage, mais impossible. Foree lui fut donc de prévenir ses camarades pour avoir de i l'aide. Enfin, au moyen d'un cabestan, on ramène k terre un canon de campagne russe,son caisson garni de munitions et tes chevaux tout attelés. Où il y en avait un, il pourrait bien s'en troaver plusieurs, se disent tout naturellement les marins qui venaient de faire cette trouvaille. En effet, on continua les recherches, et quand l'heure du départ fut arrivée, nos pêcheurs avaient ramené k terre une batterie de campagne complète, six pièces avec tout leur atte lage. (Qu'on juge de la bourde.) Nous empruntons k la Nouvelle Gazelle de Prusse la notice biographique suivante sur le général Tottlebeo FraDçois-Édouard Tottleben est né k Milau en Courlaode, le 2ô tnai 1818, de.J.-H. Tottleben, négociant, et de A. Sophie Tottleben, née Sander. Son père ayant transporté le siège de ses affaires k Riga, y amena son jeune fils qui eut la douleur de le perdre bientôt, après avoir embelli ses derniers jours de l'éclat de sa gloire naissante. Formé aux écoles de Riga, le jeune Tottleben fut reçu k l'in stitut des ingénieurs k Saint-Pétersbourg où brille aujourd'hui son nom, gravé en lettres d'or, avec l'inscription; Sébastopol, i854-i855. Lorsque la guerre éclata, il était capitaine en second dans le corps des ingénieurs de campagne il se distingua sous le général Schilder dans la campagne du Danube, et se rendit en Crimée. Ce qu'il fit k Sébastopol appartient k l'histoire. D'une ville ouverte, il réussit k faire, sous le feu de l'ennemi, une forteresse redoutable qui résista près d'un an aux efforts gigantesques des armées alliées. En moins d'une année, il parcourut successivement lesgradesdecapitaine,lieutenant-çolonel adjudant' colonel, géuéral-major, adjudant-général, et reçut, entre autres distinctions, la décoration de 4e et puis de 3" classe de l'ordre de Saint-George, qui n'est conférée que pour des actions d'éclat et sur la pro position du chapitre des chevaliers de l'ordre. Rarement, un simple général de brigade a reçu cette haute distinction; il ne l'a partagée qu'avec son noble frère d'armes k Sébastopol, le prince Wassiltchikoff, qui, plus heureux que lui, put res ter k son poste jusqu'k la dernière heure, tandis que Tottleben, blessé au pied, dut être emporté hors de la ville assiégée. Chose inouie, un avancement aussi rapide n'a pas provoqué la moindre jalousie et a été salué avec acclamation, comme étant dû au vrai mérité, au courage réuni au génie. La Gazette de Berlin a reçu de Saint- Pétersbourg communication d'une lettre écrite par uu officier qui assistait k la bataille d'Alma, en qualité d'aide-de-carap et qui rend compte de l'effet produit sur l'armée rosse par les chasseurs de Vincennes et par les zouaves. Cela remonte un peu loin; mais ce récit est certainement ce que l'on a publié de plus pittoresque sur cette pre mière rencontre des Russes avec les soldats français Lorsque nous regardâmes sur l'aile gauche, dit cette lettre, et au-dessous de nous, les troupes eoneraies qui devaient nous attaquer, nous vîmes subitement apparaître devant nous des masses confuses, vertes et grises, se traînant par terre; au sein de ces masses un-objet se soulevait de temps en temps, uo coup de feu partait aussitôt, et pres que toujours il tombait un de nos officiers montés. Nous ue pensions pas qu'il fût possible de viser k une si grande distance, mais nous fûmes obligés de quitter la place. Plusieurs feux de bataillon contre ces hardis tirailleurs n'eurent point de résultat. Les tirailleurs se rapprochèrent peu k peu en rampant. Une batterie de campagoe reçut l'ordre de leur tirer quelques volées de mitraille. Mais k peine cette batterie fut-elle k portée, que l'on vit redoubler le mouvement de ces masses et qu'il en sortit un feu si destructeur contre les artilleurs qui servaient les batteries, qu'on fût obligé d'envoyer au plus vile de i'infaoterie pour ramener les pièces. Il ne resta donc qu'k essayer de déloger ces serpents emicipar la cavalerie, et on leur,en voya des Cosaques. Ceux-ci s'élancèrent contre les tirailleurs avec un immense bourrah, les piques en avant, et convaincus que la rapidité de leurs chevaux leur permettrait de surprendre l'ennemi. Mais quel fut leur étonnement quand ils virent hommes et chevaux s'abattre longtemps avant d'être arrivés sur leurs adversaires! Lorsque les plus téméraires eurent atteint la place où étaient couchés les tirailleurs, ces derniers se levèrent lestement et formèrent, avec la rapidité de l'éclair, de petits groupes de trois hommes, adossés les uns contre les antres. Parant adroite ment les coups de lance avec leurs baïonnettes, ils dirigeaient en même temps leurs coups contre les chevaux, et produisirent