40mc Année.
Samedi 21 Février 1857.
4,111.
7FRHS, 21 Février.
LE PROPAGATEUR
pour la. ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 3 mois.
dulletin politique.
On parle d'un incident survenu dans la négo
ciation entre l'Angleterre et la Perseet qui
menacerait d'en retarder la solution. Il s'agirait
d'nne réclamation de 3oo,ooo livres sterling, la
charge de l'Angleterre, faite par Feronck-Khan, h
lord Cowley, au nom de sou gouvernement.
Cette somme serait due h la Perse par la Grande-
Bretagne, en vertu d'un traité remontant h plus
de trente aunées, et par lequel cette dernière
puissance s'engageait envers l'autre, en échange
du maintien de l'ordre sur les frontières de
l'Affghaoislan, h lui payer, en cas de guerre de la
Perse contre une puissance européen ne quelconque,
une somme annuelle de 100,000 liv. sterl., pen
dant toute la durée de ladite guerre.
Or, depuis lors, la Perse a soutenu contre la
Russie une guerre qui a duré trois ans; elle est
donc en droit de réclamer de l'Angleterre 3oo,ooo
liv. sterl.
On mande de Berlin qu'aucun arrangement,
même provisoire, n'est intervenu pour le règlement
de la question de Neuchâtel; mais on pense que la
réunion de la Conféreuce de Paris aura pour
premier avantage d'obliger la Prusse faire con
naître ses conditions, chaque partie ayant décliné
jusqu'à ce jour toute initiative ce sujet.
les bourses universitaires.
Nous voudrions pouvoir mettre tout entiers sous
les yeux de nos lecteurs les débats parlementaires
qui viennent de se terminer par le vote de la
proposition ministérielle sur la répartition équita
ble, sans exclusion comme sans privilège des
bourses fournies au frais du trésor public, et par le
rejet de la proposition de M. Frère touchant la
confiscation par l'État des bourses de fondation
particulière. Ils y verraient toute la justice et la
puissance de la cause catholique qui est celle du
LE COMTE FÉLIX DE MÉRODE.
VAssemblée nationale, journal de Paris publié
sous les anspices des hommes les plus importants
de la France, a payé son tour un tribut d'admi
ration et de regrets h la mémoire do comte Félix
de Mérode. Nous croyons être agréables a nos
lecteurs en reproduisant pour eux, cet éclatant et
glorieux hommage rendu par la presse étrangère au
citoyen éminent dont la Belgique déplore si
vivement la perte.
Bruxelles a donné, le 11 février 1857, un
spectacle fait pour servir d'exemple et d'encoura
gement aux honnêtes gens de tous les pays. Elle a
célébré en ce jour les obsèques du comte Félix de
Mérode, avec un élan de respect et de sympathie
qu'il faut avoir vu pour le bien juger. Pour la
première fois depuis que la Belgique est constituée
en nation, le Parlement belge s'acheminait en corps,
travers les rues de la capitale, vers la demeure
d'uo de ses membres, pour lui rendre un bommage
solennel et escorter sa dépouille mortelle l'église.
La garnison tout entière sous les armes, toutes les
autorités, une grande partie du corps diplomatique,
pays lui-même; mais ils y verraient aussi qu'il ne
faut point se faire illusion ni s'endormir dans une
fausse sécurité en présence d'ennemis disposés <1 ne
reculer devant rieD. Ils pourraient se convaincre
que le soi-disant parti libéraldominé par la
fraocmaçoonerie impie et antisociale, voudrait bien
se mettre au niveau do Piémont et de la Suisse; que
pour détruire la religion catholique et son ensei
gnement, il ferait bon marché de la vérité et de la
logique, du droit et de la justice; qu'il foulerait
aux pieds la liberté et la Constitution et boulever
serait même le pays, si pour arriver ses fins, il lui
suffisait d'en avoir l'audace. Ils ont fait du chemin,
ces fiers libéraux depuis qoelque temps, mais ils
n'ont pas avancé; car le pays est contre eux, et ne
voudra jamais se suicider. Il ne peut que les
plaindre lorsqu'il les entend rugir un peu main
tenant dans leur impuissaoce. Voici d'abord ce qui
concerne les bourses prises sur le trésor public.
Noos laisserons parler prtncipalement.M. le ministre
de l'intérieur.
