4*>me \nnée. Mercredi 8 Septembre 1858. jV° 4.272. 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5jfr. pour 6 mois, 2-75 Nous ne voulons rien exagérer; nous ne dirons pas que partout et toujours nos fameux libéraux sont des hypocrites con sommés. Il arrive, pour qui sait voir, que l'hypocrisie n'est plus que dans la forme; quelquefois même ils se posent sans dégui sement, et daus des moments de naïveté impudente, ils ont de la franchise et une franchise unique. C'est ainsi que dans les fameuses journées de Mai, ces grands amis de l'ordre et de la légalité ne prêchaient dans leur journal qu'émeutes et spontanéité foudroyante; ces hommes qui s'affublent souvent d'un manteau de respect pour l'humanité et la Religion, suaient 93 de tous leurs pores et menaçaient de mettre évêques et prêtres, moines et nonnettes hors la loi; c'est ain^i que le sale Progrès blasphémait cyniquement hier encore N.-D. de Thuyne en face de toute la ville d'Ypres. Mais passons un autre chapitre et voyons jusqu'où va la modestie de nos grands hommes. Nous avons malheureu sement un peu de mémoire où les char mantes naïvetés qu'ils publient dans leur triste organe ont laissé quelques souvenirs. C'était au temps des élections communales. L'on sait que nos illustres libéraux en chef, défenseurs zélés de l'indépendance et de la dignité de l'homme ont horreur du despotisme, détestent la domination, ins crivent sur leur drapeau l'Egalité, et se vantent de l'égalité de tous les citoyens devant la loi comme d'une conquête de l'esprit moderne. Eh! bien, ces grands citoyens avouent avec une ingénuité déli cieuse qu'ils dominent la ville d'Ypres, qu'ils veulent la dominer toujours et la dominer exclusivement. Ne vous ré criez pas! C'est leur droit eux, voyez- vous; ils sont eux frères et chefs de la loge secrète, ils sont la bourgeoisie d'Ypres, et toute la bourgeoisie; ils l'ont toujours été et le seront éternellement!! Que si vous n'en voulez rien croire, vous citoyens d'une ville belgeelflamande, vous hommes de caractère, vous hommes jaloux d'une indépendance véritable et qui prétendez ne pas jouer le rôle d'humbles valets d'une coterie autant outragante qu'intrigante et ambitieuse, écoutez plutôt elle vous dira cyniquement qu'elle seule est la bour geoisie yproise qui a jugé convenable d'admi nistrer ses affaires par elle même et par des mandataires désignés par M. Carton comme purs de tout alliage clérical. elle dira avec la même effronterie qu'elle a voulu pro clamer que l'Hôtel de-Ville est son domaine exclusif; quelle trouve qu'il est naturel et de droit qu'elle seule soit la maîtresse absolue de toute la ville, tout comme le clergé est maître dans son église. Qu'on se le tienne donc pour dit au nom de l'Orient, Grand-Pontife de l'Hôtel- de-VilIe d'Ypres. Catholiques Yprois, vous allez l'église et vous accomplissez vos devoirs de chré tiens; on vous le permet, c'est votre droit; mais l'intérieur de l'église seul sera votre domaine; vous n'êtes plus bourgeois de la ville d'Ypres; vous êtes exclus de l'Hôtel* de-Ville. Que si vous ne vous inféodez pas la coterie, c'est même une grande injus tice que la loi lui fait en vous reconnaissant et vous octroyaht, vous catholiques, le droit d'électeur. Tâchez d'en user avec beaucoup de timidité et de modération. Ce que l'on vous permet de faire large ment et de bon gré, c'est de payer les contrihulions dont on libéralisera l'usage. Pour le reste, taisez-vous et soyez heureux de vivre sous la domination politique de ces hauts et puissants seigneurs. Et vous hommes indépendants de toute nuance! vous ne voulez point plier sous le joug du grand électeur sachez que vous êtes exclus de la liste des bourgeois et excommuniés de l'Hôtel-de-Ville; jamais ne rejaillira sur vous l'honneur d'être assez intelligents, assez dignes et assez intègres pour devenir membres de l'administration publique. Vous même qui êtes inféodés au parti et dont il a fait ses instruments, gardez vous de montrer quelque velléité d'indépen dance, sans quoi vous perdrez vos droits de citoyens et l'on vous cassera comme verre. Hommes stupides prétentions, croyez- vous donc qu'on vous prend au sérieux? Le temps n'est pas loin peut-être qu'on fera justice d'idées aussi orgueilleusement absurdes. On lit dans le Bien public Notre heureuse Belgique possède un commandeur de plus; ce commandeur est M. le gouverneur De Jaegher. Nous nous sommes bornés enregis trer le fait d'après le Moniteur; mais ainsi ne l'entend pas le Journal de Gand il appelle l'attention du public sur la bonne nouvelle