Voici comment M. Tejada a traite' cette matière La question, messieurs, est très-grave, très- importante, si importante que, selon moi, nulle ne peut lui être comparée, ni celle de la réforme politique, oi celle d'un changement complet des institutions politiques. La raison en est simple; s'il s'agissait d'une réforme politique, il s'agirait d'in térêts transitoires, comme le sont tous les intérêts politiques; et si l'on se trompait dans la solution d'une question de cette nature, l'erreur serait passagère et n'affecterait qu'une seule génération; mais dans la question de l'instruction publique se trouvent engagés les intérêts non-seulement de la génération présente, mais des générations futures. Qu'est-ce qu'un projet d'instruction publique? C'est un projet où sont filés les principes qui doivent servir h diriger l'intelligence et la volonté de l'homme. Instruire, c'est enseigner ce que l'on doit croire, ce que l'on doit penser sur l'ordre de vérités qui doivent servir de règle h la vie et l'intelligence de l'homme. Or, l'homme ne sait que ce qu'on loi enseigne et agit conformément ce qu'il sait par conséquent, la vie entière de l'homme doit marcher d'accord avec ce qu'on lui eoseigne, et la société étant la réunion des individus, la société sera ce qu'est l'individu, la société h venir sera ce qu'est la société présente. Je dis que l'instruction publique s'occupe des principes qui doivent diriger l'individu dans les divers ordres de vérités. Parmi ces ordres, la pre mière place est naturellement assignée h celui de la vérité religieuse, et c'est pour cela que je dis que les intérêts, en ce sujet, ne sont pas seulement de ce monde, mais encore de l'autre partant, la seule chose que je viens combattre, comme l'a fait M. Orobio, c'est la Révolution. La Révolution, trop prévoyante, hélas! a parfaitement compris que, pour étendre son domaioe, elle devait s'appuyer sur l'instruction publique. a Elle a très-bien su qu'en empoisonnant la source on empoisonne le courant, et que, le mal s'étendant, car la Révolution cherche constamment le mal, le monde serait k elle. Aussi, depuis nos quatre-vingts dernières années particulièrement, la Révolution a empoi sonné la philosophie avec le rationalisme, l'histoire avec le mensonge, et détruisant ainsi dans l'homme la vérité qui doit diriger sa raison et sa mémoire, elle lui a inoculé l'erreur: et le mal a pu pénétrer dans tous ses pores. Bien des individus, assurément, ont échappé k cette règle je crois plus, je crois que le monde en général, et l'Espagne en particulier, sont dans une voie de réaction; je crois que les grands mani causés par les révolutions antérieures ont ouvert les yeux k beaucoup d'hommes de bien, et, détruisant le principe des idées absolues, ont rétabli peu k peu ce que j'appellerai l'équilibre de la raison. Quel est le principe fondamental proclamé par la Révolution dans l'instruction publique? Le ra tionalisme, c'est-k-dire la souveraineté absolue de la raison, qui, depuis la réforme de Luther d'abord, et ensuite depuis la révolution française, a pris un caractère effrayant, parce que, considéré comme une doctrine, c'est une théorie connue du commun des hommes; mais ses conséquences ne le sont pas autant, et je vais les signaler. Celui qui affirme la souveraineté de la raison ne se croit obligé de croire que ce que sa raison lui dit de lk la guerre contre la religion, de Ik tous les protestanlisraes et toutes les hérésies. Voila pour l'ordre religieux. Dans l'ordre politique, si ma raison est souve raine, il n'y a de vraie politique pour moi que la politique que je veux de l'a cette perturbation, cette dislocatioo de partis, ce chaos où personne n'a de principes connus. Avec uoe pareille doctrine, moi qui vous parle, je ne sais pas ce que je suis en politique et tous les