façon que le plus grand nombre de a membres puissent y adhérerceux-là ont vu avec peine le caractère provo- quant qui a été donné au projet en discussion. Le ministère a une lâche originelle qui n'est pas effacée et qui maintenant plus que jamais exercera une influence fâcheu se sur sa politique. 11 est arrivé au pouvoir, sinon par la grâce immédiate de l'émeute, au moins en vertu d'une situation que l'émeute a créée. Il est obligé d'apporter pendant la nou velle session une loi sur la bienfaisance de nature satisfaire ceux qui ont pillé la maison des Frères de la doctrine chré tienne, insulté des prêtres et poursuivi de leurs huées la majorité qui représentait le pays. De deux choses l'une ou cette loi satisfera ces énergumènes, ces émeutiers, ces ennemis du régime légal, et alors ce sera une mauvaise loi ou elle ne les satis fera pas, et le ministère venu après une émeute qu'il a au moins implicitement approuvée, peut s'attendre tomber devant uneémeute nouvelle, qu'il n'aura pasmème le droit de blâmer, car les membres dont il se compose ont contribué mettre le gouvernement dans la rue. C'est en vain que le ministère, par l'organe de la com mission du projet d'adresse, se pose en défenseur de la société belge contre le retour des abus d'un autre âge, en défen seur de l'autorité laïque; c'est en vain qu'il promet en sa qualité de gouverne ment patriotique, de ne pas demeurer immobile, il sera poussé vers les inno vations aventureuses qu'il redoute; il sera forcé de prêter la main aux boule versements que prépare le parti avancé, sous peine de tomber lui-même devant une manifestation révolutionnaire. C'est la punition de ceux qui, par amour de la popularité ou par ambition, se ren dent les approbateurs et les complices des passions révolutionnaires. Ils ont cru qu'elles les suivaient, elles les poussaient. Ils ont cru que la révolution serait toujours leur servante, ce sont eux qui sont devenus ses serviteurs. Il faut aller où elle va, vouloir ce qu'elle veut, haïr ce qu'elle hait. La majorité doctrinaire ainsi que le ministère croit-elle apaiser le parti avancé en jetant l'injure la tête du parti conser vateur? croit-il arrêter les jeunes grognards en leur fesant la leçon de ne s'avancer que dans les voies praticables dont les obstacles ne les forceront pas revenir sur leurs pas Ils riront les ministres au nez; ils ne leur tiendront aucun compte de leurs demi- mesures; ils s'efforceront de faire descen dre les vieilles perruques des sièges minis tériels, pour s'y placer eux-mêmes. Souhaitons que le pays n'éprouve aucun dommage de celle fâcheuse position de son ministère; mais nous l'avouons: nos espérances nerépondent pasà nos souhaits. L'adresse que la gauche vient de voter, n'est pas l'expression des sentiments de la Chambre elle est simplement l'expression des passions et des injus tices d'un parti. Ce n'est pas la nation, qui s'est adressée au Souverain par ses organes légitimes, ce sont les chefs de la gauche qui ont parlé au nom des clubs. La majorité de l'émeute, eu habits galonnés, s'est présentée au Roi pour jeter l'insulte et I ou trage l'opinion catholique toute entière, qui, si elle u'a pas numériquement le dessus dans la Chambre, forme bien certainement la majorité de la nation. Nous serions fort étonnés que la situation faite au Roi et au pays par l'intolérance et par l'esprit provocateur de la gauche, fut agréable Sa Majesté. Le Roi n'est pas le souverain d'un parti il est le souverain de la nation, du pays entier, et la nation n'a pas pu s'adresser a lui dans celle circonstance. C'est la première fois depuis i83o qu'on offre a Sa Majesté,eu forme de discours du trône, un manifeste de parti acrimonieux et insultant. La situation que cet acte nous fait est aussi insolite que peu constitutionnelle. On écrit de Bruxelles, en date du 18 Le ministère est on ne peut plus ahuri de la protestation faite mardi par le chef de la droite. Des conversations très-vives ont eu lieu ce sujet entre les ministres, et bien s'en faut qu'il y ait eu homogénéité cet égard. M. Rogier, toutefois, ne veut pas en avoir le démenti; il sait que la retraite delà minorité produira partout une grande sensa tion, et pour l'atténuer, il vienl, de coucert avec M. de Vrière, de donner des instructions l'étranger pour que les feuillesde Paris, de Londres.de Turin, etc., blâment la couduite de la droite. Avaut peu de jours, vous lirez dans ces journaux les impres sions que leurs convictions leui auront spontané ment dictées. On dit que le ministère va proposer l'achèvement des travaux de grande caualisaiion entre l'Escaut et la Meuse, Anvers Liège, et l'exécution du grand égoût latéral destiné a l'assainissement de la ville de Liège. Il n'est plus question ni du palais des Beaux-Arts, ni du palais Ducal, ni du palais du Roi a Bruxelles. Par arrêté royal du i4 novembre i858, M. Ferdinand De Stuers, attaché de Légation, est nommé secrétaire de Légation de seconde classe. On nous écrit de Roulers, 18 novembre Hier nous avons eu daus notre petite ville la plus belle fête dont puisse jouir une population catho lique. Son Em. le cardinal Wiseraan, archevêque de Westminster, accompagné de S. G. Mgr. l'Évêque de Bruges, est venu faire visite au Petit- Séminaire, où