ANGLETERRE.
ALLEMAGNE.
ITALIE.
SUÈDE.
Les journaux de Lille publient un décret,
-aotresigoé par le ministre de la guerre, concer-
J0, l'agrandissement de cette ville. Ce document,
•je le Moniteur français n'a pas publié encore, a
été communiqué aux feuilles locales par 1e préfet
én département du Nord. D'après les termes de ce
décret, la nouvelle eoceinte de la place de Lille est
classée dans la piemière série des places de guerre.
L'Empereur est depuis huit jours Plom
bières, et les eaux sembleot favorables a sa santé.
Il a déjk examiné avec une attention particulière
les travaux qui s'exécutent ici par son ordre. S. M.
mène une vie très-retirée. Le matin, elle travaille
l'expédition des dépêches qui lui arrivent jour
nellement de Paris. Après midi, elle se rend,
comme la plupart des baigneurs, la promenade
créée par ses soins. (Moniteur.)
Un douloureux accident a interrompu diman
che la fête du Château-des-Fleurs, Marseille. Le
rideau venait a peine de se lever pour la représen-
tition du ballet, lorsqu'une danseuse, M"* A...,
s'est tout h coup affaissée sur elle-même; au même
instant lu toile se baissait au milieu de l'émotion
générale. Ou apprenait bientôt après que l'infortu
née M11" A... venait d'expirer sans proférer une
seule parole et malgré les soins les plus éclairés qui
lui avaient été instantanément prodigués.
On attribue h la rupture d'un aoévrysnte la mort
si prompte et si imprévue de cette artiste.
Une dépêche télégraphique publiée par le
Times du 5 juillet ne laisse malheureusement pas
de doute sur l'échec de la seconde entreprise tentée
pour unir par le télégraphe électrique l'ancien et
le nouveau monde. On a reçu au port de Queen-
stown en Irlande des nouvelles de l'expédition
chargée de la pose du câble, et il paraît s'être
rompu après qu'on en eût déposé une longueur de
i4a milles dans les profondeurs de l'Océan. Nous
ne pouvons manquer de recevoir bientôt plus de
détails sur ce regrettable accident.
Un procès civil est engagé h Londres sur
l'interprétation d'un testament fort curieux qui
remonte soixante-deux années. A cette époque,
vivait dans la Cité un riche marchand nommé
Peter Tbetlusson qui possédait iâ millions en
argent et un revenu en terres de 120,000 fr. Il
avait trois fils et était dévoré de l'ambition tout
anglaise de fonder une famille qui pût tenir un
rang élevé daos le pays et jouer un rôle dans les
affaires. Diviser sa fortune entre ses trois fils ne lui
parut pas le moyen d'y parvenir; il prit donc
l'étrange résolution de faire passer sa fortune par
dessus la tête de ses fils et de ses petits-fils et de la
laisser s'accumuler jusqu'à l'extinction de toute sa
postérité vivante l'époque de sa mort. Lorsque
tous les enfants ou petits-enfants de Peter Tellus
son, nés avant sa mort, l'auraient rejoint dans la
tombe, alors seulement sa fortune accumulée devait
otre partagée entre les trois aînés des descendants
mâles de ses trois fils. Uu an après avoir fait ce
singulier testameotPeter Tellusson mourut,
bétonnement du public fut grand on peut juger
«lu désappointement de la famille. Un procès
s ensuivit aussitôt, et les héritiers de P. Tellusson
De purent se résigner vivre comme Tantale au
milieu des richesses. Mais l'auteur du testament
'était appliqué h le rendre inattaquable, et il fut
déclaré valide par le tribunal suprême de la
Chambre des lords. PTellusson avait pris soin lui-
tneme de terminer son œuvre par un pathétique
aPPel 8 'a législature il lui représentait qu'il avait
S'gné sa fortune par son honnête industrie, qu'il
en était le maître et qu'il serait injuste de modifier
500 ,es,ament. La législature respecta sa volonté,
mais elle prit ses mesures contre les Thellusson
'eutr, et fit cette occasion les statuts 39" et 4o'
u «ègne de Georges IIIqui fixent viogt et un
ans après la mort du testateur l'espace de temps
pendant lequel il est permis de mettre sa fortune
en réserve avec l'intention de l'accumuler.
