le vicomte Vilain XI11I, Ed. Mercier, Alph. Not-
bomb, lieuienant-géoe'ral baron Greindl, Aug.
Dumon, ministres des affaires étrangères, des finan
ces, de la justice, de la guerre et des travaux
publics.
Le second arrêté royal, également contresigné
par M. de Decker, nomme, en qualité de ministre
de l'intérieur, M. Ch. Rogier, membre de la
Chambre des représentants.
Un troisième arrêté royal, contresigné par M.
Rogier, ministre de l'intérieur, accepte la démission
offerte, sous la date du 3i octobre dernier, par M.
P. de Decker, de ses fonctions de ministre de
l'intérieur.
Enfin, d'autres arrêtés royaux,également contre
signés par M. Rogier, nomment
M. V. Tesch, membre de la Chambre des
représentants, ministre de la justice;
M. le baron Ad. de Vrière, gouverneur de la
Flandre occidentale, ministre des affaires étrangères;
M. Frère-Orban, membre de la Chambre des
représentants, ministre des finances;
Le général major Ed. Berten, ministre de la
guerre.
A la suite de ces arrêtés royaux, le Moniteur en
publie un autre de même date portant que M.
Partoes, secrétaire général du ministère des tra
vaux publics, a été chargé provisoirement de la
gestion des affaires de ce département.
1 Qra-
Le bruit courait hier après-midi, qu'une dépêche
télégraphique avait annoncé la nomination de M.
Alph. Vandenpeereboom représentant d'Ypres,
comme ministre des travaux publics.
Le libéralisme a ses tartuffes comme ses
ènerguménes. Les premiers sont beaucoup plus
dangereux que les seconds. Avec ceux-ci,
impossible de se méprendre. Ils blasphèment
ciel ouvert et affichent hautement la prétention
d'étouffer le catholicisme dans la boue.
Les premiers iétouffent, énervent, en affec
tant de respecter la religion de leurs pèrespour
que la religion ne soit qu'un vain mot, que le
clergé soit un épouvantait permanent pour le
peuple, et queux mêmes cumulent les honneurs
de la vertu avec les bénéfices de leur impiété.
C'est leur adresse que M. de Potier a écrit la
page suivante
Les ennemis réels des catholiques sont les
non-croyants qui font comme s'ils croyaient;
qui se confessent ostensiblement, une fois l'an,
comme l'ordonne l'Eglisedont ils se moquent
et qu'ils travaillent anéantir; qui assistent
régulièrement aux messes d'obligation, pour
que leur curé, qu'ils méprisent et contre-carrent
le plus possible, n'ait rien leur reprocher en
public qui se marient l'église afin de paraître
mariés aux yeux des personnes religieuses
commerce; les hôtels étaient fermés l'araignée
faisait sa toile aux fenêtres des plus riches demeures;
les boutiques, h demi closes, n'offraient que de
maigres marchandises leurs rares acheteurs; on
ne voyait plus, au seuil des artisans, les femmes et
les jeunes filles babillant avec gaieté, pendant que
leurs doigts entrecroisaient les fuseaux légers de la
dentelle; tout était glacé sons un souffle de mort, et
quelques groupes avinés, chantant les airs sangui
naires de l'époque, interrompaient seuls ce funeste
silence.
Hélène arriva, sans avoir été remarquée, jusqu'à
la forge de Brutus Grauier; elle la traversa sans
observer le désordre qui y régoait les fourneaux
éteints, l'enclume rouillée, les soufflets déchirés,
tout attestait les préoccupations du maître du logis.
Geneviève ouvrit une porte vitrée, qui donnait un
peu d'air et de jour une cuisine sale et délabrée;
des pots de bierre et de vin étaient éparssur la table,
des piques et des fusils s'amoncelaient sur le pavé,
auxquelles ils contestent le droit d'agir dans
le sens de la religion comme elles la compren
nent; qui Jont baptiser leurs enfants, et les
envoient au catéchisme pour les préparer
l'éducation qu'ils leur feront donner plus tard
par les Jésuites et les religieuses, qu'ils traînent
chaque jour dans la boue; et qui sont bien
décidés ne mourir que munis des secours
spirituels que le catholicisme administre ses
fidèles, et qu'ils ont passé leur vie ridiculiser.
