expliqne-1-iI qu' il n'y a dans les expressions de
l'Adresse aucun engagement politique; mais cet
engagement de loyauté qu'un parlement peut
prendre de faire les affaires du pays en prêtant son
concours loyal des mesures de modération. En
vain M. le Ministre de l'intérieur a dit Ce
que le cabinet demande, ce n'est pas un vote de
confiance, c'est un concours loyal; c'est que les
Chambres ne lui témoignent pas une défiance
systématique qui l'empêche de remplir la mission
qu'il a acceptée au milieu des circonstances les
plus difficiles. M. Vandenpeereboom persiste
dans ses craintes, et maintient son amendement
ainsi conçu
Le gouvernement de V. M. peut compter sur
le concours de la Chambre pour toutes les mesures
utiles qu'il croira devoir nous proposer. Nous
comprenons l'étendue des devoirs que les circon
stances imposent h notre patriotisme.»
Après les explications données, cette insistance
h maintenir l'amendement a paru au ministère un
acte de difiance. Je ne veux pas, a dit M. De
Deckerd'un concours borné aux mesures admi
nistratives je ne veux pas descendre au rang de
commis; j'entends rester ministre ou m'en alfer.
C'était bien là peut-être où quelques hommes de
la gauche voulaient d'emblée pousser le ministère;
quoiqu'il en soit M. Lebeau déclare d'une voix
retentissante que les libéraux qui voteraient le
paragraphe prêteraient au cabinet un concours
politique et se rendraient ainsi coupables d'un
crime d'apostasie. MM. Orls, Devaux, Vervoort
et Tescb appuient cette assertion. M. Dechamps y
répond en demandant si les libéraux du Sénat qui
ont promis ce concours d'une manière beaucoup
plus absolue que ne l'implique le paragraphe dis
cuté, méritent, de l'avis de ces Messieurs, le litre
d'apostats. Personne ne relève cette curieuse inter
pellation. M. de Theux démontre ce qu'il y a de
déloyal h vouloir entraver un ministère et le
réduire l'impuissance d'agir quand le parti
opposé fait lui-même l'aveu d'une autre impuis
sance, celle de constituer une administration autre
que celle qui axiste. Les iucorrigibles de la gauche
veulent-ils donc tout de suite de l'anarchie? Le
bon sens de MM. Julliot, Maertens, 'TK.int-De
Nayer et Rousselle ne leur permet pas de s'unir
une pareille manœuvre, et ils ne se rallient point h
l'amendement de M. Vandenpeereboom.
Cet amendement mis aux voix est rejeté par 48
voix contre 45. L'ensemble de l'Adresse a été
adopté par 5o voix contre 18 et si abstentions.
Présentation d'un projet de loi tendant allouer
un crédit de 800,000 francs pour améliorer le
sort des employés de l'État dont le traitement est
au-dessous de t,4oo francs.
Séance du 21. La Chambre s'occupe du
projet de loi sur le chemin de fer de Conlich
Lierre; sur la proposition de M. Tesch et après
une longue discussion, elle a ajourné ce projet
un mois.
Séance du 22. Séance très-courte. La Cham
bre s'occupe de quelques pétitions et d'un projet de
loi conférant la naturalisation ordinaire 25 per
sonnes. Elle s'est ajournée jusqu'à lundi.
Les sections se sont occupées du projet de loi
relatif aux denrées alimentaires; elles en ont toutes,
a une près, achevé l'examen. Elles se sont occupées
en outre du projet de loi de crédit de i,5oo,ooo
francs pour être distribué en subsides aux commu
nes qui exécuteront des travaux d'utilité publique,
et du projet de loi relatif l'augmentation de la
pension des officiers qui ont pris part aux combats,
en i83o et la suite de ces événements.
La grande députation de la Chambre des Repré
sentants, chargée de présenter au Roi l'Adresse de
la Chambre, a été reçue jeudi midi par S. M. au
palais de Bruxelles, avec le cérémonial ordinaire.
