JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT, î\o 4.022. Mercredi, 10 Avril, 1850. 39me annee. 'jtjg JACQUES D'ARTEVELDE. PRIX D'ABONNEMENT. Y près, 3 moisfr. 3 Par la poste3 5o On s'abonne Ypres cher. I). LAMBIN MORTIER, Éditeur Propriétaire, rue <le Lille, io, près la Graud'-Place- Le Propagateur parait le MERCREDI et le SAMEDI, 7 heures du soir. Les lettres et envois doivent être affranchis. Insertions des annonces 17 centimes la ligne j ou traite foi fait. LE PROPAGATEUR T I VKIlirÉ ET JUSTICE. CHEMINS DE FER d'Ypri's Courlrai, 5—5o, 11, 5—oo de Poperinghe 20 minutes pins tôt. De Courtrai Ypres et Poperioghe, 10—55, 4—5o. De Courtrai Mouscron, Tournai et Lille, 700, 12—5o, 435, G15. De Courtrai pour Gand 7 3o 105o, 150, g 15. De Courtrai pour Bruges 74°>93o, 1—25, 620 m M 16 Avril. Si le Congrès n'a pas délibéré sur les affaires d'Italie, il n'y en a pas moins eu dans son sein de très-longues et de très-vives conversations sur cet objet, et le Journal des Débats donne sur ce point des détails assez circonstanciés. S'il jaut accepter toutes les assertions du Journal des Débats, les diverses puissances se raient tombées d'accord sur ce point: pas de remaniements territoriaux dans la Péninsule, mais nécessité indispensable de grandes réfor mes, opérées par les gouvernements établis eux mêmes. Mais, après avoir dit sur quoi les puissances représentées au Congrès se sont trouvées d'accord, au sujet de l'Italie, le Journal des Débats indique les points sur lequels elles se sont trouvées divisées. Ces points sont ceux-ci: Quand et comment doivent être opérées les réformes dont on reconnaît lindispensable nécessité Les gouvernements représentés au Congrès ont-ils le droit d'intervenir auprès de ceux de la Péninsule pour leur imposer ces réformes par une sorte de contrainte morale? Le Congrès actuel est-il compétent pour s'occuper de cette question Pourquoi les gouvernements de la Péninsule se refusent-ils aux réformesn'est ce point parce qu'ils trouvent un appui leur résistance dans ioccupation étrangère, et celle occupation ne doit elle point cesser, pour les obliger consentir aux améliorations réclamées instam ment, ce qu'assurent les journaux révolu tionnaires, par leurs peuples Tels seraient en résumé les points sur lesquels on ne serait pas d'accord au sein du Congrès, en ce qui concerne la question ita lienne; mais le Journal des Débats insiste sur ce point, que tout cela n'a fait l'objet que des conversations et non des délibérations des plé nipotentiaires. L'Autriche cependant ne semble pas disposée soumettre la question un congrès. Hier encore, /'Ost-Deuische-Post s'en occupait assez Du jugement que l'histoire doit porter SUR Sur cette question qui intéresse la dignité de l'histoire et la cause sacrée de la justice, une discussion, noble et savante, vient de se produire au sein de l'Académie de Belgique, a l'occasiou d'une lecture sur l'illustre Gantois, faite par M. le baron de Gerlache. u L'histoire, a dit le célèbre auteur de la Commune en Flandre, n'en pas un plaidoyer en faveur de telle ou telle nation, de telle ou telle individualité, ruais un monument durable en faveur de l'éternelle vérité. M. de Gerlache a bien dit. Aussi, lui répond M. Kervin de Lettenhove, l'historien ne saurait-il lr0p multiplier ses recher ches trop interroger sa conscience avant de louer les uns, avant de blâmer les autres, et si, même en écrivant l'histoire de son pays, il ne lui est jamais permis d'y exalter et d'y célébrer ce qui en fait la longuement pour déclarer que les affaires de l'Italie ne fournissent pas matière une question européenne, comme l'entend lord Pal- merslon, attendu que les traités qui règlent la possession territoriale dans la Péninsule, n'ont été lésés par personne, si ce n'est un moment par la Sardaigne, Or, c'est le respect des traités que l'empereur Napoléon se traçait pour règle dans sa lettre au c.zar Nicolas; c'est pour faire respecter les traités que, la guerre qui vient de finir a été entreprise. L'occupation des Légations par les Autri chiens, comme celle de Rome par les Français, a eu lieu l'appel du souverain légitimec'est une affaire privée, et aucun congrès n'a le droit d'intervenir ce droit appartient la Sardaigne moins qu'à tout autre Etat, et la prétention du cabinet de Turin de parler au nom de l'Italie a été repoussée par les puissances elles-mêmes. L'Autriche et la France, les deux grandes puissances catholiquesuni Rome des intérêts particuliers dans lesquels l'Angleterre pro testante et la Russie schismatique ne demande raient pas mieux que d'intervenir, au risque de détruire Tunion qui vient d'être heureusement rétablie. Tel est le sens de l'article que publie l'Oost- Deutsch-Post. Ces déclarations ne sont pas de nature aider la solution cle la question. Attaquer les libres - penseurs c'est, dit un journal, souvent