42me Année.
Mercredi 19 Janvier 1859.
No 4,310.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
y pS.ESJanvier.
UN GENTILHOMME.
Mylord, répondit berloyal.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2'50 POUR
TROIS MOI$. -rT
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
il y a amélioration évidente dans les dispo
sitions des esprits envisager la situation
politique. On signale dans les fonds publics une
tendance la hausse..L'insertion au Moniteur
français d'un article de la Gazette autrichienne
déclarant la guerre impossible, a produit
d'ailleurs un excellent effet.
Le mariage arrêté entre le prince Napoléon
et la princesse Clothilde, fille de Viclor-Êmma-
nuel, n'est point un fait de nature obscurcir
ces prévisions pacifiques. Celte alliance doit en
toute éventualité rentrer dans les vues de la
r .aison de Savoie, aussi bien que de la maison
impériale. Victor- Emmanuelsoit qu'il fasse
la paix, soit qu'il fasse la guerre, a besoin d'un
bras puissant qui le soutienne ou le protège,
contre l'Autriche s'il prend les armes,contre la
révolution irritée s'il résiste h ses voeux-. De
son coté FEmpereur Napoléon doit vivement
désirer une alliance qui fasse entrer sa dynas
tie dans ta famille des vieilles dynasties
royales; mais pourrait-on présumer que lui,
qui se fait gloire d'être le représentant de
l'ordre et de la paix, prêle les mains aux
calculs ambitieux du roi de Piémont et aux
belliqueux emportements des fauteurs de trou
bles, en un mot, trahisse ouvertement la cause
de l'ordre et de la paix pour satisfaire un
caprice de vanité dynastique? Aussi, est il
hors de doute qu'il n'agisse de toute son
influence sur Victor-Emmanuel, pour Farrêter
sur la pente où il ne s'est déjà que trop engagé.
De son coté F Angleterre s'efforce de faire
prévaloir auprès de l'Autriche les conseils de
prudence et de paix. Ajoutons qu'en Allemagne
l'esprit public se prononce énergiquemenl pour
que la Germanie toute entière se porte au
secours de l'Autriche au cas où elle serait
attaquée dans la Lombardie, que Con regarde
juste litre comme le boulevard de l'A llemagne,
F ouvrage avancé qui lui est indispensable.
(SXjitb «t fin. Voir le ii° 4»3o8 du Propagateur.)
A mon réveil, j'étais seul. Je regardai ma montre,
elle marquait huit heures je sautai en bas de mou
lit et je m'habillai en toute hâte. J'avais fait
des rêves qui me rendaient impatient de rejoindre
mon ami.
Je le trouvai assis sur un banc de pierre h la
porte de la tour. Le comte de Ferloyal était ses
côtés.
Venez, mon ami, me dit Edouard. Jeo'atten-
dais plus que vous pour demander une grâce
celui qui nous a donné l'hospitalité. Comte ajouta-
t-il en se tournant vers Erard, Voulez-vous faire
le bonheur d'un de vos semblables?
C'est une joie trop rare pour que je la refuse,
Il s'agit de faire une famille noble ausài,
Au reste, bien que les apparences pacifiques
aient repris le dessus, les pessimistes ne s'en
rejettent pas moins, avec assez d'apparence de
raison, sur Ce qu'il n'est guère possible de
prévoir toutes les éventualités de F avenir. Bien
que tout le monde craigne la guerre, dit une
correspondance parisienne, s'il y avait dans la
Lombardie une insurrection assez générale et
assez puissante pour que le Piémont fut mis en
demeure d'intervenir, il faudrait prendre un
parti. Une fois l'épée du Piémont engagée
contre celle de l'Autriche, il faudrait laisser
écraser la première de ces puissances par la
seconde, ou il faudrait courir son secours.
Alors la France serait mise son tour en
demeure. Or, une fois l'épée de la France
engagée, ta guerre prendrait une importance
et une extension européenne. Dire qu'une fois
les épée8 tirées, ta diplomatie résoudra les
difficultésc'est tomber dans les puérilités d'un
optimisme béat.
Cest ainsi qu'une aveugle ambition colorée
d'un fard de patriotisme, le dépit cuisant d'une
défaite antérieure, la désastreuse influence
d'un libéralisme bâtard dans les conseils de la
Couronne, après avoir tristement enlacé le chef
de la noble et catholique maison de Savoie dans
les filets de la Révolution, ont préparé ces
immenses difficultés F Europe.
