42me Année.
No 4,299.
T P. 3 S 11 Décembre.
L'article 14 de la Constitution porte
La libertéde manifester ses opinions
Or, voici ce que nous lisons dans YÊtoile:
a Nous avons annoncé la publication du
Mémoire de M. Ducpétinux, sur la ques-
lion de la Charité. Ce livre a causé une
vive sensation et quelque surprise.
Nos lecteurs n'en seront pas moins
étonnés d'apprendre que M. le ministre
de la justicepar un arrêté longuement
motivé, vient d'infliger M. Ducpétiaux
la peine de la réprimande. Celle-ci sera
inscrite dans les états de service du
délinquant.
Le principal considérant de l'arrêté
porte que M. Ducpétiaux a dans son
livre, attaqué les principes de la circu-
laire de M. De Haussy de 1849 tandis
que dans plusieurs circonstances, où il
a été consulté officiellement, il aurait
approuvé cette circulaire.
M. Ducpétiaux nie ce fait et une cor-
respondance a été échangée ce sujet
entre M. le ministre de la justice et lui.
N'en connaissant pas les termes, nous
ne pouvons émettre d'opinion sur ce
point; mais il nous semble que M. le
ministre de la justice ne doit pas être
très sûr de l'équité de la mesure qu'il
vient de prendre, pour lui donner un
caractère aussi mesquin.
Ce que l'Étoile n'ose dire ouvertement,
nous le dirons-nous franchement
Si M. Ducpétiaux en publiant son Mé
moire, a commis un délit, pourquoi M. le
ministre n'appelle-t-il pas la cause devant
les tribunaux, afin de punir le coupable
légalement.
Si M. Ducpétiaux a forfait ses devoirs
de fonctionnaire public, pourquoi M. le
ministre ne le destitue-t-il pas?
En infligeant une réprimande au fonc
tionnaire public qui use de son droit
constitutionnel de manifester son opinion,
M. le ministre a fait trop ou trop peu.
S'il a fait trop, il a outrepassé ses droits.
S'il a fait trop peu, il a forfait ses de
voirs.
Le ministre a usé de modération, dira-t
on cela nous répondons Pour les
défenseurs de l'arbitraire les mots ont
perdu leur véritable signification ce qu'ils
appellent modération n'est tout simple
ment que l'intolérance.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pol'r
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pol'r 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
revue politique.
On a reçu b Paris des nouvelles annonçant que
le baron Gros, après avoir été' accueilli de la manière
la plus favorable par le gouvernement japonais,
venait de faire un traité avantageux avec le Japon.
Ce traité qui est, dit-on, semblable celui qu'a
signé lord Elgin et qui a été récemment publié, n'a
pas encore été reçu néanmoins par le ministère de
la marine; mais on l'attend par le prochain
courrier.
Les dernières nouvelles de la Cochinchine nous
montrent l'empereur d'Aonara comme étant résolu
b se défendre énergiquemént contre les barbares.
Sa colère, du reste, s'est tournée contre lescbrétiens,
et les persécutions ont redoublé. On porte b sept
mille le nombre des catholiques martyrisés. N'est il
pas permis en présence de cette immolation, de
trouver un peu ridicules les frais de sensibilité que
nous voyons faire certains journaux et certains
politiques pour l'affaire Mortara?
Le Morning Herald, feuille ministérielle, com
mentant la proclamation de la Reiue dans l'Inde,
fait remarquer la différence des vues qui existe
entreles cabinets Derby et Palmerston relativement
b la politique b suivre a l'égard des colonies révoltés.
Les whigs avaient caressé le projet d'annexion la
sévérité était leur moyen; au contraire, les tories
ont voulu afficher le respect pour les droits des
princes et propriétaires indigènes envers lesquels
seront loyalement exécutés les traités signés par
l'aucienne Compagnie des Indes. Le principe de
renonciation b l'agrandissement du territoire bri
tannique est solennellement posé, et ses con
séquences logiquement acceptées et déduites. Le
Morning- Herald intitule le document un gra
cieux message de paix et de pardon, n
On mande de New-York que le président
Zuloaga, attaqué dans le Mexico par le général
Blanco, a remporté une victoire complète, quoi
qu'il n'eut sous ses ordres que des forces très-
inférieures b celles de son adversaire. Le lendemain,
l'armée ennemie, poursuivie par une petite colonne
détachée de la capitale, a été battue de nouveau.
Le président a fait grâce de la vie b des officiers
prisonniersqu'un conseil de guerre avait condamnés
b ê're passés par les armes.
