41me Année. Samedi 29 Mai 1858. T??.SS, 29 Mai. No 4,243. LE PROPAGATEUR poiîr la ville 6 fr. par a!*, i fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 3 mois. revue politique. Le lutbéraoisrae prépondérant en Suède continue a faire beau jeu de la liberté des cultes et des droits de la conscience. La cour royale de Stockholm rient de rendre son arrêt dans l'affaire des six néophytes catholiques. Ces malheureuses femmes, qui on n'avait d'autre crime a reprocher que leur adhésion la religion catholique, et qui n'avaient fait qu'user du bénéfice de la liberté garantie dans l'art. 16 de la Constitution de t8og, ont été con damnées l'exil perpétuel, eu vertu de la législa tion oppressive des seizième et dix-septième siècles Toutes vivaient humblement, mais honorable ment du travail de leurs mains ou d'uo petit commerce. L'arrêt de bannissement ne leur laisse que six semaines pour quitter le sol natal; elles sont de plus privées de tout droit civil. Ces infor tunées perdent tout cinq d'entre elles sont mères de famille; elles ne coDoaisseut point de langue étrangère. Les nouvelles de la Prusse ne permettent point d'espérer que le Roi reprenne jamais la direction des affaires. Il devient de plus en plus urgent que la question de la Régence soit définitivement réglée. La réorganisation du gouvernement de l'Algérie se trouve depuis quelque temps déjà h l'ordre du jour en France. D'après la Patrie tout ce qui lient- au gouvernement civil serait enlevé aux départements ministériels, et formerait une admi nistration indépendante sous l'autorité du prince Napoléon, ne relevant que de l'Empereur, dont il prendrait le titre de lieutenant. L'armée et la flotte nécessaires au service intérieur de l'Algérie reste raient sous la dépendance des ministres de la guerre et de la marine; mais l'instructioo publique, les cultes, l'agriculture, ies travaux publics, le com merce, ainsi que l'administration ne relèveraient que du prince, tout en sauvegardant néanmoins l'unité gouvernementale de l'empire personnifiée dans l'Empereur. Du reste ce nouveau plan d'administration n'est point officiellement définitif. Le Conseil d'État ne l'a pas encore voté, et certaines parties pourraient être amendées. L'on s'étonne généralement au sujet des nomina tions qui on! lieu dans les diverses administrations du pays; l'on se demande comment il est possible que certains fonctionnaires, gouverneurs, commis saires d'arrondissementprocureurs du Roiaient le triste courage de présenter aux vacatures des individus généralement connus comme incapables, indignes même d'occuper ces places. Ce qui était naguères une énigme, ne l'est plus. Il existe dans chaque district, dans chaque ville un comité secret, le plus souvent composé de deux individus, chargé de dénoncer tous les fonction naires catholiques ou modérés et de désigner les individus qui peuveut les remplacer la plus grande gloire du libéralisme. Les membres de ces comités sont choisis, cela va sans dire, parmi les libéraux pur sang, paimi les nommes autrefois dévoués au régitue hollandais, parmi les amis des héros de Risquons-Tout, parmi les anciens conjurés de Vander Meereu et Vander- smissen, parmi les piliers de cabarêt, de profession aboyeurs a la soutane, de fortune criblés de dettes, d'avenir ne sachant de quel bois faire flèche mais pleins d'espoir de pouvoir pêcher en eau trouble. Ces comités nous rappellent les comités du Salut public de hideuse mémoire; ceux-ci tenaient entre les mains la vie des citoyens; les comités d'aujourd'hui disposent de l'existence, de l'avenir des fonctionnaires. Et voila où nous a conduits le libéralisme! Au moyen du juste mépris dont on couvrira les fonc tionnaires indignes, l'on provoque le mépris de l'autorité supérieure et l'on prépare la dislocation de toute la machine gouvernementale, l'anarchie et ses tristes conséquences. Les hommes qui depuis treuîe ans ont juré la perte de notre Constitution, de notre Nationalité, sont sur le point de parvenir h leurs fins; peu leur importe l'honnêteté des moyens, peu leur importe le bien-être de la Patrie! ils ne connaissent qu'eux- mêmes et ceux qui leur appartiennent; debout sur les débris de nos institutions ils seront satisfaits en disant La vengeanoe c'est le plus grand plaisir des Dieux. L'on sait que M. Mestrieau greffier de la justice de paix du deuxième canton de Bruxelles, a été révoqué de ses fouclions par arrêté du 28 avril pour des motifs que M. le ministre Tesch a consignés dans une lettre adressée h l'ex-fonctionnaire, en