Voilà ceux qui, feignant de respecter le
catholicisme, font aux catholiques, et nommé
ment a leur clergé, la guerre la plus acharnée
et la plus redoutable, parce quelle est sourde,
cachée, parce quelle est déloyale, parce que ses
meneurs font bénir par l'église elle-même les
armes dont ils se servent afin de la dompter,
de se la prostituer, d'en faire pour eux-mêmes
un instrument de domination et de jouissances
sans crainte ni soucis.
Car l'église n'est leurs yeux qu une société
d'assurances sous la raison Religion le salaire
payé aux prêtres est la prime qu'ils accordent,
et les égards qu'ils témoignent extérieurement
pour le culte sont les moyens de conserver
l'entreprise la force morale dont elle a besoin
pour sauvegarder leur exploitation et protéger
leur sommeil.
Les catholiques qui comptent, nous ne
disons pas sur ces gens-là, mais avec ces gens-
là, sont dignes d'eux et tomberont avant eux,
aussi ignominieusement que ces gens tomberont
eux-mêmes.
C'est pour ces libéraux, que les Pierre,
les Paul, les Jean, les Boniface et les Jacobus
publient des pamphlets plus ou moins pseudo
nymes, et qu'on ressuscite des écrits depuis
longtemps oubliés, car il ne s'agit pas de dévoi
ler l'infamie du mensonge, de prémunir contre
les dangers en vogue, de faire ressortir les
incertitudes de la foi le point capital, le seul
point même est de dénicher les moines, d'ache
ver la défaite du parti clérical, et de ravaler
l'Église au niveau de la police.
(Journal de Bruxelles.)
l'abstention.
Quoiqu'il arrive de la crise ministérielle que
nous traversonsla théorie de l'abstention en
masse, de l'inertie absolue de l'opinion conser
vatrice, émise par quelques journaux, nous parait
dangereuse et impraticable. Il est difficile de s'ex
pliquer comment elle a pu s'emparer d'intelligences
d'élite, s'occupant de politique avec talent depuis
un grand nombre d'années.
A quelle opinion conseille-t-on ainsi de déposer
les armes sans combat, de déserter au moment dn
danger? C'est cette opinion qui, par le jen
régulier de nos institutions, sans secousse, sans
violence, sans émeute, a reçu depuis sept ans, et
dans cinq scrutins successifs pour 4es élections
générales, en i85o, i85i, i852, i855 et i856,
a reçu, disons-nous, du corps électoral la consé
cration la plus éclatante; c'est h l'opinion qui, h
et Granier, assis auprès d'une petite fenêtre, aux
rideaux sordides, s'efforçait de déchiffrer un de ces
pamphlets que Paris chaque jour semait dans les
provinces. En entendant grincer la porte, il se
tourna brusquement: Hélène entra seule, et leva
timidement les yeux vers cet homme trapu, h la
mine basse et féroce, cet homme d'où relevait le
sort de sa mère!
Que veux-tu, citoyenne? loi dit-il d'une
voix brève.
Monsieur
Qu'est-ce que c'est?... monsieur! Et b qui
crois-tu donc parler? Hein
Citoyen pardon... Je suis la fille de mad...
de la citoyenne Cursy, qui a été emprisonnée la
nuit dernière, et je viens...
Quoi faire? répondit-il avec dureté; car
Hélène, tremblante, ne pouvait trouver les paroles
auxquelles sa vie était suspendue.
