Voila la réaction, voilà la guerre d'Orieut qui a
coulé foods les vaisseaux de la politique inaugurée
en 1847 réaction en effet de la dignité personnelle
contre le knout clubiste guerre d'Orient, mais du
Grand-Orieot contre les consciences indépendan
tes. Leur Sébastopol est tombé sous les coups de
loyales attaques, mais ce sont eux qui l'ont miné et
ont fait sauter leurs propres forteresses.
L10bservateur et VIndépendance se plaignent
l'euvi que les premières opérations de la Charn-.
bre ne soient ni modérées ni conciliantes. Que
veulent dire ces journaux? Entendent-ils que la
majorité a refusé ses voix aux exclusifs? Le fait
est vrai; mais la cooséquence qu'ou en tire est
étiange. La modération et la conciliation consiste
raient peut-être passer sous les fourches caudines
des ennemis de toute uniouet de touteconciliation?
M. Loos, candidat de la gauche, a obtenu 72
voix pour la commission de l'adresse. M. deTheux
qui eu a le plus après lui, n'arrive qu'à 52. Il eu
résulte que la droite s'est réellement conciliée sur
le nom de M. Loos, tandis que la gauche s'est
montrée jusqu'au bout obstinément inconciliable.
{Ami de l'Ordre.)
Nous lisons dans l'exposé des motifs du projet
de loi destiné autoriser la libre entrée des den
rées alimentaires et interdire la sortie de quel
ques-unes d'entre elles
L'ex périeuce du passé l'a prouvé la Belgique,
même dans les années d'abondance, ne produit
pas assez d'aliments pour les besoins de sa con
sommation. Le déficit de sa production ne cesse
de s'accroître, en raison du développement des
richesses et de la population. En temps ordioaire,
lorsque le pays se trouve dans uu état normal et
qu'il n'est affecté par aucun événement fâcheux,
cette situation ne peut donner lieu aucune
difficulté sérieuse; mais il n'en est plus de même
quand, par suite d'une récolte médiocre ou mau
vaise, le déficit habituel dépasse certaines limites,
ou que le concours de circonstances extraordi
naires vieot entraver l'action régulière et éner
gique du commerce.
Considérée dans son ensemble, la moisson de
i855 n'est pas bonne. Les grains comestibles,
semées avant l'hiver, n'ont pas donné, beaucoup
reuommé par la perversité de son caractère et la
dépravation de ses moeurs. Dans la cour N° 6, nous
avons vu quatre prisonniers couchés dans la même
chambre, dout trois couchés dans le même lit
Dans la prison de Douvres, les hommes et les fem
mes peuvent se parler de leurs chambres de jour
respectives... Les cellules de nuit des femmes sont
seulement séparées de celles des hommes par une
porte claire-voie, et ils peuvent lier conversation
d'une cellule l'autre. Dans plusieurs prisons des
bourgs, il n'y a pas de séparation réelle des
sexes; dans d'autres il n'y a pas de gardiens
demeure. Le plus grand nombre est sans cour et
sans préau et les malades n'ont pas d'endroit
spécial pour être soignés.... Il n'y a aucun travail,
aucune inspection, aucune instruction morale et
religieuse de sorte que ces prisons sont des écoles
de vices, des établissements pour la propagation
des crimesLa position des prisonniers pour
dettes n'est pas moins déplorable, les hommes et
les femmes étant forcés d'y vivre en commu
nauté. Le prévenu est extrait de la maison d'arrêt
de la même manière qu'il y est conduit, c'est b dire
qu'il fait la route dans un van destiné au trans
port des prisonniers. Ces voitures ont huit pieds
quatre pouces de long et cinq pieds de haut.
