Lavater n'avait pas complètement tort
quand il soutenait que l'on peut jusqu'à
un certain point juger l'homme sur les
signes qu'offre toute son attitude exté
rieure; mais il est bien plus vrai que l'on
peut juger une cause bonne ou mauvaise
sur l'attitude que prennent l'association
ou le parti qui la défend et les journaux
ou les hommes qui lui servent d'organes.
Nous avons parlé de tolérance et d'in
tolérance et cela l'occasion de l'affaire
Morlara.
Au lieu de donner un exposé simple et
véritable des faits, de les apprécier avec
dignité, calme et raison, les journaux
maçonniques de toute l'Europe se sont
démqnés comme des énerguinènes et se
sont répandus en déclamations furibondes,
en invectives et calomnies contre le Sou
verain-Pontife et l'Eglise. C'est de la
tolérance libérale! Ils ont besoin de
s'envelopper devant le public du manteau
de l'humanité, du respect pour les droits
paternels et la tendresse maternelle.
N'est-ce pas beau d'oser mentir alors
comme un franc-maçon?
Enlrelemps en Piémont, en Espagne,
dans la Suisse, en Angleterre, en Suède,
etc., le libéralisme se livrera des mesures
et des actes innombrables de la plus
odieuse intolérance et il ne respectera rien
pour fouler audacieusement aux pieds les
notions les plus élémentaires de droit, de
justice. Que feront les feuilles libérales?
ou elles se tairont ou elles dénatureront
les faits pour se poser en défenseurs de
leurs complices d'autres pays cacher ou
voiler leurs actesne jamais oser les
avouerchercher paraître autres
qu'ils ne sont et noircir les autres, voilà
l'attitude de nos libéràtres.
Il y a du comique quelquefois, Ypres
surtout.
Un individu qui fait entendre souvent
sa voix aigre et criarde était mollement
étendu sur le duvet triple étage, il médi
tait sans doute comment on mettrait les
catholiques hors la loi en vertu de la
tolérance libérale, lorsque tout-à-coup
ses oreilles résonnent les mots de tolé
rance catholique. Il a le frison, il perd
la tête Insigne mauvaise foi, s'écrie-
t il, aberration pyramidale! Et lout-à-
coup saisi d'une frayeur maniaque, il voit
l'inquisition, le moyen âge, le S'-Offlce,
etc.; il se croit sur le bûcher, il crie au
feu, au feu et l'eau; il ne peut se calmer
qu'en menaçant les catholiques, en vertu
de la tolérance libérale, de renouveler les
saturnales du mois de mai. Pitoyable
cause qu'il faille ainsi défendre!!
La cause catholique marche le front
haut; elle a la franchise de reconnaître et
de proclamer ses actes; c'est que cette
cause est vraie, forte et invincible.
Le Souverain-Pontife dit Je n'ai
point ordonné, je n'ordonne pas, je
défends de baptiser les enfants. Je
permets aux Juifs de professer librement
leur religion. Je n'ouvre point malgré
eux leurs paupières la lumière de la
Vérité. Mais l'enfant Mortara étant
baptisé, j'ai le devoir de lui procurer
une éducation chrétienne en rapport
avec la dignité et la grâce qu'il a reçue
de devenir enfant de Dieu et de la
S"-Eglise.
Mais voilà que l'impiété et l'indifférence
jettent les hauts cris et veulent soulever
l'Europe, entraîner même les gouverne
ments, et le Souverain - Pontife est
calme et digne! Les feuilles catholiques
ne cachent pas, ne voilent point les faits
ils les exposent simplement et disent que
l'enfant Morlara en droit et en fait et avec
tous les ménagements possibles reçoit une
éducation chrétienne. Cela fait mal aux
ennemis de l'Eglise; ils crient, ils grima
cent, ils montrent les dents; c'est tout
naturel; ils ont donné de la tête contre le
rocher de Pierre, ils sont blessés.
Oh! certes, dans mille et une circon
stances l'Eglise est rudement attaquée;
elle serait vaincue si elle reposait sur une
base humaine! Mais non! Qui lutte contre
Elle, lutte contre Dieu; il se laissera vain
cre ou il périra.
42me Année.
No 4.297.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEnORS FR. 7-50 par
an, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
7 F. 3 S 4 Décembre.
revue politique.
