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Au marché de ce jour le froment s'est vendu au
prix de fr. 26-8Q l'hectolitre, ce que constitue
encore une baisse de fr. 3-io depuis le dernier
marché.
Que la maio gauche ignore le bien qu'a fait la
droite, dit le divin instituteur de la charité chré
tienne, cette charité qui se surpasse en s'ignorant
elle-même. Mais il ne défend point a la reconnais
sance de faire éclater au grand jour les bienfaits
versés dans l'ombre. La gratitude des familles
nécessiteuses ou peu aisées de la ville de Poperinghe
nous fait un devoir de trahir le nom d'un de leurs
bienfaiteurs. Il y a trois semaines, après avoir versé
pour sa part dans le produit de la quête la somme
de mille francs, puis mille autre francs dans la
caisse du Bureau de bienfaisance, M. Jules Van
Merris faisait distribuer treize-cents fagots ceux
de nos frères qui avaient froid. Cette semaine,
quatorze-cents pains de deux kilo, ont apaisé, grâce
a sa libéralité la faim des malheureux, et chaque
jour un litre de soupe est donné h chacun de ses
soixante-quatre ouvriers.
On dit que M. Levasseur, directeur de l'École
communale d'Ypres vient d'être destitué.
jjsaaïsjjjiLitas
ClIAMBRE DES REPRÉSENTANTS. SéailCC du H
M. Van den Peereboom a entretenu le Parlement
de l'injure qui, selon l'opinion de l'honorable
membre, aurait été faite M. Van de Veldej
président du tribunal de Furnes et h M. De Prey,
commissaire de ce district ces Messieurs n'ont pas
été confirmés dans leur mandat de membres du
bureau administratif de l'école moyenne de Furnes,
quoi qu'ils fussent inscrits des premiers sur la liste.
L'orateur ne veut pas contester au gouvernement
le droit de nommer les seconds candidats, mais il
pense avoir celui d'examiner s'il fait un usage
digne et convenable de ce droit. Il lui semble qu'il
convient que le gouvernement s'explique sur ce
fait assez grave de l'élimination du bureau admi
nistratif du fils de l'ancien bourgmestre de Furnes,
du commissaire de l'arrondissement et du président
du tribunal. M. Van den Peereboom voit dans cet
acte une pression gouvernementale au sujet de la
convention d'Anvers, et ne peut se dispenser de
dire qu'il est contraire au vote de la Chambre
d'exercer uue pression quelconque sur cette ma
tière, attendu que beaucoup de membres de la
Chambre u'ont voté la convention d'Anvers qu'à
toute sa vie de ses concitoyens les témoignages
d'une estime qui devait avoir enfin uue haute
confirmation. (1)
(1) Un de 110s pins savants historiographesM. l'abbé Van
de Putle, curé de Boesinghc, publia, en 1841 la Biographie
de Jean-Jacques Lambin, archiviste de la ville dYpres,
chevalier de rOrdre de Lèopold. u Lié d'amitié avi o cet
homme estimable depuis nombre d'années, dit le vénérable
biographe, j'ai été même d'apprécier ses qualités d'esprit
et de oœur.... Ses vastes rounaissances historiques out fait
rechercher son amitié par tout ce que la Belgique et le
Nord de la France comptent d'érudits. La notice dont
nous allons extraire quelques faits est l'hommage du mé
rite au savant, de la vertu l'homme de hieu.
J.-J. Lambin naquit Ypres, le i5 juillet i;65. Ses
parents issus d'une famille honorable originaire de Quesnoy-
sur-Dcule et qui s'était établie Ypres la (in du dix-
septième siècle, l'envoyèrent, en 178a, étudier chez les
Récollets de Casset. Il commença là déjà ses éludes
archéologiques continuées depuis avec tant de succès.
Rentré dans sa famille, en 1786, M. lambin fut employé
dans les bureaux du Deelsman d'Y'près, M. De Comnet.
Trop profondément religieux pour se laisser aller au
courant des idées révolutionnairesqui alors troublaient
tant d'esprits, il passa les années de la tourmente dans
les bureaux de M. Matouriche négociant Ypres, puis
entra, en '797, dans l'administration de l'enregistrement
et des domaines. Trois ans plus lard, il fut nommé rece
veur Courtrai. Mais son goût pour les études historiques
ne put commencer se satisfaire que lorsqu'cn 1808 il
la condition qu'elle laisserait toute liberté aux com
munes et que le gouvernement ne l'imposerait
nulle part.
