JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
Ko 4.010.
Mercredi, 5 Mars, 1856.
39me annee.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la posteS 5o
On s'abonue Ypres chei D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur Propriétaire, rue
de Lille, 10, près la Grand'-Plaor.
la- Propagaleor parait le MERCREDI
et le SAMEDI, heures du soir.
1-es lettres et ensois doivent être
affranchis.
Insertions des annonces 17 centimes
la ligne; on Iraite foi fait.
CHEMINS DE FER
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Ypres Courtrai, 55o, 11, 5—00,
de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperingbe,
74°, 1055, 45o.
De Courtrai MouscronTournai et
Lille, 7—00, 12—5o, 435, 615.
De Courtrai pour Gand 7 3o
10—5o, 1—5o, 9—15.
De Courtrai pour Bruges ,74°»9
125, 620-
7??.SS, 5 MARS.
DERRIERES NOUVELLES.
Paris, 3 mars.
OUVERTURE DE LA SESSION LÉGISLATIVE.
La session législative de l'année i856 a été
ouverte, aujourd'hui lundi, par l'Empereur en
personne, au château des Tuileries, dans la salle
des Maréchaux.
La réserve du laDgage de l'Empereur et lesilence
du Moniteur au sujet des conférences soDt néces
sairement de nature h faire révoquer eu doute la
nouvelle de la signature des préliminaires de la
paix donnée pourtant avec beaucoup d'assurance
par trois journaux, le Morning-Post, Y Indépen
dance et l'Emancipation.
Si cette nouvelle était certaine, nous ne croyons
pas que le discours de lundi eût passé sous sileoce
un fait aussi considérable que la signature de
préliminaires assez complets et assez précis pour
équivaloir la paix elle-même. La lumière ne
tardera pas se faire sur ce point. Faisons des
vœux pour que la nouvelle annoncée avec tant de
fracas ne soit pas une mystification. Voici ce
discours
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les députés,
«La dernière fois que je vous ai convoqués, de
graves préoccupations nous dominaient.
Les armées alliées s'épuisaient un siège où
l'opiniâtreté de la défense faisait douter du
succès. L'Europe incertaine semblait attendre la
n fin de la lutte avant de se prononcer.
Pour soutenir la guerre, je vous demandais un
emprunt que vous votiez unanimement, bien
qu'il pût paraître excessif. L'élévation du prix
des denrées menaçait la classe laborieuse d'un
malaise général et une perturbation dans le
système monétaire faisait craindre l'anéantisse-
ment des transactions et du travail.
Eh bien I grâce votre concours, et h l'énergie
déployée en France comme en Angleterre, grâce
surtout l'appui de la Providence, ces dangers,
s'ils n'ont pas entièrement disparu, sont pour la
plupart conjurés. Un grand fait d'armes est venu
décider en faveur des armées alliées une lutte
acharnée, sans exemple dans l'histoire. L'opi-
nioo de l'Europe, depuis ce moment, s'est plus
ouvertement prononcée. Partout nos alliances se
sont étendues et affermies.
Le troisième emprunt a été couvert sans diffi-
eu lté, et le pays m'a prouvé de nouveau sa cou-
fiance, en souscrivant pour une somme cinq fois
plus forte que celle que je demandais. Il a sup-
porté avec une admirable résignation les souf-
frances inséparables de la cherté des vivres,
souffrances allégées néanmoins par la charité
privée, par le zèle des municipalités, et par les
dix millions distribués aux départements.
Aujourd'hui, les arrivages du blé étranger
produisent uoe baisse sensible. Les craiotes tées
de la disparition de l'or se sont affaiblies, et
jamais les travaux n'ont été plus actifs, les
revenus plus considérables. Les hasards de la
guerre ont réveillé l'esprit militaire de la nation
jamais il n'y eut autant d'enrôlements volon-
taires ni autant d'ardeur parmi les conscrits
désignés par le sort.
A ce court exposé de la situation viennent se
joindre des faits d'une haute signification. La
Reine de la Grande-Bretagne voulant donner
uue preuve de sa confiance, de son estime pour
notre pays, et rendre nos relations plus intimes,
est venue en France. L'accueil enthousiaste
qu'elle y a reçu a dû lui prouver combien les
sentiments inspirés par sa présence étaient pro-
fonds et de nature k fortifier l'alliance des deux
peuples.
Le Roi de PiéraoDt, qui, sans regarder derrière
lui, avait embrassé notre cause avec cet élan
courageux qu'il avait déjà montré sur le champ
de bataille, est venu aussi en France consacrer
une union déjà cimentée par la bravoure de ses
soldats.
Ces souverains ont pu voir un pays naguère si
agité et déshérité de son rang dans les conseils
de l'Europe, aujourd'hui prospère, paisible et
respectéfaisant la guerre non pas avec le
délire momentaué de la passion, mais avec le
calme de la justice et l'énergie du devoir. Ils ont
vu la France, qui envoyait aoo,ooo hommes a
travers les mers, convoquer en même temps h
Paris tous les arts de la paix, comme si elle eût
voulu dire k l'Europe La guerre actuelle n'est
encore pour moi qu'un épisode; mes idées et mes
forces sont en partie toujours dirigées vers les
arts de la paix. Ne négligeons rien pour nous
entendre, et ne nous forcez pas k jeter sur les
champs de bataille toutes les ressources et toute
l'énergie d'uue graude nation.