La question de la réforme électorale tient ton-
jours une grande place dans les discours des
hommes d'État et dans les controverses des jour
naux d'Angleterre. Dernièrement un membre du
Parlement, M. Newdegate, comparant la représen
tation des comtés avec celle des villes et des bourgs,
a prouvé que ces derniers, beaucoup moins peuplés,
élisent deux fois autant de membres. A l'époque
de la dernière élection, la population totale de
l'Angleterre et du pays de Galles était d'un peu
moins de 18 millions d'individus représentés par
4g6 membres. En dehors des villes et des bourgs,
elle était de près de io,5oo,ooo représentés par
159 membres, et la population des villes et des
bourgs, qui n'atteint pas le chiffre de 7,500,000,
ne comptait pas moins de 337 membres. Pareille
anomalie s'explique d'ailleurs si l'on tient compte
de la transformation que l'Angleterre a subi dans
sa population depuis les temps reculés où la
représentation nationale fut constituée sur ses
bases actuelles. Toutefoisobserve le Times
après avoir fait plus de progrès qu'aucune autre
nation du monde, après avoir acquis plus de liberté
avec une Chambre des Communes qui a été au
fond la même pendant six cents ans, il n'est pas
probable que nous aillions, en un jour, renverser ce
qui est établi. Une réforme modérée, une fois en
un siècle, est un pas qui suffit la gran Je majorité
du peuple anglais, a
On croit généralement, dit le Murning-Post
que les ministres de la Reine, conjointement avec
les représentants du Canada, du Nouvean-Bruns-
wick et de la Nouvelle-Ecosse, se sont occupés de
l'importante question de l'union fédéralive des
colonies anglaises de l'Amérique du Nord. Cette
question préoccupe les journaux anglais, qui la
jugent diversement et qui, d'accord sur la néces
sité de créer des liens plus intimes entre les colonies
et la mère-patrie, sont divisés cependant sur la
nature de la fédération qui devrait opérer ce
rapprochement.
Les feuilles françaises et piémontaises se plaisent
depuis longtemps k accréditer des bruits de rup
ture probable entre la France et l'Autriche. Pour
notre partnous estimons trop nos lecteurs pour
rapporter d'absurdes cancans qu'inventa sans
doute l'esprit révolutionnaire et qui font les
délices des badauds. Le Constitutionnel, feuille
semi-officiel le, donne aujourd'hui tous ces bruits
un démenti catégorique, et s'étonne qu'on s'ingénie,
comme plaisir, a agiter, dans les circonstances
actuellesuoe question de nature seulement k
troubler les esprits et b nuire k la reprise du travail
et des relations commerciales.
UNE DOUBLE ATTITUDE.
Nous avons reçu la lettre suivante au sujet des
funérailles de M. J. Vergote curé-doyen de
Poperinghe
t 1
I-opcrlnglie, le 3» Vsvembrc 1N5N.
Hier, 29 novembre, ont été célébrées dans notre
ville les funérailles de notre vénérable et regretté
doyen Monsieur J. Vergote. Ce digne prêtre desser
vait l'église de Saint Berlin depuis vingt-quatre
ans; il s'était acquis par sou activité infatigable et
son zèle vraiment sacerdotal, l'estime et l'affection
de tous les habitants de Poperinghe. Aussi sa mort
subite, arrivée dans l'église, pendant l'exercice
même des fonctions du Saint ministère, est-elle
regardée comme uue véritable calamité pour la
ville. Et certes le peuple perd dans la personne de
son bien aimé doyen, un saint prêtre, un intrépide
défenseur de la foi et surtout ud grand bienfaiteur.
La cérémonie funèbre a été solennelle et tou
chante. Monseigneur l'évêque de Bruges avait
délégué, pour la célébrer, son vicaire général Mgr
Faict. A 10 heures du malin, le vénérable officiant,
accompagné d'uD nombreux clergé, s'est rendu de
l'église de Saint Berlin k la maison mortuaire, où
l'atleodaient en corps, toutes les autorités de la
ville, aiosi qu'uu clergé nombreux et distingué
accouru de tous les points du diurèse, et parmi
lequel ou distinguait plusieurs doyens et plusieurs
chanoines de la cathédrale de Bruges.
Après les prières d'usage, on quitta la maison
mortuaire. Le cortège fuoèbre défila lentement
dans la rue qui mène du doyenné k l'église. A sa
tète marchait la musique des Sapeurs Pompiers de
la ville, dont les airs lugubres, interrompus de
temps en temps par le sourd roulemeut du tambour
et le triste chaut de l'église, remuaient tons les
cœuis. Suivaient de nombreuses banuières de deuil,
portées entre une double et longue file formée par