42me Année.
No 4,260.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par
4 FR. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour b mois, 2-75
trois mois. - poljr 5 m01s- -
7 3 5 28 Juillet.
revue politique.
L'affaire des Principautés danubiennes la
prise d'armes des Monténégrins les mouve
ments insurrectionnels qui sur divers points de
l'empire Turc ont surgi simultanément parmi
Us populations chrétiennesle fanatisme en
apparence assoupi des Musulmans se réveillant
dans les scènes sanglantes de Djeddah et de la
Canée, tous ces faits devaient naturellement
attirer l'attention du monde politique sur les
conditions d'existence de l'empire Ottoman, et
la question d'Orient, que Ton croyait résolue
par l'expédition de Crimée demande une
solution nouvelle. L'impuissance de la Sublime
Porte taire accepter f'hatti-umayoun par ses
sujets musulmans est chez plusieurs devenue
une conviction.
La Russie ne pouvait négliger celte heureuse
occasion de s'immiscer de nouveau dans les
affaires de son débile voisin et le gouverne
ment du Czar a mis le divan en demeure de
remplir, dans l'espace de deux ans. les engage
ments qu'il a contractés envers l'Europe.
Par contre, l'Autriche et l'Angleterre ont
trop d'intérêt restreindre la prépondérance
russe en Orient pour ne pas prendre soucis
avant tout des droits souverains du Sultan. La
France, elle aussi, se déclare en faveur du
même principe, tout en secondant en fait l'atti
tude menaçante de la Russie. Elle semble ne
point comprendre que pour assurer le succès
des réformes promises par /'hatti - umayouo il
importe évidemment de seconder le Sultan
dans la tache ou il s'est engagé de bonne foi.
L'humilier aux yeux de ses sujets, [et l'attitude
piise par la Russie et la France doit rendre ce
résultat infailliblec'est de gaité de cœur
ruiner son influence son autorité morale au
moment où elles ne lui font déjà que trop défaut
pour dompter les préventions obstinées et
fanatiques des vieux Musulmans.
Les nouvelles de l'extrême Orient ne man
quent pas d'intérêt. Aux Indes, Gwalior est
tombée entre les mains des Anglais; mais
encore une fois les insurgés se sont retirés avec
armes et bagages. Dans les eaux de la Chine,
ùs canonnières anglo françaises se sont empa-
fées des forts qui dominent l'embouchure du
Pei-ho. Le plan des alliés paraît être de mar
cher sur Pékin, dont la distance n'est plus
grande, moins que le fils du Ciel ne se hdte de
faire les concessions requises.
La position du ministère Derby se renforce
au Parlement. Récemment encore, lors du
vote en troisième lecture du bill relatif au
arment parlementaire il a rencontré la
Chambre des Communes, une majorité de 189
v°ix contre 55.
Rien n'est venu confirmer les allégations de
quelques journaux d'après lesquelles le gou-
vernenient pontifical négocierait le rappel des
Earnisons autrichiennes et françaises.
Les actes posés jusqu'aujourd'hui par le
Nouveau cabinet espagnol impliquent des
tendances de rapprochement vers le parti pro
gressiste. On ne le croit pas éloigné de revenir
sur les légitimes apaisements donnés aux
catholiques par ses prédécesseurs.
Foici encore un fait de nature édifier sur
le compte de ces grands principes de tolérance
et de liberté de conscience dont certains esprits
assignent si bénévolement le monopole aux
sectateurs de la prétendue Réforme, fait qui
vient de se passer en Nortvège, pays renommé
entre tous les pays prolestants pour sa tolérance
religieuse. On n'a point oublié l'acte sauvage
de bannissement prononcé en Suède, il y a
quelques mois, contre quelques femmes coupa
bles de s'être converties au catholicisme. Ce
bel exploit, que l'Europe civilisée n'a accueilli
qu'avec indignation, a sans doute donné du
cœur au fanatisme des luthériens de Norwège.
Toujours est-il que le tribunal de Christiana
vient de condamner le curé catholiqueM.
Lichtle, une amende d'environ 600 fr., pour
avoir omis de porter sur la liste des catholiques
le nom d'une personne nouvellement convertie,
liste qui doit annuellement être remise l'au
torité civile.
