42me Année.
Samedi 5 Février 1859.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
M. Frère dont le silence était si habile
ment calculé dans toute la discussion de
l'instruction obligatoire, a cru devoir le
rompreavant le vote, dans le but deprêcher
toutes les voix discordantes au sein de
son parti homogène, la patience, laconcorde,
la résignation. Les griefs des logiciens de
la gauche ne sont pour lui que des questions
secondaires sans importance réelle. Nous
sommes venusau pouvoir, a-t-il dit, comme
Cantithèse du ministère qui nous précédait. Il
faut se garder, ajoule-t-il, de sacriQer le
grand intérêt politique que nous avons
défendre, celui de proclamer et de faire
prévaloir dans leur ensemble les doctrines
de l'opinion libérale.
N'est-ce point là tourner dans un cercle
vicieux? Pourquoi les questions vitales hier
sont-elles devenues secondaires le lende
main? Parce que le cabinet du 12 août est
rentré au pouvoir. Qu'est-ce qui empêche
les doctrines de l'opinion libérale de pré
valoir sur-le-champ, puisque cette opinion
forme majorité la Chambre. On répond
que la majorité se diviserait aussitôt, et
que dès lors il faut laisser dans le plus
obscur repli du portefeuille ministériel,
les questions l'aide desquelles on a si
longtemps passionné lepays. Noussommes
au pouvoir, restons y, c'est le point capital;
No 4,315.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
TPSBS, 5 Février.
revue politique.
Il semble que les assurances pacifiques de ces
derniers jours aient notablement faibli. A la France
il appartient de de'cider entre la paix e.t la guerre.
Qu'elle retire au Piémont la certitude de son appui,
et Victor-Emmanuel y songera deux fois avant
que de courir b un second Novare. Qu'an contraire
elle fasse cause commune avec lui, et le Piémont,
qui ne demande qn'b prendre sa revanche et n'a pas
obéré ses finances sans arrière-pensée, je Piémont
courra aux armes.
Les optimistes croient toujours cependant et
soutiennent que l'Empereur Napoléon ne saorait
'•ppeler sur l'Europe toutes les horreurs d'une
guerre qui deviendrait générale et ouvrir la fois
les écluses de la révolution que d'une main si ferme
il a heureusement réprimée chez lui; qu'il ne
saurait démentir ainsi ses antécédents et sa devise,
renier en quelque sorte son principal titre de gloire
et sa propre raison d'être.
Les pessimistes opposent b ces raisons l'exemple
des plus illustres rois de l'ancienne monarchie, de
François I", de Henri IV et ses premiers succes
seurs, dont la politique extérieure ne concordait
guère avec la politique intérieure. Au seizième
siècle les rois très-chrétiens se firent les alliés des
Turcs, alois au comble de leur puissance et le fléau
de !a chrélienneté; au xvii*, ils prirent fait et cause
pour les protestants d'Allemagne, et leur interven
tion armée empêcha seule le catholicisme de
ressaisir une prépondérance incontestée sur tout
l'empire Germanique. Les pessimistes rappellent
eocore comment le cabinet des Tuileries, de con
cert avec lord Palmerston, rompit naguère ses
L Ih 1K1®^Q©Io
(Suite. Voir le n° 4,314 du Profanateur.)
III.
en prison.
Jamais rêve n'eut de péripéties plus effrayantes
et plus rapides, que la sanglante tragédie qui,
après avoir ravi b Cécile son unique protectrice,
l'avait chassée du chaste asile où s'étaient écoulés
ses premiers jours, pour la jeter dans les horreurs
d'une prison avec la perspective d'une mort
ctuelle et prochaine. La jeune fille tomba assise
sur un escabeau; elle porta la main b son front,
comme pour rappeler et concentrer toutes les
puissances de son âme. La mort de sa tante, la
violation du temple saiotses propres périlsla
générosité de son jeune défenseur, tout s'offrait b
la fois b sa pensée. Le souvenir de l'abbesse lui
arracha des larmes mais les réprimant aussitôt
On ne pleure pas les martyrs, dit-elle. O ma
tante! bienheureuse servante de Dieu! jetez les
yeux sur votre orpheline délaissée sur cette terre
misérable et obtenez-lui la grâce d'une mort
semblable b la vôtre! Vous le disiez autrefois La
palme est ceux qui ont bien combattuVous
régnez maintenant dans l'armée de ces victorieux
mais, au milieu de vos joies, souvenez-vous de
Cécile
relations avec le gouvernement napolitain; rupture
derrière laquelle il serait difficile de méconnaître
les suggestions ambitieuses des Murât. Ils se
demandent ce qui a pu diviser aujourd'hui les deux
Puissances catholiques, et si la question des Princi
pautés, où l'Autriche n'a fait que défendre les
intérêts de L'Europe Occidentale et l'intégrité de
l'empire Ottoman contre la politique envahissante
de la Russie, devait constituer aux yeux de la
France un grief assez sérieux pour amener ses
relations avec une Puissance amie b cet état de
tension où elles se trouvent. Leur conclusion c'est
que la France ne reculerait pas devant la guerre
pour asseoir son influence en Italie sur les ruines
dé celle de l'Autriche. Il faut d'allieurs, ajoutent-
ils, au caractère aventureux et inquiet de la nation
une moisson périodique de lauriers militaires, il
faut les émotions soutenues d'une lutte quelconque.
