41me Année.
No 4,242
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
7??.3S, 26 MAI.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR, POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
Une dépêcbede Londres, en date dn 21,annonce
que la motion Cardwell a été retirée, b la prière de
lord Palmerstoo et de toutes les fractions libérales
qui le soutiennent. On assigoe entre autres causes h
celte reculade la crainte d'une dissolution de la
Chambre, qui aurait pour résultat, s'il faut s'en
rapporter au Sun de réduire les amis de lord
Palmerstoo et de lord John Russell 200 peine,
tandis que les tories s'élèveraient au oorabre de
5to et les libéraux h celui de i44. C'est la un
argument dont on comprend toute la valeur quand
00 sait ce que coûtent aux candidats et aux députés
les élections en Angleterre. M. d'Israëli a d'ailleurs
déclaré b la Chambre, que le gouvernement avait
donné b lord Canning l'assurance qu'il l'aurait
appuyé.
Une correspondance observe b juste titre que
le spectacle que donne la vieille Angleterre n'a
viaiment rien de bien capable de glorifier le gou
vernement parlementaire. Ces embuscades que se
tendent les partisau détour des questions géuérales,
au lieu de s'occuper exclusivement de ces grandes
questions auxquelles la puissance et la gloire de
l'Angleterre sont attachées, ont quelque chose de
mesquin et de déplorable.
Au reste, sir de Lacy Evans a annoocé qu'après
les fêtes de la Pentecôte il demanderait b la Cham
bre des Communes de déclarer que la proclama
tion du gouverneur des Indes, en prononçant la
confiscation des droits de propriété territoriale
d'une nombreuse population de la province d'Oude,
n'est ni politique, ni équitable; qu'elle n'est pas
de nature b produire la pacification du pays, et
qu'elle ne doit pas recevoir d'exécution.
Le géoéral Outram, le héros d'Allurabagb, a
fait au sujet de la proclamation du gouverneur
des Indes des représentations conçues dans un
sens analogue, et le Daily-News prétend qu'on a
reçu une dépêche de sir C. Campbell, qui dit que
si la confiscation prononcée par lord Canning est
maintenue, il lui faudra 200,000 hommes pour
soumettre le pays.
Une correspondance de Bombay b la Patrie de
Paris rend compte de la situation des Anglais aux
Indes. Les Anglais, dit-elle, sont vraiment
malheureux dans leur guerre contre les insurgés.
L'insurrection est toujours battue, mais elle n'est
nullement écrasée elle change constamment de
place, et voilà tout. Le 3o mars, ils sont parvenus
s'emparer de Kotah; mais tandis qu'ils entraient
dans la ville d'un côté, les insurgés, au nombre
d'à peu près 4,000, se retiraient tranquillement
de l'autre, emportant toutes leurs munitions, leurs
mobiliers et un butin évalué de 25 b 5o millions
de francs. Les Anglais ont pris Jhansi, et Ib ils ont
châtié assez sévèrement les rebelles mais là aussi
ils ont essuyé un échec. L'âme de l'insurrection
daus cet endroit était une femme qui s'appelait la
Rauée de Jhansi. Les Anglais avaient b cœur de
faire prisonnière cette dame, autant et même plus
que de prendre la ville mais elle s'est sauvée et a
pu arriver b Calpéeoù elle s'est mise a la tête
d'une force considérable de révoltés. La Ranée de
Jhansi n'a que 22 ans, et n'est pas mariée.
On dit que les grandes chaleurs qui viennent
de commencer ont déjà occasionné beaucoup de
maladies et même des morts parmi les troupes
anglaises. Ce qui est certaio c'est qu'on a grand
besoin de renforts.
a Les autorités anglaises, ne sont pas d'accord
relativement b ce qu'il faudrait faire avec les
insurgés. Quelques-uns pensent que le moment est
arrivé d'être clément, d'autres que la plus grande
rigueur est toujours indispensable. Le général
Outram, grand politique aussi bien que militaire
distingué, est d'avis qu'on devrait immédiatement
proclamer une amnistie générale, et même réorga
niser les régiments de cipayes. En attendant une
décision, 00 juge et on exécute les rebelles comme
autrefois.
On écrit de Vienne que les esprits, dans les
principautés danubiennes, sont en fermentation;
que les récents succès des Monténégrins, accueillis
avec enthousiasme, ont éveillé un espoir impatient
de secouer le joug des Turcs, et qu'on prévoit
comme possible un soulèvement de toutes les
populations du rit grec contre la domination de la
Porte.
C'est le 22 que se sont ouvertes b Paris les
Conférences des plénipotentiaires pour s'occuper
de l'organisation des Principautés.
Nous avons consigné dans notre d# du i5 mai,
que lors des fêtes qui avaient eu lieu Dixroude, il
a été beaucoup parlé du projet de relier le railway
de Licbtervelde b Furnes par une ligne directe de
Dixmude Ypres.
