En présence des odieux commentaires dont la Lettre du Roi est l'objet dans les colonnes de la presse révolutionnaire, nous croyons devoir reproduire l'article suivant de VEmancipation qui fait justice des inso lentes interprétations des journaux de la gauche renoncer b son glorieux passé, détruire cette belle coaroooe de sagesse et de fidélité qui depuis plus d'an quart de siècle brille sur sa tête auguste, se jeter b leurs pieds et lâche et craintif courber son noble front sous le joug des rebelles. Déjà dans leur délire, ils criaient b la victoire. Et comment ne rougissaient-ils pas, ces hypocrites, eux qui, il y a près de deux ans, s'unissaient h tous les Belges pour offrir h notre auguste Souverain l'hommage de leur admiration et de leur amour pour la haute sagesse qu'il avait fait éclater depuis 35 ans et pour son inviolable fidélité b notre Constitution Ne comprenaient-ils donc pas l'injure qu'ils faisaient notre Roi bien-aimé, en le supposant capable de porter la moindre atteinte h cette Con stitution qu'il a juré d'observer? Si la baine contre l'Église et ses miuistres a pu un instant les aveugler au point de se croire victorieux, au moment où ils donuaient au monde le honteux spectacle de leur défaite, aujourd'hui du moins ils doivent s'aper cevoir que les pavés qu'ils ont lancés la majorité de la Chambre et la Constitution vont retomber sur eux-mêmes pour les écraser, et qu'ils serviront h jamais de monument de leurs tendances révolu tionnaires. Le Roi a parlé; dans une lettre, écrite avec cette prudence et ce tact admirables qui le distinguent, il fait connaître ao pays sa manière de voir sur la triste lutte qui agile la Beigiqae. Cette apprécia tion royale, nous lie craignons pas de le dire, est an blâme infligé b la minorité de la Chambre, qui a provoqué les désordres, et un éloge pour la majo rité dont l'attachement au Roi et b la Constitution, le dévouement au bonheur de la patrie, et l'esprit de sagesse et de modération, font l'espoir et la consolation de notre auguste Souverain. Les feuilles libérales ont beau interprêter cette lettre en leur sens, l'expliquer h leur mode, comme ils ont expliqué la loi, leurs mensonges ne feront plus de dupes. L'explication quasi-officielle de la missive royale que nons trouvons dans YÊmanci- pation.etque nous publionsplosloin, ne permettra pins a personne de douter encore de l'estime et des sympathies de notre Roi bien-aimé pour la majorité actuelle de la Chambre et de sa hante approbation de la conduite qu'elle a-tenue. Tous les vrais Belges, adopteront, dans cette circonstance comme dans tant d'autres, les vues de Celui dont, depuis 26 ans, ils admirent la profonde sagesse; et si les clameurs furibondesles vociférations impies des émeutiers et les actes de vandalisme dont Bruxelles, Anvers, Jemmapes et Monsont été les théâtres, ont pu les émouvoir. Si les mensonges de la presse maçonnique ont pu les égarer nn moment, ils sauront revenir maintenant b leurs premières convictions; b mesure qu'ils s'éclaireront sur le bat et la portée de la loi, b mesure qu'ils en apprécieront mieux les avantages, b mesure aussi se dévoileront les détestables intentions et les odieuses menées du parti qui s'y oppose avec tant de violence. Les calomnies mêmes et les mensonges que ce parti invente pour égarer l'opinion publique sur l'esprit et le sens de la loi, pour rendre celle-ci odieuse b la population par les conséquences absur des et détestables qu'il lui donne, feront voir avec d'autant plus d'évidence que cette loi n'est qu'une occasion dont il a voulu se servir pour assouvir sa baine contre la foi, le clergé et contre tontes les institutions religieuses; et quand un jour la bour geoisie et la classe nécessiteuse sauront que la majorité de la Chambre a voulu par son vote accorder au riche le moyen et la liberté de perpé tuer ses bonnes œuvres, d'assurer au pauvre et b l'infirme, au vieillard comme b l'enfant des aumônes durables, alors