~T!e projet d'imposer un droit de patente -aux
écoles dentellières est accueilli partout par un cri
de réprobation. La mine des feoilles ministérielles
fait pitié voir; la conscience leur dit que l'acte
ministériel est inique; et cependant l'intérêt de
parti leur impose de le défendre; celle position
est plus pénible encore pour les feuilles libérales
qui se publient dans les localités où l'industrie
dentellière est pour ainsi dire la seule qui fournisse
aux familles pauvres quelque moyen d'existence;
elles en sont réejlemeot réduites ménager la
chèvre et le choux.
Pour nous qui dans cette question ne prenons
d'autre intéiêt coeur que celui de la justice en
■■■■■■Mg™—P——H——
mais laquelle il manque la gloire d'être pauvre,
le plus grand honneur qu'elle ait jamais reçu.
Je n'ai que mon amitié donner, Mylord;
et je vous l'offre de bien boti coeur.
Ce serait beaucoup, comte, si je vous avais
vu seul ici; maintenant mon ambition va plus haut,
si c'est possible je vous demande la main de
mademoiselle votre soeur.
La surprise et le bouheur rendirent le comte de
Ferloyal muet. Edouard crut un refus et il se
hâta d'ajouter:
Mon nom est sans tâche comme le vôtre; je
suis pair de la Grande-Bretagne.
Et il a deux millions de revenu, conlinuai-je
un peu élourdiment.
Un regard tiiste et sévère d'Edouard me fît
comprendre qu'il n'était pas délicat de parler de sa
fortuue.
Mylord, ma sœur n'a rien que cette tour en
ruine et quelques champs en fiîche, reprit doulou
reusement Erard.
même temps que celai des pauvres nous conti
nuerons éclairer le public et loi remettre sous
les yeux toutes les considérations qui démontrent
que le ministère ne connaît réellement pas ce qne
sont qoe les écoles dentellières.
L'on sait que les écoles dentellières dirigées par
des religieuses on des personnes laïques ne sodI eu
réalité qoe des ateliers ou l'on fabrique pour le
compte d'un marchand ou d'une marchande pa
tentés qui délivrent les patrons et payent les
ouvrières. Les personnes donc, religieuses ou
antres, qui surveillent le travail des deutellières ne
sont que les contre-maîtresses du fabricant.
Peut-il dooe venir daDs l'esprit de quelqu'un
d'imposer une patente aux contre-maîtres des
ateliers? Si c'est là ce que veut le ministre, qu'il
le dise et qu'il généralise sa mesure et l'appliquant
tous les contre-maîtres et contre-maîtresses de
tonte espèce d'ateliers indistinctement.
Mais dira-t-on, les contre-maîtresses des
écoles dentellières prélèvent une iétribulion men
suelle sur chacune des ouvrières. Soit mais
quel titre? est-ce litre de fabricantes? certes non;
elles ont 'a payer le loyer de la salle d'école; elles
sacrifient toute leur journée apprendre le métier
une partie de leurs ouvrières, surveiller le tra
vail des autres; toute peine ne vaut-elle pas
salaire?
Si cepeudaDt l'on persiste vouloir considérer
la rétribution mensuelle comme le motif de l'im
position du droit de patente, comment procédera-
t-on l'égard des écoles dentellières gratuites?
Il est de notoriété publique qu'ici Ypres, il existe
beaucoup d'écoles dentellières; le nombre s'élève
plus de trente; parmi lesquelles il n'y en a qu'une
seule dirigée par des religieuses, et celle-là est la
seule où les enfants apprennent le métier et tra
vaillent gratuitement, reçoivent en même temps
gratuitement l'iustruction primaire et apprennent
gratuitement le tricot et la contore.
L'uo n'imposera certes pas le droit de patente
aux écoles gratuites comme celle que nous venons
d'indiquer; dans ce cas, voici quel sera le résultat
de la mesure ministérielle la rétribution mensuelle
Mais vous êtes sou frère! dit Edouard avec
chaleur.
Soyez donc le mien! s'écria Ferloyal en se
jetant dans ses bras.
Comme il venait de prononcer ces mots qui
contenaient uo consentement, je levai les yeux, et
mes regards rencontrèrent l'écusson demi brisé
de la maison Ferloyal qui surmontait la porte de
la tour. Le soleil l'éclairait en plein, et je pus lire
cette devise rongée par le temps, mais rajeunie par
l'espérance: Deus providebit.
Un mois après, Alix de Ferloyal épousait
Edouard, et celui-ci, l'année suivante, faisait épou
ser son beau-frère UDe des plus riches héritières
d'Angleterre. La vieille tour existe toujours mais
maintenant elle fait partie d'une magnifique
demeure, bâlie d'après un dessin du xv* siècle,
représentant le château des Hautes-Bruyères
cette époque.
MARQUrs DE FOUDRAS.
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