42me Année.
Samedi 4 Septembre 1858.
No 4,271.
7 F. S S 4 Septembre.
Savez-vous ce que deviendra le progrès
libéral? Quelle question!! Comme tous
les mortels il sera une deuxième fois
enfant! Les symptômes de ce triste état
deviennentchezluideplusen plusévidents.
Son admiration, son enthousiasme tom
bent tous les jours dans le genre enfantin.
Il s'agenouille devant le néant, il crie
merveille pour cent puérilités. S'il rencon
tre une idée biscornue, c'est bien celle-là
qu'il recueillera dans des vases d'or en la
noyant dans des fumées d'encens. L'idée
biscornue se complète-t elle du sophisme
malfaisant, elle a les plus grandes chances
d'être tout simplement divinisée; le libéra
lisme verse de tendresse des larmes bêtes
sur des sujets qui ne sont que comiques; il
pousse des cris d'horreur, il stigmatise, il
flétrit, propos de la chose la plus simple,
la plus rationnelle et la plus régulière en
soi; en un mot il sort tous les jours de plus
en plus de la vérité et du naturel.
.M. Rogier conçoit de dépit, dit-on, l'idée
de faire une exposition d'écoliers en tout
genre le libéralisme en progrès y voit des
grandeurs incomparables; une grande et
belle solennité se prépare, s'écrie-t-il
pour les fêtes de Septembre.... les arts,
iesscieucesetletravail,cestroiséléments
de prospérité, de progrès et de civilisa-
tion, représentés par Ta génération nou-
velle, se donneront rendez-vous le 25
Septembre dans la capitale du Ro-
yaume
Certes l'enfantillage de M. Rogier peut
faire sourire, et l'on peut avoir de l'indul
gence pour l'homme d'État qui au bout de
sa carrière se comptait se souvenir de
l'heureux temps où il tenait la férule, et
renouveler aujourd'hui engrand les petites
scènes dans lesquelles autrefois il jouait le
rôle principal, mais quand un somptueux
nigaud se met genoux devant celte idée
drôlatique: quand on l'entend porter aux
nues la prospérité de la réclame, le progrès
de la politique de grosse caisse et l'état
d'une civilisation tombée en enfance, l'in
dulgence, la condescendance, la pitié même
ne sont plus de saison, el l'on se sent
obligé de dire M. Rogier qu'il prend le
gouvernement par le bout des infiniment
petits.
Autre objet d'admiration devant lequel
le libéralisme en progrès s'extasie.
Unjjour M. Verbaegen proposaitd'établir
un cours de droit constitutionnel dans les
écoles primaires; c'était beau comme l'an
tique!! Mais cette merveille est dépassée
de mille coudées par la haute conception
issue du cerveau d'un grave professeur du
collège communal de IIuyM. Maas pro
pose de mettre en musique et la Constitu
tion et ce qui mieux est encore, le bulletin
des lois, et de composer des ariettes avec
les milleet un amendementsde M. Lelièvre.
La Constitution serait donc mise en notes,
et les lois la douzaine que produit chaque
séance législative, s'en iraient en chansons.
Et voilà que Messieurs les esprits forts
appartenant au libéralisme progressif,
s'émerveillent devant l'idée de composer
des mélodies avec la loi sur la chasse ou
sur la pèche fluviale! Ils sont convaincus
qu'il y a toute une révélation dans l'idée
de M. Maas; devant ce nouveau révélateur,
qui marche sur les pas de Minos, de Crète
et de Lycurgue, de Sparte, les plus fortes
têtesdu libéralisme s'inclinent avec respect
et admiration!!
Ce libéralisme si gobe-mouche, n'est il
pas l'école du faux dans tous les genres? Il
ne s'attaque pas seulement aux principes
essentiels de religion, d'autorité, de société
qu'il pervertit, il s'en prend encore au
jugement, l'intelligence dans les choses
qui ne sont que du domaine de la raison,
ravageant les esprits comme les cœurs,
comme les caractères; abêtissant les géné
rations en même temps qu'il corrompt
l'entendement moral.
Dans notre dernier N% nous avons parlé
d'une insolente admonestation adressée
M. Rogier par le club libéral de S'-Nicolas,
au sujet de la nomination d'un bourg
mestre et d'un éehevin de cette localité.
Plusieurs de nos abonnés ayant exprimé
le désir de voir les termes dont ces puri-
MLOPAGAT
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
revue politique.