un tel désordre parmi les Cosaques, que, harcelés k droite et k gauche, percés de balles et de coups de baïonnette, ils furent, enfin, obligés de faire volte-face et de s'en revenir, après avoir perdu la moitié des leurs. Presque sur le même moment, parurent, gra vissant les rochers escarpés du bord de la. mer, sur notre gauche et presque derrière nous, des soldats qui semblaient être des Turcs. Nos quatre batail lons les accueillirent par des rires méprisants. Laissez-en arriver un plus grand nombre, cria le commandant, et jetez-les eosuite k la mer. A peu près 25a hommes des prétendus Turcs s'étaient réunis, quand deux bataillons les attaquè rent k la baïonnette. Ces nouveaux ennemis se formèrent également en petits groupes, se préci pitèrent sur nos bataillons, non au cri de Allah mais au cri de Vive la France! et s'établirent, au milieu de nous, avec une (elle ténacité, que nos hommes déclarèrent que c'étaient des diables [tchorty), contre lesquels il n'y avait pas k lutter. Deux autres bataillons russes s'avancèrent, mais ils furent également repoussés, et aucun com mandement, pas même la mitraille, n'aurait pu déterminer celles de nos troopes qui s'étaient battues avec les zouaves, car les prétendus Turcs n'étaient pas autre chose, k recommencer la lutte avec ces démous. Hambourg, mardi |3 novembre. Le général Canrobert a été reçu en audience solennelle, k Stockholm, par le Roi de Suède, et a remis k S. M. une lettre de l'Empereur Napoléon III, ainsi que les insignes de grand'croix de la Légion d'Honoeur. L'illustre général a été conduit au palais dans un carosse de gala de la cour attelé de huit chevaux. Vienne, mercredi 14 novembre. On vient de recevoir des nouvelles de Con- stantinople du 8 novembre. L'exportation des céréales de tous les ports ottomans a été prohibée. L'importation pour la consommation est déclarée libre. Paris, jeudi, i5 novembre. Le Moniteur publie ce matin la nomination dans l'Ordre de la Légion-d'Honneurde tous les membres français et étrangers ayant composé le jury de l'Exposition universelle. Allemagne. La Gazelle de Vienne reçoit de Trieste la communication suivante sur l'accident arrivé k l'archiduc Ferdinand Max S. A., accompagné du comte Michieli, son aide-de-camp, faisait le matin, une course en cabriolet sur la promenade S'-André, et conduisait elle -même un cheval récemment acheté. Celui-ci prit le mors aux dents, et, tandis que le comte Michieli sautait de la voiture sans accident, l'ar chiduc eut le malheur de se précipiter contre on mur et de recevoir un coup si violent qu'il tomba sans connaissance, et qu'il fallut le transporter dans la maison la plus voisine, celle d'un charpentier de navires. 1 Ce n'est qu'au bout d'une heure que le prince reprit ses sens. Les médecinsimmédiatement appelés, appliquèrent aussitôt les remèdes les plus efficaces. Hollande. Le marché d'automne tenu le 10 novembre k Hoogeveen a été très-animé. Il y avait environ 2,000 têtes de bétail. Les prix ont été beaucoup plus élevés qu'on ne s'y était attendu. AngleterreLondres, i4 novembre. Il y a eu avant-hier k Birmingham nn meeting de plus de i5,ooo personnes qui ont voté par acclama tion l'envoi d'une pétition k la Reine pour demander la défense d'exportation des grains. Une députation d'ouvriers a été nommée pour porter la pétition k Londres. La réunion avait d'ailleurs un caractère pacifique. L'Atlantic a apporté k Liverpool des nou velles de New-York du 5i octobre. Le président des États-Unis a reçu une cirulaire du gouverne ment Danois, qui demande que la question des péages du Sund soit réglée dans le présent mois par un congrès de toutes les nations. France, Paris, i5 novembre. Le nombre des exposants qui ont obtenu des récompenses s'élevaut k 12,000, S. M. n'a pu distribuer, pendant la cérémonie du i5, que les croix et les grandes médailles d'honneur. Les autres récompenses seront régulièrement remises, les jours suivants, par les soins de la com mission impériale et par MM. les commissaires étrangers. M. le baron de Brenier, qui vient d'être nommé Ministre de Naples, a épousé une demoi selle Hutchinson cousine de l'Anglais du même nom qui, en i8i5, aida M™0 de La Valette k déli vrer son mari de prison. Plus de 5o navires chargés de blé sont entrés, le 10, dans le port de Marseille. Il y a quelques jours, dans une commune des environs de Lyon un jeune couple se présentait pour contracter un mariage devant l'officier de l'état-civil. Les formalités d'usage accomplieset le oui sacramentel échangé des deux parts, il ne restait plus qu'k signer, lorsqu'un des parents du marié choisit malencontreusement ce moment pour faire remarquer k celui-ci que le

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 3