M. Delehaye, président de la Chambre, a donné
lecture de l'Adresse. Le Roi a répondu Je vous
remercie des sentiments toujours si sympathiques et
si dévouésque laChambre des Représentants m'ex
prime par votre organe. 11 nous est permis de
contempler avec bonheur le tableau des vingt-
cinq premières années de notre indépendance
nationale. La Belgique et sa dynastie se sont loyale-
ment associées pour assurer et pour consolider cette
indépendance: elles ne peuvent que gagner h
identifier toujours leurs intérêts et confondre
leurs destinées.
Sàl'J&IRItŒllRa
France. Dimanche dernier, a six heures,
un feu violent s'est déclaré daus un des magasins
de la Manutention du quai de Billy. Le bâtiment a
été brûlé. Tout espoir de le sauver avait du être
abandonné dès les premiers moments de l'incendie.
Les fours n'ont pas été atteints, et les autres maga
sins ont été préservés. A neuf heures et demie on
était complètement maître du feu, et aucune
crainte n'existait plus pour les autres bâtiments.
Ou n'avait, la même heure, connaissance d'au
cun accident grave arrivé aux personnes qui
avaient aidé arrêter les progrès du feu. L'Em
pereur n'a quitté le théâtre du sinistre qu'à neuf
heures, après s'être assuré par lui-même que tout
danger avait disparu.
Le Times, dans son n° de jeudi, dit que le
général Caurobert a signé, Stockholm, une con
vention militaire en vertu de laquelle la Suède
fournira, aux armées et aux flottes alliées, un
contingent en troupes et en chaloupes cauonnières.
La condition attachée par la Suède son adhésion
l'alliance occidentale serait que la province de
Finlande lui serait restituée. L'armée anglo-franco
suédoise porterait dès le printemps prochain le
théâtre des hostilités en Courtaude.
Marseille, jeudi, 92 novembre.
Le Roi de Sardaigue est arrivé ce matin, oeuf
heures et demie, bord de la frégate Carlo
Alberto, qui a échangé des salves d'artillerie
avec les canons du fort.
Le Roi Victor-Emmanuel a fait son entrée en
ville, en costume de hussard, suivi d'un nombreux
état-major. La foule était considérable sur son
passage et les Sardes résidant Marseille entou
raient surtout la voiture de leur Roi. De vives
acclamations ont retenti sur le passage de S. M.
Le Roi doit partir midi pour Paris, après avoir
pris un repas et reçu les autorités la préfecture.
Allemagne. On écrit de Vienne, le 18, la
Gazette de Foss Notre cabinet a reçu il y a
quelques jours une note des puissances occiden
tales, relative aux négociations entamer pro
chainement sur la position future des principautés
danubiennes. Elle exprime de nouveau ce principe
que la guerre a détruit toute protection de la
Russie sur ces principautés, et que ces rapports ne
doivent être rétablis aucune condition. On ne
sait quel accueil a été fait Vienne cette dépêche
seulement, ce qu'il y a de certain, c'est que les
négociations diplomatiques continuent, et que les
puissances occidentalesdans la campagne qui
s'ouvrira au printemps prochain, auront principa
lement en vue des changements territoriaux.
Affaires d'Orient.Le i5 novembre, un parc
d'artillerie des Français, près d'Inkermann, a été
en partie détruit, par l'explosion de trois magasins
renfermant ensemble 5o,ooo kilogrammes de pou
dre, 600,000 cartouches, 5oo obus chargés et
d'autres artifices de guerre. Les matières enflam
mées, projetées au loin, ont déterminé un violent
incendie dans le parc anglais voisin du nôtre. Là
aussi il y a eu des explosions partielles. A six heures,
les travailleurs anglais et français étaient maîtres du
feu. Nos pertes sont de trente tués, dont deux
officiers, et une certaine de blessés, parmi lesquels
dix officiers. Celles des anglais s'élèvent 22 tués
dont 1 officier, et 119 blessés dont 3 officiers.
