précaution est excessive, attendu qu'en ces matières
le plus humble marchand en sait tout autant qu'un
ministre des finances. Pour la monnaie de billon
fraoçaise, qui est toute récente, la démonétisation
n'est pas a craindre; et si elle pouvait être décrétée,
ce qui est absolument improbable au moins d'ici b
longtemps, la mesure laisserait dans tous les cas
aux détenteurs un délai plus que suffisant pour
l'échange au pair. De ce côté, donc, pas de risques.
Il reste l'or, doot la dépréciation, tant de fois
prédite'et vainement prédite, est encore l'effroi de
certaines personnes qui croient n'être que pré
voyantes et qui sont timides l'excès. Ces person-
nes-lb sont d'ailleurs peu conséquentes lorsqu'elles
expriment b l'endroit de l'or des alarmes si exagé
rées, et qu'elles accepteot pourtant avec empresse
ment tontes sortes de billets de banque. A part la
garantie, un billet de banque n'est en soi, b
proprement parler, qu'un chiffon de papier qui ne
vaut pas un centime, tandis qu'une pièce d'or a une
valeur intrinsèque très-réelle, très-solide et de plus
universellement reconnue, ce qui est un avantage
énorme et qui passe tons les autres. Certainement,
les directeurs des banques sont des hommes parfai
tement honorables et doot la signature sur un billet
au porteur nous parait une très-bonne garantie;
cependant, il ne faut pas oublier que les banques
les plus solides en temps ordinaire sont exposées
ressentir le contrecoup de quelque grande crise, et
que leurs billets peuvent être momentanément
frappés d'une dépréciation telle, qu'elle rappellerait
peut-être le sort des assignats. Ajoutons qu'en
toutes circonstances, les billets de banque subissent
au change b l'étranger une dépréciation très notable,
et qu'il serait peut-être même difficile d'obtenir de
l'argent, en ces moments de crise dont nous venons
de parler, en retour d'autres billets de banque que
ceux de trois ou quatre grands États de l'Europe
qui ont une notoriété universelle.
C'est au contraire aux époques difficiles que l'or
manifeste toute sa puissance. Alors la légère et
insignifiante dépréciation b laquelle il est ordinai
rement sujet disparaît, et il ne tarde pas b s'élever
au-dessus, non-seulement de sa valeur réelle, mais
du taux nominal garanti. Enfin, et c'est Ib ce qu'il
ne faut jamais perdre de vue, il est accepté, pour
cette valeur réelle, dans les cinq parties du monde,
où il est et où il restera longtemps encore la
meilleure marchandise qui soit, après l'argent si
l'on veut, mais encore ne le concédons-nous pas
sans réserve.
Certes, oous admettons que les travaux heureux
des chercheurs d'or doivent, en augmentant sans
cesse la quantité de ce métal sur le marché, amener
un abaissement graduel de sa valeur; mais ce que
nous nions, c'est que cette modification puisse se
produire dans des conditions et dans des propor
tions telles, qu'il en puisse résulter une perte
sérieuse pour les détenteurs. Il faudra plus d'un
demi-siècle avant que les trouvailles des mineurs
de la Californie, de l'Australie ou de l'Amérique
du centre et du sud, aient fourni au monde entier
assez d'or pour les besoins sans cesse croissants de
la circulation. Il y a encore bien des pays où l'on
ne connaît la pièce d'or que de réputation.
Deux journaux de Bruxelles, le Drapeau et le
Crocodile, qui ont osé approuver l'attentat du i4,
sont poursuivis, conformément b la plainte déposée
par le gouvernement français. Le jury prononcera.
L'article du Drapeau, que peu de personnes
connaissaient jeudi, a été, dit VEcho, fort recherché
dans plusieurs estaminets et cafés de la ville.
