LE VIEUX PORTRAIT.
42me Année.
Mercredi 23 Février 1859.
No 4,320.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 0 mois, 2-00 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
7PS.3S, 23 Février.
revue politique.
La grande crise qni agite l'Europe entière
éprouve en ce moment un temps d'arrêt bien pro
noncé. Toutefois, le calme ne rentre pas dans les
esprits; l'inquiétude continue, les affaires s'arrêtent,
la Bourse baisse. L'Empire c'était la paix. On
avait donc engagé des affaires comme si l'on devait
avoir pour vingt-cinq ans de paix, et aujourd'hui
l'on craint d'être surpris par uo conflit européen
au milieu de tant d'eotreprises en voie d'exécution.
Il est vrai que les choses font mine de traîner en
loogueur, et que l'on s'atteod ce que l'Angle
terre et l'Allemagne pèsent de toute leur influence
sur les parties pour amener une solution pacifique.
De fait les esprits sont b la paix h Paris aussi bien
qu'à Vienne, Berlin comme Londres. En Italie
même, nonobstant les excitations du cabinet de
Turin, le peuple ne demande pas la guerre. Dans
le Piémont, en particulier, il est désespéré des foliés
du gouvernement qui le ruine et qui anticipe sur
l'avenir après avoir gaspillé les ressources du pré
sent. Personne d'ailleurs ne sera disposée admettre,
comme le voudrait bien faire accroireM. de Cavour,
que s'il épuise le Piémont, ce n'est qu'en vue d'une
agression présumée de l'Autriche. L'Autriche ne
soogtf b attaquer les droits de personne,et se tient
simplement sur la défensive.
Entre-temps les séïdes de la révolution s'orga
nisent en bandes guerrières b la solde du goover»
cernent sarde, sous le commandement de Garibaldi,
et menacent ouvertement d'ouvrir les hostilités.
Aujourd'hui leurs émissaires paraissent concentrer
principalement leurs efforts contre le petit duché
de Modèoe. Arrive un soulèvement, le cabinet de
Turin qui veut la guerre, trouvera ua prétexte
quelconque d'intervenir. L'Autriche du même
coup est mise en demeure d'intervenir en sens
contraire, et le branle est donné.
D'un autre côté, la politique sarde, aussi
Par une belle après-dînée du dernier mois
d'octobre, deux femmes, la mère et la fille, lon
geaient lequaidesTournelles,se dirigeant vers leur
modeste logis, situé non loin de l'église Notre Dame.
Elles paraissaient appartenir b la petite bourgeoisie
de Paris, placée entre la classe ouvrière et la classe
commerçante; la mère, par sa naissance, touchait
probablement aux degrés inférieurs, et la fille, par
son éducation, se rapprochait des rangs plus élevés
et plus distingués de la société; mais toutes deux,
l'une dans sa verte maturité, l'autre danssa jeunesse
agréable et florissante, avaient sur la figure le
même cachet d'honnêteté et de douceur.
Elles suivaient la ligne des maisons, et mar
chaient vite, en personnes habituées aux aspects
bizarres et pittoresques que Paris offre toute
heure. Pourtant, les regaids de Mm* Charlier
(c'était le nom de la boone dame) furent attirés
gtar l'étalage d'un fripier, qui aurait mérité de fixer
cauteleuse que téméraire, (c'est au Journal de
Bruxelles que nous empruntons cette observa
tion,) cherche h tout prix compromettre le
gouvernement français, lui faire perdre le carac
tère restaurateur que celui-ci avait donné b l'expé
dition de Rome, l'époque de la Présidence
Sous couleur de libéralisme, on prétendra dicter
des conditions au Roi de Naples et au Souverain-
Pontife. Si la France est assez imprévoyante pocr
saisir un congrès des questions qui touchent h
l'autonomie pontificale,elle perdratousles bénéfices
de l'attitude protectrice qu'elle avait prise en 184g
vis-b-vis du Saint-Siège. Ce qu'on veut du Pape
et du Roi de Naples c'est ce qu'on veut aussi eu
Lombardie non pas des réformes, mot spécieux b
l'usage des simples, mais la destruction absolue des
gouvernements. Que les Allemands repasseot les
Alpes, que le Pape devienne ce qu'il pourra, que le
Roi de Naples fasse place b un aventurier en
attendant une république quelconque; voilà le but.
Quand il sera atteint, ce sera le chaos, le sang et la
confusion des langues en Italie, puis dans toute
l'Europe. Sous prétexte de favoriser tes principes
civilisateurs, on aura déchaîné le démon de l'anar
chie, et ses bras ne s'arrêteront pas b la cîme des
Alpes. La papaoté est 'la clef de voûte de l'édifice
européen. Malheur aux souverains qui viendraient
b méconnaître cette vérité!
Les nouvelles qui bons parviennent d'au-delà
les Océans ne sont point non plus dénuées d'intérêt.
