41 me Année. No 4,214. LE PROPAGATEUR pour la. ville 6 fr. par an, 4 fr. pour G mois, 2-50 pour trois mois. FOI CA.TIIOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 5 mois. 2 S 1*7 Février. revue politique. Il ressort d'un article du Moniteur français que le gouvernement pour sauvegarder l'ordre public ne croit pas urgent d'entrer davantage dans la voie de la repression, et qu'il juge suffisantes les mesures déjà prises désignation de la future Régence, composition du conseil privé, projet de loi de sûreté géoerale, division de la France eu cinq grands commandements militaires. A ces postes importants sont désignés les maré chaux Magnan Paris, Canrobert Nancy, de Castellane a Lyon, Bosquet h Toulouse, Baraguey d'Hilliers a Tours. Une position plus élevée encore paraît destinée au maréchal Pélissier. Malgré l'écrasante majorité acquise dans le Parlement anglais la première lecture du bill relatif aux conspirateurs et tendant b donner satisfaction au gouvernement français, l'opposition songe, paraît-il réunir toutes ses forces pour revenir h la charge lors de la seconde lecture du bill, qui devait avoir lien le i5. Les feuilles britanniques s'applaudissent de la tournure favorable que viennent de prendre les affaires de l'Inde au rapport des dernièresnouvelles. Lord Palmerston a toutefois déposé un bill ayant pour but de transférer de la Compagnie des Indes b la Couronne le gouvernement de ses importantes colonies. D'un autre côté il a été présentée b la Chambre des Lords une pétition qui s'élève contre la politique aggressive de l'Angleterre b l'égard des princes indigènes de l'Inde et qui demande la restitution de l'Oude. On sait que la famille royale d'Oude, dont le chef, l'ancien Roi, est interné b Calcutta, réclame encore de la justice de l'Angleterre la restitution de ses États. Ce curieux procèsqui compte de nombreux précédents dans l'histoire de l'Inde, et rapproché de la récente et formidable insurrection d'Oude, préoccupe vivement l'attention publique. Au sujet des atrocités que, depuis le commence ment des hostilités, on n'a cessé d'imputer aux Hindous, il est bon de remarquer qu'une feuille indigène importante niait dernièrement encore que des actes de cruauté aient été commis par ses compatriotes contre les femmes et les enfants. Elle proclame que l'accusatioo de ces atrocités n'a été faite par les Anglais que pour avoir un prétexte d'exercer des rigueurs terribles contre les indigènes. La feuille patriotique ne paraît point trop s'écarter du vrai eo ce qui regarde les iosurgés de Delby et d'autres cités; mais exagère évidemment alors qu'elle essaie d'innocenter pareillement les mon stres qui ont souillé Cawnpore de leurs sanglantes horreurs. Il se confirme que les Russes ont remporté d'importants avantages dans le Caucase. La noblesse de Moscou renonce b résister a I émancipation des paysans, en présence de la volonté bien décidée de l'Empereur. Le bruit d une tentative d'insurrection, doDt les Etats romains avaient failli, disait-on, être le théâtre b 1 époque de la tentative d'assassinat de l'Empereur, est formellement démenti. Au Mexique la chute de Comonfort et le réta blissement de Santa - Anna paraissent un fait accompli. Comonfort, élevé par la démocratie, avait froissé le sentiment catholique, si vivace dans la république, par la sécularisation et la vente des biens du clergé; il avait froissé le sentiment national par trop de concessions b la politique envahissante des États-Unis; il avait compromis l'indépendance et la dignité du pays en se brouil lant gravement avec l'Espagne. Comonfort enfin avait irrité ses propres partisans dont il tâchait de modérer les exagérations. Sa chute était doue imminente. Les catholiques verrout sans doute avec plaisir revenir au pouvoir Santa-Anna dont les antécédents leur sont favorables. La Constitution belge est le produit admirable d'une réaction énergique et généreuse contre le despotisme. Ceux qui apportèrent leur part de travail b cette œuvre magnifique, étaient préoccu pés, les uns des libertés civiles, les autres des libertés religieuses. Tous furent d'accord pour séparer et rendre b leur pleine indépendance, le pouvoir civil d'une part, l'autorité religieuse d'autre part. La liberté pour la religionla liberté pour la religion catholique surtout, est la grande conquête de 183o car dans le siècle où nous vivons l'asser- visseiueut du pouvoir civil par un prétendu pouvoir clérical n'est pas du tout b craindre ce qui existait au contraire, et ce dont il fallait prévenir le retour, c'était l'asservissement de l'autorité religieuse par le pouvoir civil. La Constitution