42me Année.
No 4.289.
7 S G 6 Novembre.
Ouverture des Chambres Législatives.
Le Ministère et les Chambres, issus du
coup de parti de mai, vont se renconirer
pour la deuxième fois mardi prochain.
Les visages seront moins radieux, les poi
gnées de main seront plus rares et plus
froides qu'à la fin de décembre, car une
défiance réciproque s'élève déjà entre les
délégués de la Couronne et les gérants
d'affaires de la Nation. Résister aux passions
après les avoir soulevées, telle est la diffi
culté capitale qui se dresse devant les
hommes de pouvoir; mettre profit l'im
pulsion donnée, pour obtenir les conces
sions les plus larges, fussent-elles les plus
dangereuses, telle est la seu le préoccupation
de ceux qui pousseraient la Nation dans un
abîme, si l'intérêt de leur immense vanité
le réclamait. Les libéraux doctrinaires
accorderaient les interprétations les plus
judaïques de la Constitution, mais les
libéraux progressistes exigent qu'elle soit
changée légalement ou abattue révolution-
nairement.
Le Ministère n'est pas resté sourd aux
réclamations de ceux qui l'ont conduit au
timon des affairesà la faveur de hurlements
sauvages, de bris de clôture, et d'auto da fé
d'une nouvelle espèce. La disgrâce révol
tante du général Capiaumont, les injustes
nominations dans la magistrature de ses
indignes détracteurs, les retraites imposées
certains fonctionnaires pour avoir l'occa
sion de payer des services électoraux, la
loi des Prud'hommes qui met les patrons
la merci de leurs ouvriers, les pistolets
fourrés distribués aux enfants de ceux-ci,
les décorations et les médailles, sont autant
de gages que le pouvoir a prodigués de ses
dispositions bienveillantes et reconnais
santes envers ses avides, ses insatiables
adhérents. Mais l'ambition qui n'a pour
mobile que l'intérêt personnel, qui se com
pose d'orgueil et de cupidité, qui n'a rien
de commun avec la noble passion des
âmes d'élite, celte ambition de bas étage
n'est jamais satisfaite. C'est le tonneau des
Danaïdes.
Les libéraux progressistes exigent:
1° L'enseignement primaire obligatoire
et gratuit, pour les filles comme pour les
garçons, sous peine l'égard des parents
de la privation des droits civiques, civils
et de famille;
2° L'enseignement moyen dégagé de la
convention d'Anvers;
3° La suppression de la liberté de dis
poser au profil des pauvres.
Quant aux octrois communaux et la
conscription militaire, on s'en occupe;
mais comme cela intéresse tout le monde,
cela ne touche point particulièrement les
faiseurs.
Le Ministère osera-t il suivre la route
impérieusement indiquée par les journaux
libéraux de toutes nuances?
Et s'il ne le fait point, n'anra t-il pas
craindre les tours de main de ses trop
zélés complices. AI. Rogier peut être un
habile pilote; mais la volonté de l'homme
ne dompte ni les Ilots, ni les révolution
naires déchaînés.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le denors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
revue politique.
Nous avons fait mention d'une note remise au
ministre de France par le gouvernement portugais
au moment de !a remise du Chartes - Georges. Eo
voici, au moins en substance, les conclusions:
i* Le gouvernement portugais, ne pouvant
résister b la violence que lui impose la France,
livre la barque
2° Le gouvernement français ayant rejeté
l'arbitrage d'une tierce puissance sur le point de
droit le cabinet portugais le rejette aussi sur le
point de l'indemnité;
3" Que le gouvernement français présente son
compte d'indemnité, il lui sera payé immédiate
ment.
Cette attitude d'une puissance faible qui ne
cède que devant la force, vaudrait sans doute
quelques sympathies au Portugal si le bon droit de
la France n'était trop évident. Assimiler, comme
on l'a fait, sa conduite au cas du roi Ferdinand
cédant l'Angleterre, serai: méconnaître que le
droit se trouvait du côté des Deux Siciles daos
l'affaire du Cagliari. Les journaux de Lisbonne
accusent assez haut le gouvernement anglais d'avoir
abandonné leur gouvernement. S'il faut en croire
nne correspondance du Journal de Bruxelles
l'Angleterre n'aurait pris parti pour la France
qu'en retour d'une concession très importante. Il
aurait été convenu que Périm restera b l'Angle
terre et que si l'on n'y accède pas positivement,
on fermera au moins les yeux. Or, on sait combien
l'Angleterre tient b s'assurer de cette clef du pas
sage des Indes, en ce moment surtout où M. de
Lesseps commence son grand travail du canal de
l'isthme de Suez.
