JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 4.018.
39me année.
Mercredi, 2 Avril, 1856.
7??.2S, 2 Avril.
SIGNATURE HC TRAITÉ DE PAIX.
CONGRÈS DE PARIS.
Paris, lundi mutin, 3i mars
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonne Ypres chez D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, io, près la Grand'-P'ace-
Le-Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent etre
affranchis.
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la ligne: on traite forfait.
CHEMINS DE FER
LE PROPAGATEUR
VÉMITÉ ET JIST1CE.
d'Ypres Courtrai, 55o, n, 5oo,
de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe,
74°, 1055, 45°-
De Courtrai Mouscron, Tournai et
Lille, 700, 125o, 435, 6-*-15.
De Courtrai pour Gand 7 3o
10—5o, i—5o, 9—15.
De Courtrai pour Bruges 74°»93o,
125, 620.
Le canon ne gronde plus que pour faire
retentir la grande nouvelle La paix est faite.
Les acclamations de la satisfaction générale
répondent aux manifestations officielles comme
autant d'échos d'un contentement universel.
La guerre est une chose grande et sainte comme
la justice dont elle est la sanction mais la
paix est une chose heureuse et bénie comme la
charité dont elle est un des effets. La politique
européenne entre-1-elle dans une ere de con
corde inter-nationale Le ciel est tout azur
dans ces jours de printemps. Mais qui sait
quand viendra l'orage? La paix entre les
armées, c'est bien; mais la paix dans les
esprits, dans les consciencesest-ce pour nous
un trésor acquis? Point d'illusions. Si, au
risque d'encourir le reproche d'un optisme
trop naïf, nous persistons voir de consolants
symptômes de conciliation entre les hommes
honnêtes des partis qui divisent la Belgique,
comme toutes les autres nations, notre modé
ration ne va point jusqu'à nous aveugler sur
les haines qui s'enveniment, sans cesse de plus
en pluscontre toutes les institutions sociales,
dans les bas-fonds des loges, cle certains clubs,
et de ténébreuses associations. Il y a, comme
conséquence nécessaire de son ignorance pré
tentieuse, un grand dévergondage d'idées dans
une partie de notre jeunesse. Il y a dans des
hommes qui devraient être mûrsun fond de
frivolité qui, sous prétexte de tolérance, n'irait
guère moins qu'à conniver avec des doctrines
subversives de toute société. Il y a, disons-le
aussidans un parti mieux affermi dans ses
principes, un esprit d'exclusivisme qui repousse
la fusion entre tous les éléments de biensi
nombreux pourtant chez nous. La lutte, nous
la voyons partout lutte malheureuse et mala
droite entre gens qui devraient s'entendre lutte
déclarée, nécessairegénéreuse de tous les
hommes qui aiment la religion la patriela
société contre l'immoralitél'utopiele socia
lisme. Non La paix n'est pas faite.
A l'époque de l'aimée où se recueillent les
souscriptions et les dons volontaires destinés h
couvrir les frais énormes que cause l'érectiou et
l'entretien d'une université; au moment où les
quêtes générales vont se faire dans toutes les églises
du pays, nous disons a tous ceux qui tiennent la
foi de nos pères, a l'avenir religieux de la patrie,
qu'ils ont un véritable devoir remplir; nous leur
disons a tous que la semence qui se jette Louvain
germe comme toute semence, sans qu'on la voie,
que Dieu la bénit en secret, qu'il la féconde d'abord
hors des regards de l'homme, mais que cette semence
pousse, et croît et produit des fruits en abondance.
(La Patrie.)
La seance solennelle du Congrès pour la signa
ture du traité de paix a eu lieu aujourd'hui au
ministère des affaires étrangères. Tous les pléni
potentiaires étaient en uniforme. A deux heures, le
canon des forts des eovirons de Paris a annoncé
la signature du traité. A deux heures et demie, le
canon des Invalides a tiré une salve de 101 coups.
Vers trois heures, un chambellan de l'Empereur
est venu prévenir les plénipotentiaires que S. M.
était prête les recevoir. A trois heures et demie,
les plénipotentiaires se sont rendus au palais des
Tuileries.
Le comte Walewski et M. de Bourqueney avaient
précédé de quelques instants leurs collègues.
Voici l'avis qui a été affiché dimanche dans Paris:
Préfecture de police.
3o mars 1856.
La paix a été signée aujourd'hui une heure
l'hôtel des affaires étrangères.
Les plénipotentiaires de la France, de l'Au
triche, de la Grande-Bretagne, de la Prusse, de la
Russie, de la Sardaigne et de la Turquie ont
apposé leur signature au traité qui met fin la
guerre actuelle, et qui, en réglant la question
d'Orient, asseoit le repos de l'Europe sur des bases
solides et durables Le préfet de police,
PIETRI.
Le Moniteur, après avoir aononcé la signature
de la paix, ajoute que l'échange des ratifications
du traité aura lieu Paris dans quatre semaines au
plus tard.