Les hommes qui sont arrive's au pouvoir, en
1847 grâce des troubles extérieurs, et eu 1857
grâce des troubles intérieurs, ont, depuis dix ans,
celte idée fixe que, pour défendre le pays, en cas
de besoin, il n'y a pas d'autre moyen que d'embas
tiller grands frais la métropole commerciale de
la Belgique. La question est des plus graves au
triple point de vue des exigences militaires, des
besoius de la population d'Anvers et de ses fau
bourgs, et des intérêts du trésor. Les doctrinaires
ne s'embarrassent pas de si peu ils dépensent les
deniers publics a pleines mains. Sans projet discuté
et arrêté, ils se sont mis l'œuvre, et, en 1853, les
dépenses qui avaient été estimées, eu i35i,
5,621,800 francs, s'élevaient déj'a 9,900,800
francs, et en 1857 on délibérait sur deux projets
différents, dont l'un exigeait de nouveau 19,000,000
et l'autre 45,000,000. Aujourd'hui M. Keller
offre d'exécuter l'agrandissement total de la ville
d'Anvers moyennaot 28,000,000, pourvu qu'oo
lui cède tous les terrains militaires de la rive droite
de l'Escaut sauf ceux de la citadelle. Le problème,
on le voit, se compose de plusieurs points distincts
la défense du pays réclame-t-elle la construction
d'une grande forteresse couverte par un camp
retranché? En cas d'affirmative, est-ce Bruxelles,
Anvers ou Liège qui doit devenir le boulevard de
notre nationalité? Si c'est Anvers, faut-il agrandir
la ville, tracer une nouvelle enceinte, ou bien
suffit—il de faire des travaux partiels comme le
propose le ministère?
Le système du gouvernement n'a obtenu l'ap
probation d'aucun des corps officiels appelés
l'examiner. Une commission militaire d'abord
ensuite une commission mixte, enfin un comité
d'officiers généraux et supérieurs, ont donné la
préférence l'élargissement général de l'enceinte
des fortifications d'Anvers; et cette préférence est
fondée sur les considérations les plus puissaDtes de
stratégie et d'humanité. L'idée d'entourer Bruxelles
d'une enceinte continue et de forts détachés est
susceptible d'être appuyée par des motifs très-
solides; aussi a-t-elle rencontré l'adbésion de
hautes capacités militaires; toutefois nous croyons
devoir admettre que la réalisation d'un projet aussi
gigantesque apporterait un dérangement trop
sensible dans la situation du trésor. Mais Liège a
sur Anvers l'avantage de la situation naturelle
jointe des travaux existants; le gouvernement
pourrait se retirer Liège aussi bien qu'à Anvers;
et s'il était jamais réduit, ce qu'à Dieu ne plaise,
invoquer le secours d'un voisin, nous aimerions
mieux que ce fût sur les bords de la Meuse que sur
ceux de l'Escaut.
Nous allons plus loin, et nous sommes d'avis que
rieo n'exige, que rien ne justifie les dépenses
effrayantes que les doctrinaires tiennent nous
imposer avec leur entêtement habituel. Singulière
destinée que celle de ces ambitieux qui ne s'ap-
puyent que sur les passionsqui ne s'élèvent que
par elles, et se targuent eusuite de les contenir ils
ont peur, aujourd'hui, que l'ordre et la paix sont
rétablis partout; en 1 848, dans le désordre et dans
la guerre, ils affectaient d'être calmes et sereins.
Ils ont peur aujourd'hui, et tellement qu'ils veulent
enfermer le gouvernement et l'armée dans une
forteresse et abandonner sans combat tout le sol de
la patrie. Est-ce le socialisme, auquel ils ont tendu
la main, qui les balotte et les effraie?
Nous dirons avec Émancipation, la partie
de la nation qui, voyant juste, croit fermement la
force d'une Belgique neutre et garantie par les
traités, se refuse admettre un danger quelconque,
et déplore que tant de millions soient dépensés
inutilement en projets absurdes. L'impôt est déjà
bien lourd et c'est par là qu'on désaffectionne les
peuples et qu'oo compromet le plus sérieusement
l'avenir. Il est temps d'enrayer sur cette pente, si
l'on ne veut, en luttant contre un danger imagi
naire, rencontrer des périls certains et heurter des
écueils redoutables. Heureusement il y a en Belgi
que une Chambre de représentants qui jamais
n'auront eu jouer plus propos leur rôle salu
taire. Ilsontdéjà prononcé; on compte qu'ils ne se
déjugeront pas. Qu'ils aient confiance d'ailleurs en
eux-mêmes et eu l'avenir de la Patrie; s'il y avait,
par impossible, faire appel l'armée et au pays,
ni l'un ni l'autre, au moment suprême, ne faillirait
au devoir; mais les murs d'Anvers n'enferme
raient plus, après l'abandon du territoire, que le
fantôme de la nationalité belge!»
Dans la douleur où le triomphe de Mons Boni-
face a jeté l'Observateur, il cherchait ces jours-ci
quelques consolations et abordant une espèce de
revue de la session, il s'exprimait ainsi
Un fait consolant c'est le nombre des affai
res importantes terminées (sic) une douzaine de
budgets, dont la moitié était arriérée, votés sans
modification et plusieurs fois d'une haute impor
tance et d'une grande utilité, loi de prud'hommes,
loi sur l'expropriation pour cause de salubrité pu-
plique, ce qui constitue déjà pour le cabinet et la
majorité des titres la confiance do pays.
Le bagage ministériel est déjà fort léger de lui-
même; mais comme pour le diminuer encore, la
Broedermin, juge compétent, écrivait le même
jour