Cet appel semble avoir été entendu, et l'hiver,
eu suspendant les hostilités, a favorisé l'inter-
vention de la diplomatie. L'Autriche se résolut k
uue démarche décisive qui apportait dans les
délibérations toute l'influence d'un souverain
d'un vaste empire. La Suède se lia plus étroite—
ment k l'Angleterre et a la France par un traité
qui garantissait l'intégrité de son territoire. Eufio,
de tous les cabinets arrivèrent k Saint-Péters-
bourg des conseils ou des prières. L'empereur de
Russie, héritier d'une situation qu'il n'avait pas
faite, sembla animé d'un sincère désir de mettre
fin aux causes qui avaient amené ce sanglant
conflit, et accepta avec détermination les propo-
sitions transmises par l'Autriche.
L'honneur des armes une fois satisfait, c'était
s'honorer aussi que de déférer aux vœux Dettemeut
formulés de l'Europe.
Aujourd'hui les plénipotentiaires des puissan-
ces belligérantes et alliées sont réunis k Paris
pour décider des queslioos de la paix. L'esprit de
modération et d'équité qui les auiiue tous, doit
nous faire espérer un résultat favorable. Néan-
moins, attendons avec dignité la fia des confé-
rences et soyons également prêts, s'il le faut, soit
k tirer de nouveau l'épée, soit k tendre la main k
ceux que nous avons loyalement combattus.
Quoi qu'il arrive, occupons-nous de tous les
moyens propres k augmenter la force et la ri-
cbesse de la France. Resserrons eucore, s'il est
possible, l'alliance formée par uue communauté
de gloire et de sacrifice et dont la paix fera encore
mieux ressentir les avantages réciproques. Met-
tous, enfin, eu ce moment solennel pour les
destinées du monde, ootre confiance en Dieu,
afin qu'il guide nos efforts dans le sens le plus
conforme aux intétêts de l'humanité et de la
civilisation.
La loi sur la charité, proposée par M. Notbomb
est, k notre avis, sinon la meilleure possible, du
moins la seule possible dans l'état actuel des
choses. Nous n'avons pas hésité k manifester le
chagrin que nous avoDS ressenti en lisant quelques
articles de journaux où l'on parle, selon nous,
beaucoup trop k la légère, de la prétendue
légèreté des principaux membres du cabinet.
Certaines exagérations compromettent la meil
leure des causes. Nous sommes heureux au con
traire, de nous rencontrer, dans l'appréciation de
cet important projet de loi, avec le jugement
qu'en porte le Bien public
M. Faider faisait de l'exercice de la bienfai
sance un droit exclusif pour l'autorité, et enlaçait
la charité libre dans des liens de tout genre. M.
Nothomb lait une large part k la liberté en lui
imposant le contrôle et la surveillance de l'État.
Ce point de départ est juste. Sans liberté, point
de charité efficace, et, saus contrôle, point de
charité bien exercée selon le vœu des fondateurs.
Le premier chapitre du titre I traite de l'insti
tution des bureaux de bienfaisance. Il se borne k
consacrer l'état actuel des choses, sauf k compléter
quelques dispositions.
Nous avons remarqué l'article 5 qui permet
d'imposer k une commune l'obligation de créer
un hospice, lorsque une dotation suffisante est
affectée k cette fiu.
Il pourvoit au cas, nullement impossible, où la
mauvaise volonté d'une administration formerait
obstacle k une institution utile. Le second dis
pensant la commune, en ce cas, de subvenir k
l'insuffisance ultérieure des ressources de l'hos
pice, est dicté par une sage prévoyance. Si la
dotation est incomplète, l'œuvre n'en sera pas
moins assurée dans l'avenir, au moyen de la
capitalisation des revenus prescrite par l'art. 6
jusqu'au complément de la somme nécessaire.
Le chapitre II traite de l'organisation des
établissements de bienfaisance et offre plus
d'innovations. Il la rapproche de celle du conseil
communal; nous croyons cette conception heu
reuse. Le changement le plus saillant est celui
qui établit l'unité d'administration pour le service
de la bienfaisance et celui des hospices. Cette
mesure sera, croyous-nous, utile dans la très-
grande partie des localités où elle recevra sou
application. Dans bien des communes, le nombre
des personnes qui réunissent la capacité des fonc
tions administratives, la faculté et la volonté de les
exercer et qui u'en sont pas empêchées par quelque
incompatibilitén'est pas très-considérable. Il
fournit quelquefois avec peine le contingent du
cooseil communal, et on lui demande aujourd'hui
une commission pour le bureau de bienfaisance et
uue seconde pour les hospices. Chacun sent que la
simplification iutroduite par le projet de loi doit
faciliter les bons choix.
Le projet n'innove point ce qui concerne la
composition des bureaux de bienfaisauce et le
mode de uomiuation de ses membres. A cet égard,
.il s'écarte du projel-Faider qui adjoignait aux
membres élus deux membres de droit le bourg
mestre et le curé. Le bourgmestre siégeant au
bureau avec voix délibérative quand il le juge k
propos, la disposition n'avait d'intérêt qu'en ce
qui couceroait le curé.