M. Devaux. Je oe désire pas prolonger celle discussion; mais je crois avoir eu raisoD de dire qa'oD avait inscrit dans la loi le suffrage universel pour ceux qui savent lire et écrire... Quels précieux enseignements jaillissent de ces débats! Nos libéraux sont divisés sur le grand principe du suffrage universel. Les vieux, les doctrinaires, M. Devaux et consorts, s'effrayent d'un article de loi qui semble contenir le germe du suffrage uni versel, et les jeunes, les aventureux, les miliciens de l'avenir, que M. Rogier et consorts ont la pré tention de diriger, semblent attendre avec impa tience que ce germe soit déposé dans notre législation. Il est impossible de prévoir, dit gravement M. Devaux quelles conséquences une pareille mesure peut avoir b la loogne. Et M. Rogier, répond en plaisantant La loi est fort innocente des dangers que l'on croit voir renfermés dans son sein, des tempêtes que l'on s'attend b en voir sortir. On ne dit pas précisément le jour, mais il parait que ce sera quand tous les ouvriers sauront lire et écrire. Noos préférons les paroles prévoyantes de M. Devaux a celles de M. Rogier qui ne sont que très-médiocrement spirituelles. Mais lorsque M. Devaux ajoute Je n'aime pas tenter le ciel. Je n'aime pas a mettre les adminis trateurs locaux et les ouvriers surtout b de si fortes épreuves, a Alors nous avons pitié de loi! Comment ose-t-il tenir un pareil langage, l'homme qui, depuis 1839, n'a cessé un instant de semer la division parmi ses concitoyens, l'auteur Au libéra lisme et du cléricalisme, le fauteur de toutes les crises ministérielles, le complice des événements de mai-novembre, lui qui a fait passer le pays par de si rudes épreuves, lui qui s'est fait constam ment un jeu de tenter le ciel! Ainsi, d'après M. Rogier, la loi dont il s'agit est une loi d'ordre et de sécurité; d'après M. Devaux c'est une loi révolutionnaire. Nous aussi, nous croyons qu'il faut relever l'ouvrier b ses propres yeux, non pas en flattant son orgueil, son amour- propre, ce qui ne peut que le conduire a sa perte, mais en le rendant b la fois plus moral et plus iostruit. Ainsi encore, M. Rogier déclare que les prin cipes de M. Devaux l'égarent et le plongent dans la crainte, dans la frayeuret M. Devaux, au contraire, déclare b M. Rogier que ses principes le fourvoyentet le précipitent en pleioedémagogie. M. Devaux se permet de gourmauder son disci ple, M. Rogier; et celui-ci, en collégien espiègle, fait la nique b son maître, qu'il traite de perruque effarée. Que tout cela est sincère, triplement sincère! Que tout cela doit inspirer une haute idée de ce parti de fanfarons, qui se proclame le parti de l'intelligence et de la lumière! INTOLÉRANCE LIBÉRALE. Un homme consciencieuxgérant depuis trente ans les biens des pauvres avec un dé vouement exemplaire ne se mêlant d'aucune manière la politique laissant tous ceux qui dépendent de lui pleine liberté de voler comme ils CentendentM. Fan der Beke de Cringue vient d'être brutalement éliminé de la commission des Hospices de Bruges. El le motif.1 L'Impartial de Bruges le fait connaître en ces termes Cet homme si estimable a été frappé non pas cause de sa couleur politique lui, mais cause de la conduite exclusive du parti clérical. Cet acte arbitraire, ingrat, maladroit posé par le Conseil communal de Bruges a indigné la ville entièretous les libéraux sincères s en affligent pour eux et pour leur parti et convien nent tout haut que ça a été une faute capitale cf éliminer de iadministration un homme en touré de la considération générale et dont la gestion ou la conduite politique ne donnait prise sous aucun rapport auplus petit reproche. Cet acte d'ostracisme peint très-bien les sentiments d1 intolérance et d'exclusion du libé ralisme révolutionnaire et démontre que partout ailleurs, comme Ypres, il veut s emparer de toutes les administrations et ne composer celles- ci que d'éléments homogènes et asservis la coterie. An commencement de la séance du 5o avril, il y a eu b la Chambre des représentants une inter pellation politique. Certaines gens se trouveront qui croiront que cette interpellation était convenue; il est bien enteodu que nous ne sommes pas de ces gens-lb. M. de Moor a demandé M. le ministre s'il était vrai que le gouvernement eût interdit aux fonctionnaires la lecture des journaux cléricaux la Patrie, le Bien public, et le Journal de Bruxel les. M. le ministre de l'intérieur a affirmé qu'il n'en était rien,M.de Moor a répondu qu'il lesavait bien, et la Chambre s'est tue pendant cet entretien. Nous sommes très-convaiDcus que M. le ministre de l'intérieur n'a écrit aucune circulaire contre les trois journaux dont il s'agit; nous voudrions être aussi surs de l'absence de toute action secrète b leur égard; le fait est, si l'on en croit ces organes de la presse provinciale, que certains fonctionnaires de la politique nouvelle sout très-effrayés b la seule pensée qu'on les pourrait croire sympathiques b la Patrie ou au Bien public. On lit dans le Nouvelliste de Gand Notre Université, depuis quelques années, se tiouveeu proie b des