L'orateur a voté la convention et a tâché comme
échevin la faire admettre'a Ypres, mais il ne veut
pas d'intimidation ni de pression. Ce qu'il consi
dère comme nécessaire, c'est de laisser une pleine
et entière liberté aux bureaux administratifs et
aux conseils communaux.
Il déclare qu'il voudrait voir appliquer la con
vention d'Anvers partout, et que c'est dans l'intérêt
de cette convention même qu'il appelle l'attention
de la Chambre sur les faits qu'il a développés et
sur lesquels il espère que M. le ministre s'expli
quera comme toujours avec une loyale et entière
franchise.
M. De Decler, ministre de l'intérieur. Messieurs,
je donnerai brièvement les explications devenues
nécessaires par suite du discours que vous venez
d'entendre, et j'espère vous prouver qu'ici encore
le cabinet est resté fidèle aux principes qu'il a
proclamés lors de sol avènement. C'est précisément
par esprit de modération et pour combattre l'exa-
gération de l'esprit de parti que l'acte dont il
s'agit a été posé.
Au commencement d'août je reçus la visite de
M. le bourgmestre dé Furnes. Dans la conversation
il me parla de l'école moyenne et il exprima le
regret de voir que, jusqu'à présent, la convention
d'Anvers n'eût pas encore été appliquée cette
institution. Il me confia que la presque unanimité
de la ville de Furnes désirait l'adoption de cette
convention, et il me donna l'idée d'une démarche
qui permit l'administration communale d'expri
mer son avis sur ce point.
J'étais convaincu que l'immense majorité des
habitants désirait voir appliquer chez eux la con
vention d'Anvers. Je n'ai eu nullement l'intention
d'exercer une pression sur qui que ce fût. Seule
ment, sur les quatre candidats placés en première
ligne, je n'en ai pris qu'uu et j'en ai choisi trois
autres présentés en seconde ligne. Du reste, ce
sont des personnes très - honorables comme l'a
reconnu l'orateur lui-même. J'ai d'ailleurs voulu
si peu exercer une pression quelconque, que j'ai
nommé le bureau administratif au grand complet.
De cette manière, il n'y a plus moyen, du moins
pour le moment, d'adopter la convention.
Qui ai-je exclu? Des hommes, qui, dans le
bureau administratif et dans le conseil communal,
s'étaient montrés hostiles l'application de la
convention d'Anvers. Eh bien, ne me trouvé-je
pas, comme ministre, forcé d'exécuter l'art. 8 de
la loi sur l'enseignement moyen? Vous dites que
remplit la fouoliun de receveur et archiviste des hospices
civils d'Vpres. L'année suivante il fut nommé chef du
bureau des hospices et le 19 janvier a S16 la même admi
nistration le choisit pour son secrétaire il remplit jusqu'à
sa mort les devoirs de cette charge avec une scrupuleuse
exactitude.
J.-J. Lambin avait montré taut de discernement dans
le classement des archives des hospicesqu'en décembre
1819, le conseil de régence de la ville d'Ypres lui conlia,
eu lui conférant le titre d'archiviste, le soin de mettre en
ordre le riche dépôt des pièces historiques entassées au
hasard dans la tour du Beffroi et dissémiuées daus quel
ques salles de l'Hôtel-de-Ville. C'est alors qu'il classa
inventoria, déchiffra des milliers de chartes et de diplômes.
Ce fut là sou œuvre officielle, oeuvre dont bien peu
d'hommes eussent été capables alors. Mais il douua de
plus tous ses loisirs dress r des notes et copier des
pièces originales, documents précieux pour tous les amis
de l'histoire. Les ouvrages manuscrits de sa compositiou,
tous relatifs la science de prédilection, sont au nombre
de cinquante et ne forment pas moins de 12 vol. in-8°,
27 in-4" et 11 in-folio.
Le goût pour les lettres avait fait colliger M. Lambin
une bibliothèque choisie, composée de plus de aooo volu
mes. Il aimait sa langue maternelle et s'en servait de
préférence pour les articles sans nombre qu'il publiait dans
les ouvrages périodiques de sciences et d'arts, et dans les
annales des sociétés littéraires. Il appartint quinze de
ces sociétés, et les prix qu il remporta en différents con
cours sont au nombre de tiente-neuf. Plusieurs médailles
honorèrent en lui le poète flamand; car comme toutes les
tout va pour le mieux daos l'établissement de
l'Étal. Mais pas du tout; l'enseignement religieux
n'y est pas donné, et je dis que le gouvernement a
le devoir, sans exercer pour cela aucune pression,
de tenir a l'exécution de cet article, qui est l'un
des plus importants de la loi.
