précédentes législatures. La théorie de
M. De Decker est donc une chimère.
Le ministère actuel présentera aussi un
projet de loi sur la charité, projet diamé
tralement opposé a celui qui a été retiré.
Nous supposons, ce qui n'arrivera point,
que des manifestations cléricales aient lieu
pendant la discussion; et nous demande
rons M. De Dècker s'il croit que M. Ho-
gier ferait comme lui. Non, non, M. Rogier
n'aurait pas de scrupules il n'ajournerait
pas les Chambres il ne dirait pas ses
amis que cela ne le regarde point, et il ne
se retirerait pas crainte d'avoir une goutte
de sang sur son habit de ministre.
M. De Decker est un homme de tête,
nous le voulons bien, mais c'est surtout
un homme de cœur. Il a fait du sentiment
avant, pendant et après son ministère. Il
est trop loyal pour lutter de rouerie avec
les chefs de la doctrine. Un d'eux l'a pro
clamé tout haut dans un moment d'impa
tience et de dépit ils n'ont que faire du
cœur, ils gouvernent avec la tête.
La liberté des cultes, telle que la com
prennent les prolestants et telle que la
veulent nos libéraux, n'est jamais accordée
aux catholiques.
Le gouvernement fédéral des États-Unis,
par exemple, qui s'est interdit de faire
aucune loi sur la Religion, n'en met pas
moins de chapelains protestants sur ses
vaisseaux, et les matelots catholiques sont
tenus, sous peine du fouet, d'assister
leurs prêches.
Nos adversaires, qui connaissent ces
faits aussi bien que nous, n'ont pas une
seule parole pour flétrir une pareille
intolérance, lui qui ne sait contenir son
indignation devant l'apparence même d'un
acte intolérant posé par des catholiques.
Que diraient ces Messieurs, si le Pape
fesail fustiger ceux de ses soldats Suisses-
protestants qui ne vont pas la messe?
Pourquoi donc se taisent-ils sur l'intolé
rance Américaine?
Dans l'État de New York, tous les orphe
lins recueillis par l'État sontrélevés protes
tants, bien que les trois quarts d'entre eux
soient fils d'Irlandais catholiques.
La législature a même discuté récemment
la question de supprimer les noms de
famille et de baptême de ces pauvres
enfants, afin de les mieux proleslantiser.
Dans les refuges et hospices de la ville où
le plus grand nombre des infirmes et des
malades professent la Religion catholique,
l'on interdit aux prêtres catholiques d'y
célébrer la messe, sous prétexte que les
ministres protestants savent se borner la
prédication.
Allons donc MM. les progressistes! Si
votre indignation est de bon aloi, si elle est
sincère, impartiale, voilà certes de quoi la
faire monter la force de dix chevaux, et
de vous inspirer des phrases rimées et
éloquentes comme celles que le Paysan du
Danube adressait au Sénat de Rome.
Oh! si le gouvernement fédéral des
États-Unis, si l'autorité de New-York,
étaient catholiques et agissaient ainsi
l'égard de leurs sujets protestants, quelles
tirades foudroyantes nous entendrions!
mais elles sont protestantes, et partant,
leur conduite n'a rien de révoltant aux
yeux de nos libéraux progressistes; bien
au contraire elle est toute libérale, depuis
que partialité et libéralisme sont devenues
synoninies.
IMPARTIALITÉ ET SINCÉRITÉ DES PROGRESSISTES.
Voici un nouvel et éclatant exemple de la justice
de l'espiit de parti. On assure que les grandes
puissances auraient fait une démarche auprès du
Souverain- Pontife, pour obtenir que le jeune Mor-
tara soit rendu k ses parents et au colle judaïque, et
que le Pape aurait répondu par un refus poli mais
ferme d'admettre cette ingérence dans les affaires
intérieures de ses États,cette violence diplomatique
faite au pouvoir du souverain temporel et la
conscience du souverain spirituel.
Si cette démarche n'a pas été faite encore, il est
certain que tonte la presse rationaliste, depuis les
Débats jusqu'au Constitutionnel en passant parle
Siècle, pousse les cabinets la faire. Ainsi voilk
que l'on veut qoe toute l'Europe intervienne pour
empêcher que le Pape ne suive son devoir spirituel
et n'agisse conformément a la loi civile établie k
Rome, en faisant donner un enfant que le bap
tême a rendu chrétien l'éducatioo chrétienne que
lui doit le Père commun des fidèles. Notez que ce
n'est pas le Pape qui a fait conférer le baptême k
cet enfant; notez qu'il subit les conséquences d'un
fait qu'on ne peut lui attribuer, qu'il revendique
moins un droit qu'il ne remplit un devoir; notez
enfin qu'il n'a pas séquestré le jeune enfant et qu'il
a voulu qu'il communiquât librement avec ses
parents. Voilk dans toute sa simplicité le fait qui
excite l'indignation de la presse rationaliste et la
détermine k demander l'intervention de toutes les
puissances européennes pour faire cesser ce crime
de lèse- humanité.
En face de ce fait, en voici uu autre. Depuis
bientôt un an, l'Angleterre couvre l'Inde de sang
et de ruines, sous prétexte que, comme elle n'a
reculé devant aucune violence pour s'emparer de
ces immenses contrées, elle ue doit reculer devant
aucune barbarie pour les conserver ou les recon
quérir. N'en croyons pas les accusateurs des Anglais,
j'y cousens,maiscroyons-eu les Anglais eux-mêmes.