cité par les petites feuilles libérales de province, c'est, dit le Messager, porter la main sur les libéraux, c'esl-à-dite sur la plus notable portion du pays. Oui, nous le reconnaissons, les libéraux honnêtes, conciliants, aimant la religion et les libertés politiques, duesà l'influence du Christia nisme dans la société européenne; oui ces libéraux là, (et il est tout simple que, comme catholiques, nous nous comptions dans leurs rangs,) les vrais libéraux sont la plus notable portion du pays. Mais entre les vrais libéraux, hommes de principes, et les libres-penseurs, hommes de passions, grande est la différence. Nous appelons libres-peuseurs ceux qui par livres, discours et pratiques ordi naires, travaillent sciemment détruire dansnotie pays la religion révélée et sa morale divine; s'il plaît au Messager de ranger ses amis daus celte honte, il ne serait pas moins coupable d'eu répudier les gloires. Pour juger impartialement lesévénements accomplis, il y a plus de cinq siècles, la première règle qui lui est imposée est de savoir se garder la fois de toutes les opinions extrêmes. Il peut apprécier au moyen-âge des vertus persévérantes et fortes sans oublier que les siècles qui lui ont succédé, eu affaiblissant l'énergie des mœurs, eu ont adouci la rudesse et la cruauté. S'il rencontre une idole élevée par les passions et encensée par l'erreur, il faut qu'il ait le courage de la briser, afin qu'un funeste exemple ne porte pas ses fruits mais si, au contraire, il découvre uue noble mémoire défeudre contre d'injustes accusations, c'est une tâche pieuse qui s'offre lt»i,f»«« labor, parce qu'il ue faut pas que l'iogralilude d'une génération vis- à-vis d'un grand homme s'étende la postérité.» Après ces considérations générales, M. de Let tenhove examine si l'on peut accepter le juge ment de Eroissart sur Jacques Artevelde; ce catégorie, cela le regarde il les connaît mieux que nous et sait parfaitement apprécier jusqu'à quel point l'épithète leur coovient. Pour ce qui est des libéraux, nous dénions au Messager le droit de stipuler en leur nom il n'y a rien de commun entre la politique du clubisme maçon nique et une politique libérale. Nous lisons dans l'Émancipation Tout ce qui touche la moralité des partis doit être accueilli avec intérêt par le public intel ligent, et ce n'est pas seulement pour piquer la curiosité de nos lecteurs que nous revenous sur les documents maçonniques publiés récemment dans nos colonnes. Le 19 mars 1856, nous avons inséré une décla ration officielle excommuniant le Grand-Orient et les loges belges au nom de la maçonnerie suédoise. Pas un seul organe de la gauche n'a osé repro duire cette pièce importante; plusieurs, au con traire, ont refusé de l'accueillir, malgré les instances des personnes honorables chargées de la porter la connaissance du public. Pendaut trois semaines, les organes de notre maçonnerie politique ont gardé ce sujet un silence de mort; mais l'autre jour ils ont parlé tous la fois, d'après un seul mot d'ordre, pour affirmer que la publication faite dans nos colonnes était fausse et mensongère. Nous avons répondu immédiatemeut que les preuves officiel les de notre loyauté reposaient entre nos mains, et que nous étions prêts les soumettre l'inspection de nos adversaires. Aucun ne s'est présenté dans nos bureaux aucun n'a eu le courage de reconnaître qu'il avait été induit eu erreur et que nos allégations étaient parfaitement couformes la vérité. Aujourd'hui nous ferons un pas de plus nous dirons aux organes de la maçonnerie politique que l'insertion dans nos colonnes de la déclaration officielle datée de Stockholm le 19 mars 1 856, et condamnant les principes et les doctrines des loges belges, nous a été officieusement demandée par M. le chargé d'affaires de Suède et de Norwége auprès de la cour de Bruxelles. Est-ce clair? Est-ce concluant? jugement sévère reproduit par tons les compila teurs durant cette triste période où l'histoire, flatteuse envers les princes, ne vil dans la défense des droits de l'Église que des agressions papales et dans la revendication des franchisses populaires que des mutineries séditieuses. Mais si le savant correspondant de l'Académie n'accepte pas ce jugement, reproduit par Cbâteaubriand et vers lequel incline M. de Gerlache; par cela même qu'il rétablit dans son vrai jour la figure du défenseur de la commune flamande, il venge sa mémoire des idolâtries de l'école révolutionnaire qui trans forment le bourgeois en tribun et le calomnient par leurs éloges. Jacques d'Artevelde fut-il un démagogue? Était-il, comme on l'a souvent répété, issu d'une condition obscure et animé du désir de détruire tout ordre social, toute hiérarchie politique? Cette question touche de plus près qu'on ne le pense notre histoire moderne.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1856 | | pagina 1