hommes honorables k qui vous demanderez ce qu'ils sont vous diront la même chose que moi. C'est lk l'origine de la perversion du seotiment artistique et littéraire, la source de ces productions absurdes et immorales de notre siècle. De lk aussi la souveraineté absolue de la volonté; car dès l'instant que je puis penser ce que je veux dans tous les ordres de vérités, je puis aussi faire ce que je veux, puisque tout ce que je pense est certain. Voyez le scandale de ces écoles qui se sont élevées et qui disent qoe le bien c'est le mal, que Dieu c'est le mal, que la propriété c'est le vol. Voilk l'ennemi qoe le gouvernement a k com battre, les armes qu'il a pour le combattre sont celles que l'Église lui donne. La seule arme contre l'erreur c'est la vérité, contre le mal c'est le bien, et l'Église a le bien et la vérité. Aussi les hommes qui comprennent l'ordre sont venus réclamer dans toute l'Europe l'intervention directe du clergé dans l'instruction publique, sans penser par lk accorder un privilège k ce corps, mais parce qu'il est le représentant de l'Église. Les rationalistes affectent de méconnaître celte vérité; ils disent qu'on veut protéger une classe qui oe cherche qu'k dominer et k s'emparer de l'argent de tout le monde, et ils n'oublient pas d'appuyer leur dire sur une histoire aussi fausse que volumineuse. Contre tout cela, il faut prendre les principes de l'Église il faut au clergé une intervention juste et nécessaire dans l'éducation de la jeunesse. Selon moi, le clergé doit avoir une liberté absolue pour donner l'instruction primaire. Il n'y a là ni honneur ni profit, et ou mercenaire ne saurait bien la donner. Quant k l'enseignement secondaire et supérieur, je désirerais la franche intervention de l'Eglise daos la désignation des professeurs et des livres, et sa scrupuleuse surveillance. C'est mon opinion; ce u'est que mon opiuion. Elle peut paraître exagérée, aussi ne fais-je que la présenter. Mais ce que je demande avec instance k la commission et au gouvernement, c'est, lorsque ce projet sera devenu one loi, de mettre k exécution la base qui propose de confier l'enseignement pri maire aux instituts religieux. Le gouvernement, certes, n'y perdra rien pour cet enseignement, la charité fera mieux que des instituteurs mercenaires. Bientôt il ne sera plus permis aux catholiques de prier le Grand-Orient, par l'organe de l'Obser vateury mettra obstacle. Celte feuille déver gondée écrivait, en effet, il y a quelques jours, un article du voltairianisme le plus lubrique pour se moquer des chrétiens qui ont l'audace de prier et de communier en réparation des outrages faits tous les jours par une presse licencieuse k la bonté divine. La confiance des catholiques dans la miséricorde du Seigneorles dogmes les plus sacrés, les hommages rendus k Dieu, tout cela sert de prétexte aux railleries impies de quelques misérables folliculaires, qui croient faire preuve de civisme en blasphémant, semblables en ceci aux malheureux qui ajoutent au vice de l'ivrognerie le vice du blasphème. Plaignons les, car ils excitent en même temps le dégoût et la pitié! [Pairie.) Il paraît que l'opinion catholique, voulant venger M. Nothoinb, ministre de la justice, des calomnies et des outrages dont il a été en butte de la part du parti libéral, a résolu de faire élire ce haut fonctionnaire représentant de S'-Nicolas, en remplacement de M. de 'T Serclaes, nommé gou verneur du Limbourg. Si ce projet existe, nous y applaudissons de tout cœur, et nous le seconderons de tous nos efforts. Ce serait un éclatant hommage rendu k l'estimable conseiller de la Couronne, dont le talent, la loyauté et la fermeté ont naguère mérité le témoi gnage le plus sympathique de la majorité parle mentaire. Parmi les affaires qui seront soumises au Conseil Provincial de la Flandre