date du 10 mai, en ces termes: Informé que, bien que marié, vous entreteniez depuis longtemps des relations coupables avec une demoiselle de cette ville, que ces relations ont pris un tel caractère de publicité qu'elles constituent un scandale incompatible avec la dignité de l'ordre judiciaire dont vous faisiez partie, j'ai invité M. le procureur-général 3 vous mander sod parquet et "a vous entendre. Bien que vous ayez cru devoir nier les faits, leur existence tn'eu est res'ée démontrée et j'ai cru devoir proposer au Roi votre révocation. Sans vouloir ni incriminer ni justifier M. Mes trieau, un journal de la capitale fait sur le principe même et sur le précédent posé par le cabinet, les réflexions suivantes que nous communiquons nos lecteurs Cet arrêtédedestitutiooseraouun acte arbitraire, et, tranchons le mot, un acte de tartufferie qui soulèvera des récriminations légitimes contre le cabinet, ou bien un acte de moralité salutaire suivari' que le principe sera ou ne sera pas appliqué par le cabinet dans tous les cas où il y aura un scandale incompatible avec la dignité de l'ordre judiciaire. La censure des mœurs existait dans la république romaine, et plus d'une fois elle fut exercée par des hommes qui ne valaient pas mieux que ceux h qui ils infligeaient des notes de flétrissure. Dès lors la censure manquait son but, car elle manquait de moralité, et elle blessait souvent la justice distri- butive, puisqu'elle n'atteignait pas tous les coupa bles Le fait posé par M. Tesch au nom des bonnes mœurs restera-t-il un fait isolé, ou bien sera-t-il généralisé, de manière que le scandale donné la société par des fonctionnaires publics soit l'objet d'une censure ou d'une répression autre que celle prévue par le Code Pénal s'il y a lieu? Telle est la question que fait naître l'arrêté royal du 28 avril. Nous aimons h croire que le ministre n'a obéi qu'à des considérations morales toutes désintéres sées, mais dès lors il s'est engagé implicitement assainir, autant que cela dépend de lui, l'atmos phère des fonctions publiques. Son zèle ne doit et ne peut pas se borner au greffe obscur d'une justice de paix. Des fonctionnaires plus élevés doivent aussi être i'objet de sa sollicitude. Ceux de l'ordre administratif p. e. qui sont en contact habituel avec la population doivent aussi le bon exemple leurs administrés. Plus le scandale vient de haut, plus il fait tort l'ordre judiciaire ou administratif d'où il part. Telle est la voie dans laquelle le cabinet vient d'entrer résolument, si les motifs de la destitution de M. Mestrieau sont sincères. Dans cette voie la prudence des écneils de plus d'un genre éviter, mais ils ne doivent pas arrêter un homme de bien convaincu qu'il importe que les agents du pouvoir soient partout et toujours irréprochables, non moins que les dépositaires du pouvoir lui même. L'avenir seul nous apprendra ce qu'il faut penser cet égard. La Chambre a repris mercredi 26 le cours de ses travaux. Elle a adopté sans débat le traité de commerce entre la Belgique et la république de San-Salvador. La discussion a ensuite été ouverte sur le budget de la guerre, dont les 28 premiers articles ont été adoptés. En réponse une interpellation de M. Manilius, M. le ministre des finances a fait savoir la Cham bre que les dépenses occasionnées pour la défense et l'agrandissement d'Anvers s'élèveraient a vingt millions, deux cent mille francs. M. Frère a présenté également d'autres projets finan ciers parmi lesquels nous remarquons celui relatif la conclusion d'un emprunt de trente sept millions. Le ministère a fait connaître la Chambre que les contribuables auront ouvrir leur bourse pour payer annuellement les intérêts d'un emprunt de trente-sept millions de francs, ainsi qu'un crédit de 75,000 francs affecté la négociation de cet emprunt. A ce sujet, l'honorable M. Rodenbach a pro noncé quelques paroles que tout homme de bon sens approuvera hautement, et qui d'avance sont la coodamuation de ces hommes qui pour satisfaire les passions de partis'inquiètent peu du bien- être du peuple. Lorsque nous avons discuté, a dit l'honorable représentantle précédent budget, j'ai cité des chiffres que je ne répéterai pas. Je vous ai dit que le produit des trois contributions principales, le foncier, le personnel et les patentes, s'élèvent 52,5oo,ooo fr., que les dépenses du budget de la guerre, y compris les pensions militaires, s'élèvent 56 millions; et que nos trois principales tes-

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