une brillante réception l'attendait. Mais aussitôt que notre bonne et catholique population eut appris que la ville de Roulers serait hoDorée de la présence d'un hôte si illustre, tout le monde a été unanime s'écrier que la fête ne serait point pour le Petit-Séminaire seul. Des commis sions se constituèrent la hâte, car il n'y avait pas un moment perdre. Les rues que l'émioent prélat devait parcourir, furent décorées de sapins, de guirlandes, de drapeaux innombrables, le travail de l'atelier fut interrompu, et la ville entière, les autorités communales et toutes les sociétés en tête, se précipita a la rencontre d'un prince de l'Eglise dont le nom est prononcé avec respect par tout l'univers catholique. Les 4oo élèves du Petit- Séminaire, précédés de leur jeune société de musi que, accueillirent Son Emineuce avec les applau dissements les pluschaleureux, l'air national anglais retentit au milieu de mille cris de joie, et le cortège se dirigea, travers des flots d'uu peuple immense, vers l'église du Petit-Séminaire. La forent entonnés des chants religieux exécutés par toutes les voix réunies des élèves avec un ensemble admirable, et la foule recueillie reçut la bénédiction de l'éminen- tissime cardinal. La cérémonie religieuse terminée, Son Éminence reçut les personnages distingués, accourus la fête, et qui lui furent présentés par Monseigneur Malou. Outre les autorités locales, nous avons remarqué M. le comte de Montblauc d'Iûgelm uuster, MM. les sénateurs Bethune et Gilles de Pélichy, M. le Com.e de Limbonrg-Stirum, un grand nombre dedi°r, taires parmi lesquels Mgr Scarle, secrétaire de S. - Éminence; Mgr De Neckeie, prélat romain. M vicaire général Faict, M. le chan. Donnet, curé d Jacques-sur-Caudenberg, M. le président du gra[ séminaire, M. le curé Verbeke, etc., ainsi plusieurs personnes éminentes de la provirce appartenant au barreau, 4 l'administration, a |'jD dustrie. Après que Sou Eminence eut pris quelqiJe- moments de repos, les jeunes élèves du pe!;. Séminaire lui ont offert une jolie fête de collège où les plus charmants exercices de chant et de décla matioo ont alterné avec des discours prononcés en français,en latin,eu allemand, en italien,eo ang|si; Tous les discours eo langues modernes ont j-j composés et lus par des jeunes gens, appartenant an pays même dont ils parlaient ce langage, celui qui comprend et parle presque tontes les langue; de l'Europe. Deux élèvesdes cours d'humanités ont déclamé uu des plus beaux épisodes de Fabiola.a délicieux ouvrage de Mgr Wiseman; c'était le dernier entretien de Pancrace et de Sébastien, scène touchante, qui a été supérieurement bien dite et qui s'est terminée par uu duo de l'opéra de Paulus de Mendelsohn, chanté par deux voix riches et harmonieuses. Après ces exercices auxquels Son Eminence prenait le plus vif intérêt, et qui ont tous été chaleureusement applaudis, l'illustre prince de l'Église a prononcé en français un discours dont nous essayerions vainement de donner une idée. Des bravos échappés de toutes les poitrines 'a la fois, ont prouvé l'éminent orateur que son auditoire l'avait compris, quand il parlait de son amour ponr la jeunesse, de ses sympathies pour le peuple belge, de ses espérances pour les conquêtes pro chaines de la foi catholique, conquêtes dont peut- être, disait-il h son jeune auditoire, vous serez les glorieux acteurs et que nous qui sommes déjï avancés dans la carrière, nous contemplerons do haut des Cieux, heureux d'avoir aidé les préparer de loin! Ce magnifique discours demandait une réponse digne de celui qui l'avait fait, digne des nobles paroles qui avaient été si éloquemment dites. Monseigneur Malou s'est chargé de redire les senti ments qui débordaient de toutes les âmes, et il l'a fait avec le plus rare bonheur d'expression, remer ciant son hôte véuéré au nom des jeunes élèves, au nom de la brillante société réunie au pied de l'estrade, au nom de la ville de Roulers heureuse et fière d'une telle visite, pour tout ce que l'illustre prélat anglais avait donné d'encouragements la grande œuvre de l'éducation catholique, cette préoccupation constante de l'Église daDS tous les pays et dans tous les temps. Sa Grandeur a rappelé avec un b-propos délicat la part qu'un grand nombre de prêtres belges, presque tous élèves du Petit-Séminaire de Roulers, prennent, dans divers diocèses anglais, aux travaux du ministère catholi que, et ce que promet h l'église d'Angleterre la jeune colonie anglaise qui reçoit une forte instruc tion littéraire et religieuse Roulers. Au banquet que le Petit-Séminaire a offert b son digne visiteur, Mgr Malou a porté la santé du pieu» et savant cardinal, en lui souhaitant de longues années pour la prospérité de l'église d'Angleterre et pour la gloire de l'église catholique tout entière. Son Eminence a répété ces mêmes vœux pour Sa Grandeur l'évêque de Bruges, et l'assemblée a traduit eu chaleureux applaudissements les sen timents avec lesquels elle accueillait ces soobai's réciproques dont chaque cœur demandait au Ciel la réalisation, pour deux hommes si distingués 1 00 et l'autre, si dignesd'êtreétroitement unis dans une noble communauté de travaux, de sciences et de vertus.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 2