JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. >0 4.089. 40me annee. LE LUXE. Les débats qui, selon le témoignage d'un auguste personnage, ont dignement inauguré la session législative actuelle, viennent de donner au pays des enseignements d'une haute importance, que nous prenons tâche de présenter successivement l'atten tion de nos lecteurs. Et d'abord, pour tout esprit réfléchi il en ressort qu'au fond des luttes que se livrent les deux grands partis du pays, il s'agit avant tout de la question religieuse. Les catholiques, qui selon l'expression d'un éminent orateur, sont les pères de la Constitution belge, veulent sous l'égide de ce parti fondamental, conserver au pays sa foi, sa religion, son culte catholique; ils le veulent d'abord comme catholiques; et ils ne le veulent pas moins comme enfants de la patrie, parce qu'ils sont persuadés que la meilleure sauvegarde de nos institutions politiques, de notre loi fondamentale, de notre dynastie,c'est l'attachement inébran lable du pays sa foi antique, celle qui fut toujours sa gloire, qui fut l'unique lien indissoluble de ses enfants. C'est la foi catholique qui créa et conserva notre nationalité au milieu des bouleversements qui menacèrent cent fois de l'engloutir. Le principe catholique est un principe positif et éminemment conservateur. Les libéraux de leur eôté, tout en pro testant qu'ils sont et veulent rester un parti politique, ont été convaincus d'être un parti religieux. Jusqu'ici ils n'ont point encore de doctrine positive; ils en sont encore rechercher leur code, leur Evan gile. Mais en attendant ils veulent détruire sans savoir ce qu'ils auront construire. Ils se placent sur le terrain de 1825 et 1826. Ils veulent décatholiser la Belgique, en décatholisant la jeunesse par l'ensei gnement, en sécularisant la charité, en se rendant maîtres de toutes les institutions d'origine même religieuse, pour y intro duire un élément dissolvant qui détruise l'influence conservatrice de l'esprit qui leur donna la vie. Le principe libéral c'est la négation en général et en particulier la négation de la foi, la destruction de ses œuvres, de sa manifestation. Le but du parti libéral c'est de vouloir une philosophie négative d'État, un antichristianisme d'Etat, une doctrine d'État opposée au culte professé par la majorité, disons par la presque totalité des Belges. Tel est en résumé la doctrine fonda mentale des deux partis qui vivent sous la môme Constitution dans l'atmosphère d'une vraie liberté. Qui ne voit de quel côté se trouve l'esprit conservateur, quel est le parti le plus loyal, le plus sincère? De quel côté sont venues les propositions des grandes transactions sur lesquelles sont basés et notre pacte fondamental et les lois orga niques qui ont développé nos institutions? PRIX D'ABONNEMENT. Yprrs, 3 moisfr. 3 p.r la posle3 5o (In s'al*""1* Ypres chez D. LAMBIN jiOiîTIER, Éditeur-Prupriétairo, rue jt Lille, io, près la Grand'-Place. Le Propagateur parait le MERCREDI ,1 le SAMEDI. Les lettres et envois doivent être iflrauchis. Insertions des annonces 17 centimes lr ligne- LE PROPAGATEUR VÉRITÉ ET JIST1CE. CHEMINS DE FER d'Ypres Courtrai6,25, i2,o5, 4,3o, de Popcringhe 20 minutes plus tôt. De Courtrai Ypres et Poperinghe, 8,o5, io,55, 5,oo. De Courtrai Mooscron et Lille, 7,5o, 10,5o, i,5o, 8,20. De Courtrai pour Gand, G,i5, 8,00 i,45, 5,5o. De Courtrai pour Bruges8,o5, 2,00, 6,00. 7??.3S, G Décembre. La nouvelle du rappel de M. de Sydow, et par conséquent de l'interruption des rapports diploraa- liques, entre la Prnsse et la Suisse, est confirmée Berlin. On croit de plus en plus, daos celle capitale, que, pour hâter la solution de la question de Neucbâtel, le cabinet prussien insiste pour l'ou verture des Conférences, daDs le but de faire sanctionnersesdroits sur la principauté. La Gazette de la Bourse prétend, ce sujet, que la France, l'Autriche et la Russie ont donné officieusement leur assentiment la proposition prussienne. La Correspondance autrichienne annonce que l'Empereur a marqué l'anniversaire de son avène ment au trône, le 2 décembre, par un acte de clémence. Soixante-dix condamnés politiques italiens ont été amnistiés et le séquestre levé sur les biens de tous les réfugiés. Le 20, il a été tenu, la Sublime Porte, un grand conseil extraordinaire pour délibérer sur la situation difficile du pays. On attend ici l'arrivée prochaine de divers bâtiments anglais de Malte. L'escadre anglaise a reçu l'ordre de s'approvi sionner pour six mois. La Gazette officielle de Téhéran publie une déclaration assez importante. Le journal persan aononce que son gouvernement est animé des meilleures dispositions l'égard de l'Angleterre, et, comme preuve de ces dispositions, il