Jusque-la, les stipulations du traité ne pourront
être livrées la publicité.
Il faudra un ternie de trois semaines pour qu'on
puisse recevoir la ratification de l'empereur
Alexaudre.
Hier soir les canons de la tour et du parc
Saint-James, Londres, ont annoncé par 101
coups de canon l'heureuse conclusion des négo
ciations. Les cloches ont sonné jusqu'à minuit. Le
lord maire proclamera la paix après l'échange des
ratifications.
C'est dimanche 5o mars, 1 heure de relevée,
que les plénipotentiaires ont apposé leurs signa
tures sur l'œuvre de paix. Le 3o mars était le jour
anniversaire de la prise de Paris en i8i4 par les
alliés. L'Empereur a tenu ce que la paix si
désirée par toute l'Europe, vint effacer ce souvenir
si triste pour lui et pour la Erance. Le canon des
Invalides a annoncé immédiatement ce grand
événement la population de Paris, dont la satis
faction était générale.
Voici quelques détails sur la signature du traité;
nous les empruntons au Journal des Débats
La formalité de la signature a duré près de
deux heures; les plénipotentiaires, en outre de
leur signature au bas de chaque protocole, ayant
eu apposer des paraphes, dont le nombre atreint,
dit-on, le chiffre de 384. La signature a eu lieu
dans l'ordre de préséance adopté pour les séances,
c'est-à-dire par ordre alphabétique. M. le comte
Walewski a signé le premier, comme président
du Congrès. C'est ce moment que l'Empereur a
été prévenu que le traité de paix était signé.
L'Église célébrait dimanche la première
apparition de Jésus-Christ ses disciples après la
résurrection. En paraissant au milieu do cénacle, la
première parole du divin crucifié fut une parole de
paix, il leur dit par deux fois La paix soit
avec vous!
On ne pouvait choisir une date plus heureuse
pour la signature du traité qui met un terme aux
longues agitations d'une guerre qui pendant deux
ans a mis l'Orient en feu.
Lundi, M. le comte Walewski a offert un
dîner d'apparat aux membres du Congrès, ainsi
qu'à tout le corps diplomatique et aux grands
dignitaires de l'Etat.
Le traité, dit la Patrie, est de nature donner
une complète et légitime satisfaction aox grands
intérêts pour lesquels la France et l'Angleterre
avaient pris les armes. C'est une paix glorieuse pour
nous et qui sera fructueuse pour tous. Les quatre
garanties sont largement appliquées, et lecinquième
paragraphe a été réalisé de manière donner
l'Europe tout ce qu'elle pouvait demander de
sécurité, sans humilier toutefois la Russie. A l'heure
où nous mettons sous presse, la signature des
protocoles continue. Chaque plénipotentiaire a y
apposer quatre fois quatre-viogt seize paraphes.
Nous lisons dans une correspondance de
Paris
L'Impératrice, heureuse de voir la naissance
de son fils coïncider avec l'époque où la France a
se féliciter d'une si belle et si honorable paix,
avait exprimé le désir de conserver la plume avec
laquelle le traité de paix serait signé. Les pléni
potentiaires, de leur côté, appréciant bien aussi la
grande œuvre laquelle ils avaient attacher leurs
noms, s'étaient proposé de garder, comme un
précieux souveuir, chacun la plume avec laquelle
il aurait signé. Mais, dès que le désir de l'Impéra
trice a été connu, tous les plénipotentiaires ont
montré le même empressement se mettre d'accord
pour donner Sa Majesté, dans une circonstance si
précieuse doublement pour elle, un témoignage et
respectueuse déférence. Il a été convenu qu'ils
signeraient tous avec la même plume le traité de
paix. Une plume d'aigle a été, par leurs soins,
montée en or et richement ornée, pour être offerte
l'Impératrice, après avoir été consacrée par l'in
strument de paix sur lequel auront été apposés les
noms de quatorze plénipotentiaires.
D'après la Patrie de Paris, chaque plénipo
tentiaire doit apposer quatre fois quatre-vingt-
seize paragraphes sur les exemplaires du traité de
paix. Le nombre des plénipotentiaires étant de
quatorze, le total des signatures s'élèvera cinq
mille trois cent soixante-seize On se demande
si la plume d'aigle destiné cet acte importaut
résistera cet dure besogne.
Toutes les précautions ont été prises pour
que les hostilités oe se renouvellent pas, malgré
l'expiration de l'armistice au 5i mars; mais l'on
assure que les armées alliées conserveront leurs
positions sur le territoire russe jusqu'à ce que les
ratifications du traité aient été échangées.
L'administration supérieure de la Société de
Rhétorique portant pour devise de kunst is ons
vermaek, établie l'hôtel Fournier, près de la
station du chemin de fer en celte ville, s'empresse
de faire connaître ses nombreux membres hono
raires que par une circonstance imprévue, la
DEUXIÈMEREPRËSENTATION précédemment