de faire un appel h votre loyauté pour que vous
tous empressiez de vous rendre a Dolre désir.
Agréez, Monsieur l'éditeur, l'assurance de notre
considération distinguée.
LES BOURGMESTRE ET ÉCHEVINS,
iOiAJL
par ordonnance:
LE SECRÉTAIRE,
J. DE CODT.
Ypres, le 7 Avril i858.
A MM. les administrateurs des Hospices et du
Bureau de bienfaisance de la ville d'Ypres.
Messieurs,
Depuis qu'une école primaire libre a éié érigée en
notre ville,sous les auspices du clergé, une question
grave a été soulevée et disculée par la presse.
Les pauvres inscrits sur les listes des administra
tions charitables, peuvent-ils être rayés temporai
rement ou définitivement de ces listes, s'ils négligent
d'envoyer leurs enfants l'école gratuite commu
nale, établie en exécution de la loidu 23 Septembre
i84o
Vous avez en fait résolu affirmativement cette
question importante.
Afin de vous déterminer h suivre résolument la
marche que vous avezadoptée, dous croyons devoir
vous faire connaître que, surce point, notre opinion
est entièrement conforme k la vôtre, et qu'en agis
sant comme vous le faites, vous usez, d'après nous,
d'un droit incontestable et remplissez un devoir
impérieux.
Ce droit nous semble résulter h tonte évidence
del'art.5dela loidu 25Septerabre 1842, qui oblige
la commune k donner l'instruction aux enfants
pauvres, soit dans une école communale, soit dans
celle qui en tient lieu, ou dans toute école spé
cialement désignée par elle, c'est-k-dire dans un
établissement soumis h l'inspection légale et k la
surveillance de l'autorité communale.
Vous voudrez bien remarquer que cet article ne
fait aucune mention des écoles libres et qui existent
en vertu de la liberté d'enseignement.
Du reste, si le texte de l'art. 5 pouvait paraître
peu formel si, par exemple, on objectait que cette
disposition ne s'applique qu'aux parents pauvres,
qui réclament l'instruction gratuite en faveur de
leurs enfants, l'examen de la discussion qui eut lieu
k la Chambre, et qui est le meilleur commentaire
de la loi, ne laisse, d'après nous, aucun doute k cet
égard.
Pour s'en convaincre, il suffit de lire les débats
qui précédèrent, a la Chambre des représentants,
le vole de l'art. 5 (séance du 12 Août, n* 225 du
Moniteur. i842\
L'ensemble de ces discussions a une portée claire
et incontestable, des faits et des votes législatifs qui
eu furent la suite, précisent nettement l'intention
du législateur.
Ainsi un amendement portant
L'instruction est donnée, au choix des parents,
dans les écoles communales ou dans les écoles
libres fut rejetée, après une discussiou appro
fondie, par 7 1 voix contre 11, et les membres les
plus importants de la droite votèrent le rejet.
Un autre amendement, plus explicite encore, fut
présenté par M. Pirson.
Cet amendement portait
Les parents pauvres qui négligeraient de faire
inscrire leurs enfants sur la liste, ou qui ne veil-
leraient pas k ce qu'ils fréquentassent l'école qui
leur sera désignée parmi celles instituées d'après
les articles précédents, pourrout être rayés des
listes de distribution de secours des Bureaux de
bienfaisance et autres établissements publics de
h charité.
Examinant cet amendement, l'organe du Gouver
nement, M. Nothomb, ministre de l'intérieur,
s'exprima comme suit
a 11 y a une autre partie dans l'amendement de
M. Pirson, c'est le paragraphe 2, qui porte que le
Conseil communal pourra mettre pour condition
k la participation aux secours des Bureaux de
bienfaisance et autres établissements publics de
charité, l'envoi des enfants k l'école. Je pense,
Messieurs, que cette faculté existe, et qu'il est
h dès lors inutile de la stipuler dans la loi.
En présence de cette déclaration formelle, M.
Pirson relira sa proposition en ces termes
Je suis tout k fait dans les mêmes principes que
M. le ministre de l'intérieur. M. le ministre a dit
que le conseil communal pourrait être autorisé
k refuser les distributions de secours aux parents
pauvres qui n'enverraient pas leurs enfants aux
écoles; il a ajouté que cette obligation ne devait
pas être insérée dans la loi, qu'elle existait de fait.
Cela me suffit, puisque cela se fait et pourra
encore se faire k Diuant (donc k Ypres); eh bien
M. le ministre n'y trouvera pas k redire,il laissera
subsister les choses. Alors je supprime ce de
mon amendement.
Ainsi donc, il résulte du rejet de l'amendement
de la sectioo centrale et du retrait motivé de la pro
position de M. Pirson, que vous n'êtes pas sortis de
la légalité, en rayant des listes de distribution de
secours, les parents pauvres qui refusent d'envoyer
leurs enfants k l'école de In ville.
En usant de ce droit, vous avez rempli un devoir
impérieux.
Les membres desadministrationscharitables sont
les tuteurs des pauvres, ils sont chargés non-seule
ment de leur assurer le pain quotidien, mais encore,
si nous pouvons parler ainsi, le pain de l'intelli
gence; ils doivent k leurs pauvres, outre des soins
matériels, des soins moraux, et leur sollicitude doit
s'étendre aux intelligences comme aux corps.
Mais, dira-t-on, pourvu que l'enfant du pauvre
reçoive l'instruction, qu'importe si elle lui est don
née k I école communale ou dans une institution
privée d'enseignement.
Le choix de l'école, dirons-nous, est d'une haute
importance.
