41 me Année.
Ko 4,205.
S, 16 Janvier.
ATTENTAT
Hier soir liait heures et demie, au moment
où LL. MM. arrivaient l'Opéra, trois déto
nations, provenant de projectiles creux se sont
fait entendre.
Un nombre considérable de personnes qui
stationnaient devant le théâtre, des soldats de
C escorte et de la garde de Paris ont été blessés,
deux mortellement.
Ni C Empereur ni l'Impératrice n'ont été
atteints. Le chapeau de l'Empereur a été
percé par un projectile, et le général lioguet
aide de camp de S. M. a été blessé la nuque.
Deux valets de pied sont blessés.
Un cheval de la voiture de S. M. a été tué
et la voilure brisée par les projectiles.
Plusieurs arrestations ont eu lieu.
Nous venons d'apprendre l'instant
qu'un horrible attentat vient d'être commis
contre la vie de Napoléon. Un aide de camp
est tué, et plusieurs personnes de la suite
de S. M. gravement blessées. A demain les
détails circonstanciés. Il paraît que l'Em
pereur a échappé providentiellement.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
A FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATIIOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
De nouvelles dépêches expliquent la défaite du
général Wiodhara. Resté vainqueur le matin, dans
on combat, qui avait eti lieu a trois lieues de
Cavvnpore, le général était rentré dans ses retran
chements.
Les Indous, ayant reçu des renforts, revinrent
le soir même, pour surprendre les Anglais et
brûler le camp. Les troupes britanniques firent
alors une sortie, mais elles furent écrasées par le
nombre des assaillants. Deux régiments anglais
furent en partie détruits. Le brigadier Wilson et
un major ont été tués.
On ajoute que Sir Campbell a pris sa revanche
de cet échec. Par contre il lui a fallu abandonner
Lucknow et revenir Cavvnpore; tandis que les
cipayes, qui ont repris l'offensive, menacent
sérieusement d'interrompre les communications
entre cette dernière ville et Calcutta.
A l'occasion de la mise en vigueur, en Angle
terre, de la loi sur le divorce, qui est dès aujour
d'hui applicable, l'évêque d'Oxford a fait publier
une lettre son clergé, par laquelle il lui enjoint
de n'accorder d'autorisation de mariage a aucune
persoooe qui a obtenu un décret de dissolution du
mariage aux termes de la loi, si le mari ou la
femme de cette personne divorcée existe encore.
Cette instruction pastorale renferme, comme on
voit, plus qu'une protestation; c'est l'annulation
formelle d'une des dispositions édictées par la loi.
On se demande quelle attitude prendra le
gouvernement, habitué qu'il est b avoir la haute
main dans le domaine des affaires ecclésiastiques
et ne voir dans l'église anglicane que l'humble
vassale de l'Etat. Il est'a craindre toutefois que les
efforts du courageux Prélat ne soient aussi impuis
sants b sauvegarder la dignité de l'Église et la
morale chrétienne au sein de l'anglicanisme, qu'ils
ne le furent naguère, (lors de la discussion de la
RADETZKY.
Le feld-maréchal Radetzky est une des plus
grandes figures militaires de notre époque. Repré
sentant glorieux du priucipe d'autorité et du génie
militaire, unis b la grandeur d'âme et a la fermeté
du caractère, il était le dernier de ces patriarches de
la gloire qui existaient encore, il y a quelques
aunées, en Europe. Radetzky avait eu une destinée
unique dans la vie des grands capitaines; son
illustration avait commencé b l'âge où d'ordinaire
le repos commence pour les vieux guerriers. Il
avait soixante ans lorsqu'il reçut le commandement
de 1' armée d'Italie. Comme le maréchal de Saxe,
c est la fin de sa carrière qu'il remporta sa plus
éclatante victoire.
Radetzky avait fait la guerre contre les Turcs;
il avait pris part aux luttes de la révolution dans les
campagnes où l'Autriche combattait la France.
Pendant les guerres de l'Empire, il s'était acquis
une grande célébrité dans les rangs de l'armée
autrichienne. Il était au nombre de ces hommes si
rares devant lesquels la vieillesse semble reculer. A
loi la Chambre Haute,) a faire prévaloir cette
même morale dans la jurisprudence de l'Angle
terre, où jusqu'alors toutes les institutions avaient
en pour base le Christianisme, sa morale et sa
doctrine.
La Chambre des Députés sardes a terminé la
discussion sur l'éligibilité des chanoines en annu
lant l'élection du chanoine Maroogio, a la majorité
de 83 voix contre 6o. Ce n'est pas que la question
de principe soit ainsi résolue; mais le vote de la
Chambre démontre de quelles dispositions la
majorité se trouve animée. C'est la guerre au
clergé qui continue.