Occidentale pendant la session de 1857, nous remarquons les objets sui vants qui intéressent particulièrement l'arrondis sement d'Ypres Projet de pavé de Rousbrngghe-Haringhe a Crombeke. Route de Boesinghe nu pavé d'Ypres k Pilkem. Lundi a eu lieu, k Tournay, l'élection d'un sénateur, en remplacement de M. R. Pollet, décédé. M. Ch. Sacqueleu a été élu par 1,398 voix sur i,4o5 votants. Il n'avait pas de concurrent. Depuis quelques jours, on parle beaucoup, dans le monde littéraire et politique, d'un écrit de M. le vicomte de Melon, qui traite de la loi sur la liberté de la charité en Belgique et qui paraîtra demain daos le Correspondant, publication men suelle. On a bien voulu me communiquer une épreuve de ce travail, où la question qui agite votre pays est traitée avec une grande hauteur de pensée et une dialectique irréfutable. M. de Melunpartisan de la charité libre, dé plore les obstacles violents que les prétendus libéraux belges ont suscités contre une loi qui consacre simplement ce qui existe, a la satisfaction des riches qui donnent et des pauvres qui reçoivent, dans tocs les pays policés de l'Europe, en France, en Angleterre, aux États-Uni», en Allemagne, partout, en un mot, sauf sur cette terre jusqu'ici propice k la liberté, k la tolérance la Belgique. La conclusion de l'auteur est, toutefois, modérée et conciliante il conseille au gouvernement, k la majorité conservatrice, qui pratique réellement la liberté lorsque les libérauxmalgré toutes leurs protestations, la foulent aux pieds et la sacrifieot k leurs ambitieuses convoitises, il conseille, dis-je, le retrait de la loi qui a servi de prétexte aux hommes de révolution chez vous, de même qoe les élections viennent de servir, k leur détriment, k lenr confusionde prétexte aux jacobins et aux socialistes de France. La conduite des amis des pauvres, dit M. de Melun, vaudra mieux, contre le parti révolutionnaire belgeque toutes les lois et décrets législatifs. Qu'ils soient plus fiers de leur défaite qu'ils ne l'eussent été de leur triompheQu'ils s'honorent d'être confondus dans une même haine et dans un même outrage avec ce qu'il y a de plus véoéré, de plus admirable sur la terre, avec le frère des écoles chrétiennes, la fille de Saint-Vincent-de-Paule, les petites-sœurs des pauvres.... Qu'ils imitent ceux dont ils ont eu l'honneur de partager le sort. Le lendemain de l'émeute, la sœur retournait tranquillement k son hôpital, le frère k sa classe, prêts k soigner les malades, k instruire les enfants de ceux qui les avaient frappés et maudits. Eux aussi, qu'ils demeurent k leur poste, qu'ils res- tent fidèles k la modération, k la justice, k la vérité; qu'ils continuent, même au risque de nouveaux outrages, k défendre les intérêts des pauvresk poursuivre la conciliation entre l'Eglise et l'État.... Tôt ou tard, l'orage passera, les passions feront silence, la loi de charité retrouvera son heure et son vote; ceox-lk même qui la combat- tent en seront peut-être les promoteurs UN SAVANT CHRÉTIEN. La vraie science conduit Dieu; la demi-science rend l'homme orgueilleux et l'éloigné de son principe. La science vient de faire une grande perte dans la personne de l'illustre Chimiste, M. le Baron Thénard. Ses obsèques viennent d'avoir lieu k Saint- Su! pice, k Paris. Toutes les illustrations scientifiques de la capitale se pressaient autour du cercueil de ce grand et admirable savant on y voyait aussi, et ce spectacle n'était pas moins touchant, les représen tants des œuvres charitables qu'aidait la générosité de M. Thénard. Au milieu de la messe, le vénérable curé de Saint-Sulpice a pris la parole et a redit, dans un simple et beau langage, les vertus chré tiennes qui s'alliaient chez l'illustre chimiste, au génie et a l'étude.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2