LE VIEUX PORTRAIT.
42me Année. Samedi 26 Février 1859. 4,321.
4 fr. pour 6 mois, 2 50 pour FOI CATHOLIQUE- CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
7PS.BS, 26 Février.
v Les! élèves de l'Athénée de Bruges se
sont livrés, il y a quelques semaines,
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, Il pol3r le dehors fr. 7-50 par
trois mois. p0dr 5 mois.
revue politique,
On croit que la Conférence de Paris se
réunira dans la première quinzaine du mois
prochain. Les plénipotentiaires n'auront
examiner que la validité de l'élection du colonel
Couza dans les deux Principautés. Il ne sau
rait être question que très incidemment des
affaires de l'Italie. Il est possible, disent quel
ques Jeuilles publiques que dans cette session
la France, d'accord avec la Russie, évitera de
discuter la question de droit que soulève l'in
cident moldo-valaque et qu'elle s'efforcera de
démontrer qu'il est prudent, surtout nécessaire,
d'accepter le fait accompli, afin d'éviter des
Complications qui ne manqueraient pas de. se
révéler.
Rien dans cette nouvelle n'est a coup sur
invraisemblable. En effet, quel cas paraît-on
faire depuis quelques semaines du droit inter
nationalLes traités, dit fort bien un publi-
ciste, sont la loi positive des nations sans eux,
point de paix certaine et durable; sans eux,
nous restons de peuple peuple, dans l'étal de
'naturei. Des politiques cependant, qui trou
vent de bonne guerre de déchaîner sur autrui
le» principes-subversifs dont ils ne veulent pas
pour Uur propre compte, exaltent, Cheure
qu'il est, bien haut ces droits des peuples que
naguère on prisait si peu de chose. En faveur
des Moldo- Vainques et du Piémont, ou plutôt
en haine de Autriche, on oppose au droit écrit
un certain droit moral et une conscience uni
verselle dont chacun se fait l'interprèteon
pose en maxime que la lettre des traités serait
vainement invoquée et ne saurait tenir contre
la nécessité de la politique et l'intérêt de l'ordre
européen. En d'autres termes la loi positive
(Scitb. Voir le n» 4|3ao du Propagateur.)
Vous saurez donc, mes enfpnts, dit Mm°
Charlier, qu'eu 1819 j'étais ube pauvre orpheline
abandonnée sur 1e pavé de Paris, sans autre res
source que mon aiguille, sans autre espérance que
celle qui naît, sans motif et sans raison, au cœur
de toutes les jeunes filles. Je n'étais pas tout h fait
sur le pavé, puisque j'habitais une mansarde de la
rue des Saussaies; mais, sauf une robe ou deux, nn
peu de linge, une table, deux chaises, un rechaud
et no lit, je ne possédais rjen au monde. Mon père
et ma mère étaient morts depuis loogterups ma
marraine m'avait recueillie et m'avait fait appren
dre l'étal de brodepse; elle était morte aussi, la
digne femme, et je me trouvais toute seule, pauvre
et sans conseil. Je travaillais toute la semaine pour
un magasin de la rue Saint-Honoré; le dimanche
venu, j'allais me promener avec quelques compa
gnes de mon âge; et, je le reconnais ici, mes en
fants, si j'ai tourné bien, c'est au boo Dieu seul
que je le dois, car j'étais fort ignorante, et mes
entre nations n'oblige qu'aussi longtemps que
chaque nation veut s'y croire obligéeMais
qu'ont jamais dit de plus fort tous les révolu
tionnaires du monde?
Une correspondance parisienne. Iris favo
rable cependant la cause des Moldo Valaques
et la nationalité italienne fait ressortir le
tort qu'ont certains esprits d'ailleurs bien
intentionnés d'empiéter sur [œuvre de la
Providence et de ne pas savoir attendre qu'Elle
fasse naître [occasion légitime. Car lorsque
les choses sont mures pour les grands change
ments, il arrive toujours, un peu plus tôt ou un
peu plus lard, quelque incident qui les motive,
et qui met le droit du côté de la nécessité; si au
contraire on veut rompre le droit, il devient
lui-même le premier et le plus grand des
obstacles et c'est ainsi qu'en ce moment la
France, le Piémont et les Moldo-Valaques
semblent faire la partie belle l'Autriche, en
1contestant la valeur des traités existants.
Cependant la conduite franchement conser
vatrice tenue par le cabinet tory déconcerte
beaucoup ceux qui s'étaient flattés d'associer
Angleterre leurs ambitieux desseins contre
w gouvernements conservateurs d'Italie. Lord
Palmerston qui aujourd'hui fait les plus
grands efforts pour ressaisir le pouvoir, ne se
fut pas fait faute de se faire le complice des
perturbateurs. Maintenant que la dissolution
de la Chambre des Communes paraît pro
chaine peut - être les parties intéressées au
bouleversement de la Péninsule, avant que de
,8'aventurer trop loin attendront le résultat de
la lutte électorale qui doit décider de la politi
que que l'Angleterre adoptera.