est la sauve garde des catholiques belges contre l'erreur servie par le despotisme. Le fonctionnement régulier de nos institutions, qui consacreut toutes les libertés, celle de la presse, celle de l'association, celle de l'enseignement, devait avoir pour effet naturel, ce semble, d'amener aux assemblées délibérantes, notamment aux Chambres, les hommes les plus instruits, les plus sages et, par conséquent les plus modérés, du moins de les y amener en très-grande majorité. Comment se fait-il que dès 183g, époque où nous n'avions plus rien b redouter du dehors, la Belgique se soit divisée en deux camps et que, sous les qualifications impropres de catholiques et de libéraux deux grands partis aient gaspillé leur temps et leurs forces pour se disputer mutuellement le pouvoir. Il faut l'avouer, la cause de ce malheur est un défaut de confiance réciproque qui De se justifie pas, et qui a merveilleusement servi, aux dépens de tous, les rancuoes d'ennemis communs. Un gouvernement qui s'appuye, aujourd'hui sur une moitié de la nation, demain sur l'autre moitié, est toujours faible et impuissant; pour qu'il soit fort, il faut que la nation en masse lui serve de soutien. Ce n'est pas b dire que nous écartons toute idée d'opposition les minorités sont nécessaires parce qu'elles sont utiles, elles servent de contre poids aux majorités. Mais lorsque l'on parvient, comme M. Devauxb cooper la natioD en deux b force de sophismes, alors il n'y a plus ni majorité, ni minorité un gouvernement stable et fécond devient impossible. C'est Ib évidemment uue anomalie que le progrès de nos mœors politiques et le développement de nos institutions finiront par faire disparaître. Mais jusqu'ici nous avons vu échouer les efforts dé ployés par des hommes de cœur et de talent pour transformer les partis et créer un centre. M. Nothomb, il y a des années, M. De Decker, tout récemmentont succombé b la peine. Il est des gens obstinés, qui ne veulent point d'un parti modéré, il leur faut des extrêmes, une droite et une gauche, mais pas d'intermédiaire, pas de centre. En Angleterre, ce vieux pays constitutionnel, est-ce que le gouvernement n'émane pas des centres; et n'en était-il pas de même en France sous les chartes de 18i 5 et de i83o? La vérité gouvernementalecomme toutes les vérités, se trouve, doo pas aux extrémités, mais au milieu. Quoi que l'on fasse, la direction des affaires en Belgique et partout, doit appartenir en définitive aux hommes qui, saos vouloir reculer vers le passé, n'entendeut point précipiter les éventualités plus ou moins chimériques de l'avenir. nouvelles locales. Lundi dernier, jour de carnaval, la joyeuse entrée du Marquis de Carabas et de Madame son épouse a mis sur pied toute notre population. Centadeux cent persounages déguisés, non mas qués, composaient le cortège. En tête marchait un corps de musique, celui, croyons-nous, de la garde civique. Échangeant la tunique et l'épaulelte de laine contre le burnous arabe en calicot, (costume déplaisant s'il en fut jamais,) les virtuoses de la milice citoyenne avaient trouvé moyen d'imprimer en plus b leurs traits un (aux air de Kabyles, eu se bronzant la face d'une couche épaisse de mare de café. Suivaient des groupes variés d'archers, francs- archers, hérauts d'armes villageois b pied et a cheval, Tartares, boeren en menschen dit le pro gramme de la fête. Cohue joyeuse, grotesque, disparate au demeurant, où parmi certaines exhibi tions mesquines, au milieu de tout un amas d'oripeaux déteints, d'accoutremeuts étriqués, de friperies b jeter aux teignes, on remarquait bon nombre de costumes irréprochables de goût et du meilleur effet, des charges réussies an mieux dans leur excentricité naïve. Trois atlélages faisaient partie du cortège; un char de buveurs de Teniers; une voiture qu'occu pent de toute jeunes filles, groupe gracieux de fraîcheur et d'aimable simplicité; la voiture enfin où se prélassent les héros de la fête, M. le Marquis de Carabas et M"1' la Marquise, en costume Louis XV, tous deux d'ailleurs sur le retour de la vie. Une garde d'honneur fait escorte au digne couple et ferme la marche. Elle porte la tenue élégante, martiale, pittoresque des mousquetaires vers les premières années du 17" siècle. Des sous-officiers de lanciers ont bien voulu remplir cette partie du programme. Nous croyons rester dans le vrai en ajoutant qu'aux yeux du public ces brillants cava liers formaient (qu'on nous passe le mot) le bouquet de la fête. Uue quête, qui a produit environ 4oo fr. a été faite durant tout le parcours aux bénéfices des pauvres.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1