pleines sans elle. Elles finiraient même par
être désastreuses s'il prétendait au progrès
scientifique et au progrès matérielsans pré
tendre en même temps au progrès moral, et
s'il voulait celui-ci indépendamment de sa
condition indispensable le progrès religieux.
En effet la science humaine isolée, sépa
rée de la foi qui est l'adhésion de la raison
la science de Dieuproduit l'orgueil, et nous
dérobe ainsi tout un ordre de sublimes
vérités dont la lumière nous offusquenous
irrite même, parce que nous ne pouvons les
mesurer notre mesure. Si notre science était
plus sageelle nous ferait baisser les yeux
et aussitôt la lumière du Ciel, inaccessible en
elle-mêmerépandrait pour nous un jour
admirable sur toutes les choses de la terre.
Privée des données de la Yévélalionla
science doit se borner scruter les faits
mystérieux du monde visibleet peut peine
conjecturer les autres. La révélation lui four
nit avec certitude les faits du monde invisible.
Or, ceux ci sont les premiers car ce qui se
voit des yeux du corps passe ou se modifie
c'est l'invisible qui demeure. Les faits passa
gers ne sont que l'ombre des autres ou leur
reflet dans le temps. Ce n'est donc qu'à l'aide
de la révélation que la science peut découvrir
quelque chose de certain sur l'harmonie des
deux mondes, et qu'arrivée ce degré
suprême de la science ici-bas elle peut pré
luder la vision promisenon aux victoires
de la science, mais celte de la charité.
Le progrès matériel seulsans le progrès
moral, fournit des aliments aux passions
sans leur offrir des remèdes, jette inévitable
ment la société dans le désordre et devient
ainsi le principe de sa propre ruine. C'est
quand il ignore te frein moralla force qui
atteint les consciences qu'on le voitcer
taines époques espérer uniquement dans la
force publique, et se rassurer quand ceux qui
régnent prodiguent la foule inquiète et
menaçante, de Cargent et des plaisirs au
prix de tout le reste.
Enfin, le progrès moral sans le progrès
religieux n'est qu'un rêve, et tout effort ten
dant réaliser l'un sans l'autre, est une
tentative inutile contre la nature des choses.
L'homme est ce qu'il est, c'esl-à dire déchu,
blessé dans ses puissances, et en même temps
racheté et attiré une vie meilleure. S'il nie
ta lutte intérieure que toute conscience
atteste, il se nie lui-même. SU n'entend plus
la voix qui gémit en lui comme en nous tous,
il est volontairement sourd, s'il ignore la
réponse A ce cri intérieur qui me délivrera?
il ne sait rien. Il ne sait pas le remède son
malil ne sait donc pas le mot de la morale
sincère; il dissertera sur les passionsmais
ne régnera jamais sur elles.
Le progrès religieux est donc la condition
indispensable tout autre progrès; c'est celui
qui en faisant lutter diomme contre lui-
même lui fait recouvrer Cempire intérieur
par la foi, et fait aussi rentrer dans Cordre
social l'empire de la justice et du droit.
Le progrès religieux c'est te progrès de la
foice n'en est pas le changement par ce
progrès la religion continue ses conquêtes et
se propage de plus en plus la connaissance
des vérités révélées croit dans les âmesla
science de la foi se développe dans les esprits;
la justice et la charité régnent avec plus de
plénitude dans les cœurs et dans les lois,
dans les familles et dans les nations.
Le progrès, pour être vraidoit donc être
harmonique dans ses différentes sphères, et le
progrès des âmes dans la foi et la justice, le
progrès intérieur doit vivifier, soutenir les
autres et les garantir de leurs propres égare
ments.
Ces progrès divers produisent le mouvement
des peuples vers une plus grande perfection;
mais ce mouvement n'a rien de fatal. Il est
soumis des lois, mais les peuples comme les
individus sont libres de les violer ou de les
accomplir, en tout ou en partie. La Provi
dence les laisse dans les mains de leur conseil,
et c'est eux de choisir ce qui doit les élever
ou les abattre.
Insensés donc ceux qui croient parvenir au
progrès matériel, scientifiquemoral même,
sans le progrès religieuxsans le progrès de
la foi! Insensés ceux qui veulent satisfaire
au besoin de la nature humainesans recon
naître que celle nature est spirituelle autant
que et même plus que matérielle.
Le libéralisme exclusif est très fier et très hardi
aujourd'hui; il ne faut cependant pas se taire
illusion sur ses forces. Evidemment il n'a pas le
pays avec lui. Pour arriver au pouvoir, il a du
violer toutes les règles du régime constitutionnel,
recourir aux moyens artificiels, a la fourberie, la
violence. Les fonctionnaires de tout grade ont été
mis en réquisition pour courir sus aux électeurs
conservateur^.
Par ses manœuvres, ses pamphlets, ses chansons
et ses journaux, le parti s'est complètement dégradé.
Et malgré tout cela, il n'a obtenu que des majorités
minimes, qui lui auraient fait défaut Le calcul
en a été dressé s'il y avait eu, dans le corps
électoral entier, uu déplacement de cinq a six
cents voix.
Croit-on, par hasard, que cette situation s'amé
liorera par les violences, les injustices, les passe-
droits qui sont l'ordre du jour? Si oui, on se
trompe tout cet arbitraire ne décèle que de la
faiblesse. On croit être fort; et on n'est que
violent. Un gouvernement régulier, fort, respecté,
ne voudrait b aucun piix se lancer dans nue pareille
voie qui conduit h l'avilissement, b l'anéantissement
du pouvoir.