Si les administrations charitables doivent veiller
consciencieusement k ce que le pain, les denrées, les
vêtements, etc., remis aux pauvres, soient de bonne
qualité, ne doivent-elles pas aussi en conscience
veiller k ce que l'instruction donuée k leurs pupilles
soit bonne, suffisante et en rapport avec les besoins
sociaux des enfants qui la reçoivent.
Et comment le maître des pauvres pourra-t-il
exercer ce contrôle, si ses pupilles fréquentent des
écoles dont l'accès lui est interdit et où toute sur
veillance lui est rendue impossible. Un tuteur, en
négligeant k ce point les iotéiêtsquilui sont confiés,
s'exposerait k être destitué par le conseil de famille,
comme l'administration charitable qui ferait fournir
des denrées dont l'inspection lui serait interdite,
mériterait de graves reproches de la part de l'auto
rité supérieure.
Sans vouloir juger, ni surtout dénigrer les écoles
libres, il est permis d'affirmer que toutes ne présen
tent pas les garanties qu'un tuteur vigilant peut
exiger. Nous en avons la preuve en notre ville.
Une école primairepourgarçons est tenue,depuis
plusieurs années, au couvent des Pauvres Claires.
Comme les religieuses y sont cloîtrées, l'instruction
est, assure-t-on, confiée k des sœurs converses,
rempliesde zèleet de bonnes intentions, sansdoute,
mais qui, n'ayant pas appris dans une école normale
l'art difficile d'enseigner et n'ayant même acquis
qu'une instruction très élémentaire, sont des insti
tutrices au moins fort médiocres.
Qu'a produit cette école en 8 ou 10 ans? Rien,
les 3oo ou 4oo enfants qui l'ont suivie pendant ce
laps de temps, figurent en grande partie sur les
listes des miliciens illettrés, que nous avons le
regret de devoir dresser chaque année.
Cependant cet établissement jouissait, jusqu'à
l'époque de la création de la nouvelle école, créée
dans la maison de feu M. DeCodt,Henri,delà sym
pathie d'une catégorie d'habitants de notre ville, qr,
engageaient les familles pauvres k y envoyer leur*
enfants.
Si vous n'étiez intervenus, Messieurs, en forçant
les parents inscrits sur vos listes, k envoyer leurs
enfants k l'école communale, le nombre des igno
rants lancés dans la société, serait aujourd'hui
Ypres, bien plus considérable eocore qu'il ne l'est
actuellement.
Quoiqu'il en soit, nous ne croyons pouvoir mieux
résumer notre opinion sur la question qui fajj
l'objet de la présente, qu'en vous disant, avec un
honorable représentant, aujourd'hui sénateur (M,
Cogels; séance de la Chambre, du 12 Août 1842.)
11 est bien vrai que nous devons l'instruction
l'enfant du pauvre; mais cette obligation ne nous
donne-t-elle pas le droit d'exercer une espèce de
tutelle? Car une chose qu'on ne peut se dissi-
muler, c'est que généralement le prolétaire
pauvre, qui a besoin de recourir au Bureau de
bienfaisance, est le moins apte a juger l'iustruc-
tion. Eh bien ne devons-nous pas juger pour
lui? N'est-ce pas dans son intérêt N'est-ce pas
dans l'intérêt de la société que ces enfants aient
une bonne éducation? Puisque nous avons fait
tout ce qui dépend de nous pour assurer la bonoe
éducation dans les écoles communales, pourquoi
le pauvre ne serait-il pas contraint d'y envoyer
ses enfants!Ces observations ne s'appliquent
pas seulement k l'instruction k donner k l'enfant
du pauvre; elles s'appliqueut également aux ali-
ments, aux vêtements k lui donner. Direz-vous
qu'il en a le choix Pas le moins du monde; vous
lui donnez ce que vouscroyez lui convenir. Aiosi
sous ce rapport, il se trouve également dans votre
dépendance.
Est-il nécessaire de vous rappeler, Messieurs, que
notre école communale réunit toutes les conditions
qu'on peut exiger d'un établissement primaire de
premier ordre, et qu'elle a été citée plusieurs fois
comme une école modèle. L'instruction comprend
toutes les matières portées au programme officiel;
ou y enseigne les deux langues; un cours de
musique, fréquenté par les élèves qui saveot lire et
écrire, a été adjoint k l'école.
Dans les concours généraux, nos élèves ont
mérité les distinctions les plus flatteuses.
L'établissement est soumis au régime de la loi du
23 Septembre i842. Nou-seulemeut le clergé y
jouit des prérogatives et du droit d'intervention
consacré par cette loi, mais, k notre demande, le
chef du diocèse a bien voulu accorder k noire
établissement, un aumônier ou professeur spécial
de doctrine chrétienne, qui reçoit un traitement
sur les fonds communaux. Cet ecclésiastique jouit
de droits pour ainsi dire illimités, en ce qui con
cerne l'enseignement de la religion et de la morale
évangélique. Que pouvioos-nous faire de plus
dans l'ordre des idées religieuses?
Vous voudrez bien vous rappeler aussi que
chaque année les élèves qui se sont distingués,
reçoivent k l'époque de la distribution des prix, des
vêtements de toute espèce, des livres utiles, des
instruments de mathématiques et des livrets de h
caisse générale de retraiteinstituée sous
patronage du gouvernement.
Ne sont-ce pas la des avantages matériels dont
on doit aussi tenir compte?
Sous tous les rapports donc, notre école com
munale mérite votre confiance et celle des pères
de famille.
Tels sont les motifs et les considérations q01
nous ont détermine k approuver la marche q°®
vous avez cru devoir suivre jusqu'ici; le coocoor»
loyal et éclairé que vous nous prêtez nous permît
d'assurer aux enfants de la classe indigente, I»
incalculables bienfaits qu'une bonne instructif"1
peut seule procurer k ces déshérités de la fortuné