Les nouvelles de la Chine continuent b être peu
rassurantes pour le maintien des relations nouées
avec les nations européennes. La cour de Pékin a
signé le traité sous le coup de la peur maintenant,
qu'il s'agit de l'exécuter, il traîne les choses en
longueur. Nous ne sommes pas, dit une corres
pondance française, au bout des difficultés que les
prétentions haineuses des populationsaidées sans
doute par la complicité secrète du gouvernement,
nous suscitent. On craint que les braves de Canton
ne continuent le cours de leurs assassinats. La paix
Pékin, la guerre b Caoton, c'est un singulier état
de choses... Il faudra, b plusieurs reprises, et pen
dant de longues années, faire sentir notre force aux
Chinois pour les déterminer b tenir leurs promes
sesCe qu'il y a de vraiment admirable, c'est
l'enthousiasme que la nouvelle de l'ouverture de
la Chine au catholicisme a excité parmi les jeunes
gens de nos séminaires. Il est des hommes qui
courent en Californie, en Australie, partout où
l'amour du lucre les pousse, partout où l'espoir
d acquérir de l'or vieot b luire devant leurs yeux.
Ceux-ci veulent aller en Chine conquérir des
âmes. Ils ont la soif de se dévouer. Ils aiment Dieu,
ils airueot leurs frères. Ainsi même dans notre
pays, le zèle des époques apostoliques se retrouve,
Evangile ne vieillit pas et l'Église, comme nn
arbre immortel, pousse de nouvelles branches qui
se chargent de nouveaux fruits.»
Résumons avant que de clore cette revue les
nouvelles politiques qu'il nous reste b signaler.
Celles du Mexique confirment le bruit de la défaite
de Vidauri parle général .Miramoo lieutenant de
Zuloaga. Les feuilles et correspondances libérales,
suivant leur habitude commune, avaient annoncé
précisément le contraire de la vérité, ajoutant que
Miramou, ne voulant survivre b sa défaite, s'était
tué de désespoir. Une dépêche télégraphique de
Madrid annonce que le parti progressiste a fait
tous ses candidat, sauf M. Escosura, dans les collè
ges électoraux de cette ville, mais que le ministère a
eu la majorité dans les provinces.Il est question
plus que jamais de la retraite du cabinet prussien,
dont la politique ne paraît point s'accorder avec
les vues du nouveau Régent.Eu Fiauce, l'affaire
de M. de Moutalembeit qui a causé tout d'abord
uue sensation facile b concevoir, promet de dé
frayer largement l'intérêt général.
L'Indicateur d'Hazebrouck, dans un article très-
détail lé fait mention d'un de nos concitoyens; nous
nous empressons d'en donner une noiice.
On vient de terminer dans l'église des RR. Pères
Capucins b Hazebrouck un autel de i5 mètres de
hauteur. Cet autel est conçu dans le style de la
renaissance, de 16oo, époque où les Pères Capucins
firent la plupart de leurs constructions. Il est formé
de différentes sortes de bois. Le chêne a été employé
pour les corniches; l'orme pour les soubassements;
le noyer pour les panneaux du fond le sapin blanc
pour les bossages, et le tilleul pour les sculptures.
L'autel est composé de deux avant-corps et d'un
arrière-corps au centre, qui, par l'effet de la
perspective, trompent l'œil sur leurs véritables
saillies. Les avant-corps composés de deux colon
nes corinthiennes surmontées par quatre pilastres
portant une corniche brisée circulairement, pour
tourner sur une niche supérieure, le tympan est
orné par quelques emblèmes eucharistiques.
L'arrière-corps comprend l'antel, le tabernacle
et un tableau représentant un des miracles opérés
par S' Antoine, d'après nn sujet de Vandyck dont
l'original est au musée de Lille.
Le tout est couronné par les armoiries de l'ordre
qu'encadre une gloire d'un puissant et admirable
effet.
Tel est cet autel que Hazebrouck peut montrer
avec orgueil aux étrangers et qui a fait ressortir le
talent de l'architecte a qui le plan eu est dû, aussi
bieu que celui des artistes et des ouvriers qui ont
travaillé sous ses ordres.
Le dessin et le tracé de l'autel ont été faits par
AI. Léonard Barbier, architecte. Ce travail le place
au premier rang pat mi ceux qui s'occupent d'archi-