L'amirauté a communiqué aux journaux une
dépêche télégraphique annonçant que le 5 et le 6
novembre, le capitaioe Osborn a détruit près de
Ghesuiimau, sur la mer d'Azoff, d'énormes quan
tités de grains et de fourrages destinés aux armées
russes en Crimée et dans le Caucase. Les alliés ont
débarqué sur trois points différents en présence de
4,ooo Russes, infaoterie et cavalerie. Les pertes
des alliés dans cette expédition s'élèvent six hom
mes blessés seulement.
Les troupes françaises se trouvent en face des
Russes sur toute la ligne de la Tschernaïa. Ces
jours derniers, nos soldats, toujours ingénieux se
procurer des distractions, se sont mis, sur la ligne
des avant-postes, en communication directe avec
les soldats russes placés en face d'eux en vedette.
Voici comment ils s'y sont pris: ils ont hissé au
bout de leurs baïonnettes quelques petits mouchoirs
blancs. Les soldats russes, qui, de leur côté, ne
voulaient pas être en retour de politesse, ont hisse
de mouchoirs blancs pour annoncer qu'ils étaient
disposés parlementer. Alors nos soldats out
montré leur pain et du café; les Russes ont montré
leurs gourdes pleines d'eau-de-vie; puis, d'un
accord commun et spontané, ils se sont avancés
sans armes les uns vers les autres et ont pris
ensemble le café et l'eau-de-vie. Il paraît que ce
genre de récréation existait depuis quelques jours
l'insudes officiers français et russes. La batterie Grin
galet envoyait bien quelquefois des boulets sur ces
joyeux convives, mais les réunions n'en avaient pas
moins lieu de temps en temps.
Dimanche, 4, un événement des plus regret
tables a ensanglanté les rues de Constantinople.
Les vastes bâtiments de l'Université,près de Sainte-
Sophie, ont été convertis en hôpital français. Cet
hôpital n'est gardé que par un poste de 24 hommes
et 3 gendarmes. C'était plutôt là une mesure
d'ordre qu'une mesure défensive, la population
turque du quartier ayant toujours vécu dans d'ex
cellents rapports avec leurs nouveaux voisins. A
peu de distance de là, sur la place de l'At-Meïdan,
se trouve une caserne où sont des Tunisiens. C'est
d'eux qu'est venue l'agression dont voici les détails:
Dimanche, cinq heures du soir environ, un capo
ral de sapeurs-pompiers sortait de l'hôpital de
l'Université., A vingt pas de la porte, il est insulté
et maltraité par trois ou quatre Tunisiens. On
pensait l'hôpital que ce n'était là qu'un fait isolé.
Mais quelques instants après un groupe nombreux
de Tunisiens, évalué par des témoins oculaires
100 ou 120 hommes, armés de sabres, de pistolets,
de bâtons ou de pierres, se ruèrent vers l'hôpital
aux cris de: Mort aux FrançaisI Une vigoureuse
sortie fut aussitôt exécutée par quelques officiers
d'administration, deux gendarmes et ceux des sol
dats du poste et des infirmiers qui avaient eu le
temps de prendre leurs armes. Les Tunisiens,
abordés la baïonnette et l'arme blanche, furent
culbutés et chassés; on les laissa emporter leurs
blessés. Les Tunisiens, exaspérés, s'étaient rendus
leur caserne pour prendre leurs armes. Bientôt on
entendit retentir des coups de fusil. J.es Tunisiens
ouvraient le feu sur les fenêtres de l'hôpital, où ne
se trouvaient que des blessés et des malades. Em
busqués dans les angles des mes et des maisons
voisines, ils tiraient incessamment. Les infirmiers
allèrent se placer aux fenêtres, d'où ils répondirent
par des coups mesurés. En même temps, trois
gendarmes et le poste agissaient par la porte et
répondaient avec succès au feu confus des Tuni
siens. Ceux-ci se retirèrent, enfin, après avoir vu
tomber plusieurs de leurs camarades. A la même
heure, des actes infâmes se sont produits. Dans les