No 4,212.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POl'R
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR G MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
T??,aS, 10 Février.
REVUE POLITIQUE.
La retraite de M. Billault, du ministère de l'in
térieur, a donné cours bien des conjectures.
Peut-être se rattache-l-elle a la position toute
secondaire, faite aux membres du cabinet, dans
l'institution du Conseil de Régence. Eu léalité, les
ministres français ne soot plus que des sous-
secrétaires d'État. Il y a loin de ces temps où l'on
pouvait dire que le Roi regoail, mais que les
ministres gouvernaient.
Il est remarquable, après tous les bruits qui
avaieut couru, que dans le projet de loi relatif aux
mesures de sûreté générale aucune disposition ne
concerne la presse. Aurait-on reconnu que toutes
les lois qu'on pourrait imaginern'ajouteraient
rien la puissance réelle dont jouit le pouvoir par
la faculté de supprimer les journaux après trois
avertissements et même sans avertissement, dans le
cas où il croirait que la raison d'Etat le conseille?
Il semble qu'une fraction de la presse impérialiste
en ait dausson impatiente ardeur auguré différem
ment. Voici venir notamment le Constitutionnel,
qui sous la plume de M. Granier de Cassagnac,
signalait h la vindicte impériale toute une catégorie
iiouvelle de délinquants eu matière de presse.
Laissons parler un correspondant particulier d'un
de nos grands journaux
Il y aurait d'abord le délit du silence. Oo ne
condamnerait plus un journal pour ce qu'il aurait
dit, mais pour ce qu'il n'aurait pas dit. il y aurait
ensuite le délit de tiédeur eu matière de dévoue
ment, et d'insuffisance en matière d'indignation. Il
faudrait vociférer son dévouement et hurler son
indignation. Sans quoi l'on serait coupable au
premier chef.
On glisse vite sur cette pente, et voila déjà le
Journal des Débals presque accusé de complicité
morale avec les abominables meurtriers de l'Em
pereur. Eu voyant le Journal des Débats
indifférent au sort de l'Empereur, parce qu'il
n'est pas affectionné an sort de l'Empire, pour-
quoi ceux qui ont déjb l'indifférence dans le
cœur n'y accueilleraient-ils pas aujourd'hui la
haine, demain le crime? Qui diffame l'Empire
pousse l'assassinat de l'Empereur l i>
Le rédacteur du Constitutionnel se plaint
de ce que l'atmosphère morale de la société est
enflammée par les passions; mais est-ce avec ces
violences d'idées, de sentiments, de langage qu'on
la rassérénera?
Assurément l'on ne saurait contester la justesse
de ces observations. Nous soupçonnons toutefois
beaucoup le correspondant susdit de s'adresser h
plus haut personnage que M. Granier de Cassagnac.
En effet ce langage ne renferine-t-il pas un aver
tissement b l'adresse du gouvernement lui-même
qui naguère frappa le Spectateur nou pour ce
qu il avait dit, mais pour ce qu'ou le soupçonnait
d avoir voulu dire? u Oo glisse vite sur cette
pente, comme dit le correspondant, en droite
ligne vers la loi des suspects, sinistre réminis
cence de 93.
Aiosi que nous l'avons déjà inféré du langage
de quelques journaux influents d'Angleterre, le
gouvernement français ne semble pas devoir
recueillir de ce côté telle satisfaction qu'il croyait
pouvoir espérer. S'il faut s'en rapporter b une
correspondance générale de Londres l'union entre
les deux pays se verrait même singulièrement
relâchée. Le lendemain de l'attentat, dit-il, la
pensée générale a été, en Angleterre, une pensée
d'exécration ce jour-là, on eût emporté d'assaut
l'expulsion de tous les réfugiés politiques. Après
les trois discours des trois présidents des grands
corps de l'Etat eu France, l'opinion s'est immé
diatement refroidie. A la communication d'une
circulaire du ministre des affaires étrangères a lord
Clarendou par l'ambassadeur de France, il fut
donné une réponse fort courtoise assurément mais
assez froide et peu concluante.
Immédiatement après celte réponse parurent au
Moniteur les adresses de l'armée, celle du 82™'
notamment lequel priait très-humblement S. M.
de désigner le 82™° régiment pour /aire partie
de l'avant-garde de l'armée destinée pour
suivre les assassins jusque dans leur repaire,
en d'autres termes, b envahir les Iles britanniques.
Lord Cowley crut devoir demander des expli
cations sur l'insertion de ces adresses dans la feuille
officielle. C'était du ministère d'Etat que partaient
les copies destinées au Moniteur, et le leudemain
de la demande d'explication, paraissait dans la
même feuille l'adresse du 5$""exprimant ses
vœux comme suit 1 Dans nos cœurs virils, l'in-
dignation contre des pervers nous porte
demander compte la terre d'impunité ou
git le repaire des monstres qui s'abritent
sous ses lois. Ordonnezsireet nous les
poursuivrons jusque dans leurs places de
sûreté.
Le même jour, sir Charles Wood envoyait, par
dépêche télégraphique, ordre aux ports militaires
de mettre en état d'armement tous les navires de
guerre en cotnmissiou de port. L'ordre de sir Ch.
Wood est, eu ce moment, en voie d'exécution.
