41me Année. Samedi 20 Mars 1858. N° 4,223.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
7PÎ.3S, 20 MARS.
REVUE POLITIQUE.
Les sentiments exprimes dans la dépêche du
comte Walewski au cabinet britannique en réponse
aux observations de lord Malmesbury, de même
que le langage conciliant e( courtois tenu en toutes
circonstances par la nouvelle administration, per
mettent de croire k l'aplanissement du démêlé
surgi a la suite des réclamations de la France, où
l'Angleterre avait cru voir une atteinte k sa dignité.
M. Walewski proteste hautement contre cette
dernière appréciation. Toute la conduite, dit-il,
du gouvernement de l'Empereur exclut le soupçon
de vouloir, en aucune manière, blesser la dignité
de la nation anglaise, et S. M. croit avoir saisi toutes
les occasions pendant la paix, comme pendant la
guerre, de resserrer les liens entre les deux peu
ples. La dépêche du no janvier n'avait d'autre
but que de signaler au gouvernement anglais les
coupables menées des séides de la démagogie, sans
prétendre exprimer aucune opinion sur les mesures
k prendre. Cette dépêche n'était que l'écho affaibli
du cri de l'opinion publique en France; ainsi que
l'Empereur lui-même l'avait écrit, il ne s'agissait
pas de sauver sa vie, k l'aide des mesures réclamées,
il s'agissait de sauver l'alliance. Quoiqu'il en soit,
les intentions de l'Empereur ayant été méconnues,
le gouvernement français déclare s'abstenir de
conliuner la discussion et 6'en rapporte purement
et simplement k la loyauté du peuple anglais.
En retour du bon vouloir manifesté en la dépê
che française, on croit que le c jinet anglais
s'efforcera de prouver, k l'aide d'une peine sévère
infligée k Simon Bernard, qu'il entend donner
pleine et entière satisfaction, au fond, sinon dans la
forme, au gouvernement de l'Empereur.
Le Parlement Sarde ne manifeste pas desdispo
sitions aussi conciliantes. La proposition de Foresla,
sur les délits de conspiration pour assassinat poli
tique et d'apologie pour assassinat a éprouvé nn
3)3 m» aussii»
EXÉCUTIONS DE SAINT-CALIXTE.
1848.)
La révolution romaine a eu pour point de départ
un lâche guet-apens. Le procès dirigé contre les
assassins de \1. Rossi n'a pas laissé, en effet, le
moindre doute sur les circonstances principales de
ce meurtre. La mort de M. Rossi avait été jurée.
Mioistre habile, réformateur prudeot, M. Rossi
avait voulu prévenir la révolution en lui donnant
des limites. S'il eût fait prévaloir son plan dans
l'Assemblée, tout était dit pour la faction déma
gogique. Il fallait, k tout prix, empêcher M. Rossi
de se faire entendre; on décida qu'il n'entrerait
pas vivant dans l'Assemblée.
La réunion où la mort de M. Rossi fut arrêtée
était assez nombreuse. Elle se fit dans la salle d'un
petit théâtre, louée k cet effet. M. Rossi fut averti
par deux personnes, par un prêtre et par un laïque,
que sa vie était menacée. Il dédaigna cet avis;
néaomoius, il fit prendre quelques précautions;
près de la porte d'eotrée de la chancellerie, où
l'Assemblée tenait ses séances, se trouve un corps-
grave échec au sein de la commission législative
chargée de l'examiner. Cinq membres contre deux
en ont proposé le rejet pur et simple.
Les renseignements statistiques suivants sur la
grande propriété foncière et les serfs en Russie
nous sont fournis dans nn rapport du ministre de
l'intérieur: le nombre des propriétés est de 109
mille; celui des familles propriétaires de 70 mille.
Sur ces familles, i,4oo d'entre elles possèdent de
1,000 k 10,000 paysans; 2,000 de 5oo 1,000;
18,000 de 100 k 5oo; 3o,ooo de 21 k 100,
et 75,000 propriétaires possèdent moins de 21
paysans. Le nombre total des paysans de la noblesse
est de 11,750,000; celui des paysans de la cou
ronne de 9 millions. Ce sont donc 20 millions
7âo,ooo âmes en tout qui attendent une amélio
ration de leur sort.
A l'autre extrémité du globe, et dans des condi
tions bien différentes, s'agite une question plus
vitale encore d'ordre social et moral, nous voulons
parler de la secte infâme des Mormons d'Amérique.
Brigham Young, leur chef, accusé de trahison
devant la cour de justice des États-Unis par le juge
qui accompagne l'expédition du général Scott, a vu
la législature d'Ulah répondre k cette mesure par
des résolutions portant approbation de sa conduite,
et déuonçant les troupes fédérales comme rebelles
aux lois du territoire.
La guerre civile est terminée k Saint-Domingue.
Le président Bacs a dû se rendre aux forças de
Sautana, qui a pris le gouvernement de la répu
blique.
On annonce la mise en jugement du flibustier
Walker k la Nouvelle-Orléans.
D'après des nouvelles de New-York du 4, nn
projet de banqueroute général devait être soumis
ce même jour au Congrès Américain.
