41me Année. Samedi 3 A^ril 1858. No 4,227. POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR t) MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. FOI CATIIOLIQEE. COSSTITïTIOS BELGE. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 5 MOIS. 7 r I S 3 AVRIL. REVUE POLITIQUE. Les nouvelles de l'Inde sont favorables aux Anglais. Deux fois le général Outrant a battu les révoltés. De concert avec lui et le général Franke, sir Coliu Campbell a pris position devant Lucknow, et tous les jours le cercle l'entour de la ville se resserre davantage. Le nombre de ses défenseurs est encore inconnu; mais les fanatiques et les hom mes qui n'ont pas de quartier espérer doivent s'y trouver en assez grand nombre pour que la victoire soit chèrement achetée. Ed date du 18 février on annonçait que les canons anglais bombardaient la place. Au risque de compromettre l'Angleterre devant l'Europe civilisée, les séides de la révolution con tinuent leurs ignobles menées et leurs odieuses provocations. Un Anglais, prenant le pseudonyme dIconoclast, a fait annoncer publiquement dans les mes de Londres qu'il prononcera VÉloge funèbre d'Orsini. A la suite des événements de l'Herzegovine et du Monténégro, l'Autriche vient d'envoyer une armée d'observation dans le cercle de Cattaro, enclavé daus le territoire turc. Au reste, on assure maintenant que l'Autriche ne s'est pas interposée, ainsi qu'on l'avait prétendu, entre la Porte et le prince Daoilo. L'expédition contre le Monténégro aura lieu en tout cas. Quant la note énergique du cabinet de Saint- Pétersbourg que l'on disait avoir été envoyée h Constantinople, pour se plaindre des exactions commises par les fonctionnaires turcs contre les populations chrétiennes et de l'inobservance des engagements contractés envers elles par la Porte aui conférences de Paris, cette note est une circu laire destinée tous les représentants de la Russie l'étranger. On annonce l'ouverture de la session législative en Hollande pour le milieu du mois d'avril. Ce sera, pour le ministère, une occasion de faire con naître son programme politique. SOUVENIRS INTIMES DU TEMPS D'ABD-EL-RADER. (Suite et fih. Voir le u» du Propagateur.) Le chef d'orchestre, armé d'un flageolet de vingt- cinq sous, vient prendre place sur un des côtés du théâtre,où tout le personnel instrumental, composé de trois amateurs, s'est rendu depuis un quart- d heure; cette disposition de côté a été judicieuse ment prise afin de ne pas gêner la perspective. Les instruments, le flageolet déjà nommé, la vielle et un tambour, s'accordent avec un sérieux du meil leur augure; une voix de steutor, dominant le tumulte de quatre mille conservations particulières, éclate derrière le rideau Tambour, frappez les trois coups. A cet appel, celui des musiciens qui porte le noradel instrument désigné, commence en sourdine un roulement dont la pureté dénote, aux premiers coups de baguettes, un amateur de première force. Bientôt, au roulement se mêle une batterie préci pitée, mais parfaitement mesurée et suivant toutes les réglés du crescendo jusqu'au fortissimo con furore. Arrivé Ik, l'artiste improvise les ra sautés; LOGIQUE PROGRESSISTE. Il nous faut du nouveau, n'en fut-il plus au monde! Telle est la volonté des hommes du libéralisme; et malgré que le monde se fasse vieux, n'allez pas croire qu'ils ne trouveront rien de nouveau sous le soleil. Ils ont la bosse de l'invention ces Messieurs. A peine la politiqaeunioniste avait-elledix-hait ans, qu'elle était devenue vieille aux yeux des libé raux; ils découvrirent alors la politique nouvelle dont ils nous vantaient l'admirable fécondité... elle n'a cependaot produit que la désunion et n'a servi que les intérêts des hommes dont l'influence avait cessé avec le régime hollandais. Dix années plus tard, voilk qu'ils ont trouvé une logique nouvelle logique progressistevers le passé, puisqu'elle doit nous ramener vers le beau temps de l'autocratie ministérielle et de l'arbitraire communal. Vous hommes qui comptez cioq lustres, écoutez il vous souviendra d'avoir encore entendu de pareils raisonnements; vous jeunes gens, prêtez l'oreille, c'est du nouveau pour vous!.... Oyez plutôt Si le Conseil communal s'avise un jourde décréter qu'il sera.... boucher.,., et qu'il exposera daus une salle de l'Hôtel-de-Ville, vendre du bœuf, du veau, voire même du porc.... alors tout fonctionnaire communal, échevio ou autre, aura le droit, le devoir mêmede forcer ses subal ternes, ses employés, sous peine de perte de place ou d'emploi, d'aller fournir sa marmite, moyen nant écus, l'échoppe communaleparce que le Conseil communal en se décrétant bou cher, aurait bien entendu