Nous avons dit que les intérêts de la Ville d'Ypres
exigent impérieusement que l'autorité communale
s'occupe des moyens les plus efficaces pour mettre
DOtre cité en communication avec les localités im
portantes qui l'avoisinent; que c'est b elle de
marcher résolument en avant dans la voie du pro
grèsréel, si elle ne veut pas isoler notre ville
du mouvement général et la laisser végéter dans le
coin où elle paraît être reléguée.
Fidèles b la ligne de conduite que nous nous
sommes tracée d'appuyer toutes les entreprises qui
peuvent contribuer au bien être de nos concitoyens,
de quelque part qu'elles nous arrivent et quelques
puissent être les hommes qui s'y dévouent, nous
avons appelé l'atteatioa du public sur le projet
d'un chemin de fer direct d'Ypres b Thourout, que
l'on nous disait avoir été mis en avant.
A ce sujet,M. E. Adam,géomèlreb Langemarcq,
dans une note adressée il y a quelques jours, b un
journal de cette ville, fait connaître qu'il étudie le
projet d'un railway non seulement restreint entre
les limites d'Ypres et de Thourout, mais d'un
chemin de fer international, qui serait alimenté par
toutes les contrées françaises limitrophes de notre
frontière depuis Dunkerque jusqu'à Lille, et qui
s'étendrait d'Ypres b Thourout avec embranche
ment direct d'une part d'Ypres b Lille et d'autre
part de Thourout b Ostende. M. Adam annonce
la publication prochaine d'un mémoire sur cet
objet avec plans, profils etc
Nous attendons avec impatience l'œuvre de M.
Adam et nous désirons de tout notre cœur que ses
efforts puissent être appréciéscomme ils le méritent,
et son projet bientôt réalisé, si comme il l'assure, il
doit contribuer b la prospérité de notre ville.
Toutefois, nous ferons observer b M. Adam,
qu'il s'est entièrement mépris sur nos inteotionsi
quand nous avons dit que c'était une question a
examiner de savoir laquelle des deux lignes d'Ypres
b Dixmude ou d'Ypres b Thourout, serait la plus
favorable b nos intérêts. Le projet de M. Adam n'a
rien qui dous alarme, puisque nous n'avons aucun
intérêt personnel engagé pas plus dans l'un projet
que dans l'autre.Nous ne prenonsqu'un seul intérêt
b cœur, c'est celui de notre ville; et si M. Adam
parvient b prouver que son plan lui est le plus
avantageux, nous serons les premiers b y applaudir,
et nous contribuerons autant qu'il est en nous a
former l'opinion b cet égard; mais enlretemps, M.
Adam n'a aucune raisou de trouver mauvais que
nous conservions notre liberté d'examen.
Encore un mot. Le Progrès, qui depuis le jour
du nouvel an jusqu'à la S' Sylvestre, ne s'occupe
qu'à mâcher du clérical parce qu'il croit par cette
libérale besogne rendre des services réels b ses
concitoyens, aura été surpris de recevoir la note de
M. Adam; nous avons tout lieu de croire que celle-
ci s'est trompée d'adresse, puisque le Progrès n'a
pas jusqu'ici publié le moindre mot an sujet de
l'importante question qui nous occupe; b moins
cependant que dans cet envoi au Progrès il ne
pousse un tout petit bout d'oreille libérale; ce que
toutefois nous ne croyons pas, puisque M. Adam
n'est pas moins convaincu que nous qu'un railway
n'est ni libéral ni clérical, mais qu'il est tout
simplement on chemin de fer.
Pour voir insérer ses communications dans nos
colonnes, M. Adam ne devra pas même faire on
appel b notre loyauté; nous publions des pièces
officielles émanant de l'Hôtel-de-Ville même sans
y être invités par l'autorité communale, unique
ment dans le but de les soumettre b l'appréciation
do public et de faire jaillir la vérité d'une discus
sion loyale; quel motif donc aurait M. Adam pour
ne pas compter sur notre concours dans une
question aussi importante que celle dont nous nous
occupons de part et d'autre con amore?
Les associations ont été un des moyens les plus
utiles au triomphe du parti libéral; elles ont réuni
ses forces en un seul faisceau et facilité la défaite
de son antagoniste. Malheureusement elles offrent
un grand inconvénient les hommes qui parvien
nent b s'emparer de la direction de ces puissantes
machines, les laissent bientôt inactives, jusqu'au
moment où il faut s'en servir dans leur inléiêt, et
le progrès politique s'arrête.
Les chefs du libéralisme organisé, lorsqu'ils ont
atteint leur but ne demandent qu'une chose, l'im
mobilité, tout comme ils exigent pour parvenir b
leurs fins, l'obéissance aveugle et passive; ils éloi
gnent de leur fraction tous ceux qui veulent
conserver leur liberté d'examen, et leur indépen
dance et leur action individuelle et n'entendent
pas assister aux réunions comme le chœur des
tragédies antiques, pour donner leur machinale
approbation a chaque acte qui s'y joue.
Les fidèles s'endorment dans une douce quiétude;