Chaque van ne doit coutcnir que vingt prison
niers la fois; mais il en coutient souvent plus de
trente. Hommes et femmes y sont placés pèle—
près, le rendement qu'ils ont d'habitude. Le
déficit constaté de ce chef est considérable; il
existe non-seulement en Belgique, mais encore
dans la plupait des pays de l'Europe. Cet état de
choses, coïncidaut avec les événements de la
guerre d'Orieut, est d'autant plus fâcheux que,
deux ans déjà, le prix des vivres se maintient un
taux fort élevé; il aurait des conséquences cafa-
miteuses, si ^'abondance inespérée d'autres produits
n'était pas de uature dédommager nos popula
tions, en tempérant leurs souffrances. Les pommes
de terre surtout qui, en Belgique joueut un rôle si
important dans l'alimentation publique, ont
réussi au delà de toute attente; la production
totale de ces précieux tubercules a dépassé le
chiffre moyen des anuées antérieures iS45, et
comme la qualité en est meilleure qu'elle u'a été
aucune époque, depuis dix ans, il y aura de ce
chef une compensation telle que, d'après les appré
ciations les plus modérées, l'insuffisance réelle de
l'ensemble de nos récoltes se trouvera peu près
réduite aux proportions qu'elle a eues en i853;
or, l'on s'en souvient, en i853, le commerce a
largement comblé le déficitsans; imposer aux
consommateurs des sacrifices trop péuibles. 11 est
vrai que les approvisionnements ne semblent pas
devoir être aussi faciles eu 1855-1856, et qu'en
tout cas, ils se feront des conditions plus oné
reuses. Les ports de la Russie sont fermés; la
Pologne et l'Allemagne du uord ne paraissent pas
avoir de superflu et les denrées dispouibles dans
les Principautés danubiennes seront probablement
absorbées en grande partie par les besoins de la
guerre; d'autre part, les exportations de l'Egypte
ne tarderont pas être prohibées; celles du
royaume des Deux-Siciles le sont depuis lougtemps
et la Frauce a réservé son usage exclusif les
produits de l'Algérie; de sorte qu'en réalité, les
peuples de l'Europe occidentale dont les récoltes
sont iusuffisauies, n'auront, en dehors de l'Espa
gne, du Daneraarck, de la Suède et des Etats-
Uuis, accès aucun des marchés où autrefois ils
cherchaieul eu grande partie leurs approvisionne
ments. Il est vrai que le Danemarck et la Suède
paraissent être eu mesure de céder au commerce
une quantité de denrées alimentaires, égale sinon
supérieure, celle qu'il y a trouvée l'année
dernière, et qu'aux Etats-Unis tous les produits
de la terre semblent avoir été prodigués par la
mêle. Plusieurs sont obligés de se tenir debout, et
les femmes, fréquemmenty sont assises sur les
genoux des hommes. Aucun surveillant n'est
placé dans l'intérieur de la voiture. Nous avons
nous-même assisté souvent l'arrivée du van la
prison, et nous eu avons vu descendre des misé*
rables des deux sexes, souillés et demi - nus.
Peudaul l'hiver après-raidiet toute l'auuée
peodaul la nuit, les vans et leurs prisonniers sont
plongés dans l'obscuritéLà, des prisonniers
ivres, iufectés de gale, couverts de vermine, des
filous fieffés, des voleurs déterminés, d'iufâmes
prostituées, et pis encore, sont entassés dans le
plus petit espace possible, et parmi eux se tiennent
souvent des prisoriuiers décents et honnêtes,
accusés seulement de fautes légères, de jeunes
servantes, des apprentis récalcitrants et d'autres
prévenus parfois bien élévésn'ayant que des
relations honorables. La correction la plus usitée
est la peine du fouet, qui ne figure pas seulement
dans le code militaire; cette peine est reconnue
par la législation péuale, acceptée par les moeurs
et appliquée par tous les tribunaux. Les statisti
ques criminelles permettent de constater que le
nombre total des individus condamnés au fouet
par les diverses cours judiciaires est au moins de
sept huit cents par année. M. Moreau-Chris-
tophe dit dansle rapport de son inspection L'une
des choses qui m'ont le plus frappé dans le cours
Providence; le froment et le maïs surtout, prin
cipales cultures de cette contrée dont la produc
tion se développe plus rapidement que les besoins,
out fourni pour l'exportation un excédant qui
dépasse d'une manière notable ce qu'on a vu
aucune époque antérieure. On peut donc espérer
que les vivres ne feront pas défaut. Il ne faut
cependant pas se faire illusion le marché améri
cain est loin de nous, notre commerce y rencon
trera des concurrents riches et nombreux les
transports sont difficiles et cbers; en tenant
compte de ces diverses circonstances, on ne peut
se flatter de l'espoir d'acheter bas prix et de
voir par suite le taux de nos mercuriales s'abaisser
en-deçà du niveau élevé que maintiendra la con
currence de la plupart des peuples de l'Europe.»
