41 me Année.
No 4,203.
7ÎÎ.2S; 9 Janvier.
L'immixtion du clergé dans la politique,
c'est pour nos libéraux l'abomination de
la désolation; c'est leur thème favori, sur
lequel ils brodent depuis des années, des
variantes en tous les tons et demi tons de
la gamme maçonnique. La pensée seule
d'un prêtre qui s'occupe de politique, leur
agace les nerfs et s'il leur était possible, ils
refuseraient aux membres du clergé les
droits politiques du citoyen belge, tout en
leur imposant les charges et les devoirs
inhérents celte qualité.
Voici cependantcomment parle sur cette
matière un homme d'Etat, reconnu par les
libéraux pour l'un des plus capables, des
plus dévoués leur parti.
Dans la séance de la Chambre du Piémont
endateduôi décembre,le comte de Cavour
a pris part aux débats et s'est exprimé en
ces termes
L'immixtion du clergé dans la politique
a des inconvénients, tout en ayant de
bonnes conséquences. Dans tous les pays
libres, le clergé a toujours pris part aux
luttes politiques; cela s'est vu en Angle-
terre, en Amérique et en Suisse. Loin de
moi la penséedevouloirl'exclure! Vivant
dans un milieu de liberté, le clergé en
prend les goûts insensiblement; c'est
une compensation beaucoup d'incon-
vénients. Cetlx qui sontentrésau Parle-
ment avec des passions cléricales, se
transformeront en conservateurs consti-
lutionnels. Le parti conservateur est un
élément nécessaire dans le système con-
stilulionnel c'est lui qui modifie et règle
le mouvement.
a Dans de certaines circonstances, j'ai
applaudi aux efforts du clergé, et notam-
ment pour la révolution de Belgique,
a l'émancipationdescatholiquesenIrlande,
a l'abolition en Suisse de la pénalité pesant
a sur quiconque se fesail catholique, a
Ces paroles seront-elles du goût de nos
libéraux? Nous en doutons fort; ce qui est
hors de tout doute, c'est qu'elles n'auront
pas l'assentiment du chef du libéralisme
Yprois, qui n'applaudissait guères en 1830
la révolution de Belgique, mais qui au
contraire a toujours conservé un respect
protestant pour le système hollandais ten
dant faire du clergé, un servile instru
ment entre les mains du gouvernement,
transformer le prêtre en fonctionnaire
publiedépendant del'administration laïque
des cultes.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. p0ur m01s-
-
revue politique.
Malgré les brillants succès qui viennent de
couronner les armes britanniques dans l'Inde, la
réduction du royaume d'Oude inspire encore de
sérieuses préoccupations. L'Angleterre, dit une
correspondance de Calcutta, ne possède pas un seul
ami dans celte terrible province où petits et grands,
chefs, rajahs, nenabs, zemindars, trouvent dans
chaque hameau, dans chaque bourgade les éléments
toujours renaissants d'une formidable insurrection.
Avec ses cinq millions d'habitants, tous, Sans
exception, hostiles'a leurs dominateurs, la province
d'Oude est couverte de plus de quatre cents forts
ou forteresses dont la prise ou la destruction coû
tera des milliers d'hommes aux Anglais. Il est,
d'ailleurs, h remarquer que la population se com
pose des hommes les plus belliqueux de l'Inde; la
vigoureuse défense de la ville de Lucknow en fait
foi; c'est cette contrée, en particulier, qui four
nissait k l'Angleterre ses cipayes; chaque habitant
y est accoutumé a la discipline militaire.
Quoiqu'il en soit, cette guerre de l'Inde, ainsi
que l'observe un correspondant du Journal cle
Bruxellesparaît devoir tourner la gloire et k
l'avantage de l'Angleterre. Elle était sertie de la
guerre de Crime'e découronnée de son prestige; elle
aussi a reconquis ce prestige par la manière dont
elle vient de conduire celte campagne de l'Inde.
Ses généraux et ses soldats ont fait de grandes
choses avec peu de forces et dans peu de temps.
Elle a montré de la résolution, de l'énergie, une
foi inébranlable dans sa propre puissance, cet em
pressement k faire les sacrifices nécessaires qui
sauve les causes compromises. Le peuple anglais
s'est conduit comme un grand peuple.
Son alliance avec l'Autriche, en face de l'isole
ment relatif des trois autres Puissances, doit ajouter
eucore k ses moyens d'inflnence. De plus en plus,
elle sépare sa politique d'avec celle de son alliée
de la guerre d'Orient; et par contre des relations
plus intimes ne se sont point établies entre la
France et la Russie, malgré ce que naguère on
s'était cru fondé k dire. C'est ce qui a fait soutenir
au Spectateur, que la France, nonobstant la gloire
de ses armes et le prestige de sa situation, a perdu
son influence en Europe et que l'année 1358 la
trouve affaiblie et livrée k l'isolement. Le Specta
teur prétend savoir qu'il a été signé k Vienne,
entre l'ambassadeur d'Angleterre et M. de Buol un
protocole en quatre articlespar lequel les deux
puissances s'engagent k se porter assistance en cas
d'agression, et k ne rien entreprendre sans s'être
concertées.