On ignore encore quelle ligne de coDdaite
adoptera le pouvoir judiciaire dans la cause de M. de
Montalembert. A la suite de la grâce accordée par
I Empereur, soutiendrait-on, comme quelques uns
le supposent, qu'il n'appartient plus b la cour
d'apprécier l'appel et que la question devrait être
apportée au conseil d'État? On observe, d'autre
part, que l'acte de grâce soit intervenu avant que
le condamné eut épuisé tous ses moyens de défense.
Eu effet, tant qu'un ariêt n'est pas définitif, il peut
être réformé; le condamné, par ce second arrêt
peut donc recouvrer sa position d'innocent, qui est
'tes-supérieure b celle de grâcié. La grâce, dans ce
cas, au lieu d'être une faveur, serait une restriction
apportée b un droit. Puisque la grâce supprimant la
peine, laisse subsister l'effet moral d'une condam
nation, tandis qu'un verdict d'absolution l'efface
puisqu'il abolit cette condamnation même.
INTOLERANCE MINISTERIELLE.
en toute matière est garantie, sauf la ré
pression des délits commis l'occasion de
l'usage de cette liberté.
Le National a au moins le mérite d'être franc
de dire ouvertement sa manière de peoserj nous
de vous lui rendre cette justice. Ou ne peut en dire
autant de la plupart des libéraux qui u'osent encore
avancer leurs véritables, leurs secrets sentiments
mais attendons, cela viendra...!
Nous savons maintenant ce qui doit aussi être
compris parmi les abus d'un autre dge le
National a soin de nous le dire ce sont les
cérémonies religieuses, qui s'observent
notre naissance, nos mariages, notre
décès, dont il faut dit-ilqu'on s'affran-
chisse, car nous sommes émancipés(Sic.)
M. Devaux déclare dans la fameuse lettre dont
il a rempli les colonnes du Moniteur que Vunion
la plus intimel'accord le plus parfait
régnent entre toutes les nuances du libéra-
lisme. Donc pour que cette union et cet
accord régnent, il faut qu'il y ait confraternité
d'opinions et de sentiments avec tous les amis dits
libéraux b quelque nuance qu'ils appartiennent
du reste cette confraternité ne peut être contestée,
puisque le parti libéral a admis parmi les siens !e
sieur Defrédont les pamphlets expriment les
sentiments si religieux que nous mentionnons ci-
dessus, et qui plus est, M. Defré, n'a-t-il pas reçu
l'accolade fraternelle de M. Verbaegen, le chef du
parti libéral doctrinaire, quand il est entré dans le
cénacle de ce parti. Ou voit donc quels ils sont,
ces abus d'un autre dge que M. Devaux
proclame dans son manifeste de vouloir détruire.
Et il ose prétendre que le parti conservateur aurait
dû s'abaisser discuter de pareilles indigéoéités
L'extrême gauche l'emportera encore cette fois
dans les prochains comices de la capitale. L'asso
ciation de M. Verbaegen a accepté le candidat du
National, M. L. Goblet, par 073 voix contre 195
restées fidèles b M. Walteeu, candidat ministériel.
A vrai dire, le cabinet et ses amis déclarent b pré
sent qu'ils n'avaient pas de caudidat et que M. L.
Goblet leur convient parfaitement; mais quand on
se rappelle que la même comédie s'est jouée au
sujet de MM. de Perceval et Defré, et qu'alors
aussi ces candidats furent acclamés, après le vote,
par les hommes qui les avaient vigoureusement
combattus, on peut apprécier sans peine le degré de
sincérité des actes et du langage d'à présent de la
fraction ministérielle.
Quant au corps électoral de Bruxelles, personne
ne s'en occupe plus; il n'existe que sur le papier,
et les onze mille électeurs dont il se compose n'ont
absolument rien b dire. L'association assermentée
de M. Verhaegen fait et défait tout b sa guise. On
demandait avant-hier b l'un des candidats quel
serait, selon ses prévisions, l'élu du i3 décembre.
Cela sera décidé le soir, fut sa réponse diplo
matique. Ce soir, c'est-b -dire le 7 et non le i3 Ce
mot peint exactement la situation. Êmancip
M. Devaux a, comme l'on sait, adressé b M. le
comte de Liedekeike une réponse a la lettre que
celui-ci loi avait écrite.
Le dépoté de Bruges consacre la fin de sa lettre
b une tâche bien pénible et qu'il ne remplira point,
quoi qu'il fasse il veut disculper le parti libéral
des émeutes de mai 1857 et légitimer l'origine de
la majorité actuelle. Mais ces faits sont des faits, et
la prose sophistiquée de M. Devaux ne parviendra
pas b atténuer la gravité de l'acte de ceux qui, en
mai 1857, ont parlé par la fenêtre b la rue. La rue