Il y a quelques jours, M. Buxton, représentant
de Newport au Parlement d'Angleterre, dénonçait
k ses commettants quelques-unes de ses horreurs.
Combien de personnes croyez-vous que oous
ayons exécutées dans la seule ville d'Allahabad?
disait-il. Représentez-vous l'horreur d'une de ces
exécutions, les souffrances morales de l'homme qui
seot nouer la corde autour de son col, et qui se voit
ensuite lancé dans le vide.
Dans cette cité, noos avons exécuté de sang-
froid treize cents personnes! Dans le Punjab, ou il
n'a été commis aucun outrage d'aucun genre, nous
avons exécuté cinq mille personnes! J'ai lu moi-
même ce fait dans une lettre de sir Johu Lawrence.
Pendre et fusiller cinq mille être humains, n'y
a-t-il pas là de quoi effrayer la pensée?
Quelqu'uu dans la presse rationaliste pense-t-il
k pousser les puissances k intervenir auprès de
l'Angleterre pour l'engager k mettre un terme k
ces mesures d'extermination? Accuse-t on au moins
celte homicide Angleterre do crime de lèse huma
nité! Allons donc! L'Angleterre peut pendre et
fusiller autant d'Indiens qu'elle le voudra. Le seul
criminel, le seul coupable de lèse humanité en
Europe, c'est le Pape qui fait élever k ses frais et
chrétiennement le jeune Mortara que le baptême a
rendu chrétien. Et la presse révolutionnaire nous
parlera après cela de sa philanthropie Taisez vous,
vous n'êtes pas philanthropes, c'est-k-dire amis
des hommes; vons êtes anti-chrétiens
La majorité de la Chambre des Représentants est
bien embarrassée pour dire quelque chose
désagréable k la majorité catholique qu'elle rem
place. Elle écrit,elle efface,elle avance, elle recule
elle offense le clergé, elle l'encense, elle lui sourit
aptès lui avoir fait la grimace comme ces traîtres de
mélodrames qui terminent par un geste caressant
un geste de menace; elle monte k cheval p0Uf
croiser la lance comme Don Quichotte contre |e
retour des abus d'un autre âge, qui se dressent
dans la phrase du rapporteur, comme les moulio3a
vent de Cervautes, dans la campagne de Toboso,et
elle finit par en descendre sans avoir feru aucun
coup de lance, pour reconduire piteusement Rossi
nante k l'écurie. Pauvre Chambre! pauvre Adresse1
Je crois que si Royer Collard l'eût entendue, il
aurait répété le mot qu'il adressa au jeune orateur
qui venait de prononcer son maiden-speech, et
qui demandait k ce vétéran des assemblées délibé
rantes ce qu'il en pensait Je pense, monsieur,
que vous avez laissé échapper une magnifique
occasion de garder le silence.
Le Journal de Liège disait l'autre jour aux
conservateurs
Vous avez cherché, par toutes sortes de
moyens détournés, k faire intervenir le clergé k
titre d'autorité dans l'instruction publique... Nous
voulons couper court k ces hérésies constilution-
nelles...
Le National trouve la déclaration trop modérée
et dit
Nous voulons, nous, que le prêtre soit invité k
rester dans son église, ira le trouver qui voudra,
Chacun chez soi,s'il vous plait.Le prêtre dans
son temple, l'instituteur dans son école. Ceci
est net et clair, et la morale universelle et natn-
relie n'a rien k démêler avec les cultes, quels
qu'ils soient. C'est pour cela que nous voulons
culbuter la loi de i842 et greffer sur ses ruines
l'instruction primaire gratuite et obligatoire,
sans porte-soutanes obligés.
Oo voit que la gauche va vile; son langage
est franc et dur, mais instructif, et ses progrès sont
flagrants.
La Chambre des Représentants a terminé lundi
là discussion des articles du projet de loi apportant
des modifications au régime de la contrainte par
corps. Le second vote du projet a été fixé a jeudi
prochain.
La Chambre a commencé mardi la discussion
du projet de loi révisant le titre I", livre II, du
Code pénal.
Parmi M" les jurés gui connaîtront des causes
comprises dans la deuxième série de la 41
session pour t858, série gui commencera
le i3 décembre prochain, nous remarquons
les noms suivants
MM. B. Lebbe, cultivateur k Poperinghe;
D. Busschop, médecin k Langemarck;
J.-F. Demade, bourgmestre k Comines;
E. Hermion, receveur k Ypres;
A. Lambin, secrétaire des hospices k Ypres;
V. Van Isacker, conseiller k Hooglede;
B. Delbecque, propriétaire k Neuve-Egliso;
L. Bouckenaere, marchand k Ypres.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêtés royaux du 19 novembre sont nom
més daos les communes ci-après:
Staden. Échevin, le sieur H. Deceuninck.
Thielt. Écbevin, le sieur J. Strack.
Eeghera. Bourgmestre, le sieur J. N aD ^er
Gracht.
Pitthem. Bourgmestre, le sienr F. de Meese.
Hollebeke. Bourgmestre, le sieur P. er"
meerscb.