dit que, dans le cas même où la nouvelle de l'apparition de Davires de guerre anglais dans le golfe persique se confirmerait, le fait ne serait pas regardé comme un sete d'hostilité. Il conclut cependant en déclarant que les Persans sauraient au besoin résister une agression. La Presse d'Orient contient une dépêche reçue de la Perse, annonçant d'une manière positive que la ville de Hérat a été prise sans coup férir. Cepen dant des renforts envoyés par les Affghans conti nuaient de s'approcher. Mais les Persans avaient reçu des renforts plus nombreux. Tout le monde se plaint des progrès et de la lyrannie du luxe, et tout le monde, peu près, se soumet cette tyrannie et favorise ces progrès les "us par vanité, les autres par prétendue conve- "ance; ceux-ci pour jouir d'une grande fortune qu'ils ont, ceux-là pour faire croire un bien-être qu'ils n'ont pas. Dans cet entraînementil y a plus que de la folie; il y a du danger. A ne voir les choses que de haut, il est évident que les dépenses de luxe n'ajoutent rien au capital «•cial. Estimez trente millions, par exemple, les broderies qui se vendent en France pour la France "h biences trente millions n'enrichissent pas le pays d'uu centime. L'argent change de poche "oilà tout. Il en serait autrement, si une partie de uotte somme était employée des améliorations agricoles, par exemple, au dessèchement des terres bumides, au reboisement des côtes dénudées. L'ar gent changerait aussi bien de poche; il fournirait du travail aux ouvriers, et, de plus, il contribuerait "augmenter la richesse générale. Mais ce genre de considérations touche peu les esprits. Généralement, on ne veut pas savoir com ment la fortune publique se produit, se conserve et s'accroît. Descendons aux détails. Que le luxe soit une plaie pour les gens et les ménages pauvres, cela va de soi. Mais on deman dera peut-être si nous ne nous laissons pas aller au paradoxe. Y a-t-il, peut-il y avoir du luxe chez les pauvres? Certainement. Le luxe est relatif. Ce qui est de rigueur dans une condition, dans une certaine position de fortune, devient superflu dans une autre condition, et c'est précisément la dépense inutile qui constitue le luxe. S'il en est ainsi, regardez autour de vous et voyez si l'on ne sacrifie pas trop souvent le nécessaire au superflu. Se restreint-on suffisamment dans la toilette? Les jeunes personnes, surtout, ouvrières ou domesti ques, ne consultent elles pas plutôt, sur ce chapitre, leurs caprices que leurs ressources? ne gaspillent- elles pas légèrement, et follement parfois, des salaires qui, économisés avec intelligence, servi raient plus tard l'acquisition d'un mobilier convenable? Aussi qu'arrive-t-il souvent? On entre en ménage avec quelques chiffons, au lieu d'y entrer avec quelques économies; la gêne ne tarde pas frapper la porte, et au bout d'un an de mariage, on reconnaît a peine, sous ses vête- La Chambre des Représentants a continué mer credi la discussion des articles du budget du département de la justice pour l'exercice 1857. Toute la séance a été occupée par la discussion d'une proposition de M. Thiéfry tendante rejeter l'augmentation de 3,5oo fr. de frais de tournée, accordée S. Em. le Cardinal-Archevêque de Malines. Cette proposition a été rejetée par parité de 32 voix, et l'augmentation adoptée ensuite par 34 voix contre 3i. mentsusés, la pimpante et coquette fille d'autrefois. Que de rêves ont fini de la sorte! Dans la sphère moyenne, le luxe n'est pas moins nuisible. La, on veut singer les grandes fortunes. On a des meubles et des tapis de prix; on tient salon et on fait danser. Au bout de l'année, cette ostentation a absorbélesrevenus des uns, les béné fices et les émoluments des autres. Et encore, les émoluments, les bénéfices et les revenus ne suffisent pas toujours; il faut alors recourir aux emprunts, ou du moins s'imposer, dans son intérieur, de véritables et de continuelles privations. De nos jours, en effet, il y a pour beaucoup de personnes comme une double existence chez soiquand on est seul, l'on économise des bouts d'allumettes et l'on trouve que la servante a trop bon appétit. Devant les étrangers, c'est-à-dire quand on pose, on allume la chandelle par les deux bouts et l'on affecte des goûts princiers. Les étrangers connaissent le jeu, mais ils se laissent tromper par charité, et la sottise bourgeoise est satisfaite. Réellement, le luxe a été inventé pour cacher les fausses positions. Aussi, lorsque de loin en loin ce voile brillant et imposteur se déchire,on aperçoit des choses fort tristes, et même quelquefois des choses fort sales. Pour les riches, le luxe n'a pas les mêmes in con-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1856 | | pagina 1