Comme les naufragés s'accrochent a tous les
moyens de salut qu'ils croient trouver sons la main
pour échapper b la noyade, ainsi les chefs du parti
libéral provoquent, obtiennent et défendent toute
une série d'actes irréguliers, injustes, violents et
qui ne sont au fond que de misérables expédients
politiques, des mesures extrêmes prises en déses
poir de cause.
Que les conservateurs s'arment donc et de
courage et d'activité pour chasser l'émeute des
régions du pouvoir, et y faire monter un gouverne
ment respectable et vraiment digne de ce nom.
Cette lâche n'est ni au-dessus de leur ambition, ni
au-dessus de leurs forces. Ils l'accompliront quand
ils le voudront sérieusement.
Pour donner h nos lecteurs une idée de ce que
la délation révolutionnaiie est devenue dans la
ville de Gand, nous transcrirons ici quelques lignes
écrites par VÊcho de la Broedermin propos de
la démonstration qui a inauguré la reprise des
cours de l'Université
Si les fêtes de l'Université, dit YÉcho, sont
des fêtes poor la ville, elles u'ont pas, seinble-
t-il, le même caractère pour certains fonction-
naires publicsqui s'abstiennent systémati-
quement d'assister b toutes les cérémonies des
établissements de l'État, et dont, pour cette
Jois-ci, nous voulons bien taire les noms.
Voilà donc les fonctionnaires qui n'accourent
pas écouler la prose de MM. De Kercbove et Roole2
dûment avertis si dorénavant, ils n'assistent pas
a la fêle, VÊcho ne taira plus leurs noms, i| |ts
imprimera tout vifs, et une destitution brutale pou-
le moins est ce qui leur tombera en partage.
Les procédés de VÊcho sont odieux, je le sai,
et ils rappellent le pacha disant a ses subordonoés
Le premier qui ne s'amuse point, je le fais empaler
L'Émancipation annonce qu'il se fait anx dé-
partements de l'intérieur et des finances un travail
sérieux pour la suppression générale des octroi:
communaux.
Les feuilles de Bruxelles parlent d'un fait gra,{
qui vient d'avoir lieu en cette ville. Voici en epeb
termes en parle le Journal de Bruxelles
Un événement d'une extrême gravité a eu lieu
la nuit dernière Bruxelles (la nuit du lundi an
mardi).
A minuit et demi, une bombe fulminante a été
lancée contre le collège Saint-Michel, rue des
Ursulioes. A en juger par l'empreinte noircie
qu'elle a laissée sur le mur, a l'endroit où elle fut
jetée et où elle éclata, on a eu l'intention de la
lancer dans aue chambre du premier étage, l'em
preinte se trouve un peu en dessous de la fenêtre.
Par suite de l'explosion, plusieurs carreaux ont été
brisés au premier, a différentes fenêtres; en outre,
tous les carreaux d'une fenêtre du pensionnat de
Saint-Michel sont aussi brisés cette fenêtre se
trouve vis-b-vis du mur frappé par la bombe.
La détonation a été telle qu'à l'instant tout le
voisinage fut en émoi, et que de toute part on
accourut pour s'informer de ce qui était arrivé. Les
restes de la bombe ont été ramassés par des agents
de ville; plusieurs personnes assurent que ce ne
sont point des restes, mais une seconde bombe
qu'on voulait encore jeter et qu'on aurait laissée la.
On dit qu'on voulait incendier le collège; malgré
toutes les apparences, nous renouçonsb croire a no
si infâme projet.
D'après de nouveaux renseignements que nous
avons recueillis, la bombe ou machine incendiaire
dont il est parlé dans les lignes qui précèdent, se
compose d'un cruchon de grés, entouré d'une forte
épaisseur de morceaux de carton serrés ensemble
par une ficelle et en partie recouverts d'une couche
de graisse; entre les morceaux de carton et la
ficelle, se trouvaient de petites baguettes de bois
placées verticalement.
Une petite vessie contenant de l'esprit de vin,
suppose-t-on, car la machine exhale l'odeur de ce
liquide inflammable avait été introduite dans le
cruchon par son étroit goulot que la vessie dépas
sait d'environ un centimètre. Le cruchon contenait
encore de la poudre b tirer.
L'explosion, qu'on a comparée b l'effet d'no
coup de cauon, aurait dû, ce semble, faire sauter
tout l'appareil en e'clats; il n'en est pas ainsi:
le cruchon est seulement troué par le bas. Faut-il
supposer, comme il est dit plus haut, qu'une autre
bombe a fait explosion?
Le bruit de l'explosion a jeté l'épouvante dans
les maisons voisines et entr'autres dans le refuge
des vieillards, situé b côtédu collège Saint-Miche!.
Quelques passants attardés qui se trouvaient
dans la rue, ont déposé du fait dans la nuit même,
au bureau de police de la 2* division.
L'appareil explosible a été déposé au greffe du
parquet; malgré l'instruction judiciaire faite immé
diatement avec le plus grand soin et malgré toutes
les recherches de la police, on n'a pu découvrir les
auteurs de cet acte insensé.
Cet incident a fait grand bruit mardi b Brnielles-
On lit dans /'Emancipation
L'attentat commis Bruxelles, dans la nu"
du 18 au 19, contre le collège Saint-Michel,