L'avenir décidera entre res opinions contradic
toires. Toujours est-il qu'une forte armée se con
centre dans les provinces méridionales de la
France. Néanmoins il ne se confirme pas que la
garnison française de Rome reçoive des renforts.
Au rapport de la Gazette de CologneGari-
baldi enrôle des homm<-s pour former une légion
italienne. Il dispose, dit-ou, de ressources pécu
niaires considérables et assure de grands avantages
b ceux qui consentent b marcher sous le drapeau
révolutionnaire.
L'Angleterre, de son côté, se dispose b pousser
ses armements. Ou sait que le cabinet actuel est
entièrement sympathique b la cause de l'Autriche.
Lord Palmerston, dont le système politique s'ac
commoderait mieux du bouleversement de la
péninsule italiqueprépare en ce moment les
éléments d'une coalition capable d'amener la
chute du ministère tory. La question de la réforme,
Cet élao vers le ciel releva son âme; elle sentit
que, seule, persécutée, exposée b la mort, elle
n'était pourtant pas abandonnée. Dieu est ici,
pensa-t-elle Dieu est dans ma prison, il me
regarde et me protège. Elle jeta les yeux autour
d'elle, pour se familiariser avec sa nouvelle de
meure, qu'une seule pensée, pouvoir admirable,
venait de loi rendre chère. C'était un réduit étroit,
aux murs blanchis b la chaux, éclairé par une
fenêtre placée près du plafond; un tabouret de
chêne et un lit de sangle en formaient tout
l'ameublement c'était presque une cellule;
car les religieuses de l'opulente abbaye de Saint-
Pons, liées par le saint vœu de pauvreté, n'avaient
d'autre appartement qu'une petite chambrette, aux
murs blancs et aux meubles rares et grossiers.
Mais, au sommet de la couche, où était l'image du
Christ ouvrant les bras comme pour recevoir l'âme
affaissée sous le poids du jour? Où était le regard
consolateur émanant des paupières modestes de
Marie? Où était le gracieux portrait de Catherine
de Gênes, la sainte descendante des Fieschi, qui
recevait matin et soir les hommages de Cécile?
Les murs du cachot étaient nus quelques inscrip
tions, péuiblemeut taillées dans les pierres, révé
laient les tristes loisirs et les souffrances poignantes
des pauvres prisonniers. Mais la novice avait con
servé son chapelet; et, en fouillant dans la poche
de sa robe, elle y trouva un petit livre c'était
que la prochaine session ramènera devant le Par
lement, pourrait faire surgir également de nou
velles complications.
LES INTÉRÊTS DU PARTI AVANT TOUT.
Y Imitation, précienx volume qui renferme en lui
lumière, consolation, paix et vérité. Elle en lut un
chapitre; et, fortifiée par cette résignation chré
tienne, supérieure b tous les événements de la vie,
elle se coucha tranquillement, sans vouloir toucher
au souper que la femme du geôlier lui avait
apporté. Sa nuit se passa entre des veilles médita
tives et des songes consolateors; elle se leva b
l'aube, et fit, comme b l'ordinaire, une fervente
'oraison. La journée s'écoula sans secousses; nul
bruit ne parvenait b ce cachot reculé; séparé
des cours et de la rue par des murs épais et Cécile
aurait pu se croire oubliée du monde entier, si,
trois fois par jour, on ne lui avait servi un maigre
repas, où la science du cuisinier ne veoait pas en
aide la qualité plus que médiocre des aliments.
Le troisième jour, la femme du geôlier, qui la
traitait avec douceur, l'invita b descendre an préau,
où tous les prisonniers se trouvaient rassemblés.
Cécile obéit, quoique avec répugnance. Elle arriva
dans une cour vaste et triste, où plusieurs person
nes se promenaient ou se tenaient assises sur des
bancs de pierre placés b l'ombre de quelques pla
tanes rabougris.. Les hommes lisaient les feuilles
publiques qu'ils achetaient au porte-clés: les
femmes causaient entre elles; mais toutes portaient
au visage le cachet d'une inquiète mélancolie. Ils
saluèrent Cécile avec respect, mais sans oser lui
parler, car son costume inspirait l'intérêt et défen-