Les assurances pacifiques de Cherbourg, les
déclarations de M. de Persigny paraissent rencon-
irer bien peu d'écho, surtout peu de créance de
l'autre côté du détroit. Des hommes, placésà la tête
de l'opinion, tels que sir Ch. Napier et M Roebuck,
n'ont pas celé leur peu de foi dans le bon vouloir
delà rivale naturelle de l'Angleterre. Aujourd'hui
c'est un membre des Communes, M. Beresford
Hope, qui dans on discours ses électeurs émet le
vœu non seulement qu'on augmente les armements
des côtes britanniques, mais voudrait que l'on
envoyât une flotte dans la Manche. Après ce que
nous avons vu, s'écrie-1 il, Cherbourg, qu'il nous
soit permis de réunir des ouvriers en foule dans nos
arsenaux, que la hache et le marteau retentissent,
qu'on file des cordages, qu'on tisse des toiles
voiles, que le nombre de nos matelots soit doublé,
triplé et même quadruplé, en les tirant des bâti
ments de commerce pour armer les vergues de ces
vaisseaux, afin que nous soyons en état de montrer
aux Français que nous sommes tout aussi bien
préparés aux événements qu'ils peuvent l'être, et
qu'on est résolu soutenir le nom bien mérité de la
vieille et glorieuse Angleterre, la patrie des braves
et des hommes libres.
Nous ne citons ces paroles du député anglais que
parce qu'elles font connaître la disposition des
esprits en Angleterre h l'égard de la France.
Cependant d'autres soins encore tiennent eo
éveil le génie actif et entreprenant du peuple
anglais. L'heureuse réussite de la pose du câble
transatlantique a engagé la Compagnie qui l'a
réalisé, établir une seconde ligne reliant cette fois
non seulement l'Angleterre, mais encore la France,
l'Espagne et le Portugal au continent Américain.
Un autre projet paraît également devoir se réaliser,
c'est l'établissement d'un télégraphe sous-marin,
destiué relier l'Angleterre avec ses importantes
possessions de la Méditerranée et de là avec les
Indes.
La Russie voit croître rapidement sa prospérité
matérielle et poursuit les réformes de toute nature
où elle s'est résolument engagée. Le gouvernement
se propose de rétablir la circulation métallique dans
l'empire. Déjà 6o millions de papier monnaie ont
été amortis, mais on veut, paraît-il, opérer une
réforme complète. Le capital nécessaire est évalué
îoo millions de roubles, dont les trois quarts
seraient fournis par un emprunt direct. Les dépôts
de métaux précieux qui se trouvent dans les forte
resses de S'-Pierre et S1-Paul compléteraient ce
capital.
De même que la Russie, sans brûler une amorce,
a pris sa bonne part des concessions arrachées au
fdt du Ciel par les Puissances occidentales, les
États-Unis, pour avoir fait moins encore, u'eu ont
pas moins recueilli les mêmes avantages. Le com
merce américain sera traité sur le pied d'égalité
avec celui de la nation la plus civilisée.
Mais l'ambition des Américains du Nord ne
*anèle pas ces conquêtes légitimes. Leurs con-
'oilises menacent la sécurité de tout le nouveau
POUR LE DE110RS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
inonde. On sait ce qu'a osé le flibustier Walker,
grâce l'altitude équivoque du cabinet de Was
hington, et sous le couvert de sa complicité morale,
contre Cuba d'abord, plus lard contre l'Amérique
centrale. Aujourd'hui, paraît-il, Walker, sûr de
l'appui du gouvernement de l'Union, se promet de
nouveau de dépouiller l'Espagne de la perle des
Antilles. Mais l'Espagne a pris ses mesures; Cuba
renferme actuellement une armée de 30,000 hom
mes disciplinés et aguerris, et la population de la
Havane seule compte 3o.ooo Espagnols que
l'iutérêt, autant que le patriotisme, armerait en
un jour.
Au Mexique, c'est encore l'appui de l'Union
américaine qui constitue la principale force des
adversaires du gouvernement. Ceux-ci, en effet,
recevaul chaque jour des États-Unis par le Texas
et le Nouveau-Mexique des renforts en hommes
el eo «nuiiitioos, en violation des lois de neutralité,
acquièrent ainsi un grand avantage sur les partisans
de Zuloaga qui ne peuveot se recruter qu'à l'inté
rieur. Ce n'est pas dire que la cause du Président
soit aussi désespérée que certaines feuilles améri
caines et libérales voudraient le faire accroire. Le
résultat des opérations militaires lui semble au
contraire favorable. C'est ainsi que le général
Mariuion a battu le coustituiioualiste Pueblita et
l'a fait prisonnier avec la plupart de ses officiers.
Il est vrai que la prise de San - Luis de Polosi a
porté un rude coup aux conseï valeurs. Au rapport
d'ime feuille mexicaine l'assaut de la ville a duré
six heures, pendant lesquelles les habitants ont fait
une énergique défense. Les vainqueurs se sont
livrés toutes sortes de violences. Leur général a
fait arrêter l'Évêque et trente prêtres en deman
dant cinquante mille piastres pour leur rançon, et
il a imposé les négociants espagnols d'une somme
également considérable.