JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
FEUILLETON.
No 3,980.
39me année.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonne Ypres chez D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur Propriétaire, rue
de Lille, lo, prés la Grand'-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
Insertions des annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
LE PROPAGATEUR
CHEMINS DE FER:
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Ypres Courtrai, 55o, JO, 1— 30,
5îo, de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe,
6, 10—5o, 3—25, 8—a5.
De Courtrai Mouscron, Tournai et
Lille, 7 35, 105o, 325, 820.
De Courtrai pour Gand, 7, 123o
4. 6—15.
De Courtrai pour Bruges, 74°>123o
a35, 620.
7PE.SS, 21 Novembre.
PfDUIVItlQiaa
Rien de saillant l'extérieur, A F intérieur
moins que du saillant, car nous avons enre
gistrer un discours de M. Verhaegen. La
commission de VAdressesachant bien qu'il y
a dans la Chambre diverses convictions, avait
tout fait pour éviter les écueils contre lesquels
s'est brisée la Chambre des Députés de France,
dont les débals irritants propos de l'Adresse,
et propos de tout, ont amené la chute des
institutions parlementaires. M. Verhaegen
nous a encore une fois lait assister ces passe
d'armes bruyantes où ce grand défonceur de
portes ouvertes est un si terrible paladin. A
propos du paragraphe où le gouvernement
demande le loyal concours des Chambres en
retour de ses principes de conciliation un
autre membre a discuté deux heures sur le
direct et l'indirectsur le concours qui engage
et le concours qui n'engage point. Quand le
pays a besoin de calme et de tranquillité
parce qu'il manque de pain, c'est C empoison
ner que de lui donner en nourriture des viandes
creuses de rhétorique. Présentation de deux
projets de loi l'un pour améliorer la position
des officiers qui ont combattu en 183o l'autre
ouvrant un crédit de i,5oo,ooo francs pour
venir en aide aux classes nécessiteuses.
Il n'y a qu'un gémissement dans la presse de
l'opposition: le libéralisme est en voie de décliD;
l'opinion publique baisse. On sait ce qu'on entend
dans l'opposition par les mots libéralisme et opinion
publique. Ces lamentations signifient tout simple
ment que le parti qui était arrivé au pouvoir en
Comme tous les hommes qui ont pour parti
politique de haïr l'injustice et de pratiquer l'équité,
les lecteurs du /Vo/ja^afewrsesouviennenteucore
qu'il y a quelques années un des chefs les plus
intelligents, et conséquemment les moins intolérants
d'ordinaire, de l'opinion conservatrice en Angle
terre, M. Gladstone, oubliant son caractère pour
mettre son talent et son nom au service de la pro
pagande protestante et révolutionnaire, publia un
long factum contre le gouvernement napolitain
que, certes, nous ne voulons pas défendre sur tous
les points. Dans le réquisitoire de l'honorable
geutleman s'entassaient, comme PélionsurOssa,de
colossales accusations de cruaulé, d'exactions, de
persécutions, de torture, 'a la charge du roi Ferdi
nand.Un écrivain catholique,bieo familiarisé avec
les hommes et les choses de l'Italie et de l'Angle
terre profita de la grande publicité d'un journal
émioent de la France pour relever une une les
articulations du membre du Parlement et prouver
par des faits irrécusables qu'elles étaient toutes
ineptes ou mensongères, toutes sans exception calom
niatrices. La presse d'au-delà le détroit prit fait et
cause dans cette discussion d'actes qui pouvaient se
prouver par témoins. Malgré les répugnances des
partis, surtouten Angleterre, a renoncer aux pièces,
i84u reconnaît aujourd'hui qu'il a perdu en crédit
dans l'opinion et que les premières opérations des
Chambres législatives, cette année, constatent qu'à
la Chambre législati e comme au Sénat les prin
cipes conservateurs ont pour eux la majorité,
parceque, bien des défiances ayant disparu depuis
cinq mois, une foule d'hommes honnêtes mais
indécis ont reconnu qoe la véritable politique libé
rale c'est la politique du Congrès national. Nos
adversaires s'aperçoivent de ce retour des majorités
vers les principes, traditionnels dansnotre pays, de
la liberté par tordre et de la force dans l'union;
aussi jettent-t-ils sur le présent un regard de dépit,
et sur l'avenir, sur les prochaines élections, un
regard de découragement. Dans le désir très-
naturel de se faire illusion eux-mêmes sur les
causes de leur déchéance, les meneurs du libéra
lisme en cherchent la cause dans l'esprit de réaction
dominant actuellement en France; qui l'eut cru si
le Messager de Gand, ne l'eut dit dans la guerre
d'Orient; dans tout enfin excepté dans leurs
propres fautes faute dans les principes, faute dans
l'action, faute dans la direction de leur parti.
Les meneurs du libéralisme pour s'introniser au
pouvoir, eu i847, forcèrent d'entrer dans l'arche
de la politique nouvelle, démocrates et royalistes,
républicains plus ou moins socialistes et hommes
d'opposition quand même, mais plus ou moins
circonspects; comme dans une autre arche, les
purs et les impurs le seul mol de passe était haine
au clergé et guerre aux places. La haine a mille
degrés; la cupidité n'a qu'un mobile, la satisfaction
individuelle: toutes deux ont pour fondement
l'égoïsme. L'égoïsme ne peut être le lieu d'un parti;
ses conséquences nécessaires sont la dissolution.