que son échoppe fut fréquentée et qu elle eut des chalands sinon pourquoi l'aurait il organisée? Ecoutez encore S'il prenait envie au Conseil provincial d'établir aux chefs-lieux de province et d'arrondissement un magasin d'engrais artificiel, et s'il se constituait ainsi en concurrence avec les marchands de guanoalors tout fonctionnaire de la pro ies fia doublés, triplés, quintuplés, se heurtent, se croisent, en se multipliant, et retentissent au loin, comme le crépitement d'une fusillade acharnée au milieu de laquelle se fait entendre, intervalles inégaux, le bruit sourd du canon. Et pendant cette merveilleuse batterie, la figure impassible de l'ex- sauvage, car c'était lui ne trahit aucune émotion. Les poignets vigoureux qui manient les baguettes sont immobiles, et c'est au fracas d'applaudissements prolongés que se termine l'annonce retentissante do spectacle. Attention! le chef d'orchestre, un brigadier de chasseurs d'Afrique, frappe, avec son flageolet, trois petits coups sur le ventre de la vielle, fabriquée et tenue par un sous officier du génie; c'est le signal de l'introduction de Robert-le-Diable. Ud silence profond s'établit comme par enchan tement, le factionnaire du rempart suspend sa marche régulière, et l'ouverture commence. L'affiche n'a pas menti c'est bien la terrible introduction de Meyerbeer. Tous les effets, même ceux des trombonnes, sont rendus avec une vigueur et un ensemble incroyables. On n'y comprend rien, vince, le commissaire d'arrondissement p. ex., aurait le droit et le devoir de forcer ses employés et ses subalternes, bourgmestres, échevins et secrétaires surtout, sous peine de perdre leur place ou leur emploi.... d'engraisser leurs terres avec la marchandise achetée k beaux deniers comptants, dans les dépôts établis de par la province.... parce que le Conseil provincial en décrétant l'établis sement de ses magasinsaurait bien entendu qu'ils fussent fréquentés... sinon pourquoi les aurait-il organisés? Et encore L'État possède par ci, par Ik, quelques terrains. Supposez que MM. les ministres, aient l'idée de faire voter par leurs dociles moutons une loi qui leur donne la faculté de bâtir pour compte de l'État, et d'élever sur plusieurs points du pays, des hôtels, des maisons de différentes dimensions et d'apparence différentedans ce cas, MM. les ministres et tous les fonctionnaires des différents départements, auraient le droit et le devoir de forcer leurs employés et leurs subalternes, sous peine de perte de place ou d'emploi, d'aller, moyennant loyer dûment payé se caser dans les demeures appartenant l'Étatparce que celui-ci en les élevant, aurait bien entendu qu elles fussent habitées.... sinon pourquoi les aurait-on bâties? Mais s'écrie-t-on, ce serait absurde, ce serait arbitraire! ce serait porter atteinte la liberté individuelle; ni la Commune, ni la Province, ni l'État n'ont le droit d'imposer a un fonctionnaire, appartint-il au dernier échelon de la hiérarchie, d'approvisionner son pot-au-feu, ses frais, d'acheter sa marchandise avec ses propres écus, d'aller se loger avec sa famille moyennant loyer, lk où il plaît a leurs chefs de l'envoyer; tout Belge est libre; sa qualité de fonctionnaire, d'employé, de subalterne ne lui enlève pas sa liberté. Le fonctionnaire doit remplir le service qu'on exige de lui; la Commune, la Province, l'État le lui paye, car tonte peine vaut salaire; mais il est libre au fonctionnairel'employé d'employer son salaire comme il l'entend. mais on est forcé d'admirer, et l'admiration se traduit par des hourras frénétiques comme jamais n'en ont répété les échos de l'Opéra. L'ouverture est glorieusement achevée; le cri solennel Au rideau se fait entendre la toile est tirée et la représentation commence. Le rôle du colonel était rempli par un vieux sous-officier qui n'avait pas eu besoin de se gêner pour le jouer au naturel; mais lorsqu'il fit son entrée dans la grande tenue de son grade avec un bel uniforme bleu de roi revêtu de broderies d'or et d'épaulettes aussi étincelantes que si elles sor taient de la fabrique d'un passementier, quatre mille bravos partirent a la fois pour saluer cette riche mise en scèoe. C'était ne pas y croire. Comment avait-on pu se procurer un si brillant costume? D'où sortaient ces fraiches broderies? Telles étaient les questions que cbacuo s'adressait, et dont le colonel donna lui-même l'explication après la représentation. Épaulettes d'or, broderies d'or, ceinturon en or, tout cela était fait en paille, mais avec un art si merveilleux qu'il fallut les faire circuler parmi toute l'assemblée pour convaincre les incrédules.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1