tribulations qui compromet tent gravement son avenir. Oo nourrissait l'espoir fondé que le règne de ces maudits cléricaux une fois terminé, notre école de haut enseignement allait, une bonne fois pour toutes, être affranchie des contrariétés qui avaient comprimé son essor au grand préjudice de nos habitants. Cet espoir, malheureusement a été déçu. L'affaire de la Biloque, qui n'aurait point dû franchir son seuil, s'est élevée, la politique aidant, b des proportions extravagantes; et, b l'heure qu'il est, le collège échevinal court les grands chemins pour voir ce qui se pratique dans les autres villes et soumettre le régime intérieur de cet établissement b une réforme radicale. Le différend qui s'est élevé entre les élèves internes de l'hôpital civil et les religieuses qui le desservent n'est pas eocore vidé, qu'il en surgit déjà un autre que la politique va peut-être égale ment envenimer. Après la mort de M. Mareska, le cours de chimie organique et inorganique a été provisoire ment suspendu b l'Université. Un jonrnal a signalé la lacune dans l'intérêt des études, et l'on n'a poiot tardé b la combler. La Broedermin, en constatant le fait, a exprimé hautement sa préférence en faveur de M. Donny, qui n'avait poiut été appelé b donner le cours dout il s'agit. M. alerius, qui a trouvé dans l'observation de la Broedermin une insinuation blessante, s'en est plaint b bon droit en présence de ses élèves sans en jeter la responsabilité sur aucun d'eux. Hier matin, la leçon du professeur venait de se terminer lorsqu'un élève eu pharmacie a pris la parole pour adresser, au nom de ses condisciples, des paroles de regret b M. Valerius relativement b l'article dont il s'agit, et rendre hommage a son talent. L allocution a été bruyamment acclamée par les élèves en médecine et en pharmacie. Leurs camarades de l'école do génie civil se sont abstenus de prendre part b la démonstration. Leur neutra lité a donné lieu, après le départ du professeur, a des interpellations assez viveset il en est résulté une mésintelligence qui se renouvellera peut-être aux leçons subséquentes. Voilà pour nos brouillons politiques une nouvelle source de querelles b exploiter; et cette affaire, très-insignifiante par elle-même, peut, comme celle de la Biloque, s'élever b des propor tions colossales. Nous avons purement et simplement rapporté les faits, afin d'empêcher la mauvaise foi de s'en emparer, pour les déuaturer complètement. Aujourd'hui onze heures du matin, a eu lieu avec les cérémonies ordinaires, l'installa tion de M' P. Goethals nommé curé de la paroisse de Saint-Nicolas en cette ville. Au banquet, qui a suivi celle solennité, se sont réunis outre les amis du nouveau titulaire, les membres du conseil de fabriqueles auto rités civiles et militaires et le clergé de la ville. Vers le soir tous les habitants de la paroisse de Saint-Nicolas ont illuminé spontanément leurs demeures. ACTES OFFICIELS. Un arrêté royal du 29 avril porte qu'il sera construit, aux frais de l'État, un embranchement de route partant de la route d'Ypres a Rousbrogge b la sortie de ladite ville et aboutissant b la même route b 55i mètres en deçà du chemin dit de Brielen. Le Moniteur contient l'arrêté royal qui annule la délibération par laquelle le conseil communal de Nevele a témoigné M. le notaire Dierick ses regrets de l'avoir vu éliminer de la place d'échevin. Le ministère a tenu faire siennes les sottises de M. De Jaegher, et se mettre en contradiction avec lui-même Soit. Il en subira les conséquences. NOUVELLES DIVERSES. Aujourd'huil'occasion du 07° anniver saire de la mort de Napoléon I", la Société des anciens Frères-d'armes du premier Empire, s'est rendue en corps, musique en tête et dra peaux déployés, l'église Saint-Martin, où un service funèbre a été célébré pour le repus de l'âme du grand homme. Jeudi dernier, la foudre est tombée dans un hangar, appartenant la nommée Jeanne Van Turnhout, cultivatrice Eessen. Le hangar avec tout ce qu'il renfermait est devenu la proie des flammes. Les perles sont évaluées 6,000 francs. On écrit de Courtrai, 2 mai Une bien touchante cérémonie religieuse a eu lieu ce matin en l'église paroissiale de Saint-Martin. Une jeune haoovrienne, M"a Ladmer, âgée de 23 ans, a abjuré le rite protestant pour eulrer dans le seio de la religion catholique. Elle a reçu le saint-sacrement du baptême et immédiatement après a fait sa pre mière communion. Une foule assez compacte se pressait dans la vaste église. A ce sujet on rapporte un petit épisode, mérite d'être signalé. Un jour arrive b la gare de Paris, une jeune Allemande qui venait de perdre son père. Elle se rendait dans la capitale de la France emportant 1 héritage qui lui était échu dans l'intention de s installer dans un magasin de lingerie. Son bagage se composait de plusieurs malles amplement four nies. C était Mlls Ladmer. Un commissionnaire pre* sente ses offres de service pour transporter son bagage. Celte demoiselle accepte de bonne grâce et demande qu on la conduise b l'adresse désignée*

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 2