Mais avant que cette dissolution s'opère, les
rancunes et les convoitises ameutées peuvent en
semble poursuivre la même eurée. C'est durant
cette poursuite que le parti, déjà condamné par les
même du plus faux aloiquirejetées par les
habiles pour leur usage personnel, u'en sont pas
moins mises par eux en circulation dans les bas
fonds des coffee-rooms populaires, si flagrantes
étaient les impostures accumulées daus le malen
contreux mémoire, si péremptoires les dénégations
de la réfutation que la rougeur, trois ans durant,
montait au front des protestants invétérés et des
radicaux les plus audacieux quand on prononçait
devant eux le nom de leur maladroit auxiliaire de
circonstance. M. Gladstone, malgré ses grandes
relations, en demeura traité de froid par tous ses
anciens amis politiques.
Mais en Angleterre, les retours la justice ne
dureul que le temps où la persistance dans les
contre-vérités n'est pas d'uo pressant intérêt.
Depuis trois mois le Propagateur a déjà relevé
maintefois les excentricités d'après-dîner de nos
voisins et les furibondes incartades des Russell et
des Palmerston même contre le Néron napolitain.
Le régime des prisons italiennes fut en particulier
signalé la vendicte publique; une prison Naples
n'était rien de moins qu'un des cerclesiofernaux du
chantre de la divine comédie. M. Jules Gondon a
reprisla plume,et cette fois encore, dans Y Univers,
il a prouvé par des faits inattaquables que les gou
vernements catholiques de l'Italie sont arrivés dans
l'organisation et le régime de leurs prisons, con
cilier les droits de l'humanité avec ceux de la
vices de son principe, courut au suicide par ses
fautes de conduite; Il se trouva un théoricien pour
faire du jeu de bascule entre les opinions la règle
fondamentale des gouvernements constitutionnels
il se trouva des adeptes pour scinder effectivement
le pays en deox camps la nation au pouvoir
exerçant tous les droits, recueillant tous les profits;
et la nation hors du pouvoir, soumise toutes les
obligations et subissant toutes les charges. Pour
réunir plus d'adhérents la nation gouvernante, ou
ne se fit pas faute de créer des emplois et de dis
tribuer des rôles salariés dont la nation gouvernée
payait les frais. Mais les places furent plutôt
envahies que les sollicitations épuisées; tout large
que fut le budget bien des amis du pouvoir durent
renoncer y mordre. Les appétits trompés n'eurent
plus d'oreille aux injonctions des maîtres; il y eut
des récalcitrants c'est alors qu'aussi il y eut en
retour de superbes colères. Les chefs du pouvoir
s'étaient conduits de manière isoler leurs amis du
reste de la nation; la dureté de leur direction fit de
ces amis même des mécontents et des rebelles.
Les meneurs, et qu'on ne croie pas que ce fussent
les Ministres; parmi ceux-ci plusieurs étaient me
nés; la direction venait de hauteurs inaccessibles
aux profanes; les meneurs imposaient les votes et
cassaient aux gages, tout soldat de leur armée qui
s'était cru une baïonnette intelligente fonction
naires, représentants,sénateurs devaient êtreautant
de marionnettes dont quelques habiles, du fonds de
leur loge, tiraient les fils. Qu'on se rappelle la loi
sur les droits de succession, la dissolution du Sénat,
le triage desdocilesetdesindor.ilesfail dans lesrangS
du parti par les dominateurs du parti. Celte tyran
nie fut la troisième et la plus grande des fautes des
hommes de la politique nouvelle, car elle fut une
maladresse blessante envers des hommes qui se
piquaient d'être habiles, que dis-je, nécessaires, et
que la communauté de haine avait seule réunis.
justice. De plus, reportant l'atiaque là d'où était
partie l'agression, M. Jules Goudon, des documents
officiels la main, a prouvé aux esprits les plus
prévenus que la philantropie Anglaise a reculé
impuissante devant la tâche herculéenne de purger
le système pénitentiaire Britannique des infamies
et des atrocités qui le déshonorent.
Pournousqui avons vu, de nos propres yeux vu,
ce que toutes les Pernelle du inonde ne pourraient
pas dous accuser d'exagérer quand il s'agit des
Tartuferies philanlropiques daus les pays protes
tants, nous nous bornons ici emprunter au travail
de M. Gondon, non point les faits qu'il allègue,
mais de simples citations des documents officiels
l'appui.
Dans les prisons des comtés, dit le Rapport
officiel des inspecteurs, etc., p" j 5 2 155, il
règne une licence exliême. Tous les prisonniers
sont confondus ensemble, les jeunes avec les
vieux, les débuttauts avec les passés mditres, les
jeunes filles avec les prostituéesDans toute
prison où le nombre des détenus dépasse celui des
cellules, il y a nécessité d'en placer deux ou plus
dans la même, et dès lois la cellule, au lieu d'être
la source d'un bien, occasionne un plus grand
mal.... Nous avons trouvé dans la maison de cor
rection d'il fort, comté d'Essex, six prisonniers de
la cour N* 5, qui avaient couché dans deux lits la
nuit précédente. L'un d'eux était un récidiviste