Cependant le temps s'écoulait et l'on faisait
souvent le calcul de ce qui devait revenir un jour
aux héritiers définitifs de Thellusson. On évaluait
leur fortune future h 32 millions de liv. st. (800
millions). Mais on comptait sans les procès. Les
procès naquirent en foule et se multiplièrent sur
l'exécution de chacune des clauses du testameot.
Le plus important de tous ces procès a soixante
ans de date et se porte aussi bien que le premier
jour; c'est ce procès-là, dit le Times, qui est le
véritable héritier de Peter Thellusson, et c'est un
héritier prodigue. En même temps les propriétés,
dont la cour de chancellerie avait revendiqué
l'administration ont singulièrement souffert sous
cette tutelle ruineuse, si bien que la fortune de
Peter Thellusson n'est guère plus considérable
aujourd'hui qu'au jour de sa mort.
Enfin le testament est devenu exécutoireh la
fin de février 1856, par la mort du dernier mem
bre de la famille dont il exigeait la disparition.
Mais un dernier procès s'est aussitôt élevé entre les
descendants actuels de Thellusson. U y en a deux
qui sont les aînés de la famille, si l'on tient compte
de leur descendance; il y en a deux autres qui sont
les aînés, et c'est l'âge personnel des prétendants
que le testament a voulu indiquer. Quelle que soit
la partie qui triomphe il paraît certain que les
deux vainqueurs se partageront une fortune beau
coup moindre que leur aïeul ne l'avait espéré, et
c'est surtout au profit des gens de loi que Peter
Thellusson a si laborieusement conçu son testament
et appauvri sa famille pendant deux générations.
Un fonctionnaire de Berlin étant resté fort tard
dans un café, et cela contre son habitude, sa femme
s'était couchée sans l'attendre. Vers minuit elle se
réveilla; son mari n'était pas encore rentré. Elle
se leva et se mit h la fenêtre, dans l'espoir de le
voir arriver. Le mari rentra en effet, mais elle
l'avait vu pour la dernière fois. La femme avait
l'habitude de se lever la première; cette fois elle
dormit longtemps, et quand son mari la réveilla,
elle lui répondit qu'il faisait encore complètement
nuit. Malgré les observations du mari, et bien que
le soleil fut déjà très-haut, elle persista dans son
dire; elle avait les yeux tout grands ouverts, mais
bientôt on acquit 1a certitude qu'elle était aveugle.
C'était la suite d'un refroidissemeut qu'elle avait
éprouvé en se plaçant h la fenêtre ouverte. L'état
de cette jeune femme, qui n'a que vingt et quel
ques années, et qui est mère de trois charmants
enfants, ne laisse aucun espoir, d'après la décla
ration des médecins.
Ou nous signale, comme particularité atmos
phérique assez curieuse, après la température
sénégambienue de ces derniers jours, que, dans les
environs de la forêt d'Hertogeuwald, les arbres
ont été couverts de givre pendaot plusieurs nuits
de la semaine dernière. La colonne thermométrique
a donc descendu dans ces parages, en quelques
tours de cadran, de 56 h 37 degrés.
Diverses feuilles allemandes, et notamment
la Gazelle de Cologne et la Presse, de Vienne,
publient des détails aussi graves que précis sur une
insurrection dont une des provinces russes de la
Baltique, l'Esthonie, aurait été le théâtre. D'après
ces journaux, l'émeute en question aurait été grave
non-seulement daos ses actes, mais dans le principe
qui l'avait inspirée: il ne s'agissait de rien moins,
disaient-ils, que d'une nouvelle guerre des paysans,
semblable celle du seizième siècle; les serfs
s'étaient soulevés pour conquérir leur émancipa
tion, et l'on allait même jusqu'à affirmer que les
troupes impériales avaient été mises en déroule par
les révoltés.