Vous demander votre protection aoprès dn
tribunal.
l'heure qu'il est, compte une imposante majorité
dans les deux Chambres, b l'opinion qui, dans la
Chambre des Représentants seule compte 64 voix
contre 44 Vit-on jamais, dans ces conditions, un
parti politique abdiquerse retirer devant le
danger, s'incliner devant les conséquences de
l'émeute, laisser le champ libre b ses adversaires
dont le règne doit être fatal au pays?
De quel nom s'appellerait une semblable con
duite, et quelle responsabilité ne pèserait pas sur
ceux qui l'auraient conseillée et tenue?
Quand un parti s'abstient-il? c'est, comme le
disait naguères VA mi de l'Ordre, lorsque la
Révolution a tout emporté, les lois, les institutions,
le trône. Mais tant que le règne des lois n'est pas
aboli, tant que les institutions conservent une
existencene fût-elle que nominalecous ne
devons ni déserter nos droits, ni faire défection au
pays. Nous ne le devons pas, nous ne le pouvons
pas.
Demander b la majorité parlementaire et b
l'opinion conservatrice de se retirer en masse de la
lutte, c'est vouloir en même temps que la presse
conservatrice s'abstienne, qu'elle se taise, en un
mot qu'elle soit supprimée de fait. La presse en
effet, n'a de raison d'être que pour autant que les
principes qu'elle défend soient destinés b aboutir.
A quoi bon des journaux conservateurs si les
hommes de ce parti s'effacent et quittent volon
tairement la scène politique? Les journaux qui
prêchent l'abstention sont-ils également décidés b'
cesser de paraître?
Nous savons où tendent nos adversaires; ils
réclament la dissolution, et pour eux, la dissolution
c'est une révolution déguisée. Est-une raison
pour leur céder le terrain? mille fois non!
Nous le répétoos quoi qu'il arrive, cette théorie
de l'abstention, dangereuse parce qu'elle encourage
des adversaires implacables, cette théorie ne doit
pas, ne peut pas être admise. L'opinion conserva
trice est appelée b remplir un rôle plus digne,
plus courageux, plus utile au pays. Si l'absurde,
si l'impossible se réalisent; si au cœur de l'hiver et
dans l'état de surexcitation des esprits, la Belgique
doit subir une nouvelle tourmente électorale, alors
qu'une année b peine s'est éconlée depuis le
renouvellement de la moitié des Chambres et que
huit mois seulement nous séparent du moment où
l'autre moitié doit subir l'épreuve du scrutin si,
en un mot, la dissolution est imposée b la couronne,
l'opinion conservatrice prouvera b ses adversaires
qu'elle a confiance dans la bonté de sa cause, qu'elle
ne fuit pas, quand les institutions sont menacées;
elle luttera, dut-elle succomber b la tâche, car la
lutte sera une protestation contre les usurpations
commises par nos adversaires; elle luttera, et nous
1 espérons bien, elle prouvera b ses calomniateurs,
qu'elle a de profondes racines dans le pays, qu'elle
Rien que cela? interrompit-il en ricanant;
vraiment! je connais ta mère, citoyenne.
Vous la connaissez! je puis donc tout espérer!
Vous savez alors qu'elle est la meilleure, la plus
charitable des femmes, que jamais un malheureux
n a sollicite en vain sa compassion que son indul
gence, sa piété s'étendaient b tous...
Ta, ta, ta, voilb bien des paroles! Apprends,
citoyenne, que tous ces mots compassion, charité,
pitié, sentent leur ancien régime, et sont furieuse
ment aristocrates... Tous les hommes sont égaux,
petite, et personne n'a plus besoin d'inspirer de la
pitié; le règne de la fraternité commence... Guerre
aux châteaux, paix aux chaumières! voilb notre cri...
Du reste, quand j ai dit que je connaissais ta mère,
je voulais dire que je n'ignorais pas ses menées:
elle regrette les églises, les robes noires, et on l'a
vue pleurer le jour de la mort de Capet... Ne va
pas nier j'en suis certain.
Citoyen a* balbutia Hélène, terrifiée par cette
longue diatribe.