On raconte que le cheval d'Orsini a été acheté
on officier de notre régiment de guides, et qu'avant
de conclure le marché l'acquéreur s'est assuré b
diverses reprises que les coups de pistolet n'effray
aient pas sa monture. Orsini logeait alors b l'hôtel
de l'Europe, place Royale, sous un nom anglais.
M. le ministre de la justice a déposé sur le
bureau de la Chambre le projet complet de révi
sion du livre second du Code pénal. Ce livre se
divise, comme on sait, en dix titres, dont les deux
premiers se rapportent aux crimes et aux délits
commis, soit contre la sécurité de l'État, soit contre
l'autorité des pouvoi'sétablis, les droits garantis par
la Constitution et les relations internationales.
Les chefs de la gauche ont approuvé la proposi
tion de M. Tesch (empruntée b M. Nothomb)
d'introduire dans la législation belge la poursuite
d'office des offenses par la voie de la presse envers
les souverains étrangers. L Ami de l Ordre dit b
ce sujet
u Combien l'opposition libérale devenue aujour
d'hui gouvernement doit regretter ses emporle-
mentsd'autrefoiscontrecetledisposition législative
En ce temps Ib elle considérait comme uneénormité
la pensée seulement de la poursuite d'office, même
pour des cas extrêmes où l'on peut dire que l'hon
neur du pays est directement engagé. Quelle
tempête de déclamations n'a pas soulevée d'ailleurs
la loi - Faider qui autorise les poursuites sur la
demande des agents diplomatiques des souverains
étrangers! Il en fut de même pour la loi d'extra
dition, trop justifiée néanmoins par la machine
infernale des Jacquin. On se rappelle toutes les
résistances que rencontra ce projet de loi sur les
bancs de la gauche.
Il est permis de le dire: ce que l'opposition
libérale se montra alors, elle le serait encore
aujourd'hui, si les hommes de la droite se trouvaient
b la tête des affaires. Mais le nouveau projet de loi
est présenté par M. Tesch, et nous ne doutons pas
que toute la gauche ne s'y rallie sans difficultés.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
La majorité de la Chambre, dans la séance du
23, vient de prouver encore une fois de quelle
façon le parti soi-disant libéral entend la liberté
de discussion alors qu'il s'agit d'étouffer des voix
importunes.
Il s'agissait d'un rapport sur de nombreuses
pétitions réclamant la réfoime électorale et le vote
b la commune, ce cauchemar, celte bête noire du
parti. La commission, par l'organe de M. Van der
Donckt, demandait le renvoi b M. le ministre de
l'intérieur. Ce renvoi ne préjugeait rien mais la
majorité n'a pas même voulu que les pétitioos
fussent examinées; la discussion lui est importune,
et forte de son omnipotence elle a, par 4t voix
contre 20, sur la proposition de M. Lebeau, voté
l'ordre du jour, malgré l'opposition de MM. de
Tbeux, Malou et Coomans.
Pa rmi les honorables qui ont voté le silence nous
remarquons M. Alph. Vandenpeereboom. Par
contre.MM. Malou et Van Renyoghesesont pronon
cés en faveur des justes réclamations des électeurs
ruraux.
ACTES OFFICIELS.
Par anêté royal du 17 jauvier, le sieur C. L.
Bancourt, notaire b Proven, est nommé en la même
qualité a la résidence de Haringhe, en remplace
ment du sieur Feys, et le sieur B. J. Vandenberghe,
candidat-notaire b Haringhe, est nemnié notaire b
Proven eu remplacement du sieur Bancourt.
Un arrêté ministériel, en date du 7 janvier,
accorde
Au sieur A. Van Lerberghe, avocat, b Ypres, un
brevet d'invention, b prendre date le 6 novembre
1857, pour une machine b battre et b teiller le lin.
NOMINATIONS ECCLÉSIASTIQUES.
M. Fréd. Verburgt, vicaire b Quaremont, passe
en la même qualité b Notre-Dame de Termonde.