1
On nous écrit de Wervicq
Je maintiendrai, disait le Roi Guillaume en
parlant de ses odieuses mesures. Je maintiens, dit
de-garde. Il lui fut promis que ce corps-de-garde
serait occupé par des carabiniers; qu'un cordon de
soldats écarterait la foule lors de l'arrivée de la
voiture du premier Ministre; que les portes du fond
de la cour intérieure seraient fermées, afin que la
multitude ne pût y pénétrer. Aucune de ces pré
cautions ne fut prise.
Quand la voiture de M. Rossi arriva k la porte
de la chancellerie, une grande afffuence encombrait
la rue et la porte même. La foule n'était pas moins
compacte dans la cour intérieure où commence
l'escalier qui conduit dans les étages supérieurs.
Dans cette foule il y avait quelques curieux; mais
la plupart des assistants portaient le costume des
reduci di Vicenzac'est-k-dire des patriotes
vicençais, qui avaient été récemment reçus avec
enthousiasme dans Rome. C'était le signe de
ralliement des conjurés.
A l'aspect de la voiture du Ministre, des cris
éclatèrent. Quelques minutes auparavant, l'arrivée
d'un personoage dont les traits offraient une
grande ressemblance avec ceux de M. Rossi, avait
excité les mêmes manifestations. Mais ce person
nage avait été reconnu k temps par les chefs de la
conspiration, et le silence s'était rétabli k l'instant.
Eo entendant des huées et des clameurs, le cocher
de M. Rossi avait hésité; il demanda k son maître
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR G MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
le Progrès d'Vpres en parlant de ses mensonges
effrontés. 11 fait k M. Forrest l'honneur, sinon de
lui avoir servi d'organe, au moins de se constituer
son défenseur et de faire de loi, l'un de ses héros.
Il a tout l'air de n'avoir pask redouter un démenti
de la part de M. le bourgmestre.
S'il n'écrit pas pour les franemaçons d'Ypres ou
pour les imbécilles qu'il cherche k tromper, s'il
écrit pour les habitants de Wervicq, il est d'une
insolence cynique.
Tout le monde y sait que les paroles, si adroi
tement mesurées de ce vicaire dont l'intelligence
lui donne des cauchemars, sont textuelles et
complètes et cela malgré les dénégations, les
injures et le dépit mal déguisé de l'inspirateur du
Progrès.
Tout le monde sait k Wervicq que la société
des Moineaux est présidée par M. Forrest, qu'elle
est largement dotée sur le budget commuoal
qu elle jouit du privilège exclusif de jouer dans les
rues, et qu'elle se réunit a 1 Halve Maen, cabaret
de M. Forrest, tenu par deux jeunes filles depuis
le départ des anciens locataires.
Si le Progrès sent le besoin de travestir les
faits, personne n'ignore k Wervicq, que de jeunes
Moineaux masqués ont voulu réintroduire ici les
mascarades, ont parcouru nos estaminets et nos
rues jusqu'après 9 172 heures du soir, pour com
mencer ensuite leur bal masqué trop connu k
VHalve Maen. (M. Forrest, qui ce jour Ik se
trouve présent k Wervicq et y converse publique
ment dans les estaminets, a pu avoir connaissance
de ce que tout le monde entendait et voyait.
Ceci soit dit pour la ville de Wervicq; car le
Progrès d'Ypres qui aime les masques, ne cher
che point k disculper M. Forrest du chef d'igno
rance de faits publics et patents.)
On voudrait en même temps savoir ici, qui sont
ceux qui vers minuit sont allés troubler le repos
des pauvres orphelines.
L'on sait encore que le règlement de police,
signé Forrest, défend formellement et d'une
ce qu'il fallait faire. D'un geste, M. Rossi lui avait
intimé l'ordre de passer outre. La voiture fendit la
foule, entra dans la cour du palais et alla s'arrêter
au pied de l'escalier, sous les arceaux de la galerie.
Les conjurés avaient entouré la voiture et se
pressaient autour de la portière. M. Rossi descen
dit; il était accompagné de deux personnes. Il mit
le pied sur la première marche. A ce moment il fut
touché k l'épaule par une canne. Il se retourna et
promena autour de lui un regard fier et dédaigoeux.
Un ouvrier sculpteur le frappa alors, k l'endroit
convenu d'un poignard étroit et tranchant des
deux côtés.
M. Rossi ne prononça pas une parole. Ceux qui
l'accompagnaient le virent monter rapidement une
dizaine de marches. On a conjecturé, non sans
vraisemblance, qu'il ne croyait pas avoir été frappé
d'un coup de poignard. Il sembla en effet surpris
de sentir couler sur son cou un liquide tiède. Il y
porta sa main droite, qui tenait un gant, et parut
étonné d'y voir du sang. Mais aussitôt il chancela
et s'affaisa sur lui-même. On accourut: il fut
transporté daos une chambre voisine. Ses yeux
s'étaient éteints il expira sans dire un mot.
Le coup frappé, tous les cris avaient cessé dans la
foule. Les meurtriers avaient disparu, comme par
enchantement, par les trois portes qui donnent