La loi de i835 accorde 60 bourses de 4oo fr.
aux jeunes Belges qui sont peu favorisés de la
fortune, et qui font preuve d'une aptitode parti
culière, dûment constatée, d'importé l'établisse
ment où ils font leurs études ou auquel ils se
destinent. La loi de 1849 faite dans un esprit de
parti et ponr favoriser les Universités de l'Etat en
spoliant les Universités libres a changé la loi de
i835 et exigé que ces jeunes gens pour recevoir
ces bourses, soient élèves des Universités de
l'Etat. Le ministre dans la loi de 1857 revient au
principe de la loi de i835 qui confère lesbonrses
anx élèves eux-mêmes qui les méritent, et non pas
h des établissements injustement et arbitrairement
privilégiés. La loi, dit-il, établit trois moyens
d'encouragement Les médailles des concours, les
bourses d'études et les boorses de voyage. Dans la
pensée du législateur, ces trois moyens étaient mis
la disposition de tous les jeunes gens, n'importe
où ils allaient puiser leur enseignement. Les
les blessés de la glorieuse lutte de septembre i83o
avec leur vieux drapeau; d'illustres exilés, tels que
le général Skrzynecki, commandant en chef de
l'armée polonaise en 1831 le général de Lamori-
cière, allié du noble défunt; les généraux Chan-
garnier et Bedeau; par dessus tout, les flots d'un
peuple ému et silencieux tout contribuait
rehausser ces derniers honneurs rendus par la
nation la plus libre et la plus religieuse de l'Europe,
au grand citoyen et au grand chrétien qui fut le
champion le plus illustre de sa nationalité, de sa
liberté politique et religieuse.
Mais toute cette pompe et tous ces hommages
semblaient encore peu de chose auprès des services
hors ligne et du noble caractère de celui qui a tou
jours si complètement personnifié la fière devise
de sa maison Plus d'honneur que d'honneurs.
D'ailleurs, bâtons-nons de le dire, bien qu'issu
d'une des plus grandes races des Pays-Bas, et né
Maestricht eo 1791, le comte de Mérode, troisième
fils du comte de Mérode- Westerloo, prioce de
Rubempré et grand d'Espagne, tenait la France
par des liens nombreux. Il y habitait ordinairement
une terre de ses aïeux, située dans la partie du
Haioaut conquise par Louis XIV. Il avait épousé
médailles et les bourses de voyage ont pu être
obtenues jusqu'à présent par tout le monde; c'était
une inconséquence dans la loi de parti de 1849,
de ne conférer les bonrses d'études qu'aux seuls
élèves des Universités de l'État. Ce système consa
crait anssi une injusticepuisqu'il établit un
privilège pour quelques jennes gens au détriment
d'autres, peut-être plus dignes d'intérêt Ce
moyen d'encouragement doit donc être compris
daos un sens vraiment national, vraiment libéral.
Le gouvernement ne peut donc pas hésiter
revenir au système large et géoéreux de i835 et
répudier le système étroit, mesquio, injuste de
1849. C'est ainsi que l'a compris la Chambre
par sod vole. 11 n'y avait rien répondre des
principes si justes et si évidemment constitutionnels,
une argumentation où la précision le disputait
la solidité. M. Rogier qui après s'être laissé délibé
raliser et déconstitutionaliser par l'influence ma
çonnique, s'était fait l'auteur de feu la loi de 1849
fut le premier et le principal qui essaya de la
défendre dans un discours où il sentit lui-même
que la faiblesse des raisons n'avait d'égal que
l'abondance des mots. Il soutint donc que l'Etat
belge ne devait aux établissements libres autre
chose que de les laisser en paix mais qu'il devait
proléger et privilégier les établissements qui s'en
graissent aux frais du trésor public.Comme si
les institutions libres n'étaient pas aussi belges et
plus constitutionnelles même que les établissements
gouvernementaux qui ont besoin Aune loi pour
pouvoir existercomme si les droits de tous les
Belges qui brillent aux examens et auxquels le
trésor public donoe des encouragements, ne fussent
point les mêmes!!! M. Rogier dit encore qu'eo
vertu des principes que M. le ministre faisait valoir
pour les boorses d'enseignement supérieur, il aurait
fallu admettre également les établissements libres
d'enseignement moyen participer aux boorses
soldées par tous les contribuables et dont od grati
fiait jusqu'à présent les seuls athénées et écoles
successivement deux filles du marquis de Grammont,
nièces de M. Lafayette, et petites-filles de cette
sainte duchesse d'Ayen, qui fut avec sa mère et sa
sœur, la maréchale et la vicomtesse de Noailles,
l'une des plus touchantes victimes de la Terreur.
Il avait marié ses deux filles deux gentils
hommes français, le marquis de Vignaucourt et le
comte de Montalembert. Enfin, il avait trouvé bon
que son fils aîné, né en France, profitât de ce
privilège pour réclamer parmi nous l'exercice des
droits civiques, ce qui l'a mis même de solliciter
les suffrages de ses concitoyens, et de représenter
les départements du Doubs et du Nord la Cham
bre des Députés et l'Assemblée nationale.
Ce fut aussi eo France, pendant les épreuves
politiques et religieuses de l'Empire, comme pen-
daot les luttes passionnées de la Restauration, que
le comte Félix de Mérode se forma de lui-mcme
pour la vie publiqne, et se pénétra des convictions
chrétiennes et libérales dont il ne s'est jamais
départi. Il s'était déjà associé ail pétilionoement, et
autres démonstrations, par lesquelles l'union des
catholiques et des libéraux de la Belgique avait
protesté contre les persécutions et les excès du
gouvernement de Guillaume I", Roi des Pays-Bas.