41 me Année.
Mercredi 10 Mars 1858.
No 4,220.
LE PROPAGATEUR
pol'r la ville 6 fr. par a*,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
R3
5, 10 Mars.
revue politique.
Les dernières nouvelles de l'Inde ne signalent
aucun évéoement remarquable, aucun fait décisif.
Le général en cbef avance lentement parce qu'il a
catar de pacifier d'abord les pays actuellement
occupés par les Anglais, parce que son plan con
siste b ramener les masses ennemies sur un seul
ceolre, afin de les y écraser d'un coup, parce
qu'enfin il espère en gagnaut du temps voir se
développer les éléments de discorde qui existent
chez les insurgés.
De Canton une division de la flotte alliée s'est
dirigée vers la mer Jaune. On se proposerait,
paraît-il, de faire passer des dépêches b l'Empe
reur, et si dans un délai convenable oo ne recevait
pas de réponse, on mettrait en état de blocus
rigoureux Tien-Sing, ville commerciale et indus
trielle qui a pour spécialité d'approvisionner
Pékin, où le gouvernement chinois n'a jamais en
réserve que trois mois de vivres pour l'immense
population qui l'babite. Cette mesure réduirait b
la famine dans un temps plus ou moins long la
capitale du Céleste-Empire.
On agite de nouveau b Berlin la question de la
délégation royale. On a renoncé b la porter devant
les Chambres, surtout pour des raisons de conve
nances. Les difficultés que présentent les applica
tions pratiques de la délégation seront résolues par
des membres de la famille royale, avec l'assistance
de fonctionnaires éprouvés et des jurisconsultes de
la couronne. On dit que cette fois-ci la délégation
sera prorogée pour six mois.
M. de Rochussen, chargé par le roi des Pays-
Bas de la constitution d'uo nouveau cabinet, n'a
point réussi dans l'accomplissement de son mandat.
La combinaison qu'il était parvenu b effectuer,
n'a point été agréée par la Couronne.
On mande de Fribourg que le grand conseil,
après UDe longue discussion, a voté la restitution
dans de certaines limites des biens enlevés aux
Liguoriens et aux Jésuites d'Estavayer.
D'après des nouvelles reçues par le Sun, le
cabinet de Washington est résolu d'en finir avec
les Mormons. Une seconde colonne appuiera la
première, et prendra les Mormons en flanc, pen
dant qu'ils seront attaqués en tête. Cette diversion
est confiée au général Scott, qui s'est distingué
dans la guerre du Mexique.
Nous ne voulons pas contredire la presse minis
térielle lorsqu'elle prétend que la dernière loi
contre la presse était opportune, nécessaire, dictée
par des intérêts de la nature la plus grave. Noos
lui accordons volontiers que nos relations inter
nationales eussent été fort compromises, non-
seulement b l'égard de la France, mais encore b
I égard d autres grands États européens, si nos
Chambres a.aient rejeté la loi-Notborab-Tesch b
la suite de 1 exécrable attentat du i4 janvier. De
telles mesures doivent être votées dès qu'elles sout
présentées; nos amis politiques l'ont unanimement
crupnisqu ils ont tous donné leur suffrage b
1 œuvre des deux derniers cabinets. Rien ne leur
était d'ailleurs plus facile, car ils ont toujours
blâmé les excès de langage commis par la presse
envers les souverains étrangers.
Mais nous eussions désiré que la presse ministé
rielle s'en fût tenue b la simple approbation de cet
acte législatif, qu'elle ne poussât pas la palinodie
au delà du strict nécessaire, et qu'elle ne fît pas un
éloge outré d'une loi qui rendra bientôt la vie
très-dure b la presse belge. La poursuite d'office
constitue une aggravation sérieuse et évidente de
la loi de i85a, qui exigeait la plainte préalable du
gouvernement mis en cause. Tout ministre belge
et tout diplomate étranger qui voudront faire du
zèle, trouveront aisément, presque chaque jour, les
moyens de poursuivre les journaux mal notés, et
de multiplier les procès, toujours désagréables aux
accusés, même quand ils sont suivis d'acquittement.
L'honneur des souverains étrangers pourrait quel
quefois servir de prétexte pour exercer de petites
vengeances et assouvir de petites rancunes nées de
la polémique intérieure. Cela est si évident pour
tout le moude, que nous jugeons inutile d'y iusister.
D'autres considérations encore démontreraient an
besoin que la poursuite d'office est une arme très-
efficace pour ne pas dire dangereuse, entre les
mains d'un gouvernement qui voudrait en abuser.