Celles de l'Iode sont décidemmeot très-favorables
aux armes anglaises. Elles annoncent que la
révolte de l'Oude est entièremeut étouffée, ainsi
qu'une grande victoire remportée sur Tantia Topee
par le brigadier Schowers, et la fuite de la Begum
vers le Népatil. Quelques provinces sont néanmoins
encore troublées, notamment le Nizam, où les
insurgés avaient surpris an corps de troupes britan
niques et enlevé ses bagages. Du Japon l'on
signale on édit du nouvel Empereur, ayant pour
but de réglementer l'exécution des traités récem
ment conclus avec les puissances étrangères. Il
rappelle nommément que l'exercice du culte catho-
les yeux et la pensée d'un philosophe. Lb, en
effetse rencontraient les ruines domestiques de
tous les âges; la, confondus dans la même poussière,
se voyaient, se devinaient des armures, des meu
bles sculptés, des fauteuils couverts de lampas et de
bracatelle, des armes, des tableaux, des porcelaines,
des bronzes dorés de l'Empire des pendules soi-
disaut gothiques de la Restauration; les menbles
les plus grossiers, les fantaisies les plus luxueuses,
étaieot venus tomber lb, et attendaient, mêlés dans
un inextricable fouillis, qu'un acheteur au rabais
les tirât de ces gémonies.
A la porte le fripier avait accrochéavec
beaucoup de dédain, plusieurs tableanx que, sans
doute, il désespérait de vendre; c'étaient des
portraits pour la plupart; pauvres portraits, qui
n'intéressaient plus personne, qui étaient tombés
dans l'indifférence et dans l'oubli, comme les cœurs
qu'ils avaient fait battre et les frais visages qu'ils
avaient retracés! Ceux qu'ils avaient intéressés
habitaient sans doute la grande cité des morts, et
eux aussi étaient descendus au cimetière, dans la
boutique du fripier b laquelle ils servaient d'en-
lique est libre dans les quatre ports ouverts anx
Européens, et déclare l'introduction de l'opium
sévèrement prohibée dans toote l'étendue de l'em
pire. La chute de l'empereur Sonlouque b Haïti
est aujourd'hui un fait consommé. Faustin I",
abandonné de ses troupes, s'est retiré b la Jamaïque,
et le chef des insurgés, le général Geffrard, a été
élevé b la présidence de la république restaurée
d'Haïti.
VOTE DE L'ART. 295 DU CODE PÉNAL
La Chambre a terminé samedi dernier les longs
débats sur l'art. 2g5 du Code pénal révisé, par une
discussion qui n'a pas duré moins de trois heures
et par un vote définitif.
Appelée b se prononcer d'abord snr l'amende
ment de M. Malou, l'assemblée a écarté cet amen
dement par 77 voix contre 19 et deux abstentions.
Les autres amendements présentés par MM.
Defré èt Dnmortier ayant été retirés par leurs
auteurs, l'article 295 a été mis aux voix et adopté
par 5g membres contre 38.
M. de Theux ayant demandé la division, la
première partie de l'art. 295 est mise aux voix et
adoptée par 5g voix contre 38.
ont répondu oui MM. Allard Ansiau
Crombez, d'Autrebande, David, de Baillet- Lalour,
De Bast, De Boe, De Breyne, De Brouckart, De
Brouckere (H.), De Cheniiunes, De Liège, De
Luesemans, De Moor, De Paul, Devaux, de Vrière,
D'Hoffschmidt, Dolez, Du Bus, Frère, Frison,
Goblet (Alb.), Godin, Grosfils, Jacquemyns, Jouret
(J.), Jouret (M.), Lange, Laubry, Lebeau (C.),
Loos Manilius Moreau Muller, Nélis, Neyt
Orbao, Orts, Pierre, Pirmez, Pirsoo, Piévinaire,
Rogier,Sabatier, Saeyman, Savart, Tesch, Tbiéfry,
Tremouroux, Vandenpeereboom [AJ, Vandeo-
peereboom [E.], Vander Stichelen, Van Iseghera,
Van Leempoel, Verhaegen, Vervoort.
ont répondu non MM. Coomaos, De Decker,
Defré, De Haeroe, De la Coste, de Liedekerke, de
Man d'Attenrodede Mérode Westerloo de
seigne banale. Mm' Charlier s'arrêta tout b coup
devant une de ces vieilles toiles, en poussant une
exclamation.
Qu'est-ce, maman? loi dit sa fille.
C'est elle! répondit sa mère c'est bieD elle
Regarde ce portrait c'est M11" Christine d'Er-
langes!
Quoi vous en êtes sûre?
Ah! je reconnais bien son visage... et puis
cela... les armes qu'on dit c'est elle! Ici sur le
quai! Mais elle u'y restera pas longtemps....
Parlant ainsi, elle entra dans la bontique et
demanda le prix du portrait. Le fripier le décrocha
et en fit valoir les beautés. C'était une pauvre toile,
assez médiocrement peinte, qui représentait une
jeune fille de viogt ans, en robe blanche, et tenant
un livre b la main. Le visage était doux, fin, niais
voilé de pâleur; lesyeox noirs, légèrement enfon
cés sous les arcades des sourcils, avaient un regard
calme et pénétrant; et le portrait, quoique d'une
touche vulgaire, avait dû ressembler autrefois b
celle doul il reproduisait la douceur souffrante et
la chaste sérénité. Ce portrait était entouré d'un