A la suite des derniers troubles de l'Herzégovine,
la Porte a pris toutes les dispositions militaires
qu'exige le rétablissement de la tranquillité publi
que. Sur ce il paraît que l'Autriche et la Russie
auraient donné au gouvernement turc le conseil
de prévenir le mécontentement des populations,
pour n'avoir pas le réprimer, en réalisant enfin
les réformes promises aux Chrétiens et en mettant
un terme a la tyrannie des pachas.
Le ministère espagnol, la suite de la nomina
tion de M. Bravo Murillo la présidence de la
Chambre, a offert sa démissiou la Reine. Ou ne
sait si S. M. aura recours la dissolution des Cortès.
P. S. Nous apprenons que l'empereur
Napoléon III vient d'échapper un attentat
commis sur sa personne. Un personnage de sa
suite aurait été tué.
CONTRE LA VIE
DE L'EMPEREUR ET DE L'IMPÉRATRICE
DES FRANÇAIS.
8o ans il conservait toute l'activité d'un jeune
capitaine.
Surpris par la révolution de i848 au milieu
d'une fausse sécurité, abandonné de la cour de
Vienne, sans finances, sans ressources de guerre,
Radetzky est attaqué par toute l'Italie, il combat a
la tête d'une poignée de troupes et il est victorieux.
L'Autriche est toute dans son camp, pour nous
servir d'une expression d'un des lieutenants, et son
armée est le fondement sur lequel se consolidera le
trône ébranlé de l'empereur.
Il était b Milan lorsque les événements de Paris
et de Vienne eurent leur contrecoup en Italie.
Milan se couvrit bientôt de barricades. La faiblesse
de l'autorité civile allait tout perdre, quand Ra
detzky, en appelant b son épée, mit la ville en état
de siège. La lutte dura cinq jours. Il serait
difficile, dit l'auteur des Souvenirs de la guerre
d'Italie, d'exprimer la rage des soldats autrichiens,
qui recevaient de tous côtés la mort sans pouvoir la
rendre aux insurgés.
Le temps était affreux la pluie n'avait pas un
instant cessé. Le canon se faisait entendre de
toutes parts, mais les boulets étaient sans effet
Vendredi soir g heures.
Il paraît que le ministère Frère-Rogier, qui n'est
pas parvenu b se compléter jusqu'à présent, se
trouve dans une situation assez difficile. A la mine
piteuse qu'il nous offre, on serait tenté de croire
qu'il n'aura pas longue vie. Les chefs du cabinet
portent des noms très antipathiques au pays; ils
personnifient la trop fameuse politique nouvelle,
politique ridicule, dispendieuse, odieuse, despo
tique politique qui fut maintes fois et solennel
lement condamnée par l'opinion publique,et ense
velie sous la réprobation universelle. Dans des cir
constances normales les tristes souvenirs laissés par
ces hommes lors de leur passage au pouvoir les
eussent rendus impossibles; il a fallu des émeutes
et une dangereuse crise pour qu'au grand étonne-
ment du véritable pays belge ces hommes ressusci
tassent de leur tombe pour escalader de nouveau
le pouvoir.
L'opinion catholique et conservatrice qui fait la
force de la Belgique les connaissait assez pour se
mettre b la hauteur des circonstances pénibles que
nous traversions; elle sut malgré tout montrer dans
sur des barricades en pavés de granit. Pour le
vieux maréchal, il dounait ses ordres dans une
petite chambre de la citadelle. Durant six jours
et six nuits, il ne quitta pas ses vêtements et ne
dormit pas un seul instant. Radetzky avait alors
8 i ans.
Venise avait aussi levé l'étendard delà révolte;
Charles-Albert concentrait ses forces sur les bords
du Tessin. Ce n'était plus seulement b une émeute
dans la capitale de la Lombardie que Radetzky avait
affaire, c'était b l'Italie tout entière levée en armes
contre l'Autriche. Le vieux guerrier ne désespéra
pas.
Avec une armée de t5,ooo hommes, il se
replia sur Vérone. Cette retraite dura dix jours.
Elle est une belle œuvre militaire, bien conçue et
admirablement conduite.
Il était dix heures du soir, dit l'historien qui a
raconté cette guerre (le géoéral baron de Schoen-
bals); le mouvement de retraite se faisait en
sileuce avec lecalme auguste desarmées du Nord.
Chaque soldat marchait tristement, songeait b la
patrie lointaine, b la veille, au lendemain, aux