Entre-temps les protestations pacifiques ne
discontinuent pas. Mais, ainsi que l'observe
le Journal de Bruxelles, s'il est vrai qu'on veuille
la paix, il y a pour cela un moyen infaillible.
Ce moyen d'une application bien facilele
compagnes étaieut bien légères. Elles travaillaient
un peu et s'ainusaiçnt beaucoup; elles allaient au
bal, toutes pavoisées de rubans comme des mâts de
cocagne;... leurs chemises, il est vrai, étaient peut-
être èn gage; mais elles avaieul toujours de quoi se
pomponner. Elles m'engageaient souvent faire
comme elles; je résistais; mais uu jour que j'étais
triste, que je pensais mou loyer qui allai! échoir,
je me laissai persuaderet je promis Laurette,
une de mes amies, d'aller, le soir, au bal avec elle
je: voulais me distraire k tout prix,... et Dieu sait
quelle distraction je cherchais Ik! Je travaillai
toute l'après-midi, en vue du soir, arranger une
robe blanche; et, tout en préparant ma toilette,
j'essayais d'éloigDer le souvenir importun et
ennuyeux du i5, date de mon loyer, le souvenir de
la fruitière laquelle je devais une demi-voie de
charbon; car, je le répète, j'étais bien pauvre. Je
voulais rejeter mes soucis; ils revenaient plus pres
sants... J'allais me coiffer, lorsqu'on frappa ma
porte; j'ouvris vite, croyant que c'était Laurette...
Je vis une demoiselle, belle, douce, bien mise, l'air
comme il faut, suivie d'une femme de chambre, et
qui mç dij d'eue voix posée,et polie
îndunv-iil^ Kathalie, brodeuse? lulislfi j
voici Qu on abandonne la Sardaigne h son
sort; si elle veut la guerre tout prix, si elle
entreprend contre le gré et [avis de l'Europe
•nlière, qui veut la paix; qu'on la laisse faire
et quelle paie ensuite les frais de la représen
tation comme elle a fait Novarretenir une
conduite différentec'est, notre avis, amener
un cataclysme, une guerre générale avec tous
les malheurs qu'elle traîne sa suite c'est
amener la ruine et la désolation de Europe.
Espérons dans la Providence que cela ne sera
pas, La Sardaigne représente la révolution,
Autriche représente la paix et le droit public
de l Eurupe entre ces deux pays le choix des
hommes d'ordre ne saurait être douteux.
Il est bien prouvé, par l'eoseuible des débats
qui ont eu lieu k la Chambre, sur les articles 395,
396, etc., du ccde pénal, que M. Tescb avait h
peine lu le nouveau projet et qu'il n'avait certai
nement pas compris les mesures proposées par loi.
Se trouvant eogagé, il a fait tête aux difficultés,
comme savent le faire les avocats prêts tout
plaider. Le ministère, qui s'est acharné 'a faire pas
ser des articles liberticides, a été pitoyable. On n'a
jamais vn de discussion aussi importante, ou le vi
de des raisons et des arguments, partis du bauc
ministériel, fut plus sensible- En définitive, le cabi
net ne voulait qu'une chose, jouer uu tour au
clérical et manifester sa malveillance envers le
clergé.
S'il croit par Ik suivre nne bonne politique et
avancer ses affaires, il se trompe grossièrement.
Les Belges détestent les tracasseries et les vexa
tions; la liberté de leurs pasteurs est aussi leur
liberté; jamais on ne portera impunément en
Belgique aux libertés de i83o, un coup terrible
comme celui dont le ministère vient de les frapper.
I-ST O lî-o'-rs
C'est moi, mademoiselle, dis-je tonte con
fuse; entrez s'il vous plaît.
La belle demoiselle entra, comme uoe bonne
fée, dans ma mansarde, alors bien en désordre.
Elle ne regarda pas autour d'elle; mais, tirant
d'un joli panier k ouvrage les garnitures d'une robe
de batiste richemeut brodées et presque finies,
elle me dit, toujours d'un air aimable, doux, d'on
air qui gagnait les cœprs
Voici, mademoiselle, un outrage que j'ai
commencé et qui devrait être fini demain; je suis
un peu souffrante, le médecin me défend l'appli
cation au travail; mais on m'a parlé de votre
habileté, et j'ai pensé que peut-êlie vous pourriez
finir, pour demain, k midi, la broderie de ces
garnitures.
Eu même temps, elle m'offrit qn prix qui dé
passait ce que je pouvais gaguer en six jours. I!
fallait, il est vrai, passer une nuit blanche mais
ne complais-je pas la passer pour aller au bal? Je
fus décidée sur-le-champ je vis eu perspective
mou loyer payé,ma demi voiede charbon acquittée,
et j'acceptai l'offre de la demoiselle. Elle me re
mercia comme si je lui eusse rendu un service, et
me quitta.