M. le Ministre, après avoir exposé ce bilan où
ne figure l'actif que le précieux tuberculedont
la Belgique, pour sou malheur, ne s'est que trop
habituée faire abus, cherche rassurer les esprits
sur l'éuoruiité du passif, en se reposant pour le
combler sur l'intervention du commerce. Faudra-
(-il donc répéter sans cesse cette vérité de simple
bon sçus: que, le commerce.est un moyeu d'échange
et non une-puissance de production? Il y a disette,
dites vous, ou an moins rareté de vivres partout,
sauf en quatre pays; et vraiment DaUernarck et
Suède pourraient ne compter que pour un, comme
l'Espagne pour seulement le quart d'un autre
restent donc les Etats-Unis, riches surtout eu
maïs. Sur ce marché vont s'acharner les spécula
tions des pourvoyeurs de l'Europe affamée.
Tous ces commerçants âpres aux affaires pourront
faire hausser, au bénéfice des producteurs améri
cains les denrées convoitées; mais feront-ils
naître un épi? Le commerce est utile mais il n'est
pas nécessaire. Ce qui est nécessaire c'est une
production suffisante aux besoins véritables, et non
de luxe, des populations. Vous leur avez fabriqué
des miroirs si bon marché et des colifichets si
bon compte que vos ouvrières admirablement
bien mises s'en vont mourir de faim si, en atten
dant que le commerce ail importé haut prix du
maïs d'Amérique la bienfaisance privée ne se
tire pas un morceau de la bouche pour le donner
fraternellement la misère enrubannée. Bien
triviale cette phrase, triviale et vulgaire comme la
vraie vérité, nue et méconnue comme elle; mais
juste et seule juste dans la circonstance vous
de ma visite, c'est la quantité prodigieuse de
menottes, de manilles, de chaînes de toutes sortes
qui sont appendues menaçantes dans une des
chambres du greffe. La pièce la plus curieuse et la
plus significative qui soit dans cet arsenal disci
plinaire est un instrument de silence, consistant
en plusieurs baudes de fer circulaires enserrant la
tête du coupable depuis la nuque jusqu'au front,
et reliées entre elles par une autre baode de fer qui
se partage en deux pour donner passage au nez, et
qui se termine au-dessous par une langue de fer
recourbée entrant dans la bouche jusqu'au palais.
J'ai vu dans la maison de correction de Liverpool
un semblable appareil de fers et de chaînes
moins la langue de fer, toutefois. J'ai vu deux
jeunes gens enfermés chacuu dans une cellule
solitaire, portant aux pieds des entraves de fer, et
aux mains de longs anneaux de fer qui se ratta
chaient aux entraves. Ces deux détenus s'étaient
rendus coupables, l'un d'avoir causé, l'autre
d'avoir sali les lieux d'aisance: vingt-et-un déte
nus ont été mis aux fers, l'année dernière, pour
des contraventions de cette nature. Terminons
par une seule réflexion empruntée cette fois M.
Jules Gondon Est-ce Naples ou b Londres
que le régime des prisons blesse le plus tous les
principes de justice, de morale et d'humanité?