M. Bern. Eeckhout, piètre au séminaire, devient
vicaire Quaremont.
NOUVELLES DIVERSES.
La soirée qu'ont donnée dimancheles men-
bres de la société de Rhétorique De Knnst is
ons Vermaek de cette ville, a été très amusan
te. Twee vliegen met een slag et het verloren
Schaep, ces pièces choisies, ont été accueillies
par des applaudissements et des rires non inter
rompus. Tous les acteurs ontjuste titre,
mérité les ovations qui leur ont été prodiguées.
Une nouvelle fête, quonnous annonce sous peu,
est vivement attendue.
On lit dans une correspondance de Paris:
Le décret qui élève b t5,ooo fr. (au lieu de
12,000) le traitement des évêques de France, est
un nouveau signe de la bienveillance du gouver
nement pour le clergé; c'est aussi un acte de
réparation et de justice. En reveoant aux bases
posées dans les lois de l'an X et dans les ordonnances
de 1817 et de i832, on restitue b l'épiscopat une
position qui n'avait été diminuée qu'au préjudice
du respect dont il importe que les dignitaires de
l'Église soient entourés. On rend également aux
évêques les moyens de satisfaire aux libéralités
charitables, qui sont comme un des privilèges
du sacerdoce catholique.
Il faut bien considérer que la constitution tonte
démocratique du clergé, du clergé français
surtout,a pour effet d'appeler très-fréquemment
aux honneurs de l'épiscopat des prêtres que recom
mandent uniquement leurs vertus, leur savoir, leurs
services ecclésiastiques, et qui entrent dans ces
hautes et redoutables fonctions avec une grande
volonté de faire le bien, mais sans fortune person
nelle pour répondre aux charges, aux sacrifices
nécessités par la prélature. Je pourrais citer plus
d'un exemple de cette disproportion entre le zèle
de la charité chez nos évêques et les moyens d'en
pratiquer les inspirations.
Si le presbytère, jusque dans le plus humble
village, est la maison providentielle des pauvres et
des souffrants, l'hôtel de l'évêque (modeste hôtel,
bien souvent!) est le centre où aboutissent, de tous
les points du diocèse, les demandes les plus nom
breuses, les plaintes les plus douloureuses de l'in
fortune. Par le décret d'aujourd'hui, c'est moins le
revenu des prélats que le budget des pauvres qui
obtient de l'accroissement.
On communique au Moniteur de l'Armée
les délaits suivants sur le rôle de l'escorte de lanciers
de la garde impériale qui accompagnait l'empereur
et l'impératrice lors de l'odieux attentat du i4
La première explosion eut lieu au moment où
la voiture impériale, marchant au trot, passait
devant la porte du milieu du pérystile de l'Opéra.
La détonation éteignit tous les becs de gaz les
hommes et les chevaux de l'escorte, qui avaient les
yeux éblouis par l'illumination brillante du théâtre
et par la vive lueur de l'explosion, se trouvèrent
subitement plongés dans une obscurité complète.
Les chevaux, qui marchaient par quatre, derrière
la voiture, effrayés par la détonation, par l'obscu
rité soudaine, et surtout par les premiers projectiles
dont ils furent atteints en assez grand nombre,
bondirent en avant, se partageant naturellement a
droite et b gauche de la voiture, de manière b
l'entourer.
C est alors que la seconde explosion se fit ses
éclats atteignirent principalement les hommes et
les chevaux du détachement, de telle sorte que, sur
vingt- huit, douze hommes et vingt-quatre chevaux
furent blessés, quelques-uns par plusieurs écla'S,
et que presque tous les hommes eurent leurs babi'S
et leurs coi fi ores transpercés en beaucoup d'endroits-
La troisième explosion se fit peu près dars
les metnes conditions; le témoin occulaire qni nous
donne ce récit n'hésite pas croire que le salut de
I empereur et de l'impératrice est principalement
dû b ces circonstances, qui leur firent un rempart de