justice sera faite. Ils n'auront pour le parti de la loge que dégoût et mépris, pour lenrs bienfaiteurs amour et béné dictions. Le mensonge et la calomnie, l'unique arme que le parti maçonnique sait manier avec adresse, sont mis en œuvre pour séduire, égarer l'armée belge, depuis le succès obtenu par ces moyens sur la bourgeoisie et les adeptes des loges. Voici entr'autres, ce que le parti de l'émeute dit aux soldats Vous avez été obligés de quitter vos familles, vos travaux, pour prendre les armes et voler vers la capitale.... Eh! bien,c'était unique ment pour défendre les moines au prix de votre sang! Voos avez dû camper en pleio air, coucher sur la dure.... c'était pour protéger cette canaille de calotins, de crétins, qui veulent se rendre maîtres de tout, et vous traiter en esclaves Ils ne connaissent pas l'armée ceux qui lui tiennent ce langage. L'armée est trop instruite pour ajonter foi b ces mensooges; l'armée sait trop bien que les sourdes menées et l'émeute des pseudo-libéraux ne tendent b rien moins qu'b la destruction de nos libertés, de la Constitution, qu'au renversement du Trône de Léopold I"! L'armée sait trop bien que le langage que ces gens lui tiennent, est un langage hypocrite; elle n'a pas oublié qu'ils ne désirent rien tant que de la voir disparaître, puisqu'ils la considèrent comme l'obstacle inexpugnable contre leurs menées révolutionnaires, comme la sauvegarde sûre et fidèle du Trône, de la Dynastie, de la Constitution, qu'elle a juré de défendre. Qu'ils fassent! Ils y perdront leur temps et leur peine. Un seul sentiment anime l'armée toute entière: La fidélité an Roi qui a toute sa confiance et qui jamais, quelques soient les motifs qui le guident, ne fera en vain appel b son dévouement. L'armée sait obéir, mais ne raisonne pas L'armée u'a que du dédain, du mépris, de la pitié pour ces hommes, dont le mensonge est la tactiqueles pavés les armes, et l'émeute le dernier expédient. S'il reste au parti maçonnique, non pas du patriotisme, mais quelques débris de point d'hon neur politique, il faut qu'il se bâte de revenir sur ses pas et de quitter la voiedép'orable dans laquelle ses chefs ambitieux l'ont lancé^et s'obstinent b le faire marcher jusqu'au bout. Un fait désormais acquis c'est que la conduite folle et coupable de ce parti, est hautemeut condamnée par tout ce qu'il y a de respectable en Europe. Ainsi en France, par exemple, si l'on excepte les feuilles démagogiques qui approuvent et le Journal des Débats leur récent allié qui excuse, tous les grands organes des différents partis, jour naux et publications catholiques, légitimistes, orléanistes, bonapartistes, libéraux et conservateurs, VUniversel, l'Ami de la Religion comme la Revue des deux MondesV Assemblée Nationale et YUnivers comme le Constitutionnel et la Patrie, tous b l'envi émettent le blâme le plus sévère sur les odieuses menées du libéralisme maçonnique de notre pays. Il est te! homme d'État de Francefameux libéral, qui flétrit cette conduite du parti, comme insensée et stupide. Les extraits que nous avons donnés des feuilles protestantes, la Kreuszeitung de Berlin, la Gazelle d'Augsbourg et VÊcho de la Haye, ont fait connaître b nos lecteurs ce qu'en Hollandeen Prusse, en Allemagne l'on pense et l'on dit de nos sages libéraux dont on est cependant loin de con naître tous les exploits. Enfin pour que rien ne manque b cette désap probation générale, le gouvernement impérial d'Autriche, pour répondre au sentiment public, vient d'interdire le principal organe de l'émeute l'Indépendance belgedans toute l'éteudue des pays soumis b l'Empire. Le parti maçonnique écoutera-t-il la voix de l'Europe? Reviendra-t-il de son aveuglement fatal qui le pousse b vouloir entraîner la patrie dans l'abîme qu'il se creuse? Lui faudra-t-il la condamnation de la copscience publique indignée qui lui demandera compte des infâmes moyens qu'il a mis en œuvre pour l'égarer? Lui faudra-t-il le réveil énergique