Une correspondance de Saint-Pétersoourg nous
permet aujourd'hui de réduire ces affirmations h
leur valeur véritable. Le fait de l'émeute est vrai,
mais elle n'a eu pour cause que les exigences exa
gérées et la dureté d'un grand propriétaire, qui
a abusivement usé de ses droits sur les paysans. Les
troupes impériales ont dû intervenir et livrer aux
révoltés un combat qui a été assez meurtrier de part
et d'autre; mais tout s'est borné là. L'émeute ne
s'est pas propagée; aucun envoi de troupes n'a été
nécessaire, et le calme s'est rétabli.
On écrit de Naples, le 29 juin
Tout Naples s'entretient d'un fait douloureux
et émouvant, qui a motivé une sévère justice de la
part du Roi. Vous savez que, dans tous les pays, il
y a malheureusement des officiers et sous-officiers
instructeurs qui traitent avec dureté les conscrits.
Mais il est difficile de pousser plus loin l'inhumanité
que ne le faisait le lieutenant-colonel du 11° ba
taillon de chasseurs pied, ce même bataillon qui,
l'an dernier, décidait avec tant d'intrépidité la
victoire indécise entre les gardes urbaines et les
bandits de Pisacane.
Cet officier avait ordonné on adjudant et
deux sergents de donner des coups de bâton aux
concrits dont ils ne seraient pas satisfaits. Ces ordres
n'étaient que trop bien exécutés, et ceci se passait
peu de distance de Gaëte, Mala di Gaëta.
Ce lieutenant-colonel se noraraecomte Marulli;
sa famille est une branche de celle des ducs d'Ascoli,
dont le chef actuel a l'honneur d'être dans l'inti
mité du Roi. Or, il est arrivé que l'un des sergents
s'en est donné cœur-joie et a franchi les licences
déjà assez rudes autorisées par son chef; avec la
crosse de son fusil, il a brutalement frappé dans la
poitrine trois concrits qui oot dû être transportés
l'hôpital; l'un y est mort.
Le comte Marulli ne punit pas le sergent, et
n'adressa sur ce fait aucun rapport son général.
Cependant Sa Majesté fut informée et indignée.
Par son ordre, toutes les troupes de la garnison de
Gaëte furent mises sur pied et rangées en ligne
comme pour une revue. En même temps, ordre fut
transmis an 11* bataillon de chasseurs de faire son
entrée Gaëte. Le bataillon, en effet, fit son entrée,
mais son commandant ne marchait plus en tête il
venait la queue, pied, désarmé, et entre une
escorte, comme un malfaiteur. L'adjudant et les
deux sergents subissaient le même affront. Toutes
les troupes contemplèrent cette dégradante puni
tion, et apprirent ainsi que s'il se commet quelque
fois des actes iniques, c'est l'insu du prince, qui
ne saurait les tolérer. En outre, le plus coupable des
deux sergents est en prison, et va passer devant un
conseil de guerre. J'ignore si le comte Marulli sera
traduit aussi devant un conseil de guerre, mais, en
tout cas, sa carrière est évidemment brisée.
Ou écrit de Stockholm, 28 juin
Les six femmes condamnées au bannissement
pour avoir embrassé le catholicisme, se sont em
barquées aujourd'hui pour Copenhague, où quatre
d'entre elles doivent rester. Les deux autres ont
formé le projet de se retirer, l'une en Bavière,
l'autre en France.
Le moment du départ présentait un spectacle
bien touchant. Les maris, dont trois sont protestants
et deux catholiques pleuraient jusqu'aux sanglots.
Les femmes, entourées de leurs petits enfants,
qu'elles emmènent avec elles, puisaient dans leur
foi un courage qui les soutenait visiblement et les
aidait retenir les larmes, dont quelques-unes
cependant s'échappaieDt de leurs yeux.
Elles savaient d'ailleurs que bientôt, grâce la
charité catholique, elles verraient la famille réunie
sur la terre étrangèie, jusqu'au jour où une législa-