JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
N® 4,013.
39me année.
VUE DES HALLES,
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonne Ypres ehe» D. LAMBIN
MORTIERÉditeur Propriétaire, rue
de Lille, 10, près la Grand'-P'ace.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent etre
affranchis.
Insertions des annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
CHEMINS DE FER
LE PROPAGATEUR
VERITE ET JISTICE.
d'Ypres Courtrai, 55o, 11, 5oo,
de Poperinghe 20 miuutcs plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe,
7—4°, 10—55, 45o.
De Courtrai MouscronTournai et
Lille, 7—00, 12—5o, 435, 615.
De Courtrai pour Gand 7 3o
10—5o, 1—5o, g—15.
De Courtrai pour Bruges 74°>93o,
125, 6ao-
15 Mars.
ip© a» a ira®» a*
Dans le silence cles communications officielles
sur les travaux de la Conférence de Paris, les
journaux en sont réduits d des conjectures, mais
qui concordent toutes dans le sens de la paix.
A l'intérieur, une discussion vive et pleine
d'intérêt que nos lecteurs retrouveront en ré
sumé a l'article Assemblées législatives.
Dès aujourd'huidit une correspondance
adressée au Bien publicvous pouvez être
convaincu qu'une majorité considérable est
acquise au projet de lui sur la charité la
plupart des sections étaient au grand complet.
M. Malou, M. de Theux et M. Julliot ont été
nommés rapporteurs une très-forte majorité.
Dans les sections où les adversaires du projet
de loi l'ont emporté, pour deux d'entre eux ce
n'est que le bénéfice de leur âge qui a assuré
leur nomination et quant M. Frèreil n'a
eu qu'une seule voix de plus que M. Coomans.
Ainsi supériorité écrasante dans trois sections,
égalité de forces dans les trois autres voilà ce
qui ressort toute évidence du recensement
des votes.
Sur cette question il se formera un véritable
parti des centres qui votera avec le ministère.
Mais plus avance la session législative, plus
il devient évident que la Chambre devra se
séparer sans discuter le projet de loi qui sera
ajourné la session prochaine. La majorité
qui lui est acquise aujourd'huine lui fera
pas défaut alors. On s'attend en effet h ce que
les élections renforcent le parti conservateur.
EXAMEN" DU PROJET DE LOI SUR LA
CHARITÉ. (suite.)
Nous avons apprécié l'œuvre de M. le Ministre
de la justice: c'est uue transaction conciliante
entre le principe de liberté et les restrictions d'une
légalité qui nous a été léguée par les défiaoces du
passé. Toutes les précautions ont été prises pour
imposer silence aux préventioos et pour dissiper les
IIOTEL-DE-VILLE D'YPRES.
Nous dous plaisions, il y a quelques jours,
rendre hommage au zèle de nos Rbéloriciens pour
restaurer ces associations dramatiques si nom
breuses autrefois dans notre Flandre, et dont
l'organisation comme les travaux fixent aujourd'hui
la curieuse attention des artistes et des érudits, des
littérateurs et des bistoiiens. Dans tous les ordres
de faits et d'idées, le passé de notre pays se révèle
l'observateur comme doué d'une activité, d'une
fécondité merveilleuses. Il y avait un génie de
simplicité et de grandeur, de force contenue et de
modération dans 1 opulence qu'on ne peut trop
admirer, dans ces bonnes-gens qui, tout d'uo jet,
symbolisaient l'ampleur,ila majesté de la Commune
Flamande, dans le plus vaste et le plus imposant
des monuments civils du moyen-âge: dans les
halles d'ypres. Ce qui de cet édifice incompara
ble fait un type en architecture, privilège bien rare
qu'il partage seulement avec sept ou huit monu-
préjugés. Et voilà pourtant que la presse de l'ex
trême gauche retentit encore des mots sonores et
incompris de rétablissement de la main-morte.
Qu'est-ce donc que ce fléau effroyable?
On appelle biens de main-morte: ceux qui
appartiennent une personne morale perpétuelle,
sur la tête de laquelle réside la propriété, indépen
damment des individus qui composent celte per
sonne morale, et qui se succèdent sans que la
propriété se transmette.
Tous les biens affectés un service permanent
d'utilité publique sont des biens de main-morte:
ainsi les hôtels des ministres, les immeubles des
sociétés anonymes, les biens de la nation, sont de
cette nature. Voilà ce que les écrivains du parti qui
veut user, son profit, de l'épouvantail de la
main-morte, se gardent bien de dire. Ils laissent
croire leurs lecteurs que c'est là quelque chose qui
est propre aux propriétés ecclésiastiques.
Ces biens avaient anciennement trois destinations:
ils servaient de subside au clergé, ils étaient affectés
l'exercice du culte, et eufin au soulagement des
pauvres. La première destination n'existe plus dans
notre pays et personne ne songe le faire revivre.
L'article 117 de notre Constitution met la charge
de l'État les traitements et pensions des ministres
du culte. Mais nos lois reconnaissent formellement
au gouvernement le droit d'amortir des biens des
tinés l'entretien du culte et au soulagement des
pauvres.Ellesadmettent également l'amortissement
de certains biens pour la gestion de quelques services
publics et de l'administration. Ainsi donc nous
avons aujourd'hui trois sortes bien distinctes de
main-mortes, i° celles des fabriques d'église; 2°
celles des hospices et bureaux de bienlaisaoce; 5°
celles de l'État, des provinces et des communes
destinées au service administratif: la loi nouvelle
change-t-elle cet ordre de choses? nullement.