de l'instinct religieux et con servateur du pays? Nous le verrons. LA LETTRE ROYALE ET LES PARTIS. Le Roi s'adresse au pays et aux partis. Nous croyons que le pays, qui désire l'ordre, le calme et l'usage régulier des libertés constitutionnelles, écoutera la parole du Roi et accomplira ses désirs. Les hommes modérés des partis feront comme le pays; mais nous craignons qne ceux que la passion égare et qu'un but d'ambition domine, tout en accordant aux conseils de la Couronne un respect hypocrite, ne repoussent ces conseils de modéra tion et de réserve, eu continuant l'agitation factice et révolutionnaire, dont le prétexte pourtant leur est enlevé et b laquelle le Roi voulait imposer le silence et le calme. Quel est le sens général et politique de la lettre du Roi? Il demande la majorité, dont le vœu doit être son guide, un acte généreux digne d'un grand parti et du patriotisme dont cette majorité a fait preuve toujours; cet acte généreux, c'est l'ajournement de la discussion de la loi sur la bien faisance. Le Roi sait que ce conseil sera suivi. Il demande b l'opposition la modération et la réserve; il désire le maintien du ministère; il fait comprendre qu'il considéré la dissolution et toute mesure destinée b fixer la suprématie d'une opinion sur l'autre, comme un danger public. L'opposition aura-t-elle la moindre déférence pour les idées, les conseils et les vœux de la Royauté? Nous verrons; mais il ne paraît pas qu'elle y soit disposée. Le motif ou le prétexte de l'agitation a disparu, puisque la loi est ajournée, comme le demandait M. Frère; mais l'agitation paraît bonne b la gauche; on veut la perpétuer; on dira aux communes de continuer un pétitionnement désormais saos objet réel, aux conseils provinciaux de faire des adresses on ne sait plus pourquoi; car on veut renverser le cabinet et escalader le pouvoir sur les ruioes du régime représentatif, violé et compromis par l'illégalité et par la violence. Les journaux de la gauche foDt de la lettre royale des commentaires contre lesquels la raison proleste. Le Roi a dû tenir un langage qui ne découvrît pas la Royauté vis-à-vis des partis. Il a dû nser d'une circonspection et d'une prudence que sa position constitutionnelle lui commandait. Nous avons tout b l'heurerésumé lesens politique et général de ce document remarquable. Entrons dans quelques détails pour montrer avec quelle bonne foi les journaux de la gauche interprètent la pensée de la.Couronne. Le Roi déplore les incidents qui ont suivi nue discussion longue et animée. Il parle des difficultés que les débats parle mentaires (il ne dit pas la loi, mais les débats) ont fait naître, pour la première fois depuis 26 ans. C'est que c'est la première fois, depuis 26 ans, qu'on est sorti des voies représentatives et parle mentaires, que c'est la première fois que la tribune a été fermée, nne loi déchirée dans ta rue, l'usage des libertés constitutionnelles menacé et suspendu. Le Roi ne veut pas et ue peut pas porter on jugement sur la loi, mais en disant Je n'aurais jamais consenti donner place dans notre légis lation une loi qui aurait pu avoir les funestes effets qu'on redoute, il exprime assez clairement sa pensée: il n'y aurait jamais consenti; or, il a autorisé ses ministres b présenter la loi; il leur déclare qu'ils ont agi avec la plus grande loyauté et la plus entière bonne foi. N'est-ce pas affirmer que, si la loi 8vait dû avoir ces funestes effets qu'on redoute et les conséquences fâcheuses que l'on y a attribuées, il n'en aurait pas autorisé la présen tation, il n'aurait pas consenti b ce qu'une pareille loi eût pris place dans notre législation Cela est clair, et l'Indépendance est d'une déloyauté audacieuse en donnant b ce passage l'in terprétation qu'elle y attache. Le Roi achève sa pensée, avec un tact d'expres sions remarquable, quand il parle de ces émotions rapides, contagieusesdont la propagation se

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2