de la promotion de M. De Jaegher qui administre notre province avec tant de dévouement. La bonne nouvelle! cela nous paraît un peu ampouléMais ce n'est pas dire que la promotion ne nous semble parfai tement justifiée. Si les mérites de M. De Jaegher comme écrivain et comme orateur l'ont placé depuis longtemps au premier rang de nos publicisles, il n'est pas moins certain que les services que cet homme d'Etat a rendus au libéralisme sous le ministère de M. de Decker, lui assignent une place distinguée dans le Panthéon de la probité politique. L'attitude de M. De Jaegher pendant LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par api, pour le deiiors fr. 7-50 par trois mois. p0lr mois. 7 r S G 8 Septembre. revue politique. Les affaires d'Orient absorbent encore la prin cipale part d'intérêt daos la chronique du jour. De tous les points de l'empire Ottoman les nou- ielles sont mauvaises. Les correspondances de Vienne et de Saint-Pétersbourg représentent l'attitude de la population musulmane de Con- stantinople comme très-menaçante. On aurait découvert récemment un complot ayant pour but de renverser Abdul-Medjid et d'appeler au trône son frère Abdid-Azis. D'après certains journaux allemands, c'est autour de ce prince que les repré sentants du vieux parti turc, ennemi des réformes qne poursuit le Sultan, chercheraient a se grouper. Il est également question d'un voyage Paris qo'Azisentreprendrait avec le consentement de son frère. Une correspondance de Péra dit que le Sultan aurait fait incarcérer le mufti de Constan- tinoplecomme convaincu d'entretenir et de fomenter, l'aide des Ulémas, l'irritation des Musulmans contre la population chrétienne. A Alexandrie un complot formidable a été réprimé par l'attitude vigoureuse du.vice-roi; Alep, une affreuse panique a régné pendant trois jours; les Musulmans s'armaient et provoquaient les chrétiens; a Tripoli de Syrie, les Musulmans avaient tramé le massacre de la population chré tienne; mais le pacha de Beyrouth, prévenu temps, put veiller au maintien de l'ordre. Aussi les chrétiens de Syrie et de Palestine s'arment-ils de tous les côtés. Les couvents disséminés dans les montagnes de la Terre-Sainte sont comme des places fortes dont on n'ouvre les portes qu'avec circonspection. L'évêque anglican, M. Gobât, a quitté la Palestine complètement découragé et effrayé. On ne croit pas qu'il retourne. Les consuls en Orient sont unanimes pour reconnaître qu'il faut que les Européens preunent les plus grandes précautions. Ici, c'est le fanatisme turc, indigné, mécontent, humilié qui s'en prend a l'autorité du Sultan lui- nièrae. Ailleurs, en Candie, an Monténégro, dans la Bosnie, ce sont plutôt les Chrétiens opprimés, vexés, ruinés par les Turcs, qui prennent une position agressive. Ainsi l'empire ottoman se trouve pris entre deux dangers comme dans un élan. M. de Lesseps n'en poursuit pas avec moins d'ardeur le projet auquel il a voué son existence d'ouvrir l'industrie et au commerce européen une voie de communication plus directe avec les contrées orientales par le percement de l'isthme de Suez. D'après le Daily-News, une compagnie pour la mise h exécutiou du projet sera définitivement constituée au mois de novembre prochain. Le capital social, représenté par 4oo,ooo actions de ooo fr. chacune, est en grande partie déjà souscrit. Les promoteurs comptent qne par le droit de passage des vaisseaux seulement, sans prendre en considération aucune autre source de revenu, outre l'intérêt de 5 p. cent, ils obtiendront des recettes •'es-considérables, et espèrent, en deux ans, établir °ne communication suffisante qui permettra aux oeuf dixièmes des navires de construction actuelle de passer, et que par conséquent, avec les deux •'ers du capital, ils obtiendront des revenus impor tants avant même l'achèvement complet des tra vaux projetés. Au moment où l'Angleterre par l'abolition des Pouvoirs de la Compagnie des Indes Orientales, soumet a une réorganisation fondamentale la plus importante de ses possessions d'outre-mer, la France son tour établit sur des bases nouvelles le gouvernement de l'Algérie. Un décret impérial supprime les fonctions de gouverneur-général et institue un commandement supérieur des forces de terre et de mer de la colonie. Le général Mac- Mahon en est nommé titulaire. Il rentre dans ses attributions de pourvoir tontes les mesures nécessaires pour faire respecter l'autorité de l'Em pereur et assurer l'exécution des lois. si LA MODESTIE D'UNE COTERIE YPROISE.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1