Quoiqu'il en soit de la parfaite exactitude de
tous ces renseignements, ce dout nous laissons la
responsabilité la correspondance mentionnée, le
Times ne cache pas sa mauvaise humeur au sujet
des adresses de l'armée. Il s'étonne, nou sans
motif, que le gouvernement impérial, qui sup
prime toutes les publications dout le ton est seule
ment ambigu, qui dénaturent les faits et irritent
sans nécessité les esprits, sanctionne et communi
que au monde des adresses où l'ou prétend que
l'Augleterre est un pays d'assassins, où l'ou pré
tend qu'afin de protéger la personne de l'Empereur,
il est nécessaire d'envahir l'Angleterre, etc., etc.
De pareilles assertions, dit il encore, ne sont
dangereuses que la où on ne peut les discuter et les
contredire et où, si elles passent sans censure, on
les suppose vraies.
L'amertume de ce langage n'a rien qui doive
étonner. En plaçaut du moius en apparence
l'Angleterre sous le coup d'une menace, c'est b
l'endroit seusible qu'on l'a frappée, ou a blessé
son atnour-propre national, on a méconnu tout ce
qu'il y a dans le patriotisme d'un graud peuple de
nobles instiucts et de légitime fierté.
Le libéralisme en Belgique, comme en France
le libéralisme sous Louis-Philippe, a mis au
monde l'enjant qu'il portait dans ses entrailles
le libéralisme avancé ou le radicalisme est
sorti de son sein. A l'intérieur des loges, le
libéralisme a nourri et élevé sa chère créature
il lui prodigue en famille ses tendresses et ses
cajoleries Cenfant a grandi et de temps en
temps il a commencé a paraître au dehors et
se faire entendreil est devenu vigoureux
jeune hommeil a fait son entrée dans le
monde sous la protection de son père le libéra
lisme il aspire y prendre positiony
exercer son action et y réaliser les glorieuses
utopies dont son père a nourri sa jeune imagi
nation; ce jeune et vigoureux athlète a déjà
fait l'essai de ses forces, c'était au profil de la
maison de son père; et quoique cet essai fil voir
un peu la brutalité et la sauvagerie de l'enfant
radical, le père libéral y a chaudement ap
plaudi car les coups du mois de mai dernier,
portaient sur les cléricaux et le libéral papa
en recueillait tous les bénéfices; malheureuse
ment pour celui-ci, le radicalisme se lasse de
sa dépendance il veut s'émanciper et exige
que papa, en considération des services rendus
aussi bien que par amour paternel, fasse les
frais de son établissement; il veut faire ses
affaires lui, et cela avec toute l'ardeur et
toute l'impétuosité de sa jeunesse il prend au
sérieux le rôle que son papa lui a fait entrevoir
de faire aller plus loin la civilisation libérale et
de jeter les anciennes institutions religieuses et
sociales que les cléricaux veulent conserver,
dans I abîme qui les sépare des aspirations maçon
niques.
Le libéralisme trouve bon de conserver les
droits et la puissance paternelle, il goui mande
le radicalisme trop pressé de lui succéder;
vivant lui-même de détours, de mensonges et
d hypocrisie, il s effraie de l impudence et de
l'élourderie de son fils inexpérimenté, il s'in
digne de voir que les cléricaux observent les
mouvements et les tendances de son enfant
terrible, et les signalent publiquement; il
craint de perdre ses dupes; il est vrai qu'il ne
désavoue pas son enfant; il le ménage plutôt,
et pourvu qu'il laisse papa jouir en paix du
présent, il lui promet, lui réserve, lui prépare
l'avenir; il lui reproche seulement de poursuivre
un travail de dissolution au profit de théories
inopportunes et irréalisables dans l'état actuel
des esprits. Enfant imprudent et ingrat.
lui dit le libéralismevous allez me perdre
avec vous et compromettre la cause commune
Attendez et modérez vous.' Laissez - moi
mieux disposer les esprits pour rendre oppor-
tunes vos réformes radicales; si vous m'écou-
lez, je vous embrasse sur les deux joues'.
Mais le radicalisme qui n'a pas été élevé
técole du respecttrouve que le radicalisme
n'est plus qu'un vieillard rétrograde, qu'un
vieux radoteur; il le rélègue au coin du jeu et
prétend gérer lui-même les affaires.
Les Raziles de cléricaux signalent ce qui
n'est plus un mystère pour personneils ne
prennent point la défense du libéralisme hypo
crite contre son enfant plus franc et plus
audacieux ils ne prêtent point la main au
libéralisme pour lui conserver le pouvoir dont
il se sert pour préparer lavènement du radica
lisme! Quelle monstruosité
Pauvre libéralisme! tes jours sont comptés
et ta dernière heure apprççhe f l'enfant de ton
sein lèvera sur toi une main parricide, pour
finir par se suicider dans ses propres excès
L'opinion catholique ne vous craint ni l'un ni
l'autre elle ne veut ni de ton alliance ni de
celle de ton monstrueux enfant; elle a son
triomphe en elle-même, dans la vérité et la
justice de sa cause qui est celle de la Patrie
et de la Société.
CANAL D'YPREST^
On a formulé au sein de la section centrale
de la Chambre des Représentants, qui a été
chargée de l'examen du projet de budget du
département des travaux publics de l'exercice
1857, la proposition d'allouer la province de
la Flandre- Occidentale un subside sur les
fonds du trésor, l'effet de la mettre même