Pourquoi ne pas avouer ces choses, conformes b
la vérité et au seutiment public? Pourquoi ne pas
reconnaître qu'on a posé un acte de courtoisie et
de bon voisinage? Pourquoi s'en ôter le mérite en
soutenant b tort et b travers, sans être cru par per
sonne, qu'on a agi librement, spontanément, dans
le but d'adoucir la loi de 185a plutôt que d'y
ajouter de nouvelles entraves pour la presse? En
vérité, cette tabtique des organes du cabinet n'est
ni siocère, ni habile, et elle ne peut profiter b per
sonne, ni b la presse, ni au pays, ni b eux-mêmes. Il
n'y a aucune dignité, ce nous semble, dans le fait
d'un homme qui veut prouver que les sacrifices
auxquels il est forcé de consentir, sont des bénéfices
nets ambitionnés par lui. Mieux avisé est celui qui,
rendant hommage b la vérité, ne dénature pas le
caractère de ses actes, et n'essaie pas en vain de
donner b une concession, d'ailleurs explicable, la
portée d'un triomphe.
Ua dernier mot si la poursuite d'office est une
amélioration si notable de la loi de i852, poutquoi
la gauche, qui s'en réjouit tant, est-elle littérale
ment furieuse contre M. Nothomb, qui, le premier,
a proposé b la Chambre le nouveau système? Un
tel service aurait dû valoir b M. Nothomb la
reconnaissance de ses anciens adversaires
Hélas! les grandes colères dont il est l'objet ne
sont peut-être inspirées que par le dépit secret
qu'on éprouve d'avoir dû lui emprunter la pour
suite d'office.
Sous ce titre Lettre au Parlement et a la
Presse, un manifeste atroce, publié au nom du
comité de la Commune révolutionnaire, vient
d'être imprimé b Londres, où il se vend publique
ment. Voici comment il débute
Deux révolutions qui ont attenté chez vous,
l'une b la couronne, l'autre la tète d'un roi,
vous ont acquis le droit de tout dire, le devoir
de tout entendre.
Tout citoyen est en droit de courir sus b l'em-
v pereur; chacun aie droit et le devoir de répondre
b la force par la force, aux canons par les revol-
vers, aux boulets par les bombes, b la mitraille
par les fulminates, b la garde impériale par les
machines infernales.
Puis arrive la doctrine du régicide, posée en ces
termes: Nous ne débattrons pas plus le droit de
régicide. Dans le pays de Charles I", c'est inutile.
La-dessus, les fils de ceux qui ont exécuté le
Capet, n'ont rien b apprendre aux fils de ceux
qui ont exécuté le Stuart. Ordinairement on ne
discute pas le droit, on le prend quand il faut,
on l'exerce comme on peut.
Ainsi, le Hongrois peut assassiner l'empereur
François-Joseph; le Napolitain, un Bourbon; le
Romain ou le Français, un BonaparteL'assas-
sinat politique est un fait forcé, fatal, logique, par
conséquent nécessaire... Qu'iraporlesi lesbombes
font d'autres victimes que les rois! Quel grand
malheur, vraiment, que ses complices décorés et
salariés, cinq ou six de ses gendarmes et de ses
sbires, tombent b ses côtés et gagnent des pen-
sions
Le comité de la Commune révolutionnaire
énumère ensuite les faits qui désignent particuliè
rement l'empereur Napoléon aux vengeances des
Italiens
C'est lui qui leur a rendu de force Pie IX;
c'est lui qui leur a imposé pape, cardinaux,
jésuites, toute cette peste noire dont l'Angleterre
s'est purgée comme des loups; c'est lui qui les
occupe militairement avec ses bataillons et ses
batteries. Est-ce que dix mille fusils et cent
canons ne valent pas quatre bombes?
Enfin le tout se termine par une invocation aux
auteurs de l'attentat du i4 janvier.
Quant b nous, nous ne pouvons malheureuse-
ment prétendre b aucune part dans le mérite de
leur action; nous n'avons pas eu l'honneur de
participer b leur entreprise. Mais le coq chante-
rait trois fois si une voix française ne les saluait
pas en présence de leurs juges. Amis, inconnus
mais non méconnus, nous vous saluons! Vous
serez vengés! etc.
Nous ne savons trop quel commentaire on pour
rait ajouter b un pareil document. Malheur au siècle
qui conçoit et tolère de telles horreurs!
Le ministre des travaux publics fait connaître
que la nouvelle convention de poste conclue eotre
la Belgique et la France, sous la date du 3 décem
bre 1857, sera exécutoire b partir du 1" avril
prochain.
Lettres ordinaires. Le port des lettres
simples adressées de Belgique en France et en
Algérie ou de France et d'Algérie en Belgique est
fixé, savoir
A 4o centimes pour les lettres affranchies;
A 60 centimes pour les lettres non affranchies.
Ces ports sont réduits de moitié, lorsque la
distance entre le bureau d'origine et celui de
destination n'excède pas 3o kilomètres.
Le poids de la lettre simple est porté de 7 172
b 10 grammes.
Les ports indiqués ci-dessus progressent, en
raison du poids des lettres, eo ajoutant un port de
10 en 10 grammes.
Lorsques les timbres apposés sur une lettre