J'aborde une autre difficulté parmi les mem
bres dont je n'a pas renouvelé le mandat se trouvait
le commissaire d'arrondissement. Ce fonction
naire n'aurait pas dû agir contre le gouvernement
il aurait au moins dû s'abstenir. Il est évideot que
je suis coupable, c'est plutôt d'un excès de modé-
raiiou. Je pose en fait que d'autres ma place
n'auraient pas été aussi modérés.
M. Dechamps (s'adressant aux membres de la
gauche). Vous l'auriez destitué.
M. F. de Mérode. On en a destitué pour moins
que cela
M. De Decker, ministre de l'intérieur. Quant
ce qu'à dit l'honorable membre qu'eu ne renouve
lant pas le mandat de trois membres du bureau
j'aurais jeté sur eux de la déconsidération en
disant cela il ne s'est pas pris lui-même au sérieux.
M. Fan den Peereboom. Je remercie l'hono
rable ministre de ses explications. Cependant je
ne les trouve pas complètement satisfaisantes. Je
rends hommage ses bons sentiments. Sous ce
rapport j'ai toujours été d'accord avec lui. Quant
la question religieuse, j'ai toujours eu le courage
de me séparer de mes amis.
Je veux l'exécution de la convention d'Anvers,
mais loyalement. Je ne veux pas de violences. Je
n'admets pas la conversion des âmes, comme on la
pratiquait autrefois en btûlant sur la place
publique. Je ne trouve pas que ce soit faire de la
modération qu'éliminer du bureau administratif
d'honorables fonctionnaires.
On a parlé du commissaire d'arrondissement. Je
sais qu'il faut une hiérarchie administrative. Je
ferai remarquer que ce fonctionnaire siégeait dans
le bureau non comme fonctionnaire, mais comme
père de famille.
On s'est égayé la Chambre et hors de la Cham
bre des terreurs de l'Inquisition, affectées par
l'honorable Représentant d'Ypres. On se demandait
sur quelle plgce de la ville ou de la banlieue devait
se célébrer le prochain autodafé. Des amis sincères
du digne échevin s'affligent de voir un homme de
sa valeur sacrifier ainsi des stupidités de parti
qu'intérieuremeut il ne peut que mépriser.
M. Delfosse a placé la discussion sur un autre
terrain, tout aussi glissant, il est vrai, pour l'ex
trême gauche. Le député liégeois a prétendu,
contre M. Guizot, que l'atmosphère de l'école ne
âmes généreuses et profondément chrétiennes, notre érudit
était aussi poète. Les deux derniers prix qui lui furent
déférés, sont en 1839, Meniu, la médaille d'argent pour
une ode, et en i833, de la société des antiquaires de la
MoriuieS^Oinerla médaille d'or pour le travail
substantiel que le Propagateur, va reproduire.
La gloire de la patrie avait été la passion de cette âme
ingenuej elle lui douna la force d'accomplir tant de tra
vaux. Le pays avait un devoir de reconnaissance remplir
S. M. voulant récompenser les travaux de M. Lambin, Le
nomma chevalier de l'Ordre de Léopoldpar arrêté du iS
decembie 1840. Mais le 17 janvier 1841, une autre récom
pense devait couronner uue vie si honorable et si bien
remplie. C est la date où le juste s'endormit dans la paix
du Seigneur.
L"n monument élevé par sa famille dans la terre de
Pattente est visité avec respect par quiconque aime la
science, chérit la patrie et vénère la religion. Son buste,
du au talent du sculpteur Geefs, semble encore, dans la
bibliothèque publique, présider, comme autrefois le modeste
archiviste, aux trésors de science eu grande partie réunis
par ses soins. Nommé, le 5 octobre )84o, membre de la
Commission spéciale pour l'érectiou de monuments publics
la mémoire des hommes célèbres de la Flandre Occi
dentale, J.-J. Lambin, ne pensait guère, dans sa simpli
cité chrétienneque le premier monument qu'on érigerait
dans sa ville natale, vingt ans après la mort d'une de ces
illustrations, devait être celui qui rendra hommage
mémoire.