Les affaires de Belgique et de Piémont occupent
toujours une large part parmi les questions k
l'ordre du jour en Europe. Un article du Journal
des Débats a causé ces jours-ci une vive sensation.
Feuille libérale et doctrinaire, organe du parti
orléaniste, les Débals défeodent et approuvent
l'immixtion du clergé dans les élections de la
Belgique et du Piémont. On n'a pas oublié la
proposition d'enquête que les Députés sardes
viennent d adopter. Elle est conçue en ces termes
La Chambre reconoait que l'emploi des armes
spirituelles de la part du clergé dans le but d'in
fluer sur les élections constitue uoe violation delà
liberté et que par conséquent cela peut donner
lieu k une enquête. Il est notoire que le comte
de Cavour, en faisant cette lâche concession aux
passions révolutionnaires, n'a eu en vue que de se
inéuager une majorité k la Chambre en s'allachant
la faction radicale. Sa conduite est d'autant plus
odieuse que le gouvernement lui-même avait mis
tous ses agents eu campagne et n'avait rien négligé
pour influencer les électeurs. On sait que des
destitutions ont été prononcées contre des fonc
tionnaires comme châtiment ou d'une défaite ou
d'un acte d'indépendance. On sait que des pro
messes ont été faites, des faveurs accordées aux
électeurs et aux villes dociles et souples; que des
routes, des ponts, des chemios de fer ont servi de
prime et d'appât.
Tandis que la liberté constitutionnelle périclite
eu Piémont sous l'égide du soi-disant libéralisme,
la liberté sociale s'étend dans l'empire russe, grâce
k l'initiative du Czar et de la noblesse moscovite.
C'est en effet la noblesse elle-même des divers
gouvernements qui sollicite tour k tour du pouvoir
impérial l'affranchissement des serfs.
Le Roi de Dauemarck vient de sanctionner la
nouvelle loi qui, en abolissant les anciens privi
lèges dont jouissaient dans ce pays les corporations
de métiers, rend libre, k l'avenir, dans toute
l'étendue du royaume, la main-d'œuvre et l'exer
cice de l'industrie.
P. S. Une dépêche des Iodes annonce la
mort du général Havelock emporté par la dysseu-
terie. Le général Windham avait battu en
retraite sur Cawupore, devant le contingent de
Gwalior, après avoir essuyé des perles considéra
bles; mais le 7 décembre, sir Campbell prenant
une revauche éclatante, avait battu et dispersé ce
même contingent.
M. le colonel Cbarras vient de recevoir
l'ordre de quitter la Belgique. Le Journal de
Bruxelles dit en annonçant cette nouvelle
«Sous le ministère de Brouckere-Faider, le
colonel Charras, qui habitait Bruxelles k la suite de
l'e'vénement du 2 de'cembre i85t, fut obligé de
quitter le pays sur l'injonction de l'autorité.
M. Verhaegen interpella violemment le mi
nistère k cause de celte mesure, lors de la discussion
du projet d'adresse dans la séance du 21 novembre
i854.
Pendant l'administration de M. Nothomb, le
colonel Charras, résidant k La Haye, demanda k
passer quelque temps k Bruxelles pour se faire
guérir d'une infirmité qui menaçait son existence.
Plusieurs représentants s'intéressèrent k lui, et
le comte Félix de Me'rode, entre autres, écrivit en
sa faveur la lettre ci-après k M. Nothomb, ministre
de la justice
Je sais que le colonel Charras, malade k La
Haye, a solicité la permission de venir k Bruxelles
pour être opéré et soigné par le docteur Lausse-
dat, qui a offert de le recevoir chez lui pendaut
son séjour ici.
Dans le cas où vous croiriez nécessaire que de
n nouvelles garanties fussent données pour décider
l'admission sollicitée par le colonel, je vieus vous
offrir de le recevoir chez moi, et je serais heureux
de trouver l'occasion de lui rendre l'hospitalité
qu'il a données k mon fils, il y a dix aos, en
Afrique.
Les démarches du comte de Mérode et de ses
amis furent couronnées de succès, et le colonel
obtint l'autorisatiou de passer quelque temps k
Bruxelles, en 1856, dans l'intérêt de sa santé.
Le même ministre accorda une oouvelle auto
risation au colonel Charras, pour assurer l'impres
sion de son ouvrage sur la campagne de Waterloo,
et lors de sa publication, M. Nothomb permit
encore au colonel de passer quelques semaines k