Le projet de loi a posé en principe que les biens
légués ou donnés par la charité privée pour la fon
dation de quelque établissement destiné soulager
une misère déterminée, l'indigence, les pauvres en
général, doivent être acceptés par le bureau de
bienfaisance qui représente i'assistaDce légale. C'est
ce bureau qui en a la propriété. Seulement le fon
dateur a le droit de déterminer, dans certaines
limites, la destination de sa libéralité, et de désigner
uients, tout au plus, en ce monde; ce qui fait qu'il
a une place dans l'histoire de l'art, côté des
Propylées Egyptiens, du temple de Pœslum, du
Panthéon d'Agrippa, de Notre- Dame de Paris et de
l'Allhambra ce n'est point seulement la pureté des
motifs, l'harmonie des proportions, le rbythrae de
l'ordonnance; c'est par dessus tout, l'exacte appro
priation des moyens au but. Il n'y a point d'œuvre
d'art, là où il n'y a point un sentiment profond,
manifesté par un signe expressif assez puissant et
assez vrai pour propager ce sentiment. Or, en
présence des Halles d'Ypres, tout homme capable
de sentir se sent pénétré de respect. Cette mani
festation en pierre de la puissance de la Commune
industrieuse des Flandres n'éblouit par aucun luxe,
n'étonne par aucuue témérité; elle impose l'estime,
elle commande une admiration qui tient de la
vénération; tant l'impression qu'elle produit est
pleine de ce charme paisible et recueilli qu'a pour
nous la mesure dans la force, la sobriété dans la
richesse, la gravité dans l'élan. Les Halles d'Ypres
ont une voix pour dire la longue suite des siècles
ce que fut la nationalité Flamande, avant que
les administrateurs et distributeurs spéciaux qui
doivent la gérer.
Le secoud principe que la loi a posé est celui-ci
les fondations dues la charité privée ne pourront
conserver d'autres immeubles que ceux strictement
nécessaires leur existence, c'est-à-dire les bâ
timents, cours, jardins et terres indispensables
l'établissement des hospices, hôpitaux, fermes-
hospices, maisons de refuge, dispensaires, ateliers
de charité et d'apprentissage, écoles de réforme,
écoles gratuites pour les pauvres, etc., qu'elles sont
destinées créer.
On voit donc que le projet de loi au lieu Je
proclamer l'application du principe de la liberté de
la charité de la manière la plus large, est plutôt une
transaction entre les systèmes opposés qui se
disputent aujourd'hui la solution du problême de la
misère.
Le projet de loi a multiplié avec uo soin minu
tieux toutes les précautions imaginables pour
prévenir les abus. Il restreint la possession des
immeubles au strict nécessaire, il ordonne la publi
cité des comptes, il admet le contrôle efficace du
pouvoir civil, il donne au pouvoir judiciaire le
droit d'intervenir pour réprimer les écarts des
administrateurs spéciaux, et les oblige rendre
leurs comptes. Il n'est pas possible ni de faire mieux
ni davantage. Comment après cela croire la bonne
foi d'un parti, qui au sujet de cette loi parle de
main-morte et de retour au moyen-âge?
Au marché de ce jouril y avait 51 o bect. de
froment et 55 h. de seigle. Comparativement au
dernier marché le froment a subi uue hausse de
fr. 3-3o c. et le seigle de fr. 2-70 c., le tout
l'hectolitre.
Par arrêté royal du 11 de ce mois, sont nommés
lieutenants dans l'infanterie, le sous-lieutenant
P.-A. Christiaens, du 2e de ligne; le sous lieute
nant B.-R. Comptdaer, du 7' de ligne; sous-
lieutenant le sergent-major J. D'Hondt, du 8" de
ligne.
Par arrêté ministériel en date du 10 de ce
mois, le sieur Van Belleghem, nommé par Mgr.
l'évêque de Bruges, est admis exercer les fonc
tions d'aumônier la maison d'arrêt d'Ypres, en
remplacement du sieur Lonceville, appelé d'autres
fonctions.
l'esprit de mutinerie et l'enivrement du faste ne se
fussent emparés de Bruges et de Gand.
Eh bien pourtant, ce monument, gloire de notre
pays, combieD de fois passons-nous devant, sans le
contempler? Il n'en existait même pas de repro
duction fidèle par la gravure ou la lithographie.
Les étrangers venaient chez nous, tout exprès pour
visiter ce chef d'œuvre de l'art, et s'étonnaient de
ne pouvoir en rapporter chez eux autre chose que
le souvenir. Un de nos concitoyens a voulu qu'il
n'en fut plus ainsi. M. A. Leroy vient de repro
duire la poiute l'aspect si pittoresque de notre
Grand'Place. Cette gravure, de grande dimension
(85 centimètres sur 60), premier essai dans ce genre
du talent du jeune artiste, est une reproduction
scrupuleusement fidèle des moindres détails de la
façade principale des Halles, du Nieuwwerk, du
couronnement de l'abside et du transept de S'-
Marlin ainsi que du côté méridional de la place
avec une charmante perspective de la rue au Beurre.
Notre pays possède désormais, nous oserions dire le
portrait de son grand monument, grâce an patient
travail que vient de nous donuer un des lauréats de
l'Académie d'Ypres.